Viande de poulet issue d`engraissement intensif
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Viande de poulet issue d`engraissement intensif
PROVIEH – Verein gegen tierquälerische Massentierhaltung e.V. Küterstraße 7–9 ● 24103 Kiel Téléphone 0431. 24828-0 ● Fax: 0431. 24828-29 [email protected] ● www.provieh.de Viande de poulet issue d'engraissement intensif: la volaille importée cache des souffrances animales Comment est-il possible que les magasins discount puissent proposer de la viande de poulet souvent meilleur marché que des aliments pour chats? Dans l’UE, presque tous les produits usuels à base de chair de poulet proviennent d'élevages industriels intensifs. Des densités effectives de 39 à 42 kg / m² sont tout à fait usuelles dans la pratique. De 22 à 24 poulets occupent chaque m² de stabulation. Chaque poulet de chair adulte ne dispose donc que de la surface d'une assiette à soupe, encore moins qu'une poule pondeuse dans sa cage. C’est légal et consacré par la directive UE 2007/43/CE. Les poulets sont des animaux avides de mouvement mais les conditions exiguës de leur garde leur interdisent quasiment de déployer leurs ailes. Ils sont toujours compressés par des congénères et ne peuvent pas se reposer sans être dérangés. Ils souffrent de stress permanent, ce qui occasionne des blessures mutuelles et des troubles comportementaux. Comme contremesure, les animaux sont gardés dans une pénombre artificielle. Les soins se limitent à une tournée journalière de contrôle lors de laquelle on retire les animaux morts ou gravement malades. Environ 3 à 5 % des animaux meurent usuellement au cours de leur engraissement de 33 à 35 jours seulement. Les paysans restent sur le carreau En Allemagne, près de 50 % des exploitations d'engraissement de poulets ont moins de 10'000 places. Mais, ces exploitations produisent ensemble près de 1 % seulement de tous les poulets de chair abattus annuellement en Allemagne. En revanche, plus de 44 % des poulets de chair sont produits dans des installations industrielles de 100'000 places et plus, même si 1 % tout juste de toutes les exploitations a un tel ordre de grandeur. Les installations de 40'000 places font donc partie des exploitations comparativement moyennes. Une énorme pression est engendrée par la concurrence avec les grands engraisseurs. Pour l'achat des aliments, le facteur de coût majeur dans l'engraissement des poulets, les petites exploitations paysannes ne peuvent pas se montrer concurrentielles en termes de prix - comme partout dans le monde. Un engraissement extrêmement rapide, source de détresse animale L'enjeu pour les exploitants d'installations industrielles d'engraissement est d’arriver à ce que les poulets transforment au mieux les aliments en masse corporelle et atteignent rapidement leur poids d'abattage. En cinq à six semaines, les animaux doivent multiplier leur poids initial de 45 g à la naissance pour atteindre entre 1.5 et 2.5 kg au final. S’ils sont trop actifs, ils utilisent davantage d'énergie de la nourriture et grossissent plus lentement. Le seul mouvement souhaité dans cette garde industrielle est celui consistant à manger. 1 La masse musculaire augmente plus rapidement que la charpente osseuse. Les articulations et les os sont déformés. Cela occasionne des douleurs permanentes et nombre d’animaux croulent sous leur poids. Une croissance trop rapide et un manque de mouvement causent souvent des dysfonctionnements mortels de l'appareil cardio-vasculaire ou l’accumulation d'eau dans les poumons et la cavité abdominale. Les reins et le foie s'enveloppent de graisse du fait d’une alimentation excessive. D'après les prescriptions légales allemandes, «tous les poulets de chair doivent avoir un accès permanent à une litière sèche et souple leur permettant de picorer, de gratter et de prendre des bains de poussière». La réalité de l'engraissement industriel est bien différente: l’étable est couverte de litière fraîche au début de l'engraissement seulement, les fientes et l’eau collent rapidement la litière en une masse humide et puante. Cela provoque des inflammations douloureuses à la plante des pattes des animaux. Chaque pas est douloureux et les poulets en surpoids ne peuvent plus que se dandiner péniblement. Ils ne se reposent plus en se perchant mais en se couchant seulement. Cela provoque des inflammations de la bourse séreuse, au niveau de la crête du sternum («boursouflures» au niveau de la poitrine). Ces blessures sont des portes d'entrée pour divers agents infectieux. Un recours intense aux antibiotiques Lorsque les effectifs sont denses, les infections peuvent se propager comme un feu de paille. C'est la raison pour laquelle, au moindre soupçon de maladie, l'ensemble de l'effectif reçoit un traitement médicamenteux. Depuis 2006, les antibiotiques ne peuvent plus être utilisés dans l’UE comme moyen de soutien à l'engraissement. Il existe toutefois une lacune, la «métaphylaxie». Si on décèle un agent pathogène chez certains animaux du poulailler, tout le troupeau est traité à titre préventif. Le recours aux antibiotiques dans l'engraissement des poulets a pris des mesures critiques en Allemagne: à 9 poulets de chair sur 10, on administre des antibiotiques au moins une fois dans leur brève existence de 35 à 42 jours. La fréquence d'utilisation et l'emploi inapproprié d'antibiotiques multiplient les agents pathogènes résistants. Ces derniers arrivent, via le produit fini, jusque dans les cuisines de nos maisons: on peut déjà déceler la présence d'agents infectieux multirésistants dans 23.7 % des produits frais à base de viande de poulet et dans 18.9 % des préparations de viande. Aussi les autorités allemandes recommandent-elles une hygiène particulièrement stricte en cuisine, au moment de préparer la viande de volaille. Des germes pathogènes résistants aux antibiotiques parviennent aussi dans l'environnement via l'air vicié des installations, le fumier et les animaux abattus. D’où une menace croissante sur la santé humaine. Engraissement des poulets en Allemagne: faits et chiffres Plus de 600 millions de poulets de chair ont été abattus et transformés en Allemagne en 2010 (7.1 % de plus qu'en 2009). La consommation annuelle de chair de poulet par tête d’habitant était de 11.4 kg en 2010, tendance à la hausse. Un petit nombre de grandes entreprises se partage le commerce de la volaille de chair. Le haut-lieu de l'engraissement des volailles se situe dans l’Emsland allemand, avec 29 millions de places à l'engrais. L’exemple à suivre: une garde paysanne respectueuse des besoins des espèces De par leur nature, les poules vivent en groupe d'environ douze individus et d'un coq. L'entretien du plumage, la recherche de nourriture, le repos, les bains de sable et de soleil rythment l'emploi du temps. Une poule saine a un plumage brillant et complet. La crête et les barbillons sont bien irrigués, les pattes et la charpente osseuse stables et résistantes. 2 Dans un poulailler bio, un maximum de 10 animaux se partage 1 m² d’un point de vue purement arithmétique. L'ordonnance écologique de l'UE permet jusqu'à 4’800 poulets de chair par unité d’étable. Le sol est recouvert de copeaux ou de paille hachée. Pour que la litière reste sèche et souple, on ôte régulièrement le fumier et rajoute de la paille hachée sur 4 cm d’épaisseur. On observe rarement des troubles comportementaux, comme le picage mutuel, car les poules picorent et grattent constamment le sol. La lumière naturelle et l’alternance répétée entre le jour et la nuit ont des effets positifs sur la vie des poules. Pour se reposer, elles se huchent sur des perchoirs. En règle générale, les associations bio prescrivent un «jardin d'hiver» (aussi appelé aire à climat extérieur ou «aire froide de grattage»). Le jardin d'hiver permet aux animaux de se mouvoir en plein air même lorsque les conditions météorologiques sont mauvaises. Ici, les poules peuvent prendre des bains de sable, picorer, gratter et déployer leurs ailes. Les bains de sable sont importants pour elles car le sable passant à travers leur plumage écarte les plumes collées et souillées et enlève la vermine, par exemple les acariens. Depuis le jardin d'hiver, les poules bio de l’UE ont en tout temps accès à une aire d'exercice engazonnée offrant 4 m² à chaque animal. Offres alternatives usuelles Quelques producteurs de poulets allemands ont réagi aux critiques croissantes soulevées par les abus de l'engraissement industriel intensif et proposent des produits issus d'une «garde au sol extensive». Un engraissement plus lent, avec des accroissements journaliers plus modestes et une densité moindre de 25 kg / m² au maximum (pour comparaison: la Suisse autorise jusqu'à 30 kg / m²), contribuent déjà à une nette amélioration du bien-être animal, ce qui se traduit aussi par l’administration de moins d’antibiotiques. Des offres comme «volaille Privathof » (une marque de Wiesenhof) vont encore un peu plus loin en imposant un aménagement du poulailler adapté au comportement de l'espèce, avec des bottes de paille, des pierres à picorer et des perchoirs. Dès 2013, l'accès à un jardin d'hiver couvert sera obligatoire pour la volaille dite Privathof. Le programme est en cours de validation avec des organisations de protection animale et des scientifiques. L’Allemagne commercialise déjà les premiers produits issus de cette filière. Une demande de pays d'importation comme la Suisse serait bienvenue pour accélérer la transition d'exploitations d'engraissement vers ce système de garde nettement plus respectueux. En termes de structure de prix, les produits issus d'une «garde au sol extensive» se situent, dans les magasins d'alimentation, entre la marchandise usuelle et les produits animaux d'exploitations certifiées selon l'ordonnance écologique de l'UE. De grandes chaînes commerciales allemandes comme Lidl et Netto ont déjà introduit de tels produits alternatifs dans leur assortiment. Indications d’achat Les poulets provenant d'un engraissement intensif sont anormalement bon marché. 1 kg de cuisses de poulet coûte 1.99 euros chez le discompteur allemand. Au comptoir du magasin, on trouve surtout de la poitrine et des cuisses. Les autres parties sont exportées dans les pays du «tiers-monde» où ils détruisent les marchés locaux de la volaille. Pour l’engraisseur, l’engraissement intensif sur un espace très restreint signifie certes des coûts de production modestes par animal mais cette garde ne se maintient qu’au prix d’une grande souffrance animale. PROVIEH met pour cette raison en garde contre l'achat de chair de poulet bon marché car elle provient généralement d'installations industrielles intensives. Une courette engazonnée est prévue si le produit porte la mention «garde paysanne au sol» ou «détention avec parcours 3 extérieur». Les produits portant les sceaux Bioland, Demeter ou Bio UE sont encore meilleurs. Dans les exploitations bio de l'UE, la moitié du fourrage doit être produit écologiquement et dans la région. L'emploi de médicaments synthétiques ainsi que d'hormones, et les prophylaxies à titre préventif à base d'antibiotiques, sont interdits. Les animaux doivent passer au moins un tiers de leur existence en plein air. Une détention conforme aux besoins de l'espèce exige nettement plus de travail, ce qui a son prix. 1 kg de viande de poulet issue d'une garde en liberté devrait coûter 8 euros aux clients. Des études scientifiques montrent par ailleurs qu’une consommation réduite de viande est bonne pour la santé. PROVIEH – respektiere leben. Protéger les animaux de rente contre la souffrance est une exigence pour les êtres humains et c'est mieux pour la qualité, le goût ainsi que l’innocuité sanitaire des produits. Depuis 1973, l'association PROVIEH lutte pour une garde animale respectueuse des besoins des espèces. Ses membres connaissent et respectent les besoins des animaux, sont attachés à une agriculture paysanne et sont des «porte-parole» des animaux de rente agricole. PROVIEH informe sur les abus de la garde animale industrielle et leurs conséquences pour les êtres humains. Elle mène des campagnes dans les milieux politiques et commerciaux pour de meilleures conditions de vie des animaux de rente et donne des exemples d’une protection pratique possible des animaux, de l’étable jusqu’au panier de la ménagère. Stefan Johnigk est biologiste diplômé. Depuis juillet 2008, il travaille à plein temps comme directeur de PROVIEH. Il avait auparavant travaillé pendant sept ans dans la recherche agricole et sept autres années comme conseiller en innovation de moyennes entreprises. PROVIEH appuie la Protection Suisse des Animaux PSA et ses associations partenaires dans leurs efforts de maintien des standards de protection animale suisses exemplaires et de protection des producteurs paysans contre la ruineuse concurrence des importations de l'UE issues d’une garde industrielle fondée sur la maltraitance animale. 4