Méditation sur la parabole des Talents.

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Méditation sur la parabole des Talents.
Prédication de Patrick Bouysse au Temple de Villeneuve Saint Georges le 10 novembre 2013
Méditation sur la parabole des Talents.
Aujourd’hui, nous sommes tous invités dans notre temple de Villeneuve-Saint-Georges, pour ce deuxième
dimanche du mois de novembre, à partager ce temps de méditation autour de la parabole des talents. En
ouverture, cette évidence, n’a-t-on pas trop souvent prêché ce passage de la Bible, à chacun ses talents, sa
vocation, sa responsabilité ? En prenant en compte cette remarque, modestement, je vous propose de revenir
étape par étape sur la lecture de cette parabole. D’abord, dans l’aujourd’hui de nos vies, comment nous
parle ce récit ? En suite, dans cette histoire quel est ce Maître qui avant de partir répartit ses biens de
manière si inégale entre ses serviteurs, puis les laisse seuls et sans aide face à une tâche surhumaine ? Et
pour conclure, quel est en substance la nature du message à découvrir ?
D’abord ce préalable avant de poursuivre, je tiens à vous remercier pour le travail de préparation que m’a
été nécessaire pour bien comprendre toutes les subtilités que nous trouvons dans cette parabole. De lecture
en lecture ce texte s’est ouvert à ma compréhension, pour enfin en trouver l’immense richesse. La parabole
nous le savons est cette forme de langage souvent utilisé par Jésus, pour nous dire une vérité de Dieu, qui
tout en restant cachée sous forme d’énigme, se dévoile dans l’intimité et la confiance. La parabole est une
énigme que Jésus nous donne à méditer dans nos cœurs. Elle restera cachée à ceux et celles qui veulent
comprendre sans aimer, tandis qu’elle deviendra lumineuse pour ceux et celles qui demandent la sagesse
pour mieux vivre.
Ceci dit, avant d’aller plus en avant dans la réception de ce récit, demandons-nous ce matin, quel est la
perception que chacun de nous, a de ce texte, qui 2000 ans après son enseignement par Jésus, nous apprend
encore et toujours, quelque chose de notre relation à Dieu, ainsi que de notre comportement sur terre.
Notre interrogation pour ce temps de méditation est de savoir si cette parabole donne un sens au don ? Si oui
est-ce un don gratuit ou y-a-il une intention cachée dans le don ? La réponse est évidente pour nous tous, il
s’agit bien d’un don gratuit reçu pour la vie. Là nous plaignons sincèrement le malheureux serviteur qui
n’a ni su, ni voulu, prendre ce don avec confiance, et qui aussitôt va le mettre en terre.
Vois je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur…Tu choisiras la vie pour que tu
vives, en aimant ton Seigneur ton Dieu et en suivant ses commandements (Deutéronome 30 – 15).
En préambule, que signifient pour nous tous les mots Talent.
Pour en avoir une idée bien précise, en langue grecque, le talent est une monnaie. Ca valeur est
considérable, un talent valait 6000 deniers, soit l’équivalent de 6000 journées de travail au SMIC. Soit
encore le salaire de vingt années de travail ! Joli cadeau.
Revenons maintenant à notre parabole de ce jour, pourquoi cette différence entre les trois serviteurs ? 5
talents pour l’un, 2 talents pour l’autre, 1 talent pour notre troisième serviteur. Nous pouvons êtres
choqué par ces différences, notre logique égalitaire aurai voulu le même nombre de talents pour les trois
serviteurs. Nous plaignons d’abord le serviteur qui n’a reçu qu’un talent et considérons comme injuste le fait
que les autres aient reçu deux fois plus et cinq fois plus.
Mais alors d’où nous vient ce sentiment très humain de considérer le Maître comme injuste ? Le Maître
donne des sommes inégales certes, mais attention, même cette inégalité reflète la bonté du Maître : Car
il donne à chacun selon ses capacités. Bien évidemment nous n’avons pas tous les mêmes capacités, de
travail, de force, d’engagement, de volonté, de disponibilité. Alors le Maître avec beaucoup de discernement
donne un, trois et cinq talents, et à tous il dit « moi je crois que tu peux ».
Longtemps, bien longtemps après le maître revient.
Assurément, nous pouvons imaginer que le Maître commence par rendre compte de son voyage, après une si
longue absence, il donne enfin de ses nouvelles. Après quoi les serviteurs s’avancent successivement et
donnent à leur tour de leurs nouvelles. Alors comment devons-nous interpréter ce moment de partage et
d’échange à l’initiative du Maître ? Cette rencontre a-t-elle dans son ordre du jour la vérification des
bonnes exécutions des dons ? Frères et sœurs mettons de coté nos regards trop souvent suspicieux. Je
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crois, sans même me tromper, que le Maître vient tout simplement s’intéresser aux devenir, de ces anciens
serviteurs.
D’ailleurs la parabole elle-même nous donne la réponse pour les deux premiers serviteurs. Le Maître vient
tout simplement aux nouvelles et il se réjouit avec eux des fruits produits par le don.
« Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de chose, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la
joie de ton Maître ».
La joie n’est pas dans le fait d’avoir, que ce soit quatre ou dix talents, elle est dans cette confiance
réciproque du Maître avec ses anciens serviteurs. Heureux enfin après une si longue absence de partager ce
bonheur des retrouvailles. Nous savons l’importance considérable d’un talent, néanmoins le Maître dit sur
peu, tu as été fiable, nous savons maintenant qu’au regard de ce que Dieu donnera cela n’est rien. Le désir
ultime du Maître grâce au don et à la confiance qu’il leur fait, grâce à leur propre réponse à ce don et à cette
confiance, est que ces anciens serviteurs deviennent ni plus ni moins des fils, voilà l’immense signification
de ce don.
Voici l’immense richesse de cette parabole.
Toute autre est la réaction de notre troisième serviteur. Pour lui le retour du Maître est une mauvaise
nouvelle. Cette visite il la redoute, l’image négative qu’il a de son Maître lui interdit toute relation avec lui,
il ne peut donc entrer à son tour dans la joie. « Seigneur, j’ai appris à te connaître tu es un homme dur.
J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton argent dans la terre ».
Notre troisième serviteur est persuadé que ce qui ressemble à un don est en fait une manière détournée du
Maître pour s’enrichir sur le dos de ses serviteurs. Notre homme ne veut pas de cet argent, il le refuse, il ne
l’accepte pas comme un don. « Seigneur, j’ai appris à te connaître tu es un homme dur ». En effet, notre
homme a une vision du Maître qui est à l’opposé de celle qu’en ont les deux premiers serviteurs. Il ne
pouvait donc intégrer la gratuité de ce don, d’ailleurs il n’a jamais compris le pourquoi de ce don. Alors
logiquement il décline toute relation avec ce Maître qui moissonne où il n’a pas semé. Seigneur, tu es dur
et tu moissonne où tu n’as pas semé. Pourtant de nouveau réécoutons ces quelques mots du Maître
prononcés avant son départ « Moi je crois que tu peux toi aussi ».
Le Maître n’est pas revenu pour récupérer une moisson, récupérer son capital et ses intérêts. Il est revenu
dans la gratuité d’une rencontre avec ses anciens serviteurs. Mais enfin ouvrons les yeux, un Maître qui
donne ses biens, peut-on encore dire qu’il est dur ? A ce stade nous sommes tristes pour cet homme
totalement replié sur lui-même.
« C’est toi Maître qui est dur ». Pour notre troisième serviteur cette affirmation semble un bon argument
pour sa défense. Dans la Genèse, il y a un serpent qui déforme la vérité, l’homme et la femme s’y laissent
prendre et par la même refusent de croire en la parole de Dieu, tout comme notre troisième serviteur de la
parabole.
Aujourd’hui, notre société est dominé par l’athéisme, ne plus croire en Dieu, mais croire en la société
matérialiste peu parfois rassurer. Les hommes de génération en génération savent vite recréer de beau et
attractif veau d’or.
Le mensonge a belle apparence, comme le fruit défendu du jardin d’Eden.
Alors, autour de nous, et parfois en nous-même, l’attitude du troisième serviteur et souvent de mise, nous
sommes nous aussi gagnés par le doute, par la peur, par le manque de confiance. Nous aussi, nous sommes
fragilisés dans un monde ou le cynisme et le mensonge triomphe. Pour autant, sommes-nous mauvais ? Bien
sur que non. Notre confiance dans un Dieu juste et bon, nous fait éviter les écueils de ce monde, ainsi que
celles du troisième serviteur, qui lui n’a vu en Dieu qu’un Maître dur et exigeant. Résultat : il a été jugé, et
avec quelle rudesse ! Par le Dieu imaginaire qu’il s’était lui-même forgé.
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Maintenant, je vous délivre cette certitude, Dieu n’attend pas de nous que nous nous rendions malheureux
pour lui, que nous sacrifions tout pour lui, mais parce qu’il nous aime, il veut avant tout notre bonheur, notre
épanouissement. D’ailleurs notre présence ce matin en est le témoignage parfait.
En guise de conclusion, je reviens sur cette phrase six fois répétée dans l’Evangile de Matthieu : « La
seront le pleur et le grincement de dents ». Ces mots pointent du doigt l’échéance du jugement. Quel
humain pourrait, en dernière instance, juger qui sera vivant et qui sera mort ? Frères et sœurs, nous
sommes bien convoqués à répondre de nos actes devant Dieu, qui lui seul connaît le secret de nos cœurs.
Mais pleinement habités par cette certitude qu’en faisant notre travail, en développent notre propre vie, nous
allons dans le sens même de la création voulue par Dieu. Alors confiants et sereins nous marchons déjà sur
cette route nouvelle.
La parabole des talents nous montre le sens du don. Nous sommes les serviteurs de cette parabole. Dans
cet appel qui donne la direction à suivre, en recevant le don de vie en la personne de Jésus.
Frères et sœurs, jamais nous n’aurions pu rêver d’une générosité aussi démesurée que celle que Jésus est
venu démontrer. Qui aujourd’hui prendra à sa suite la défense des humiliés, des exclus, des laissés-pourcompte ? Qui prendra des risques pour une prostituée, pour un étranger, pour un collecteur d’impôts, pour
un indésirable ? Qui guérira l’aveugle ou le paralysé ? L’action de Jésus en ce monde a révélé le visage de
l’amour infini de Dieu.
Amen.
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