À VOUS DE VOIR comme le « beau est toujours bizarre »

À VOUS DE VOIR comme le « beau est toujours bizarre »
[Se raconter] L'ETRANGE – LA CURIOSITÉ ESTHÉTIQUE – LA BIZARRERIE
POÉTIQUE
[De votre part] DAVID RENAUD // ODILON REDON
« Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu’il soit volontairement,
froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la
vie. Je dis qu’il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non
voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être
particulièrement Beau. » Baudelaire, salon de 1859
« L'inquiétante étrangeté sera cette sorte de l'effrayant qui se
rattache aux choses connues depuis longtemps et de tout temps
familières. » Freud, 1919
« Après un effort pour copier minutieusement un caillou, un brin
d’herbe, une main, un profil ou tout autre chose […] je sens une
ébullition mentale venir ; j’ai alors besoin de créer, de me laisser
aller à la représentation de l’imaginaire ». Odilon Redon, confidences
d'artiste, 1894
« … une image presque décorative qui se donne à voir mais qui fonctionne comme un appel à d'autres
images, d'autres types de questions. En cela, le titre «L'horizon absolu» [...] m'intéresse
particulièrement en regard d'une définition «classique» de l'horizon: cette ligne lointaine qui nous
appelle, nous amène à toujours aller de l'avant. Mais, le travail de la cartographie me l'a démontré, on
avance pour toujours revenir à notre point de départ. » David Renaud, l'Horizon absolu, FRAC PoitouCharentes, 2011.
Mesurer ses espaces et ses esprits
À rapprocher ces deux œuvres, on imaginerait volontiers un collage surréaliste présentant
l'homme rouge de Redon se poser sur un des champs colorés de David Renaud. L' Artiste, à
l'instar des scientifiques du XIXème siècle mesure ses espaces comme ses esprits, cette époque
ayant vu l’appropriation plus objective du territoire en même temps qu'un intérêt croissant pour
les phénomènes occultes. Cartographies aux échelles contrariées, à la lecture camouflée,
sculptures par nature artificielles, architectures « visionnaires » deviennent autant d'indices
laissés par David Renaud, d'un voyage artistique dans cet entre-deux : entre territoire vécu et
territoire rêvé. Ce jeu de frontières entre réalité et projections mentales relie alors les utopies du
XIXème aux fantasmes et frustrations du XXIème siècle.
Piéger la nature, Plier le cosmos
L'homme rouge est en lévitation dans cet interstice exploré par le maître des méandres du rêve,
Odilon Redon, dont les peintures montrent toujours l'observation des éléments organiques qui
finiront par muter en formes cosmiques.
Et c'est encore le cercle qui peuple les peintures de David Renaud comme autant de signes
trompeurs provoquant la perte de repères visuels. Et c'est bien sur l'oeil d'Odilon Redon qui
comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini.
Sorte de « Réalisme Hypnotique » de deux artistes qui regardent leur propre territoire mental en
se tenant à l'extérieur de la « cage », de la « scène », du « tableau ». Ils ont piégé la nature, « Plié
le cosmos »1 par la magie du peintre illusionniste, qui superpose dans un même espace le vrai et
l'artifice.
1 Pliage cosmique, exposition des œuvres de David Renaud à la galerie Anne Barrault, Paris, 2009.
Artistes et Auteurs
autour de :
David Renaud (1965, Grenoble)
Plutonian Day, 2011
Peinture acrylique sur panneaux d'aluminium, 260 x 560 x 560 cm, col. FRAC PoitouCharentes
Odilon Redon (1840-1916)
L'homme rouge,1905
Huile sur toile, 55 X 32 cm, col. Musées de Poitiers
Sâadane Afif (1970)
Charles Baudelaire (1821-1867)
Gustave Doré (1832-1883)
Max Ernst (1891-1976)
Gaspard David Friedrich (1774-1840)
Olafur Eliasson (1967)
Arthur Hacker (1858-1919)
Mona Hatoum (1952)
Ann Veronica Janssens (1956)
Stanley Kubrick (1928-1999)
Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806)
Claude Lévêque (1953)
Anthony McCall (1946)
Gustave Moreau (1826-1898)
Céleste Boursier Mougenot (1961)
Gerard de Nerval (1808-1855)
Joséphin Peladan (1858-1918)
Hercules Seghers (1590 – 1638)
Joana Vasconcelos (1971)
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992)
James Turrell (1943)
Doug Wheeler (1940)