La manupuncture coréenne, une médecine à portée

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La manupuncture coréenne, une médecine à portée
extrait de la revue Alliance n°24
www.terre-du-ciel.fr
La manupuncture coréenne
Une médecine
à portée de mains
par
Jung Yun-hwan
e la médecine traditionnelle coréenne, les Français
connaissent avant tout les techniques de massage
et de relaxation, mais peu d’entre eux connaissent la
manupuncture, une forme très particulière d’acupuncture centrée sur la main. En effet, la main est parcourue
de méridiens, qui permettent de traiter un grand nombre
de maladies, de manière tout à fait naturelle.
La manupuncture coréenne s’inspire des principes
de la médecine traditionnelle chinoise contenus dans le
livre Huang Di Nei Jing, et pour la Corée, dans un certain nombre de textes classiques dont celui de Sa Am,
moine bouddhiste ayant vécu au XVIe siècle, l’Acupuncture des cinq éléments. Parmi tous les moyens
dont dispose la médecine chinoise pour traiter la maladie, le plus connu est sans doute l’acupuncture. Cette
technique utilise la circulation de l’énergie par l’intermédiaire de méridiens qui parcourent le corps depuis la tête
jusqu’aux pieds, en reliant les organes entre eux suivant une classification particulière (Théorie des cinq éléments). Ainsi, les maladies sont traitées en stimulant
certains points de méridiens relevant de l’organe
concerné. La manupuncture coréenne agit de la même
manière sur le même nombre de méridiens réduits à
l’échelle de la main, les Ki Mek.
D
Se rattachant à la très ancienne médecine
chinoise, la manupuncture fut mise au
point dans les années 1970 par un acupuncteur coréen, le professeur Yoo Tae-woo.
Ayant découvert sur lui-même un lien entre
une région douloureuse du corps et une
zone de la main, et obtenu un soulagement
par l’implantation d’une aiguille sur cette
dernière, il poursuivit ses recherches en ce
sens. Se fondant sur les données de l’acupuncture, il dressa progressivement une
carte des méridiens et des points sur les
deux faces de la main, et de leurs correspondances avec les autres parties du corps.
Cette acupuncture centrée sur la main s’est
rapidement répandue dans le monde entier.
Jung Yun-hwan, représentant en France de
l’Institut coréen de manupuncture de
Séoul, expose ici les bases théoriques de
cette pratique médicale fondée sur le rééquilibrage énergétique, et dont l’action est à la
fois curative et préventive.
Une découverte surprenante
En 1971, le professeur Yoo Tae-woo, acupuncteur
enseignant à l’Institut coréen d’acupuncture et de moxibustion Silroam, effectuait des recherches sur les relations existant entre les organes et les différentes zones
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du visage. Il étudiait également, à l’époque, la théorie
des réflexes somatiques selon laquelle les désordres
touchant certains organes se répercutent sur d’autres
viscères, tissus, muscles ou zones de peau, interconnectés par le système nerveux.
Une nuit, il fut réveillé par une violente douleur occipitale dont il voulut se débarrasser afin de retrouver le
sommeil. Son regard se posa sur la face dorsale de son
médius et il lui vint à l’esprit qu’il devait y avoir là un point
qui soulagerait sa douleur. Exerçant des pressions sur
le doigt à l’aide d’une pointe de stylo bille, il découvrit
en effet une zone particulièrement douloureuse. Il décida d’implanter une aiguille à l’endroit sensible et le mal
de tête disparut en quelques minutes. Il fut stupéfait par
la rapidité et le degré de soulagement de la douleur. Il
commença alors à visualiser le bout de son doigt
comme une possibilité de représentation de la tête et se
demanda s’il existait une relation entre le reste de la
main et les autres parties du corps. Des expériences ultérieures confirmèrent effectivement l’existence de cette
relation et révélèrent de nombreuses correspondances,
Une médecine nouvelle venait de naître : la Koryo Sooji
Chim, la manupuncture coréenne.
Correspondance entre les organes et les points de manupuncture.
Qu’est-ce que la manupuncture
coréenne ?
main, parcouru lui aussi de multiples points, permet de
traiter les douleurs du dos, des épaules, du rachis, du
sacrum...
Après plusieurs années de recherches, le professeur
Yoo parvint à dresser une géographie des méridiens et
des points de la main, élaborant ainsi une carte énergétique. Sur la face palmaire, comme sur la face dorsale, chaque organe et chaque membre sont
représentés (voir illustrations ci-après). La face palmaire
de la main correspond à la partie antérieure du corps et
le dos de la main, à la partie postérieure du corps. L’index et l’annulaire représentent les membres supérieurs,
le pouce et l’auriculaire représentent les membres inférieurs. Les trois phalanges du majeur représentent respectivement la tête, le cou et le thorax. Tous les viscères
et les os (notamment les vertèbres sur la face dorsale
de la main) ont leur représentation.
La manupuncture coréenne établit une carte très détaillée de la correspondance du corps sur la main.
Chaque région du corps peut être située avec précision.
La main est parcourue de 14 méridiens et 345 points
par lesquels circule l’énergie (Ki en coréen). Comme
dans l’acupuncture traditionnelle, chaque méridien représente un couple d’organes et chaque point une région définie du corps. Ainsi, par exemple, le point A33
sur le haut palmaire du médius sert à guérir les maux de
tête, le point A28 un peu plus bas sur ce même médius
représente le nez et sert à traiter des affections comme
le rhume, la rhinite, etc. (voir illustration). Le dos de la
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Une forme spécifique de diagnostic
La manupuncture dispose égaIement d’une forme
adaptée de diagnostic, Eum Yang Mek Jin. Mais il existe
aussi une technique de palpation sur le thorax et l’abdomen de certains points énergétiques. Ces points, où
se concentre l’énergie des organes internes, deviennent
sensibles en cas de déséquilibre de ces derniers.
C’est d’ailleurs une des propriétés de la manupuncture que de savoir localiser la maladie sur la droite ou
sur la gauche du corps, car les déséquilibres énergétiques ne sont pas toujours symétriques et la constitution
énergétique d’une personne peut varier entre la partie
droite et la partie gauche du corps. Il faudrait, en fait,
entrer beaucoup plus dans le détail pour présenter vraiment cette médecine constitutionnelle. Néanmoins, un
simple test pourrait facilement démontrer comment une
maladie ou une douleur peut être soignée soit sur la
main gauche, soit sur la main droite. La manupuncture
coréenne a permis d’élaborer pour chacun d’entre nous
une constitution-type, à partir d’études empiriques. De
fait, chacun individu présente un « profil énergétique ».
Il est ainsi possible de connaître ses propres faiblesses
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La manupuncture coréenne (suite)
constitutionnelles et de traiter d’éventuels déséquilibres, prévenant de la sorte le développement de maladies plus graves.
Le diagnostic par palpation effectué, la correspondance sur la main va être recherchée à
l’aide d’un stylet. Les points douloureux de la
main vont correspondre aux points douloureux
du corps. Par exemple, la palpation des points
de l’estomac peut révéler un excès d’énergie.
Dans ce cas, ce point sur l’abdomen sera douloureux. Le point correspondant sur le pouce ou
l’auriculaire sera aussi douloureux. Il conviendra
de traiter ce point par divers moyens, pendant
une trentaine de minutes. Puis une nouvelle palpation de contrôle permettra de vérifier si les
points douloureux du corps et des doigts ont bien
disparu, ou s’il est nécessaire de poursuivre le
traitement.
Ainsi, chaque personne connaissant les points à traiter est capable de se soigner par des moyens naturels.
La manupuncture coréenne est donc un système médical simple à apprendre et aisé à mettre en œuvre, sans
aucun effet secondaire pour le patient. Les aiguilles employées pour la main sont très fines et implantées superficiellement ; de ce fait, elles ne risquent pas de léser
des structures vitales. C’est une médecine sans danger, dans la mesure où les points traités sont des représentations énergétiques des organes et non ces
organes eux-mêmes. Les maladies aiguës se soignent
en règle générale assez rapidement, parfois en une
séance. Les maladies chroniques nécessitent souvent,
elles, plusieurs séances.
Dans la manupuncture coréenne, on utilise divers
moyens comme les aiguilles, les moxas (petits cônes
d’armoise que l’on fait chauffer sur la région sensible de
la main), des aimants, un stylet électronique. Parfois
même, si la douleur est faible, une simple pression ou
massage sur le point concerné permet de traiter rapidement le déséquilibre.
Maître Jung Yun-hwan effectuant un diagnostic de palpation.
cine occidentale, en allégeant notablement les douleurs
et en favorisant le rétablissement. Il est également possible de diminuer les effets secondaires de certains traitements médicamenteux.
La manupuncture, si elle présente des valeurs curatives importantes, est aussi et avant tout une médecine
préventive, fidèle en cela aux valeurs traditionnelles des
médecines orientales. En procédant soi-même au diagnostic par palpation évoqué précédemment, il est possible de déterminer, au jour le jour, son état énergétique,
et de prévenir la maladie, en cas de douleur à la palpation, en traitant immédiatement le point douloureux sur
la main.
La manupuncture coréenne en France
et dans le monde
Les trente dernières années ont permis un développement important, dans le monde, de la théorie et de la
pratique de la manupuncture coréenne, notamment
grâce aux travaux du professeur Yoo. De nombreux ouvrages, des articles, ainsi qu’une revue mensuelle ont
été publiés, rassemblant à la fois les concepts théoriques et les expériences cliniques. Certains de ces livres sont maintenant traduits en japonais, anglais et
français. A l’heure actuelle, en Corée, l’Institut coréen
de manupuncture compte plus de 170 groupes affiliés et
27 groupes à travers le monde entier, rassemblant près
de 3 millions de membres. La manupuncture coréenne
est maintenant bien connue du public coréen. Elle est
enseignée dans de nombreuses universités et a été
adoptée en tant que médecine alternative dans beaucoup d’hôpitaux comme, par exemple, l’hôpital de Yong
Manupuncture et automédication
La manupuncture est très efficace pour le traitement
d’un large éventail de troubles tels que les maux courants de l’hiver ou des changements de saison, les maladies rhumatismales, les allergies, certaines formes de
stérilité ou d’atteintes neurologiques, la baisse d’énergie, les maladies ophtalmiques, génitales, les pathologies digestives, etc. Mais il existe des limites à ce qu’elle
peut accomplir. En effet, les affections qui relèvent de
la chirurgie et les maladies infectieuses graves ne peuvent pas être traitées. La manupuncture peut, par
contre, jouer un rôle utile en complément de la méde-
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La manupuncture coréenne (suite et fin)
Dong ou l’Hôpital central de Séoul. Elle est pratiquée
avec succès par un grand nombre de médecins ainsi
que par des bénévoles, comme le permet la législation
coréenne.
Parmi les premiers, les Japonais ont immédiatement
compris l’intérêt de la manupuncture coréenne, et celleci est actuellement très développée au Japon. Aux
Etats-Unis, elle est matière enseignée dans les universités de Berkeley et de Los Angeles. Elle est également
répandue au Canada, en Allemagne, en Autriche, en
Espagne, en Italie, en Angleterre, en Suisse, à Taiwan,
en Asie du Sud-Est, en Afrique, au Brésil, au Chili, en
Colombie, au Vénézuéla, en Argentine, en NouvelleZélande, en Australie.
En France, la manupuncture est surtout présente à
Aix-en-Provence, grâce aux travaux de Maître Jung
Yun-hwan, représentant officiel pour la France de l’Institut de manupuncture coréenne, dirigé par le professeur
Yoo. Acupuncteur, philosophe, maître d’arts martiaux
(se dan de Kung-Fu), Maître Jung découvre la manupuncture en 1977, sous l’influence de son maître, le docteur Kim Hak-jin, ami du professeur Yoo. Formé très tôt
à la médecine traditionnelle chinoise, il approfondit en
même temps que ses études universitaires, le rapport
entre les arts martiaux, l’acupuncture et le qi gong (technique martiale de santé). Certain que la civilisation qui
s’annonce « sera la civilisation du qi » (chi en chinois
ou ki en coréen), il n’a de cesse de travailler autour des
différentes techniques d’amélioration, de développement et de maîtrise des souffles et de l’énergie.
Maître Jung s’installe à Aix-en-provence en 1985
pour effectuer des recherches comparées entre les philosophies orientales et occidentales.
Il enseigne le kung fu, le taï chi chuan et le qi gong
pour leurs vertus thérapeutiques. Pour ses élèves, il dispense des cours de manupuncture et donne auprès de
médecins généralistes de la région des formations supérieures. Devant la demande croissante, il organise, à
partir de 1989, des stages réguliers de manupuncture.
Chercheur inlassable autant qu’infatigable, d’une patience et d’une disponibilité rares, Maître Jung approfondit sans cesse la pratique de la médecine coréenne
dans une perspective d’utilisation rapide de ses bienfaits. Sa formation philosophique ne l’empêche pas de
dispenser un enseignement dans lequel la pratique occupe une place prépondérante.
En 2000, assisté par ses élèves, il fonde l’Ecole de
manupuncture coréenne (EMCT) à Aix-en-Provence,
spécialement dédiée à la manupuncture. A raison d’un
week-end par mois, d’un stage annuel et d’un voyage en
Corée, une soixantaine d’élèves, de tous niveaux et de
toutes origines, apprennent au cours d’un cycle d’études
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de trois ans la manupuncture,
l’anatomie, l’énergétique chinoise,
le massage coréen, la diététique
appliquée à la constitution individuelle, les processus de communication et de symbolique des
maladies.
Une médecine d’avenir ?
La connaissance théorique de
la médecine chinoise et la pratique
de la manupuncture coréenne permettent à chacun d’aborder la relation à la douleur et à la maladie
sous un autre angle. Inséparable
d’une vision nouvelle de la destinée humaine, d’une pratique régulière des thérapies de santé,
comme le qi gong par exemple, la
manupuncture permet de vivre
avec une grande confiance, malgré les tourments, petits ou
grands, que nous inflige notre
corps, lorsque nous ne savons
plus l’écouter. Médecine curative
mais surtout préventive, la manupuncture contribue à mieux nous
situer dans notre environnement, à prendre en charge
notre santé au quotidien, en surveillant notre état énergétique et en régulant cette énergie en cas de déséquilibre. La pratique associée des arts martiaux ou du qi
gong, par exemple, permet de mieux protéger le corps
face aux attaques de la maladie « toujours plus agressive si l’esprit est faible ».
Ainsi, la manupuncture permet d’établir un autre rapport avec soi, d’être plus facilement à l’écoute des résonances de notre corps et d’intervenir rapidement, en
cas de difficulté, à l’aide d’une technique naturelle. La
manupuncture est un moyen supplémentaire de la nécessaire communication avec soi-même. La main n’estelle pas d’ailleurs, depuis les temps les plus reculés, le
symbole de la communication ?
Cette médecine pourrait donc bien s’imposer dans
les années à venir, pour son efficacité, pour sa facilité
d’utilisation et son caractère préventif. De plus, elle serait certainement une source d’économie pour la gestion de la Sécurité sociale. Avec la manupuncture, la
solution est bien souvent à portée de main !
Pour aller plus loin
www.manupuncture.fr
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Maître Jung

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