Définition du conflit Dans cette consultation thématique sur l

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Définition du conflit Dans cette consultation thématique sur l
Définition du conflit
Dans cette consultation thématique sur l'efficacité du développement des OSC en situation de conflit,
nous examinerons le concept de “conflit armé”, défini comme confrontation organisée collective et
violente entre au moins deux acteurs, que ce soit des acteurs étatiques ou non. Nous considèrerons les
situations qui comptent 25 décès par an liés au combat comme conflit en cours1. Au cours de l'étude,
nous examinerons la dimension civile du conflit qui implique des acteurs non-étatiques et affecte les
communautés.
Les conflits apparaissent en cas de positions incompatibles et peuvent impliquer des activités aux
niveaux local, régional, national et/ou international. Ces différentes échelles peuvent impliquer les
parties principales (à l'origine de l'incompatibilité) et les parties secondaires de soutien (qui soutiennent
l'une des parties principales en vue d'influencer le développement du conflit).
Dans cette étude, les actes de violence, tensions ou crises non-organisés ou isolés tels que les émeutes,
coups d'état ou attaques terroristes, ne seront pas considérés comme conflit. Bien que nous
reconnaissions leur impact sur la vie des personnes, nous nous concentrerons sur les conflits en cours.
Types de conflits
Tout conflit est multidimensionnel et la recherche universitaire porte une attention toute particulière au
classement du type, caractère et valeurs du conflit. Au cours de cette étude, nous examinerons les types
de conflits suivants2:
1. Le conflit interne est le type de conflit le plus commun et a lieu entre les forces armées du
gouvernement3 et un groupe civil opposant organisé, à l'intérieur des frontières de l'état. Ces
conflits sont motivés par des positions ethniques, religieuses ou idéologiques incompatibles.
Nous différencierons le conflit interne “classique”, sans intervention étrangère, du conflit
interne avec implication étrangère, qui implique au moins une partie engagée dans le conflit
soutenue par les troupes militaires d'un gouvernement étranger.
2. Le conflit interétatique a lieu entre deux gouvernements utilisant chacun leurs forces armées.
Le conflit peut avoir lieu n'importe où et est souvent initié par une déclaration formelle.
1
Ce critère est adopté par Uppsala Conflict Data Program (UCDP) basé à l'Université d'Uppsala University
(Suède). Ces données tiennent compte d'un nombre plus faible de décès liés au combat et sont plus
pertinentes car nous nous intéressons à un éventail de situations de conflits armés.
2 Cette classification est basée sur la définition de l’UCDP.
3 Nous considèrerons le gouvernement comme l'entité reconnue par la communauté internationale, et qui
contrôle le pouvoir national.
3. Le conflit non-étatique est l'utilisation de forces armées entre deux groupes organisés, aucun
d'entre eux n'étant le gouvernement de l'état.
4. Le conflit interne internationalisé a lieu entre un membre du système international et une
entité politique (qui n'est pas membre du système) à l'extérieur de ses limites territoriales. Le
conflit interne internationalisé est : l'état contre un acteur non-étatique indépendant.
La qualification d'un conflit (international/interétatique ou national/interne) est important car il indique
les lois applicables. Cette qualification n'est pas toujours évidente en raison de l'évolution possible du
conflit d'une catégorie à une autre.
Le caractère d'un conflit est façonné en grande partie par la cause de l'incompatibilité. Le caractère est
souvent lié à un autre et beaucoup de conflits en cours que nous identifions dans cette étude possèdent
plus d'une nature. Aujourd'hui, les médias jouent un rôle important dans la perception de la
qualification du conflit par le public, en se concentrant sur la dimension culturelle ou religieuse du
conflit, menant souvent à la confusion et au malentendu. Nous utiliserons les caractères suivants :
1. Politique : incompatibilité en ce qui concerne les systèmes politiques ; volonté de sécession;
volonté d'autonomie; rapports de pouvoir
2. Socioculturel: incompatibilité en matière de conception ethnique, religieuse ou idéologique
3. Economique: incompatibilité en matière de distribution des ressources
4. Territorial: incompatibilité en matière de frontières; prédominance régionale ou autonomie
Intensité du conflit
À l'aide de plusieurs fichiers de données, nous mesurerons l'intensité des conflits identifiés dans cette
étude. Nous tiendrons compte des dimensions suivantes :
1. La fréquence des attaques violentes, leur durée et la destruction qu'elles provoquent.4
2. La dimension sociale et l'impact du conflit, en tenant compte des niveaux de pauvreté, la
violation des droits humains et les niveaux d'inégalité entre groupes.5
Situations de post-conflit
La façon dont se termine un conflit influencera l'environnement de la situation de post-conflit. Dans
cette étude, nous examinerons la fin du conflit à la suite de chacun de ces événements : (i) une victoire
qui a lieu lorsqu'un groupe succombe face à la force du second; (ii) un accord de paix fait face aux
4 L'UCDP a recours au nombre de décès liés au combat afin d'opérer une distinction entre “conflit mineur” et
“guerre”. Le Baromètre des Conflits de l'Heidelberg Institute identifie 5 niveaux d'intensité.
5 Il existe moins d'analyses de cette dimension dans les études déjà réalisées sur les conflits. Nous tiendrons
compte des indicateurs de développement y compris… au cours de cette étude.
incompatibilités, ou définit un plan pour y faire face (un accord de paix dure jusqu'à ce que l'une des
parties mette fin à son engagement de façon claire); (iii) un cessez-le-feu est conclu.
La fin d'un conflit est rarement un processus clair et il existe un risque très élevé de reprise jusqu'à 15
ans après sa fin officielle. Dans cette étude, nous qualifierons de pays en situation de post-conflit : (a) les
pays qui ont souffert d'un conflit grave et de longue durée; (b) les pays qui ont fait l'expérience d'un
conflit court mais très intense; (c) les nouveaux états souverains qui ont émergés à travers une violente
séparation d'un état souverain.
États fragiles
Bien qu'il n'existe aucune définition du terme “états fragiles” ou “fragilité” acceptée à l'échelle
internationale, la plupart des acteurs du développement le définissent principalement comme étant un
échec fondamental de l'état à exercer les fonctions nécessaires à la satisfaction des besoins et attentes
des citoyens. Les états fragiles sont le plus souvent décrits comme incapables d'assurer la sécurité de
base, de maintenir l'État de droit et la justice, ou de fournir des services de bases et des opportunités
économiques à leurs citoyens. Ainsi, l'OECD DAC a récemment qualifié d'états fragiles les états étant :
“incapables de satisfaire les attentes de *leur+ population ou de gérer les changements dans les attentes
et la capacité à travers le processus politique” (OCDE, 2008).
Dans cette étude, nous examinerons les états fragiles en situation de post-conflit, où a eu lieu un conflit
armé, terminé par la signature d'un accord de paix (ou autre type de fin) mais où le gouvernement n'a
pas la capacité ou l'intention de remplir ses fonctions essentielles envers la majorité de son peuple, y
compris les pauvres. Ces situations sont souvent caractérisées par un manque de cohésion sociale et de
stabilité, et un haut niveau d'inégalité.
Nous distinguons “gouvernement”, qui implique le pouvoir officiel, et “état”, qui fait référence à une
société à l'intérieur d'un territoire défini. Par exemple, l'un des pays étudiés, le Sri Lanka, peut être
considéré comme un état fragile en situation de post conflit, car le gouvernement peut être très fort
mais il existe une instabilité sociale.