VDB n°24-Feuillet 1
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VDB n°24-Feuillet 1
tions. En fait, elles nous quittent lorsqu’elles peuvent obtenir un stage ou un emploi. VDB : N’est-ce pas très prenant pour les enseignantes ? JL : Oui, deux demi-journées par semaine plus une réunion le mardi matin, il faut être motivée ! Surtout que tous les cours doivent être longuement préparés. Mais nous recevons tellement en retour ! Ces femmes sont merveilleuses, très chaleureuses .Des relations d’amitié solide naissent et perdurent. Et puis elles nous font découvrir qu’il y a dans toutes les sociétés des richesses uniques, des références morales et des valeurs que l’on peut partager. Un véritable service public... ...encore peu reconnu VDB – Vous remplissez en somme un vrai service public ! JL : Nous sommes aidés par la Ville de Rueil, qui met depuis quelques années un local à notre disposition et nous verse une petite subvention. Depuis le plan Borloo, nous pouvons suivre des formations. Mais en fait, beaucoup d’entre nous sont d’anciennes enseignantes ; nous apprenons ensemble à partager nos réussites, nos échecs, nos doutes ; ensemble à résoudre nos problèmes. Nous travaillons en équipe ; nous sommes très solidaires. Soutien scolaire: Des situations familiales difficiles VDB – Françoise GORÉ, vous êtes l’une de ces bénévoles, mais vous faites aussi du soutien scolaire. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? FG : Elles sont multiples car nous avons souvent des enfants en difficulté ou même en échec sur le plan scolaire. En général nous allons dans les familles, ce qui peut poser certains problèmes - hygiène, manque de place …- mais nous permet d’avoir des contacts avec les parents et les aider à aller voir les enseignants. Certaines situations familiales sont difficiles : souvent les mamans travaillent ou manquent d’autorité. Certains bénévoles prennent les enfants en dehors de chez eux. Mais il faut trouver un local ! VDB – Les enfants sont-ils au moins motivés ? FG : Cela dépend souvent de l’attitude des Marie-Pierre Boucly parents. Si les parents ne sont pas attentifs au travail scolaire de leurs enfants, c’est très difficile de les motiver. C’est souvent nous, les bénévoles, qui allons voir les professeurs, parfois avec les parents. VDB – Est-il donné à tout le monde de faire du soutien scolaire aux enfants immigrés ? FG : Il faut être avant tout bien motivé. Et avoir une certaine connaissance du milieu de l’immigration. Faute de quoi, on risque d’être un peu dérouté par certains comportements. Mais avec de la bonne volonté, on s’y fait vite. Et les enfants vous en sont souvent très reconnaissants. VDB – En conclusions, que diriez-vous à ceux qui hésitent à se lancer dans ces activités de SMR ? Ne pas avoir peur JL et FG : qu’il ne faut pas avoir peur. La peur et l’ignorance de l’autre sont les principaux facteurs qui entravent le processus d’intégration. Des deux côtés. Mais c’est à nous, les Français de souche, d’être accueillants. Si nous le sommes, si nous savons apprécier et aimer ces gens qui arrivent chez nous le plus souvent « paumés », bon nombre des problèmes liés à l’immigration dans notre pays disparaîtront d’eux-mêmes. Et nous découvrirons alors la richesse que nous apporte une relation d’amitié avec des gens attachants, différents et en même temps tellement semblables ! Un bel exemple de coopération nnie et Jean-Claude Hanrion, qui animent l'association MATOONDO, sont allés sur place à Nkayi cet été, au Congo Brazzaville. Visages de Buzenval les a rencontrés à leur retour A VDB: Qu'est ce qui vous a le plus frappé ? J-C & A.H - Nous avons été agréablement surpris en constatant avec quelle rigueur Mgr Mizonzo avait affecté les sommes envoyées aux projets auxquels elles étaient destinées. Les toitures des bâtiments de Sibiti sont à nouveau tôlées, la toiture de l'école Saint Paul de Dolisie est refaite, la fontaine publique d'eau potable fonctionne à Saint Kisito, le poulailler et la porcherie sont opérationnels à Dolisie, et enfin le centre socio-sanitaire est bien construit à Nkayi. VDB : alors quelles sont aujourd'hui les conditions de vie des personnes ? L'eau potable: un problème majeur J-C & A.H - Lamentables et déplorables. La distribution d'eau courante est très épisodique, les coupures d'électricité sont intempestives, la nourriture est toujours la même (poisson, manioc), les routes sont inexistantes. Il faut parfois rouler pendant près de deux heures pour faire 20 km. L'état sanitaire est effrayant. Tout cela est bien sûr le résultat de plusieurs années de "guerres" civiles mais aussi de l'incapacité ou du manque de volonté du gouvernement à dépenser les revenus du pétrole pour le bien du pays. Bien sûr on ne meurt pas de faim, il y a du pain, du manioc, des fruits, mais tout cela coûte cher. On commence à voir un peu de bétail et quelques élevages de volailles mais la consommation de viande reste un luxe. Quant à l'eau potable cela reste un des principaux problèmes pour les populations. V.D..B. Qu'en a-t-il été des containers qui ont été envoyés ? J-C & A.H - Tout ce que nous avions mis dans les containers envoyés ces dernières années est utilisé, qu'il s'agisse des machines à coudre, ordinateurs, matériel scolaire, vaisselle et autre linge de table. Nous l'avons constaté par exemple avec le centre de formation informatique de Nkayi où 12 ordinateurs sont installés en batterie, dans un atelier de couture de Saint Kisito où un artisan et trois couturières ont ouvert un commerce "florissant". VDB : est-ce que MATOONDO a un but strictement et uniquement de type "humanitaire" ? Ou bien est-ce qu'il y a dans sa démarche quelque chose de "plus" ? Comment son action est-elle ressentie sur place ? Une forte relation d'amitié J-C & A.H - Au-delà de l'aspect humanitaire de MATOONDO il y a la forte relation d'amitié avec Mgr Daniel MIZONZO que les populations des paroisses du diocèse ressentent comme un lien fort avec la France, comme une fenêtre sur l'extérieur. Souvent, nous qui représentions MATOONDO étions présentés comme faisant partie de la famille des Africains. Partout où nous allions, y compris dans les paroisses de brousse, nous étions attendus comme des amis et bien sûr tous ceux qui nous recevaient étaient très au courant de ce que fait MATOONDO pour eux. Une petite fille à Sibiti est venue voir Annie et lui a dit :"toi je te connais… tu m'as donné un livre l'année dernière…" En fait il s'agissait d'un des livres envoyés là-bas que les professeurs avaient choisi de remettre Suite page 4