ALLOCUTION FINALE Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Les

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ALLOCUTION FINALE Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Les
A L L O CUTI O N FI NA L E
PROF. T. KOTARBINSKI
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Les Entretiens d'Ox f ord touchent a l e u r f in. Tous les participants
qui y sont assisté en t irant chacun un prof it personnel — et certainement t out le monde en a t iré un prof it préc ieux — sont devenus débiteurs envers tous c eux qui av aient c ontribué s oit à l a préparat ion
des Entretiens, soit a leur mat ière même, soit à l'assurance des meilleures conditions de not re s éjour à Ne w College.
Qu' il me s oit permis d'adresser mes premières paroles de remerciement aux rapporteurs qui ont bien v oulu se charger des questions
particulières à l'int érieur du sujet général de l'échange d'idées, c.à.d.
(Think ing a n d Me a n i n g .
MM les prof . prof . Ryle, Findlay , Calogero, Ay er, I ngarden, Zaragueta, Perelman, Passmore se sont donné de la peine af in de rendre
les discussions partielles susceptibles de se concentrer s ur des ques tions soigneusement préparées. I l serait superflu, s urt out après le résumé excellent du prof . Devaux, de réc apit uler par le dét ail t out ce
qu'on a discuté a u cours de ces journées d ' u n t rav ail bien intense.
Tout cela s'est bien ancré dans nos esprits non seulement grâce aux
auteurs d e s c ommuniqués , ma i s aus s i g r â c e a u x prés ident s d e s
séances et aux orat eurs nombreux q u i o n t v aillament c ont ribué
approf ondir le sujet. De toute façon s i on m'autorise à ex primer mon
impression générale, je dirai ce qui suit:
Les s ujets discutés n'appart enaient pas a u x grandes discussions
idéologiques q u i accompagnent dans l e domaine philos ophique des
controverses inhérentes a u x dif f érent s styles d e l a v ie publique d u
monde contemporain. Nous nous sommes adonnés à une médit at ion
qui t end à se déliv rer de .ces litiges, c omme savent le f aire des mathématiciens, des anatomistes, des linguistes et d'autres experts d' un
sujet de leur recherche c hois i de préférence. L a ques t ion que nous
avons f ait sortir du bagage considérable des problèmes philosophiques
c'était u n e éluc idat ion d e l'enc hev êt rement c omplex e des rapport s
entre ce qu'on pense, ce qu'on en pense et le système des signes dans
lequel t rouv e s on expression l a relat ion ent re l e c ont enu et l' objet
de l a pensée. Sur pas ma l de points o n a f ait avancer l'analyse d e
cet enchevêtrement mystérieux, mais év idemment o n n e p e u t pas
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dire qu'on soit arriv é au moy en d' un ef f ort c ommun a une conception concertée et mûre au point qu'elle puisse êt re considérée c omme
une acquisition durable et indiscutable du point de v ue scientifique,
a part certaines constatations de caractère préalable, permet t ant de
déblayer le c hemin q u ' i l f aut grav ir p o u r s'approcher de l a v érit é.
Je me permet t rai de c it er parmi ces constatations l'idée q u ' i l s erait
faux de t rait er le sens des mot s a l'ins t ar des fragments isolés et la
pensée c omme une s omme de tels morc eaux ; o u bien la conception
d'éliminer les expressions démonstratives de t out discours possible;
ou bien encore cette remarque que la signification d' un f ait peut être
considérée c omme u n f ait bien qu'elle ne s oit jamais ident ique a u
fait dont elle est l a signification.
Et v oic i la question q u i se pose: es t -il jus t if ié o u n o n d'appréc ier
avec satisfaction une t elle marc he des Entretiens et de tels résultats
des discussions. Je me déclare optimiste à cet égard. L'ins t it ut I nt ernational de Philosophie n' a pas pour but d'adopt er en c ommun des
constatations philosophiques. C'est du désir d'une aide mut uelle dans
les efforts, les recherches, la documentation et l'échange des opinions,
qu'est né l'I ns t it ut I nt ernat ional d e Philosophie. Les entretiens a n nuels port ant s ur un s ujet nettement is olé et permet t ant une méditation c ommune approf ondie — s emblent êt re une mét hode rat ionnelle et saine. Le caractère abstrait et universel du sujet choisi cette
année résulte de s on contenu, s on import anc e est évidente d u f ait ,
semble-t-il, q u ' i l s 'impos e depuis des siècles a u x penseurs q u i s e
penchent s u r l a pensée elle-même. Les obstacles aux quels o n s e
heurte n e s ont pas enc ore c omplèt ement surmontés. I l me s emble
qu'on doit regretter seulement qu' il manque au sein de not re Institut
des collègues de certains pays o ù les recherches philosophiques sont
assidûment cultivées. L e u r part ic ipat ion a u r a i t certes e n r i c h i n o s
débats e t nous n e cesserons pas d e c ont inuer nos essais d' élargir
géographiquement l a lis t e d e nos membres .
Nous avons l a joie de c ompt er désormais c inq membres de plus :
M. Juhos, d'Aut ric he, M. Uit t -Hans en, d u Danemark MM. Nov ak et
Patocka, de Tchécoslovaquie, M. Garc ia Bacca du Vénézuela. A tous
ces nouv eaux collègues nous souhaitons u n e c ordiale bienv enue.
En procédant a un examen rétrospectif sur les réalisations de notre
Institut depuis l e t emps de not re rencontre d ' i l y a u n a n a Sant a
Barbara, i l convient de constater que l a préparat ion et l a réalisation
des Entretiens actuels n'ont point été l' unique f orme de son activité.
I l a mené de f ront une ac tiv ité de public at ion. J e ne t rouv e pas de
mots pour ex primer not re reconnaissance a tous a M. l e Prof. K l i -
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bansky pour son oeuvre et s on dévouement permanent en t ant que
président d u Comit é de Publication. Cette année ont paru deux v olumes — presque t rois — dans l a s érie des textes s ur l a tolérance.
Nous espérons t ous très v iv ement que M. Klibans k v aura l a possibilit é de c ont inuer à nous accorder s on concours s i précieux. Nous
le remerc ions chaleureusement, a i n s i q u e t ous ses c ollaborat eurs ,
pour l e t rav ail ac c ompli.
L'expression de not re grat it ude est due à M. Varet pour son ef f ort
dans l'ceuvre d'élaborat ion de la Bibliographie philos ophique dont le
IX v o l u me a paru en temps ut ile.
Enfin au nom de nous tous je me permets de remerc ier tous c eux
qui ont bien v oulu contribuer a met t re au point nos t rav aux au cours
de toute l'année, t out part ic ulièrement le t rav ail préparatoire des Entretiens qui v iennent de f inir. I l y a lieu d'adresser un remerc iement
chaleureux a nos hôtes éminents. L'inv it at ion à t enir nos Entretiens
dans le siège de Ne w College à Ox f ord est n o n seulement u n v rai
service amic al, ma i s e n mê me t emps u n honneur p o u r l'I ns t it ut .
Nous savons tout part ic ulièrement gré a la direc t ion de Ne w College,
son Recteur et à son Manager. C'est au Comit é d'Organisation, et
en part ic ulier à son Président M. l e Prof. Ay er, que nous v oudrions
ex primer not re v iv e reconnaissance ains i qu'A M. l e Professeur Ry le
pour s on amic ale c ollaborat ion.
Nous s ouhait ons maint enant que les débats des Ent ret iens aux quels nous av ons consacré c es quelques journées t rouv eront l e u r
expression, c omme c 'ét ait l e cas les années précédentes, dans u n e
publication.
Il nous reste a ref léc hir u n ins t ant s ur l'av enir. Quand et où envisageons-nous de t enir nos entretiens futurs ? S'il est s ûr qu'ils n'auront pas lieu l'année prochaine, e n t ant que tels, nous savons que
nous aurons néanmoins, grâc e à nos collègues mexicains, l a possibilit é d'organiser un s y mpos ium à l'occasion d u XI I I ' Congrès I nt ernational d e Philosophie. E t not re c ollègue M. Rotenstreich nous a
convié, pour la réunion suivante, à v enir dans son pays No u s acceptons avec joie et gratitude cette inv it at ion à t enir bientôt un Entretien
en Israel.
Comme d'habit ude l e s ujet des entretiens s era ét abli p a r entente
directe avec nos hôtes, c ompt e t enu de rint érêt part ic ulier d u pays
et de l a v ille q u i organisera l a réc ept ion de l'I ns t it ut I nt ernat ional
de Philosophie.
Sur ces réflexions concernant les années à v enir nous faisons nos
adieux à l'honorable Ox f ord, s i hospitalière, en emport ant de ce se280
jour les souvenirs les plus agréables et en f ormulant u n s ouhait de
nous tous à nous tous: bonne chance.
Discours prononc é a l a séance d e c lôt ure des
Entretiens d e O x f o r d , l e 144X-1962).
Thadée KOTARBINSKI
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