salsa picante 3.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
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salsa picante 3.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
PICANTE Sommaire Alias Maria / p. 2 Vida sexual de las plantas / p. 3 NN : Un nom, une vie, une mort... / p. 4 Ausência / p. 5 Intacto : la soirée hallucinée / p. 6 Fronteras / p. 7 Eva ne dort pas : La belle dormeuse de Pablo Agüero / p. 8 Eva Perón : entre ombre et lumière / p. 9 La comédie n’est pas faite pour les Reflets / p. 10 Les Regards : El úl mo pasajero (La verdadera historia) / p. 11 Echos des Regards / Les Regards à venir / p. 12 Los Minutos Picantes / Estado de urgencia / p.23 Autour des Reflets / p.14 Le journal des reflets > numéro 3 > mardi 15 mars 2016 Alias maria De josé luis rugeles puissent l’écrire à leur manière, pour que ce soit plus réaliste. Quelque part, cha‐ cun d’eux a réécrit son propre rôle. En tant que citadins, nous avons dû nous adapter, comme par exemple faire systé‐ matiquement attention aux endroits sur lesquels on s’asseyait, apprendre à faire un garrot au cas où un animal vénéneux s’attaque à une personne de l’équipe et faire un entraînement physique pour nous préparer au rythme des longues marches. La jungle offre de magnifiques paysages, mais en même temps elle est hostile et plutôt inconfortable. Nous de‐ vions marcher 1h30 chaque jour pour nous rendre sur le plateau, et ce n’était pas évident d’y transporter boisson et nourriture pour toute l’équipe. Durant ces cinq semaines de tournage, nous avons voyagé de toutes les manières possibles : canoës, chevaux, tracteurs, mobylettes et minibus chiva. Nous étions comme des guérilleros marchant d’un point à l’autre, faisant face à toutes les embuches de la route. Et comme nous jouant aux hommes, mais sous l’autorité avions décidé de tourner dans un endroit d’un plus âgé, ne dit presque pas un mot où la violence sévit encore actuellement, il a fallu apprendre à interagir avec la de tout le film. population locale. Cela nous a permis « Nos recherches ont duré environ 3 ans, d’atteindre le réalisme que nous recher‐ déclare le réalisateur José Luis Rugeles. chions. » Nous nous sommes entretenus avec de nombreux ex‐guérilleros et nous nous Il s’agit du second long métrage de sommes rendu compte que notre histoire José Luis Rugeles, après Garcia en était celle de nombreuses jeunes filles 2010 ; Il anime avec son coproducteur colombiennes. En effet presque toutes des ateliers d’art scénique, travaillant les femmes‐soldats que nous avons inter‐ avec des enfants exfiltrés de la guérilla. viewées avaient été enrôlées enfants. Il y Alain Liatard a différentes explications à cela : l’ab‐ sence de l’Etat, la fascination pour les armes, la quête de pouvoir, le besoin d’échapper à la violence de leurs pa‐ rents, et aussi parce que les familles pré‐ fèrent donner une fille plutôt qu’un gar‐ çon à la guérilla, lorsqu’elles doivent s’acquitter de leur tribu. Dès lors, l’his‐ toire est devenue une partie de nous. (…) Les enfants qui jouent dans le film ont été sélectionnés au cours d’un vaste cas‐ ting réalisé dans une zone présentant un haut niveau de violence ; ainsi tous ces enfants avaient quelque chose dans leur nature que je devais préserver dans leur jeu d’acteur. Il était important qu’ils puis‐ sent comprendre et ressentir leur person‐ nage au lieu d’apprendre leur texte par cœur. C’est pour cela que je ne leur ai jamais donné le scénario. Nous avons INEDIT travaillé de cette manière quasiment Cinéma Le Zola tout le film, en leur expliquant la scène à Mercredi 16 mars à 16h30 l’oral afin qu’après chaque répétition ils Lundi 21 mars à 16h30 Au coeur de la guérilla colombienne avec les enfants soldats M aría, 13 ans, est une jeune soldate de la guérilla. On lui donne pour mission d’aller avec quelques jeunes militaires me re en sécurité le nouveau-né du commandant. Elle-même est enceinte et décide de garder sa grossesse secrète pour ne pas être contrainte à avorter par le médecin du camp. A travers son regard, le film nous dévoile la terrible réalité du conflit armé en Colombie. Voilà une toute jeune fille en treillis, qui ent une mitraille e dans ses doigts où le vernis s’écaille ? On ne sait rien sur elle : María a-t-elle été enlevée ? Estelle consentante ? Qui est le père de son bébé ? Là n’est pas l’intérêt du film sinon de montrer l’organisa on tantôt paternaliste, tantôt violente de ce e guérilla qui souvent ne connait que l’arbitraire, les ordres aboyés et la brutalité. L’approche de la guerre, avec à la fois le sens de la vie et celui de la mort, nous met au centre d’un enfer. Car paradoxalement pour un film situé en pleine nature, Alias Maria est presque un huis-clos. La caméra se déplace au plus près des personnages qui ne quittent jamais les profondeurs d’une jungle uniforme, labyrinthique et sans repère. Resserrée, l’action se déroule sur à peine quelques jours. Et María, seule femme parmi un mini groupe de jeunes garçons Salsa Picante n° 3 Vida sexual de las plantas De sebastián brahm P our représenter le Chili en compé on pour le Prix du public CIC Iberbanco nous avons choisi une fic on de 2015 réalisée par un cinéaste venu du journalisme. Sebas án Brahm, après avoir réalisé plusieurs court métrages et un premier long, El circuito de Román, nous propose avec Vida Sexual de las Plantas une œuvre originale, peu classique. Depuis quelques années, on assiste effec vement au Chili à l’émergence de cinématographies au langage narra f assez nouveau, ce qui démontre la grande force du cinéma chilien et nous oblige à redevenir curieux face à des œuvres pas toujours tradi onnelles. Dans ce film c’est surtout dans la réalisaon elle-même (direc on d’acteurs, tournage et surtout montage) que se trouve l’originalité. En effet, Sebas án Brahm a demandé aux acteurs - en par culier à Fransisca Lemin qui interprète le rôle de Bárbara et Mario Horton celui de Guille - de travailler sans filet, à savoir sans avoir pris connaissance en amont du scénario. « L'idée était de faire quelque chose de très narra f, avec des liens très forts entre les scènes, elles‐mêmes très délimi‐ tées, mais en cherchant une interac on naturelle. Parfois, Mario avait plus de renseignements que Francisca. Elle avait notamment très peu d'informa ons tan‐ dis que lui en avait un peu plus car il était parfois mon assistant. Donc, sur ce e Salsa Picante n° 3 base, la mise en scène est restée tradi‐ onnelle, plan – contre plan, mais comme nous improvisions beaucoup, cela nécessitait de pouvoir couper abondam‐ ment. Je ne voulais pas faire de plan sé‐ quence improvisé ». Ce tournage très par culier a donc nécessité beaucoup d’improvisa on et s’est déroulé par intermi ence, sur une période d’un an. Le couple formé par Bárbara et Guille passe par un traumasme qui va définir le futur de chacun d’eux - tristesse, insa sfac on, désirs sexuels - mais le film se concentre surtout sur le personnage féminin car c’est lui qui, omniprésent dans le film, doit prendre les décisions importantes. Le grave incident ouvre paradoxalement la possibilité au personnage de faire le point sur sa vie (amour, maternité) et le film peut ensuite croître en intensité. Mêlant sen ment de culpabilité, nécessité de me re fin à ce e liaison et envie de rebondir, Bárbara va-t-elle se lancer un nouveau défi ? Le peu de consignes laissées par le réalisateur dans la direc on d’acteurs n’a visiblement pas perturbé les comédiens. Ceux–ci ont dû improviser, y compris dans les scènes de sexe où Sebas án les laissait très libres. « Les acteurs pou‐ vaient être réellement surpris des instruc‐ ons qu’ils ne connaissaient pas à l’avance mais la première scène pouvait être la bonne. L’équipe a pu aussi être surprise par leurs réac ons qu’à l’inverse nous découvrions ensemble ». Le tournage, sur une durée aussi longue, a permis de montrer l’emprise du temps sur les différentes étapes de ce e relaon, mais aussi sur les personnages euxmêmes, car l’ordre chronologique a été respecté. Le troisième personnage du film, Nils, est interprété par Cris án Jiménez, qui n’est autre que le réalisateur de La voz en off que nous avions programmé l’année dernière. Ce drame senmental est, avant tout, un joli portrait de femme qui se trouve face à ses désirs et à ses rêves. Michel Dulac INEDIT Mercredi 16 mars à 19h au Zola Samedi 19 mars à 16h30 au Zola COMPETITION PRIX DU PUBLIC CIC IBERBANCO Ce film est remarquable encore en ce qu’il dévoile les différentes étapes psychologiques par lesquels peuvent passer les anthropologues légistes (et toute la difficulté de leur tâche) selon qu’ils sont hommes ou femmes et leur avancée dans la carrière : confiants, sereins, acharnés, parfois désabusés, touchés, perplexes, effondrés ou encore écœurés par l’administra on, qui parque les vieux ordinateurs en les empilant correctement dans des salles réservées mais laisse les cartons d’ossements - les dernières preuves de vie des personnes assassinées - mal fermés, à l’abandon sur une terrasse, signant quasiment ainsi l’arrêt des recherches possibles par altéra on et dispersion des preuves. nn De héctor gálvez Un nom, une vie, une mort H éctor Gálvez, signe, une fois encore, avec NN‐Sin iden dad, (après le documentaire Lucanamarca codirigé avec Carlos Cárdenas en 2009 et la fic on Paraíso, les deux diffusés lors des Reflets 2013), un nouveau film fort, traitant de son thème de prédilec on : les traces de la sale guerre qui a ensanglanté le Pérou dans les années 80 et les exac ons qui ont été commises tant par les guérillas ellesmêmes que par l’armée péruvienne dans la lu e contre le terrorisme, et ce, jusqu’au début des années 90. Rappelons à ce propos qu’Héctor Gálvez a fait par e de la Commission pour la Vérité et la Réconcilia on (voir Salsa Picante n°1, page 15) et qu’il a donc assisté aux exhumaons de corps jetés dans des fosses communes à la suite d’exécu ons extrajudiciaires, au travail des anthropologues légistes auprès des familles des vic mes exhumées ainsi qu’à la collecte de témoignages de proches des vic mes et parfois des vic mes elles-mêmes. Tout cela, ce e expérience, ce vécu, a nourri son travail de cinéaste. Dans Lucanamar‐ ca, on assiste à l’iden fica on de restes humains dans un village, ce qui libère la parole mais ré-ac ve les conflits entre villageois, rancœurs enfouies depuis le début de la guérilla et la lu e contre celle-ci. Dans Paraíso, il s’agit plutôt de la vie et du manque d’avenir des enfants et des jeunes, dont les familles déchirées par la violence subie dans la sierra (où avait eu lieu majoritairement les exac ons) ont échoué dans la banlieue de Lima. Ainsi, NN‐Sin iden dad est ce e fois encore, une varia on fic onnelle sur le travail des anthropologues légistes dans leurs efforts pour faire abou r leur travail et leur recherche de la vérité (l’iden té de la personne dont on trouve les ossements et les raisons de sa mort) et leurs rapports avec les familles des personnes iden fiées ou en voie d’iden fica on. Le récit est exemplaire ici en ce sens qu’il montre - de façon pra quement documentaire - le travail d’un groupe d’anthropologues légistes, sept hommes et femmes travaillant ensemble, vivant pra quement ensemble, et s’a ache plus par culièrement au cas du chef d’équipe, le docteur Fidel Carranza. Le point de départ en est simple : un champ où l’on a trouvé neuf corps, huit plus un. Les huit premiers corps (ossements, vêtements et objets dis nc fs) ont été assez vite iden fiés sauf le neuvième qui, seul, a end. Uniques indices : la photo d’une jeune femme, un jean et un pull bleu et des ossements. NN‐Sin iden dad traite donc de cela de façon linéaire et chronologique : quelle est l’iden té de cet homme de 30-45 ans ayant plusieurs côtes cassées, qui a donc dû subir une hémorragie interne importante et dont le crâne a été traversé de haut en bas, d’arrière en avant, par une balle de 9 mm. Qui est-il ? Une femme qui dit être son épouse se présente… Une rela on par culière va alors se nouer entre l’anthropologue légiste et elle. On partage alors leurs inquiétudes, les ques ons qu’ils se posent : doit-on toute la vérité aux familles ? Que peut-on dire ? Que doit-on dire ? Doit-on fermer les cercueils pour qu’ils ne puissent pas réellement voir ce qui est advenu à leur proche ? Peut-on répondre à la ques on : « A-t-il souffert ?», « Puis-je la toucher ? » quand il ne reste plus que les os d’un corps dont on sait qu’il a été ba u, violenté et torturé ? Jusqu’où peut-on dire la vérité et quelle vérité ? Chacun a son avis et supporte le poids de celleci différemment. De l’autre côté, face à eux : les familles, les proches, qui au-delà des réponses veulent pouvoir commencer leur deuil, plusieurs années voire plusieurs dizaines d’années après avoir perdu contact avec le disparu et qui se sont accrochés à l’espoir (tellement humain !) de la vie éventuellement encore possible et veulent « la preuve » de la mort de l’être a endu ou recherché et les raisons de celle-ci. Pas de condamna on (sauf celle de l’absurdité de l’administra on) dans NN‐Sin iden ‐ dad, pas de lieu, pas de groupes armés nommés, pas de recherche de responsabilité mais la vérité crue dans son essencemême : des anthropologues légistes détenteurs de la vérité et des familles en recherche de réponses. Des deux côtés des êtres humains en souffrance… Ainsi NN‐Sin inden dad est une parabole : chacun des protagonistes représente une parole ; le poids de la vérité et la quête de vérité ; les dépositaires de l’horreur de la réalité vécue par les vic mes et les proches en quête de vérité, dans une souffrance morale qui ne s’achèvera qu’avec le début d’un deuil enfin possible. Les acteurs sont très justes : Paul Vega en anthropologue légiste dont on sent qu’il a tout sacrifié à son mé er tant sa vie de famille que sa santé psychologique et qui ira jusqu’à com(Suite page 5) Salsa Picante n° 3 (Suite de la page 4) me re l’irréparable ; et Antonieta Pari, tout en douleur et doutes contenus, tendue comme un arc, dans sa quête de réponse, et qui a fini par lasser même son fils… Enfin, si NN‐Sin identidad est un film extrêmement documenté et fort, il n’en demeure pas moins une fiction puisque la fin est impossible ; mais nécessaire car cette pirouette inattendue donne toute sa puissance au film, elle rassure le spectateur et lui permet d’avoir la fin qu’il faudrait. Un pied de nez ultime ! Tout concourt à la tension et au ques onnement : peu de scènes à l’air libre, souvent dans l’espace confiné des salles d’examen, peu de dialogues mais des gros plans sur des visages qui « disent » tout, quelques scènes d’une grande intensité émo onnelle, une lumière blafarde ou bleuâtre, accentuant ainsi l’aspect clinique voire lugubre… une lumière qui semble s’estomper et s’assombrir au fur et à mesure que le récit se déroule. Un film puissant et nécessaire. NN‐Sin Iden dad a été désigné meilleur film 2015 au Pérou par les journalistes de Cinen‐ cuentro, la revue de cinéma en ligne et Ma‐ gallanes second ! Paul Vega meilleur acteur péruvien de l’année pour son rôle dans NN‐ Sin iden dad et Magaly Solier meilleure actrice pour son rôle dans Magallanes ! Les 32èmes Reflets vous proposent les deux ! Pascale Amey INEDIT Cinéma Le Zola Jeudi 17 mars à 16h30 Mercredi 23 mars à 19h Salsa Picante n° 3 ausencia De chico teixeira C ertains brillent tellement par leur absence que leur souvenir hante toutes nos pensées, nos gestes et chaque instant que nous vivons. Comme une tache d'encre indélébile qui s'étend et marque tout sur son passage, leur omniprésente absence prend toute la place et finit par nous asphyxier. Sans misérabilisme et avec le regard a en f d'un documentariste, Chico Teixeira dissèque les liens d'une famille qui se défait pe t à pe t sous nos yeux. Le spectateur a presque la sensa on de pouvoir toucher, de vivre le drame qui se déroule devant lui. Face à des parents qui se dégagent de leur(s) responsabilité(s) par lâcheté, tristesse ou maladie, Serginho, 14 ans, prend la situa on en main, avec ses pe tes mains d'enfant. Encore dans les limbes de l’adolescence, il s'efforce de maintenir les piliers d'une maison qui s'effondre tel un château de cartes. Il ne cherche pas à savoir s'il a le choix, il vit dans le présent et va de l'avant bien qu'il sacrifie les dernières années de son enfance à s'occuper de ceux qu'il aime. Pris dans cet engrenage, Serginho ne va plus à l' école, travaille et prend soin de son pe t frère avec tout l'amour et la tendresse qu'il aimerait recevoir. Sa rela on avec les adultes est parfois trouble, parfois en opposi on avec ce que devrait être une rela on équilibrée. Il cherche désespérément à être entouré alors qu'à la maison il joue même un rôle de père pour sa propre mère. A travers la loupe qu’il nous tend, Chico Teixeira nous ques onne sur la no on de famille et par extension de société qui, en manque de repères, produit de plus en plus d'adultes-enfants et transmet un lourd héritage à une par e de sa jeunesse. Sans pour autant être fataliste, le réalisateur et scéna- riste d'Ausência nous pique pour mieux s muler notre réflexion. Ausência, second long métrage de Chico Teixeira après A casa de Alice (Reflets 2008), se situe à mi-chemin entre cinéma in miste et réalisme social. L'absence (peut-être même « les absences », tout ce qui manque dans la construc on d'un jeune ado) n'est finalement pas un obstacle insurmontable. Elle est un paramètre de plus parmi les difficultés du quo dien, car l'important est la résilience, ce e force qui fait aller de l'avant – et que l'on retrouve aussi dans Boi Neon (Neon Bull de Gabriel Mascaro). Présenté au Fes val de Rio 2014 et au Fes val de Berlin 2015, Ausência a reçu le Grand Prix Coup de Cœur au dernier Cinéla no de Toulouse. Victoria J. Cruz & Bernard Corneloup AVANT‐PREMIERE Cinéma Le Zola Mercredi 16 mars à 21h intacto De juan carlos fresnadillo L a Chance de Tomás, seul rescapé d'une catastrophe aérienne, devient l'objet des convoi ses du vieux Sam, le survivant absolu, et de Federico, son ancien protégé, qui a le pouvoir de voler sa Chance à autrui. Nom...), venant rappeler que la fibre fantas que était inscrite dans l’ADN cinématographique du pays, comme en a estent les films de Bigas Luna, Julio Medem, Álex de la Iglesia, voire même de Pedro Almodóvar à ses débuts. Pour un premier long-métrage, Juan Carlos Fresnadillo frappe fort et signe ce que l'on appelle communément un film instantanément culte. Caractérisé par le très grand soin apporté à la photo, à la musique et à la direc on d’acteur (qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en Europe) et affranchi du poli quement correct propre au cinéma américain, le cinéma de genre espagnol est le plus vivifiant et le plus intéressant à suivre depuis de longues années. Remarqué lors de l’ouverture de la Semaine de la Cri que en 2002 à Cannes, le film ne ressemble à rien de connu à ce moment. Mi-thriller, mi-film fantas que, on ne sait jamais ce qui va arriver dans les 5 minutes et c’est un univers et des règles rudement solides qu’a réussi à me re sur pied le réalisateur. Intacto est un de ses plus atypiques représentants. Cyril Despon n Le succès fut immédiat et Intacto sera récompensé de quatre Goya (meilleur jeune réalisateur, meilleur jeune acteur pour Leonardo Sbaraglia, meilleur acteur pour Eusebio Poncela et meilleur montage pour Nacho Ruiz Capillas) sur 6 nomina ons. Il est malheureusement bien difficile d'imaginer un des n similaire pour un premier film fantas que français lors d'une cérémonie des César... Presqu’un fes val Lumière en néga f finalement, en cela qu’il propose à un public de cinéphiles un peu barrés de plus en plus nombreux (dont nous sommes !!!) de (re)découvrir des pépites « de patrimoine » qui ont inspiré un grand nombre de cinéastes contemporains, sans qu’elles n’ob ennent jamais le droit de figurer dans les encyclopédies du cinéma et autres Tulard… Leur panthéon, c’est Hallucina ons Collec ves, et c’est déjà en soi un très bel hommage au regard de la qualité, de la diversité et de la richesse de la programma on, au fil des édi ons. Ce sera du 22 au 28 mars au Comoedia de Lyon, et nous vous recommandons d’aller y piquer votre curiosité cinéphilique sans aucune modéra on car ce e dernière est prohibée chez nos amis d’Hallucina ons Collec ves. Hollywood ne tardera pas à me re le grappin sur Fresnadillo et le réalisateur Danny Boyle lui confiera le phénoménal 28 Semaines Plus Tard, suite de son 28 Jours Plus Tard, qui ne fera qu’affirmer le talent indéniable de son réalisateur. Intacto est un des nombreux films de genre espagnol qui ont émergé sur la scène interna onale à la fin des années 90 et au début des années 2000 (Ouvre les Yeux, La Secte Sans C réé en 2008, le fes val Halluci‐ na ons Collec ves a pour ambion de proposer un "autre" cinéma : des films rares et souvent méconnus, déroutants car inclassables. Entre classiques de l'ombre et inédits, le fes val propose des œuvres auxquelles l’histoire «officielle» du cinéma n’a pas daigné accorder de légi mité́, aussi bien que des nouveautés audacieuses. LA SOIRÉE HALLUCINÉE Cinéma Le Zola Jeudi 17 mars à 21h Film présenté par Benjamin Leroy Retrouvez le programme complet sur www.hallucina ons‐collec ves.com Salsa Picante n° 3 A utant le dire tout de suite, Fronteras (frontières) est un beau film, un film délicat, touchant et grave sur une histoire d’attirance, d’amitié, de désir entre un jeune homme basque et un jeune marocain du même âge, migrant clandestin dans les faubourgs de Bilbao. Chacun d’entre eux vient d’un univers culturel, familial et affec f différent. Alors que le jeune Rafa (German Alcarazu) traîne avec sa bande de copains, intéressés par le foot et les filles (ha ! les premiers émois !), l’autre, Ibrahim (Adil Koukouh) traîne plutôt avec ses compatriotes, clandes ns comme lui et qui survivent en faisant de pe ts trafics. Ces deux mondes, assez silencieux au début et hos les l’un envers l’autre, vont se rencontrer et s’étonner de ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre, jusqu’à ce que la vie les ra rape, notamment le regard des autres et les lois, bref, les dictats de la société.… Fronteras est un beau film, qui montre ce désir naissant, étrange même pour les protagonistes eux-mêmes, ce e envie d’être auprès de l’autre sans vraiment savoir pourquoi, ce trouble envahissant, ce besoin d’être tout contre l’autre, juste à le regarder, sen r sa chaleur, son souffle sans forcément parler, à le frôler et en être bouleversé et heureux… Il est intéressant de noter, à ce tre, que le tre français du film de Mikel Rueda est Fronteras, comme s’il s’agissait de suggérer que le film traite d’un problème de fron ères, de limites, ce qui n’est pas faux puisque l’un des deux jeunes protagonistes est clandes n et menacé d’expulsion, mais pas seulement. En espagnol, le tre du film est « A escondidas » (en cache e) et, en cela, il est bien plus fidèle au thème de l’homosexualité et sa découverte chez les adolescents, que le tre français. Histoire de marché ? On se demande… A ce propos, Mikel Rueda déclare « Ce film a deux origines. L’une c’est Cuando corres, un court que j’ai fait sur ces gamins qui arrivent en Espagne depuis le Maroc, en traversant le détroit, très jeunes. Qu’est ce qui leur arrive une fois qu’ils sont là ? Seuls et sans référent, ni paternel ni maternel ; comment vivent‐ils ? Comment voient‐ils le monde ? L’autre c’est mon propre vécu quand j’étais jeune. Il me semblait néces‐ saire d’en parler. Le cinéma espagnol a déjà traité de l’homosexualité mais l’homo‐ sexualité à cet âge, aussi jeune, dans l’ado‐ lescence, est encore un thème tabou. »* Salsa Picante n° 3 fronteras De mikel rueda Même en cachette, l’amour ne connaît pas les frontières… Pour ce qui est du montage, il est ina endu ; la narra on va et vient dans le temps mais il est facile pour le spectateur de naviguer et de recons tuer les bribes de l’histoire. Là encore, c’est une volonté expresse du réalisateur : « Je voulais que Fronteras ‐ A escondidas soit un voyage pour le spectateur. Qu’il voyage avec les deux protagonistes, qu’il le partage avec eux. Les deux jeunes sont perdus : l’un dans un pays qu’il ne connaît pas, et dans lequel il se sent agressé et expulsé par les re‐ gards, et l’autre qui commence à se sen r différent. Et à ressen r des choses qu’il n’avait jamais sen es. […] Oui ! Oui ! Dès le scénario, il était bien évident que la struc‐ ture serait déjantée. »* cérité, donne à lui seul la leçon qu’il faut retenir du film : l’émo on et la tolérance. Si Mikel Rueda déclarait à Natxo Velez (eitb.eus), au moment de la sor e de son film en octobre 2014 : « A escondidas veut toucher le public émo onnellement », qu’il se rassure, il a a eint son but ! A noter aussi que le film est dédié à Álex Angulo, le regre é acteur basque, originaire de Bilbao, décédé dans un accident de voiture le 20 juillet 2014 et dont c’est l’une des dernières appari ons au cinéma. Un film beau, tendre et douloureux, mais inoubliable comme un premier amour. Pascale Amey Les acteurs, quant à eux, sont criants de vérité et de justesse. Evidemment, les adolescents sont des non professionnels. Ils ont été sélec onnés grâce à un cas ng qui a réuni 3500 candidats au Pays Basque, en Catalogne et à Madrid. Et le résultat est bluffant. Mikel Rueda précise : « Nous avons dû y aller doucement avec le thème de l’homosexualité, donnant l’informa on pe t à pe t et en cherchant les jeunes qui seraient suffisamment murs pour se con‐ fronter au rôle. Ce que nous n’avons pas fait pendant le processus de cas ng a été de dévoiler de but en blanc que le film al‐ lait traiter de deux garçons gays, car au lieu d’avoir 4000 candidats, on en aurait eu 100 ! Germán et Adil n’ont pas lu le scéna‐ rio avant le début des essais. Il était indis‐ pensable d’éviter les mauvaises interpréta‐ ons et les influences possibles de l’envi‐ ronnement familial et des copains. »* Si les deux protagonistes sont impressionnants, il faut également souligner la performance de Joseba Ugalde, Guille, le copain de Rafa dans le film, à un moment clef, et qui, de par son jeu d’une extrême justesse et sin- * interview publiée dans Fotogramas le 09 octobre 2010 AVANT‐PREMIERE Cinéma Le Zola Vendredi 18 mars à 21h En présence du réalisateur Mikel Eva ne dort pas De pablo agüero La belle dormeuse P our raconter, par la fic on, la rocambolesque aventure du cadavre d’Eva Perón, qui durera dix neuf années, Pablo Agűero, fasciné par ce e histoire, nous propose un film découpé en trois épisodes : l’Embaumeur, le Transporteur, le Dictateur. Et, finalement, cela est assez juste parce que ces trois mots caractérisent à eux seuls le contexte de ce e période et la folie de ces évènements. Le premier, dédié à l’anatomiste et scien fique Pedo Ara qui a réellement embaumé le corps d’Eva Perón (il a aussi embaumé le corps du grand compositeur espagnol, Manuel de Falla), est interprété par l’acteur espagnol Imanol Arias (Pájaros de papel Reflets 2012), le transporteur et colonel Moori Koenig, auteur du rapt, par Denis Lavant (que je ne présente plus !) et, dans le rôle du dictateur (le général Aramburu dans la réalité), nous retrouvons Daniel Fanego. Ajoutons à cela un amiral sanguinaire obsédé par la « guerra sucia » (menée par la dictature de Videla à par r de 1976 et qui fit plus de 30 000 disparus) joué par Gael García Bernal au meilleur de sa forme... Le travail du réalisateur est assez surprenant avec une adapta on très théâtralisée, l’u lisa on de documents d’archives qui donne un contenu documentaire à son œuvre et enfin une photographie très élaborée (travail sur la couleur également). Les scènes se passent dans des univers très minimalistes renforçant ce côté « théâtral » et souvent dans le clair obscur afin de « jouer » avec le corps embaumé. Pablo Agűero transmet ce e fascina on et ce e obsession qu’ont suscité ce e période par le jeu des protagonistes autour de ce e dépouille mythique. Même Sabrina Macchi, l’actrice qui interprète « le cadavre », a dû suivre des cours de yoga et prendre une alimenta on spéciale pour pouvoir rester dans un immobilisme absolu pendant certaines scènes et avoir vraiment l’air d’un « cadavre ». L’œuvre de Pablo Agűero présente un côté expérimental. La présence « supposée » tout au long du film de ce corps embaumé fait de ce e fic on une expérience déconcertante (perturbante ?) que le réalisateur assume avec une mise en scène assez inclusive, rendant compte de cet enfermement et faisant appel à beaucoup de plans séquences. La perversion des mécanismes de pouvoir, les manipula ons des sen ments populaires sont aussi largement palpables tout au long du film. Eva no duerme est le troisième long métrage de ce réalisateur, connu par ses courts et par son premier long, Salamandra présenté à Cannes en 2008. Pablo Agűero répond aux ques ons de Alex Montoya pour Fotogramas au dernier Fes val de San Sebas án : Celui qui découvre le film, en ignorant la véritable histoire, pensera que la vérité est pire que la fic on… consensuels que tout le monde aime ... Je reste convaincu que le rôle de l'ar ste est de susciter la discussion, même si cela me génère des problèmes. Quels problèmes cela a‐t‐il posés ? Pour le moment, le financement, qui n’est pas banal. Nous parlons d'environ sept années de ma vie. Dans un contexte qui glorifie le succès immédiat, la censure est avant tout économique. J'avais le casting, de solides producteurs de trois pays différents et un scénario « gagnant », mais tout cela coûte beaucoup d’argent, pour le contenu et pour l'esthétique. Le film échappe aux paramètres hollywoodiens et, dans un certain sens, va beaucoup plus loin. Donc la seule façon était de miser sur le côté radical. Le film u lise la figure symbolique d’Evita en tant que moteur des mouvements so‐ ciaux, pourrait‐on l’extrapoler par rapport à ce que nous vivons aujourd'hui ? Voilà, en gros, le thème du film. Qu'est-ce qui se passe quand les gens descendent dans la rue et disent assez ? Elle en est le symbole. Ensuite, nous pouvons dire qu’elle était manipulatrice ou mauvaise, mais la réalité sociale ne peut pas être niée. Le pouvoir fait comme si les classes populaires n'existent pas et c’est pour cela qu’il cherche à effacer Evita. Il massacre, fait disparaître des gens, mais il ne peut l’arrêter. Eva ne dort pas, reste éveillée. Evita est la flamme qu’on ne peut pas éteindre. Michel Dulac C’est vrai. En réalité, des choses complètement folles se sont passées, mais dans le film, en fait, on se limite pour accentuer la vraisemblance. Pourtant, il est très surréaliste ... Ce qui t'a fait te lancer dans ce e réalisa‐ on ? Parler de ce sujet était une tenta on énorme, car il est très cinématographique. C’est une histoire presque mythologique, mystérieuse dans son contenu. Elle a une dimension socio - poli que, et donne une lecture de ce qu’était la guerre froide. Et le plus merveilleux, quoique risqué, est l'idée que les symboles sont plus puissants que les objets ou les personnes réelles. 70 ans après sa mort, le mythe d'Evita reste plus présent que n’importe quel poli que vivant. Parler d’Evita t’assurera la controverse ? Parlez de choses importantes, et le faire avec passion, génère des conflits. Ne pas le faire serait lâche. Certains peuvent chercher le succès commercial ou des applaudissements faciles avec des thèmes touchants AVANT‐PREMIERE Cinéma Le Zola Vendredi 18 mars à 19h Salsa Picante n° 3 M aría Eva Duarte de Perón (plus connue sous son diminu f Evita) est née le sept mai 1919 à Los Toldos, dans la province de Buenos Aires, en Argen ne. Elle est l'une des cinq filles de Juana Ibarguren et d'un riche éleveur, Juan Duarte. Elle grandit dans les environs de Junín dans un milieu social plutôt pauvre. En effet, après l’élec on du Radical Yrigoyen à la présidence en 1919, son père perdit le sou en que lui apportait les conservateurs jusque là au pouvoir. A quinze ans, elle part pour Buenos Aires afin d'y trouver du travail et y devient une actrice de cinéma pour des séries « B ». Elle rencontre le colonel Juan Perón lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les vic mes du tremblement de terre qui avait détruit la région de San Juan en janvier 1944. Après avoir été, un temps, sa maîtresse, elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle a fortement contribué à la campagne de son mari pour l'élec on présiden elle de 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées. Après l'élec on de Juan Perón, elle prend rapidement un rôle considérable dans son entourage. Avec la Fonda on Eva Perón qu’elle a créée pour venir en aide aux plus déshérités, elle devient rapidement très populaire. Evita, comme on la surnomme à présent, est une des figures les plus influentes d'Argen ne. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité, son nom et son image apparaissant partout, contribuant à brouiller encore plus l’image déjà contreversée de Perón. Ce portrait idyllique d’Evita est pourtant terni par de nombreuses zones d’ombres. En 1947 elle entreprend un voyage en Europe pour redorer le blason et les rela ons diploma ques du régime de Perón qui, dans l'après-Seconde Guerre Mondiale, était de plus en plus perçu comme fasciste. Il faut dire que Juan Perón, grand admirateur de Mussolini dans les années 30, s’inspirait de certaines doctrines mussoliniennes et que l’Argen ne devenait le refuge de nombreux nazis en cavale (souvenez-vous de El Médico Alemán de Lucía Puenzo). Avant même la fin du conflit mondial, des capitaux allemands transférés en Argen ne financèrent la naissance d'une centaine de sociétés. En visite en Espagne, elle rencontre Franco, le dictateur espagnol. Evita Salsa Picante n° 3 Eva peron Entre ombre et lumière essaiera même de légi mer « son pouvoir » en briguant la vice-présidence en 1951. Cependant, sous la pression des militaires, Perón annulera sa nomina on à ce poste. Elle sera emportée par un cancer, à l'âge de 33 ans, en juillet 1952. C’est alors que commence « la saga » qui sera à l’origine du film de Pablo Agűero, Eva no duerme. Son corps est embaumé et exposé dans les locaux de la CGT (Confédéra on générale du Travail) jusqu'au coup d'état militaire de 1955 (surnommé « la révolu on libératrice ! ») qui chassera Juan Perón du pouvoir. Durant la nuit du 22 novembre 1955, suivant les disposi ons du dictateur et très catholique Aramburu, le corps d’Evita est enlevé par un commando militaire sous les ordres du lieutenant-colonel Carlos de Moori Koenig. La dépouille embaumée suivit alors un i néraire macabre. Le cadavre est déposé à l’intérieur d’une camionne e et on l’y laisse pendant plusieurs mois, en garant le véhicule dans différentes rues de Buenos Aires, dans des dépôts de l’armée, et même au domicile d’un militaire. Le dictateur Aramburu confie alors au colonel Cabanillas la mission de l’ensevelir clandes nement. C’est le début de « l’opéra on transfert ». Avec le concours d’un prêtre, à qui incombe la responsabilité d’assurer la complicité de l’église, le cadavre est transporté en secret à Gênes en Italie, à bord du navire Conte Biancamano, dans un cercueil dont on fait croire qu’il con ent une femme nommée María Maggi de Magistris, puis enterré sous ce nom (tombe 41 du champ no 86) dans le grand cime ère de Milan. En 1970, l’organisa on de guérilla « Montoneros » enlève, séquestre et élimine Aramburu, alors re ré de la poli que, en réclamant entre autres la réappari on du corps d’Evita. En septembre 1971, le général Lanusse alors au pouvoir, voyant en la ques on du cadavre d’Evita un obstacle à la normalisaon, ordonne de nouveau au colonel Cabanillas d’organiser « l’opéra on retour ». Le corps est exhumé de la tombe clandesne à Milan et res tué à Juan Perón, alors en exil à Madrid. C’est finalement sa troisième épouse Isabel, devenue présidente qui, après la mort de son mari, décide de faire rapatrier le corps en Argen ne. En 1976 la dictature militaire du Général Videla remet le corps à la famille Duarte et Evita est finalement enterrée dans la tombe familiale du cime ère de la Recoleta de Buenos Aires. Fin de ce e rocambolesque histoire tandis que l’Argen ne sombrait, quant à elle, dans la période la plus noire de son histoire. Michel Dulac amama La comédie n’est pas faite De asier altunapour les Reflets Retour sur la séance qui ne finit jamais... D epuis des mois, la rumeur bruissait sur Lyon et sa région, faisant courir un frisson (mélange de peur et d'incrédulité) dans des milieux aussi divers que les salles de spectacle, le stade des lumières et les bars que je fréquente. allait de sa pleine page d'éloges au sujet de ce film. - Ouais, mais on connaît Irene. Elle écrit n'importe quoi sans voir un seul film. Elle a même annoncé la venue de Julio Medem ! - Bof, on verra bien. geants et tous les gens qui pa entaient dehors pour la séance suivante. Une bien belle soirée en vérité qui viendra grossir la légende des Reflets. Bien qu’excités, affolés ou ravis, peu y croyaient vraiment. Et on a vu : au bout d'une heure de franche rigolade, l'écran a commencé à présenter des signes de fa gue évidents. L'image s'est « pixelisée » de plus en plus, comme lorsque, chez vous, vous essayez de visionner un bon film porno avec une connexion trop faible. Au bout d'un moment, l'image a même bloqué et il a fallu réveiller Edwin le projec onniste et Laurent le directeur qui cuvaient au fond d'un bar du coin. En tout cas bravo à tous ! Pensez donc, il se disait ici ou là que les Reflets allaient projeter une comédie. Oui, une comédie ! Rien qu'en écrivant ces mots ma main tremble et le séisme sur la région allait être terrible lors de la paru on du programme du fes val Ibérique : Ils avaient osé ! Le samedi 12, allait être projeté Ocho apellidos vascos le film d'Emilio Mar nez-Lázaro qui avait fait mourir de rire toute l'Espagne. A la confirma on de ce e nouvelle les purs et durs du fes val éructèrent, crièrent et menacèrent même, mais la direc on resta inflexible : La comédie serait diffusée, quoiqu'en pensent les tenants de la « ligne dure » du fes val, et on verrait bien ce qui se passerait. Putain on a vu !!! Une salle bondée avec des spectateurs incrédules s'interpellant de rangée en rangée : - Tu y crois, toi ? - Non, c'est trop gros. C'est une blague qu'ils nous font. Pourtant le programme était formel et dans Salsa Picante, Irene y C'est repar , puis bloqué de nouveau quand le héros commençait à déshabiller l’héroïne. « Un coup des religieux intégristes » ai-je pensé tout de go, mais non, la copie BluRay était naze et le dernier quart d'heure du film n'a été que blocage-déblocage. A mon avis, je ne devrais pas revoir une comédie au Zola de mon vivant. Loulou Esparza Certains ont accusé les Basques d’un sale coup, d’autres les Andalous, d’autres encore les Basques ET les Andalous, mais ce e séance homérique de près de trois heures (pour un film d’une heure trente !) n’est due en fait qu’à un support de diffusion défectueux qu’il ne nous a pas été possible de contrôler avant sa diffusion. Au nom de toute l’équipe des Reflets, je prie aux spectateurs de la séance d’Ocho apellidos vascos mais aussi à ceux de la séance de Libertador (qui a commencé avec 45 minutes de retard !) de nous excuser pour ce e soirée homérique, et ens également à vous remercier pour le très bon esprit, l’enthousiasme et le courage qui ont régné parmi le public malgré les événements. Edwin torse nu dans sa cabine, était Un grand merci aussi à Edwin qui a donné 10 monté sur l'appareil de projec on, fai- ans de sa vie dans ce e seule séance. sant avancer le disque à grands coups de Rassurez-vous, pour la deuxième séance du san ag. film à Vénissieux samedi 19 mars à 21h45, le support a été changé et ne présentera aucun problème. Le film sera donc présenté en version courte ce e fois-ci ! Méthode peu académique mais efficace puisque la salle, retenant son souffle, a pu, comme il s'agissait d'une comédie sen mentale, visionner enfin le baiser A bientôt aux Reflets ! final délivrant les héros, les spectateurs (applaudissant à tout rompre), nos diri- Laurent Hugues Salsa Picante n° 3 Les regards El ultimo pasajero De mathieu orcel A chacun sa vérité I l est presque aussi vieux que son hôtel. Eduardo Gamba habite dans un bâ ment abandonné à Mar del Sur, en Argen ne. Un vieil hôtel, en ruine. La peinture s’écaille, la couleur est passée. La mauvaise herbe pousse, les plafonds tombent. A son image. Ridé, doté toujours de son béret et de son appareil audi f. Il est à l’image de son chien. Qui peine toujours à se relever. Mais au-delà des âges qui sont passés et de la poussière, il y eut un temps où le bâ ment était plein, plein de rires, de bruits, de couleurs éclatantes, de bals. Et ce sympathique vieillard est là pour raconter ces temps d’antan, pour recevoir les touristes a rés par ce Boulevard Atlan c Hotel. Il leur propose des visites guidées, de ce e bâ sse dévastée par le temps, où les spectateurs ne peuvent que s’imaginer ce que lui donne à voir par sa parole. Pour raconter les anecdotes qui ont traversé ces couloirs – prétexte à raconter aussi ses propres mémoires. Ses romances, passionnées, avec une chanteuse française, son histoire personnelle, qui l’a emmené jusque vivre dans l’hôtel, ses origines mystérieuses… Et beaucoup d’autres histoires… ou légendes ? Salsa Picante n° 3 Car au fil des visites il recons tue sa vie et on en apprend un peu plus chaque fois. Puis on se rend compte pe t à pe t de certaines incohérences. Contradic ons. Et lorsque Mathieu Orcel, le réalisateur, s’en va ques onner les habitants du village, les voisins, les commerçants, ce sont encore d’autres versions qui viennent cons tuer et élargir l’histoire, et de l’hôtel, et du propriétaire. D’ailleurs, est-il réellement le propriétaire ? Mais quand vient la nuit, il le sait, le reconnait. Quand il est seul, au milieu de ces chaises vides, occupées seulement par le réalisateur. Il y a là la véritable histoire, et toutes les autres, fic ves ou utopiques. tés – probables – de sa vie, de ce qu’elle aurait pu être, si un moindre choix avait été différent. S’agit-il de se glorifier, de revivre sous une autre forme des instants où il aurait pu agir différemment ? D’avoir un mo f de rester dans cet hôtel où il a vécu heureux avec sa femme, aujourd’hui décédée ? D’avoir de la compagnie, de raconter ces récits à des touristes comme il aurait pu le faire à des pe ts-enfants qui n’existent peut-être pas ? De considérer le langage comme une façon d’arrêter le temps ? De donner une seconde vie à cet hôtel qui, sans lui, serait détruit ? Camille Cuisnier Car la vie, c’est aussi la somme des chemins que l’on n’a pas choisis. Et ce documentaire montre encore, à l’image de l’effet papillon, toutes les possibili- Peut-être pour toutes ces raisons. Ou aucune. Car l’important n’est peut-être pas de savoir, de démêler le vrai du faux, mais de se laisser porter et toucher par ce vieillard. C’est bien la puissance du langage qui est mise en scène, et c’est par la parole que ce personnage existe et fait valoir son existence, puisqu’il ne possède rien d’autre. Mais il parle. Alors il est. Et ce n’est pas une raison pour ne pas penser à demain. Il y a encore le poêle à repeindre, et les mauvaises herbes à enlever… Samedi 19 mars à 14h30 à la Bibliothèque du 4e arrondissement El último pasajero (La verdadera historia) suivi d’une visioconférence depuis Buenos Aires avec le réalisateur Mathieu Orcel Entrée libre Echos des regards du 4e et Macanudo DeBibliothèque beatriz sánchis Les lieux des regards Bibliothèque du 4ème arrondissement Croix Rousse 2 bis rue de Cuire - 69004 Lyon Anne Réty – tél. 04 72 10 65 41 Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à 19h, le mercredi de 10h à 12h et de 13h à 19h et le samedi de 10h à 18h. De lorenzo vigas castes www.bm-lyon.fr/ Bibliothèque du 7ème Arrondissement Jean Macé 2 rue Domer - 69007 Lyon Valérie Franco - tél. 04 78 96 48 30 S amedi 12 à la bibliothèque du 4ème arrondissement, à 14h, une ambiance recueillie pour regarder le deuxième volet de la trilogie de Nicolás Rincón Gille, Los abrazos del río en a endant de voir dimanche au Zola, le dernier volet de Campo Hablado : Noche Herida. Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à 19h, mercredi de 10h à 13h et de 14h à 19h et samedi de 10h à 18h les thèmes « douloureux » ont cap vé, interloqué mais passionné l’assistance. Dimanche 13, beaucoup de monde encore à Macanudo pour écouter Mercedes Alfonso et Paul Pons dans leur adapta on théâtrale Les Voix du Temps d’après Eduardo Galeano (et en bilingue) à 15h ; puis le documentaire porté par IDEES (Ini a ve des Etudiants pour l’Echange et la Solidarité) de Grenoble : La terre sous nos pieds… en présence de plusieurs étudiants à l’ini a ve du projet. Là encore, une après-midi foisonnante de proposi ons diverses et riches…. Pascale Amey et Camille Cuisnier A 16h, 80 personnes se pressaient pour voir Ayotzinapa, crónica de un crimen de Estado (de Xavier Robles) et dialoguer avec Sandra Meléndez du collec f Yo soy 132. Une après-midi, très réussie et dont LES REGARDS A VENIR entrée libre Mercredi 16 mars à 14h à l’IUT GEA - Amphithéâtre Bât. B Vienne Ayotzinapa, crónica de un crimen de Estado Samedi 19 mars à 14h30 à la bibliothèque du 4ème Croix Rousse - Lyon El último pasajero (La verdadera historia) (14h30) Vidéo conférence avec Mathieu Orcel, réalisateur Juan y Lou (16h) www.bm-lyon.fr/ Ins tuto Cervantes 58 montée de Choulans - 69005 Lyon Nadia Mansouri – tél. 04 78 38 72 41 lyon.cervantes.es/fr/ KoToPo ‐ Mille et Une Langues 14 rue René Leynaud - 69001 Lyon Guillaume Lanier - tél. 04 72 07 75 49 www.kotopo.net/ Jeudi 24 mars à 18h30 à l’Ins tuto Cervantes – Lyon Alma y Esperanza Mëjk en présence de Carlos P. Rojas, réalisateur Vendredi 25 mars à 20h30 au KoToPo - Lyon No es una crisis en présence de Jean‐Bap ste Fribourg, producteur Samedi 26 mars – 15h à la bibliothèque du 7ème Jean Macé Lyon Ça tourne à Villapaz Salsa Picante n° 3 Estado de urgencia Depuis 4 ans, vous sont proposés, avant les séances de 21h au cinéma Le Zola, des rencontres insolites, entre des pe tes (par la taille) forma ons musicales et un public de cinéma. Ou comment accueillir des spectateurs par des notes, des paroles, des rythmes, avant que les lumières ne s’arrêtent et qu’une nouvelle histoire ne commence à l’écran. Une manière originale et belle de se présenter les uns les autres, et de commencer ensemble la soirée… Mardi 15 mars LA GRAN ORQUESTA PAVEL (Musique tradi onnelle argen ne) Effec f : 2 personnes ! Après Penélope et le Va can, Loulou nous raconte nous plonge dans l’organisa on d’une édi on des Reflets en plein état d’urgence. Ames sensibles s’abstenir !!! EPISODE 3. Depuis la bagarre de l'autre soir, nous n'avons plus de bar pour laisser s'exprimer toute l'étendue de notre finesse et de notre intelligence. Je me rends donc au bureau des fes vals où des bénévoles préparent un buffet. Bénévoles préparant un pe t buffet Le concert a lieu ce soir, mais l'essen el de l'orchestre est coincé à l'aéroport pour cause de colis suspect... Sous l’œil nerveux du producteur, la maquilleuse et le régisseur de la tournée vont devoir empoigner une guitare et un accordéon, et c'est ainsi que vous pourrez entendre les contrebasses et les tubas vibrant dans le soufflet de l'accordéon, les hautbois, flûtes, chœurs et violons dans les cordes du chanteur guitariste... le folklore argen n reten ra ce soir, avec émo on ! Je regarde la pile de feuilles impressionnante qui trône sur son bureau ; - Ils sont pas un peu trop longs, tes ar cles ? Ça, ce n'est pas un truc à dire à notre présidente... Si je parviens facilement à éviter l'agrafeuse qu'elle me lance, je ne peux éviter le classeur métallique qui suit et qui me démonte l'épaule avant d'aller s’écraser contre la cloison qui en profite pour s'effondrer. Je couine misérablement, mais personne ne bouge. Pensez-donc, il vaut mieux rester prudent quand Pascale est dans cet état. D'ailleurs, méfiez-vous chers abonnés. Le spectateur qui, il y a quelques années, avait eu le malheur de bailler (et d'être au premier rang) pendant le discours de notre présidente, est toujours en rééduca on à l’Hôpital Henry Gabriel. C'était en 2001 ! Image rée de Claire Mével : Accordéon basses chroma ques Joseph Pariaud : Guitare/bombo/voix Mercredi 16 mars DUO TIAGO & CHARLES + GUESTS (Bossa Nova / MBP) En partenariat avec le fes val BrasiLyon La rencontre entre Tiago ALLAN, jeune guitariste francobrésilien de 19 ans, passé par le rock puis par la musique brésilienne, et de Charles PAILLET, ba eur - guitariste jazz - bassiste. Spécialement pour les Reflets du cinéma ibérique et la no-américain et le fes val BrasiLyon, Tiago et Charles présenteront un duo de guitare, dans un répertoire Bossa nova/MPB (Musique Populaire Brésilienne). Salsa Picante n° 3 El clan de Pablo Trapero (Argen ne) Mercredi 16 mars à 14h Mardi 22 mars à 16h30 au Cinéma Le Zola Comme j'explique à quelques bénévoles qu'il nous est dorénavant devenu impossible de laisser exprimer toute notre finesse et notre intelligence, Ghislaine me regarde fixement : - Mais de qui tu parles, là, avec tes histoires de finesse et d'intelligence ? Et comme tout le monde éclate de rire je pars bouder vers le bureau de nos directeurs. J'essaye de me faire plaindre par Pascale, la présidente de l'associa on, mais ce e dernière toute occupée à relire ses textes pour Salsa Picante, m'envoie bouler sèchement : - Tu ne voies pas que j'ai du boulot ? A suivre... Et pendant ce temps‐là... Autour des Reflets Mardi 15 mars à 20h30 Rencontre linguis que et culturelle espagnol‐français Pour échanger dans la langue de Cervantes et de Molière ! KoToPo – 14 rue René Leynaud – 69001 Lyon – tél. : 04 72 07 75 49 [email protected] Mercredi 16 mars à 18h30 Bibliothèque de la Part Dieu Contester en Espagne : crise démocra que et mouvements sociaux. Avec Alicia Fernández-García, anthropologue et chercheuse en civilisa on hispanique contemporaine et Mathieu Pe thomme, politologue spécialiste de l’Espagne. La situa on espagnole est paradoxale : d’un côté, de lourdes affaires de corrup on, une importante poli que d’austérité et un déficit démocraque dans les médias et de l’autre, l’émergence de nouvelles formes de contesta on, interrogées par leur originalité, leur poten alité et le cas échéant pour les dangers qu’elles impliquent. Conférence à l’occasion de la sor e du livre qu’ils ont co-dirigé : Contes‐ ter en Espagne : crise démocra que et mouvements sociaux, chez Demopolis. Jeudi 17 mars à 21h Concert et bal tango avec le So a Levin Trio Macanudo – 8 quai Claude Bernard – 69007 Lyon – Entrée libre – www.macanudo.fr Vendredi 18 mars à 20h30 Concert de Gabriel Mallala, chanteur-auteur-compositeur uruguayen. KoToPo – 14 rue René Leynaud – 69001 Lyon – tél. : 04 72 07 75 49 [email protected] Samedi 19 mars à par r de 20h30 Résistance poé que : Voyages en Lusophonie (en remplacement du concert de Janela) Chansons et poèmes en langue portugaise dans un voyage poé que et poli que à travers trois pays : Portugal, Brésil et Angola. André Costa, mandoline - Elza Gonçalves, voix - François Fernandes, sampler et synthé seur - Pablo Ossandon Valdès, guitare et voix Prix libre / Dès 19h, possibilité de déguster une délicieuse feijoada / Réserva on au KoToPo : 04 72 07 75 49 KoToPo – 14 rue René Leynaud – 69001 Lyon – tél. : 04 72 07 75 49 [email protected] Samedi 19 mars à 21h Concert d’Amando Risueño, tango et folklore d’Argen ne et d’Uruguay, dans le cadre du fes val Mémoire vive. CCO – 39 rue Courteline – 69100 Villeurbanne – tél. 04 78 93 41 44 h p://www.cco-villeurbanne.org Lundi 21 à 19h30 Conférence à Macanudo Conférence sur le thème : Fin de cycle des gouvernements de gauche en Amérique la ne. Bilans et perspec ves (1999-2016). L'actuelle conjoncture économique et poli que en Amérique La ne invite à dresser un bilan cri que et à discuter des perspec ves des gouvernements qui cristallisèrent certaines aspira ons populaires et qui prétendirent me re fin à la longue "nuit" néo-libérale des années 1980 et 1990. Animé par Matari Pierre Manigat, économiste et politologue. Professeur à l'Université de Mexico et membre du comité de rédac on de la revue Memoria. Macanudo – 8 quai Claude Bernard – 69007 Lyon – Entrée libre – www.macanudo.fr Ont participé à Salsa Picante 3 : Pascale Amey, Homero Vladimir Arellano, Bernard Corneloup, Victoria J. Cruz, Camille Cuisnier, Cyril Despontin, Michel Dulac, Loulou Esparza, Alain Liatard