Séquence I, texte 4 Aurea prima sata est aetas, quae, uindice nullo

Transcription

Séquence I, texte 4 Aurea prima sata est aetas, quae, uindice nullo
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Séquence I, texte 4
Aurea prima sata est aetas, quae, uindice nullo ,
sponte sua, sine lege fidem rectumque colebat.
poena metusque aberant, nec uerba minantia fixo
aere2 legebantur, nec supplex turba timebat
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5 iudicis ora sui, sed erant sine uindice tuti.
Nondum caesa suis, peregrinum ut uiseret orbem,
montibus in liquidas pinus descenderat undas,
nullaque mortales praeter sua litora norant ;
nondum praecipites cingebant oppida fossae ;
5
10 non tuba derecti, non aeris cornua flexi,
non galeae, non ensis erat : sine militis usu
mollia securae peragebant otia gentes.
Ipsa quoque inmunis rastroque intacta nec ullis
saucia uomeribus per se dabat omnia tellus,
15 contentique cibis nullo cogente creatis
arbuteos fetus montanaque fraga legebant6
cornaque et in duris haerentia mora rubetis
et quae deciderant patula Iouis arbore7 glandes.
Ver erat aeternum, placidique tepentibus auris
20 mulcebant zephyri natos sine semine flores ;
mox etiam fruges tellus inarata ferebat,
nec renouatus ager grauidis canebat aristis ;
flumina iam lactis, iam flumina nectaris ibant,
flauaque de uiridi stillabant ilice mella.
OVIDE, Les métamorphoses, I, 89-112
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vindice nullo : sans personne pour punir
fixo aere : sur des tables de bronze affichées en public (et où sont gravées les lois)
ora : le visage
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erant <homines>
5
aeris : en cuivre, a pour épithètes à la fois directi et flexi
6
legebant <homines> : ils cueillaient ; attention au sens de corna et mora !
7
Iouis arbore : l’arbre de Jupiter, c’est-à-dire le chêne
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3
I, 4 – OVIDE, L’Age d’Or
absum, es, esse, afui : être absent
aes, aeris, n. : le bronze, l'argent.(aes alienum : la dette)
aetas, atis, f. : 1. le temps de la vie, la vie 2. l'âge 3. la jeunesse 4. te temps,
l'époque (in aetatem : pendant longtemps)
aeternus, a, um : éternel
ager, agri, m. : la terre, le territoire, le champ
arbor, oris, f. : l'arbre
arbuteus, a, um : d'arbousier
arista, ae, f. : la barbe, la pointe d'épi, l'épi
aura, ae, f. : le souffle, la brise, le vent, l'air
aureus, a, um : d'or
caedo, is, ere, cecidi, caesum : abattre, tuer
caneo, es, ere, ui, - : être blanc
cibus, i, m. : la nourriture, le repas, la sève
cingo, is, ere, cinxi, cinctum : ceindre, entourer
cogo, is, ere, egi, actum : 1. assembler, réunir, rassembler, 2. concentrer,
condenser 3. pousser de force, forcer
colo, is, ere, colui, cultum : honorer, cultiver, habiter
contineo, es, ere, tinui, tentum : contenir, maintenir
cornu, us, n. : la corne, l'aile d'une ligne de bataille, le cor
cornum, i, n. : la cornouille (fruit du cornouiller)
creo, as, are : 1. créer, engendrer, produire 2. nommer un magistrat
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
decido, is, ere, cidi, cisum : tomber
descendo, is, ere, di, sum : descendre
dirigo, is, ere, direxi, directum : mettre en ligne droite, aligner, ranger,
diriger (directus, a, um : droit)
do, das, dare, dedi, datum : donner
durus, a, um : dur
ensis, is, m. : l'épée, le glaive
eo, is, ire, ivi, itum : aller
et, conj. : et. adv. aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter
fetus, us : m. : l'enfantement, la couche, la portée (des animaux), les petits
fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la
parole donnée 5. la protection
figo, is, ere, fixi, fixum : planter, transpercer, arrêter, fixer (fixus, a, um :
fixé, enfoncé)
flavus, a, um : jaune, blond
flecto, is, ere, flexi, flexum : courber (flexum mare : une crique)
flos, oris, m. : la fleur
flumen, inis, n. : le cours d'eau, le fleuve, la rivière
fossa, ae, f. : le fossé
fragum, i, n. : la fraise (surtout au pluriel)
fruges, um, f. : les récoltes
galea, ae, f. : le casque
gens, gentis, f. : la tribu, la famille, le peuple
glans, glandis, f. : le gland (fruit du chêne)
gravidus, a, um : alourdi, gonflé ; gravida,ae : la femme enceinte
haereo, es, ere, haesi, haesum : être attaché
iam, adv. : déjà, à l'instant
ilex, ilicis, f. : l'yeuse (sorte de chêne)
immunis, e : libre (de tout impôt)
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inaratus, a, um : non labouré
intactus, a, um : non touché, intact
ipse, a, um : (moi, toi, lui,...) même
iudex, icis, m. : le juge
Iuppiter, Iovis, m. : Jupiter
lac, lactis, n. : le lait
lego, is, ere, legi, lectum : cueillir, choisir, lire (lectus, a, um : choisi,
d'élite)
lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liquidus, a, um : liquide, fluide, coulant, clair, limpide
litus, oris, n. : le rivage
mel, mellis, n. : 1. le miel 2. la douceur
metus, us, m. : la peur, la crainte
miles, itis, m. : le soldat
minor, aris, ari : menacer
mollis, e : mou, fluide, souple, flexible
mons, montis, m. : le mont, la montagne
montanus, a, um : relatif à la montagne, de montagne
mortalis, e : mortel
morum, i, n. : la mûre
mox, adv. : bientôt
mulceo, es, ere, mulsi, mulsum : caresser
natus, a, um : formé par la naissance, né pour, âgé de (natus, i, m. : le fils)
nec, adv. : et...ne...pas
nectar, aris, n. : le nectar
non, neg. : ne...pas
nondum, adv. : pas encore
nosco, is, ere, novi, notum : apprendre ; pf. savoir
nullus, a, um : aucun
omnis, e : tout
oppidum, i, n. : l'oppidum, la ville fortifiée
orbis, is, m. : le cercle, le globe. - terrarum : le monde
os, oris, n. : le visage, la bouche, l'entrée, l'ouverture
otium, ii, n. : le loisir, le calme, le repos
patulus, a, um : large
per, prép. : + Acc. : à travers, par
perago, is, ere, egi, actum : accomplir, achever
peregrinus, a, um, adj. et n. : étranger
pinus, i, f. : le pin
placidus, a, um : doux, calme, paisible
poena, ae, f. : le châtiment (dare poenas : subir un châtiment)
praeceps, cipitis : la tête en avant, précipité, penché, en déclivité,
emporté(praeceps, ipitis, n. : l'abîme, le précipice - praeceps adv. au fond,
dans l'abîme)
praeter, adv. : sauf, si ce n'est prép. : devant, le long de, au-delà de,
excepté
primus, a, um : premier
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif =
qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux
relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quoque, adv. : aussi
raster, ri, m. : le hoyau, la bêche
rectus, a, um : droit, correct
renovo, as, are : renouveler, rafraîchir, régénérer
rubetum, i, n. : le buisson de ronces
saucius, a, um : ensanglanté
se, pron. réfl. : se, soi
securus, a, um : tranquille, sûr
sed, conj. : mais
semen, inis, n. : la graine, la semence
sero, is, ere, sevi, satum : semer, engendrer; is, ere, ui, sertum : unir,
attacher
sine, prép. : + Abl. : sans
sponte, inv. : d'après la volonté de quelqu'un (mea, tua, sua -)
stillo, as, are : tomber goutte à goutte
sum, es, esse, fui : être
supplex, plicis : suppliant
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
tellus, uris, f. : la terre, sol, terrain, pays
tepeo, es, ere : être tiède
timeo, es, ere, timui : craindre
tuba, ae, f. : la trompette
turba, ae, f. : la foule, le désordre, le trouble, l'émoi
tutus, a, um : en sécurité, sûr
ullus, a, um : un seul ; remplace nullus dans une tournure négative
unda, ae, f. : l'onde, l'eau, le flot
usus, us, m. : l'usage, l'utilité
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou
verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
ver, eris, n. : le printemps
verbum, i, n. 1. le mot, le terme, l'expression 2. la parole 3. les mots, la
forme
vindex, icis, m. : le défenseur, le justicier
viridis, e : vert
viso, is, ere, visi, visum : voir, visiter
vomer, eris, m. le soc de la charrue
Zephyrus, i, m. : le zéphyr (vent d'ouest)
TRADUCTION
Le premier âge à voir le jour fut l'âge d'or qui, sans juge,
spontanément, sans lois, pratiquait la bonne foi et le droit.
On ignorait punitions et crainte, on ne lisait pas d'édits menaçants
gravés dans le bronze ; la foule suppliante ne redoutait pas
le visage de son juge, mais on vivait tranquille, sans défenseur.
Le pin toujours debout8 n'avait pas encore dévalé les montagnes
vers les ondes liquides pour visiter un monde étranger,
et les hommes ne connaissaient que leurs propres rivages.
Des fossés escarpés ne ceignaient pas encore les cités ;
il n'existait ni trompette d'airain au tube étiré, ni cor recourbé,
ni casque, ni épée ; sans recourir à une milice,
les gens vivaient dans la paix d'agréables loisirs.
La terre, sans contrainte elle aussi, épargnée par le hoyau,
ignorant les blessures de la charrue, offrait tout d'elle-même.
Les gens, se contentant de nourritures produites sans effort,
recueillaient les fruits des arbousiers, les fraises des montagnes,
les cornouilles, les mûres attachées aux âpres ronces
et les glands tombés de l'arbre de Jupiter aux larges branches.
Le printemps était éternel et, de leurs souffles tièdes,
les doux zéphyrs caressaient des fleurs nées sans semences.
Bientôt même, la terre, sans être labourée, produisait des moissons,
et le champ, non travaillé, blondissait sous de lourds épis.
Tantôt coulaient des fleuves de lait, tantôt des fleuves de nectar,
et de l'yeuse verdoyante9 tombaient des gouttes de miel blond10.
Trad. de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2005
8
Car l'homme n'avait pas encore éprouvé le besoin de construire des bateaux.
« L'yeuse, ou chêne vert, très commun dans les contrées méridionales, ne perd pas, en hiver, comme le chêne rouvre (quercus), son beau feuillage, qui reste d'un
vert intense. » (G. Lafaye).
10
« Jusqu'à la fin des temps antiques, on a cru que le miel était une sorte de rosée, que les abeilles recueillaient toute formée à la surface des feuilles. À l'époque de
l'âge d'or il était plus pur et le travail des abeilles, inutile. » (G. Lafaye).
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