PETITE HISTOIRE DU MUSEE, DE LA COLLECTION
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PETITE HISTOIRE DU MUSEE, DE LA COLLECTION
QU’EST-CE QU’UN MUSEE ? -Petite histoire de la collection -Différents genres de musées -Rôle d’un musée -Le musée d’art Thomas-Henry (Benjamin Simon) PETITE HISTOIRE DU MUSEE, DE LA COLLECTION ...§ Déjà, à la Préhistoire, l'homme collectionnait. ðLors de fouilles, on a retrouvé des objets regroupés. ...§ Dans l'Antiquité, (il y a plus de 2 000 ans), est né le mot "musée" (qui vient du grec Mouséion) qui faisait allusion au temple des Muses (divinités des Arts et des Lettres). S'y regroupaient érudits et savants pour l'étude de textes et l'observation de la nature, en Grèce. A Rome, dans l'Antiquité, l'idée de collection est déjà présente puisqu'on exposait, à l'intention du public, le butin artistique rapporté des conquêtes. ...§ Plus tard, au Moyen-Age, c'est l'église qui accumule les trésors des croisades. ...§ La pratique de la collection se développe véritablement à partir du XVème siècle. A Rome, par exemple, des statues de l'Antiquité sont exhumées (dégagées) du sol : on se soucie de leur conservation. Des fouilles archéologiques se multiplient. On protège les oeuvres anciennes du pillage. De riches familles constituent des collections dans toute l'Europe. §A partir de 1550, une autre forme de collection se répand : le cabinet de curiosités. De nouveaux types d'objets sont rassemblés : curiosités de la nature (plantes, animaux, minéraux, coraux, fossiles...) raretés exotiques, objets d'autres pays... ... Le goût des curiosités se répand en Europe. Les collectionneurs se multiplient dans des milieux nouveaux : magistrats, avocats, médecins. ðCes collections deviennent des sujets d'études scientifiques. ...§Jusqu'à la Révolution, seuls savants, érudits et aristocrates ont accès à ces collections. En 1793, tous ces biens sont accumulés au Louvre qui devient le 1er musée officiel. ðDes intentions nouvelles apparaissent : • montrer ces collections au public, • permettre aux artistes de se former au contact des oeuvres • classer les oeuvres • spécialiser les salles puis les musées (ex : archéologie, beaux-arts, sciences...) En 1801, 15 musées sont créés en province : ex : CAEN et ROUEN • on y présente aussi des artistes de différentes régions • le musée devient un lieu de mémoire d'enseignement ... comme une seconde école qui renseigne mais qui n'enseigne pas. § La quantité des oeuvres accumulées lors des conquêtes militaires (Napoléon) fait apparaître des problèmes nouveaux : surveillance, entretien des oeuvres et des locaux, présentation, éclairage... Des oeuvres sont redistribuées dans des musées de province sous forme de dépôts. 2 ... Au XXème siècle, l'idée de "réserve" apparaît. On ne montre plus tout : on fait des choix. L'accès du public est élargi. Les expositions temporaires se multiplient. L'architecture des musées est modifiée. De nouveaux types de musées apparaissent. Differents genres de MUSEES… des Beaux-Arts des disciplines scientifiques (ex:musée Thomas-Henry) sciences humaines (archéologie,ethnologie) sciences naturelles (museum) sciences exactes (ex : La Villette) ( ex : museum du parc Liais, Cherbourg) thématiques (ex : du jouet,du bateau de la seconde guerre mondiale ex : musée du Roule, Cherbourg) disciplines scientifiques (ex :musée de l’homme) territoriaux (ex :musée deBretagne) musée du terroir musée de plein air (ex : de la dentelle) (ex :parcs naturels) régionaux écomusées Les musées ne sont pas tous gérés de la même manière : ils peuvent être des musées d’Etat (nationaux), des musées contrôlés par des collectivités territoriales, municipales ou appartenir à des administrations…ce qui supposent des réglements différents pour les jours d’ouverture au public et la gestion du mode d’entrée, (conditions de gratuité). 3 Rôle D’UN MUSEE C'est un témoin * de notre histoire : de la vie passée * de la production artistique de notre siècle CONSERVER EXPOSER AGRANDIR SON PATRIMOINE Le conservateur est chargé de ces fonctions Il veille à ... Il informe le public d'une Il définit des choix d'achats pour agrandir la collection permanente (le fonds) pour constituer une Il organise des expositions collection sur un artiste contemporaine sur un thème Il établit l'inventaire sur un style... des collections pour faire connaître le(s) Il s'occupe (et peintures musée(s) recherche) des sculptures financements et des estampes (gravures) dessins donateurs pour les Il assure la promotion du objets acquisitions (achats, dons, patrimoine aussi par : legs...) l'accueil du public Il veille à l'aménagement des articles l'intervention dans la vie et à la rénovation du musée culturelle de la ville. l'échange avec d'autres musées la bonne conservation des oeuvres à leur restauration par un restaurateur à leur protection nouvelle oeuvre présentée (retour de restauration ou achat) 4 LE MUSEE THOMAS-HENRY Benjamin SIMON Le musée Thomas-Henry est le fruit d'une des plus belles libéralités du XIXème siècle. En effet ce musée est l'oeuvre d'un seul homme : Thomas Henry. 1831-1835, UN ETRANGE BIENFAITEUR… C'est à partir de 1831 que l'administration municipale de Cherbourg eut la surprise de recevoir un premier colis anonyme d'un homme souhaitant enrichir la ville qui l'avait vu naître et "mettre des modèles de peintures sous les yeux des gens qui auront du goût pour cet art". Peu à peu le nom de Thomas Henry est vite associé à ce mystérieux compatriote. La ville recevra de 1831 et jusqu'à l'inauguration le 29 juillet 1835, par envois successifs de caisses, un ensemble de 163 peintures, collection retraçant toute la diversité de l'histoire de l'art avec pour représentant ses meilleurs maîtres. L'acte de générosité de Thomas Henry est d'autant plus fort par la modestie dont il a su entourer son don, parlant dans sa correspondance de "légère offrande" et refusant jusqu'au dernier moment les hommages que souhaitait lui rendre la municipalité par la réalisation d'un buste en marbre. Il ne put cependant refuser que le musée porte son nom. Malheureusement trop malade il ne put assister à l'inauguration de son oeuvre et s'éteignit quelques temps plus tard, le 7 janvier 1836, en ayant accompli sa dernière volonté "allumer le flambeau des arts" à Cherbourg. Attardons-nous quelques instants sur cet étrange donateur. Thomas Henry est né en 1766 à Cherbourg dans le milieu de la petite bourgeoisie vivant du commerce. Rien ne prédestinait le jeune Thomas Henry à devenir l'un des meilleurs connaisseurs en matière d'art de son époque. Il fut appelé très jeune à quitter Cherbourg pour Paris où un emploi dans les bureaux du Ministère de la Marine l'attendait. C'est en voyageant et en visitant de nombreuses collections d'art à travers l'Europe que Thomas Henry développa un œil d'excellent connaisseur. Très vite on le surnomma "le souverain arbitre du commerce des tableaux" conseillant la riche bourgeoisie tel James de Rothschild. Sous la Restauration il devint l'un des trois Commissaires Experts des Musées Royaux autrement dit du Louvre. On le chargea également de l'estimation des joyaux de la Couronne. Sa renommée européenne en tant qu'expert était doublée d'un talent de restaurateur (il inventa une nouvelle technique de vernis à la cire) et de peintre. Le musée possède trois excellents exemples de sa maîtrise de la peinture : deux portraits de femmes, dans un style proche de Ingres et un paysage, genre où Thomas Henry excellait. Conservateur gratuit… 5 Suite à l'inauguration, d'autres cherbourgeois suivirent l'exemple de Thomas Henry en offrant à la ville leurs collections, c'est ainsi qu'en 1844, le capitaine Troude, ami de Henry fit don d'une petite dizaine de tableaux. Malheureusement comme de nombreux musées de province à l'époque, l'institution tomba en léthargie. A partir de 1862 le musée reçoit un tableau par an de l'Etat, oeuvre souvent d'un intérêt mineur par rapport à la qualité de la collection Thomas Henry. En 1885, on nomme un nouveau conservateur : Armand. Le Véel. Les moyens offerts à Le Véel pour occuper ses fonctions sont moindres, le musée est mal logé dans la mairie, et le budget est très réduit. Moyens, qui avec beaucoup d'ironie feront signer Le Véel dans sa correspondance : "A. LE VEEL STATUAIRE, Conservateur GRATUIT". A la fin de sa vie Le Véel fit don de sa collection (mobilier, verrerie, médailles et autres curiosités) et de sa production personnelle : sculptures en bronze à sujets historiques dont il fit sa spécialité. MILLET ENTRE AU MUSÉE : LA DONATION ONO, 1915 Le début du XXème siècle fut marqué par un legs important, constitué d'une trentaine d'oeuvres de Millet. En effet, en 1915, le neveu de la première femme de Millet, léguait à la ville un ensemble de portraits réalisés à l'époque de la carrière cherbourgeoise de Millet. Que l'oeuvre de Millet, entre dans les collections du musée de Cherbourg ne fut qu'un juste retour des choses. En effet, c'est grâce à la collection Thomas Henry que Millet commença son apprentissage de la peinture, en copiant les oeuvres de la collection : Le Christ au Calvaire de Murillo, La Sainte Famille de Raphaël, ainsi que La Justice de Subleyras attribuée à l'époque à Le Sueur. Le vœu de Thomas Henry était ainsi réalisé, offrir à ses jeunes compatriotes des modèles afin de susciter des vocations. Jusqu'en 1965, les collections du musée sont formées exclusivement par des donations ou des envois de l'Etat. A partir de cette date, la ville décida d'accroître le fonds existant en accordant au musée un budget d'acquisition. La priorité de l'époque est d'accroître le fonds Millet et de rassembler des oeuvres issues du contexte réaliste et barbizonnien. Ces efforts vont permettre de constituer l'une des plus importantes collections de Millet après celle des musées Parisiens (Le Louvre et Orsay). En 1983, le musée quitte enfin son local étroit de la mairie que l'on qualifia dans un rapport de 1907 "de dépôt" pour être accueilli dans un centre culturel offrant aux collections de véritables espaces d'exposition. De nos jours les collections du musée ne cessent de s'enrichir, toujours grâce à de généreux donateurs, complétées par une politique d'acquisition de plus en plus active. Signalons dernièrement l'acquisition d'un dessin de Huet et le retour en France d'une oeuvre maîtresse de J. F. Millet acquise par le musée grâce à de nombreux partenaires. 6