Genre et éducation : le poids des travaux domestiques dans

Transcription

-------------Programme de petites subventions ROCARE pour la recherche en
éducation
Edition 2010
Genre et éducation : le poids des travaux domestiques dans la
scolarisation de la jeune fille dans la Région Maritime au Togo
Rapport final
Recherche financée par le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en
Education (ROCARE)
Chercheurs :
1. Konga PALASSI, Doctorant en Anthropologie
2. Rakiatou NAMORO, Doctorante en Géographie
3. Kokouvi Délali ABBEY, DESS en Analyse Statistique Appliquée au Développement
Parain : Dr. Tchégnon ABOTCHI, Maître de Conférences à l’Université de Lomé, Togo.
ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI
Bénin • Burkina Faso • Cameroun• Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée •
Mali • Mauritanie • Niger • Nigeria • Sénégal • Sierra Leone • République Centrafricaine • Togo
www.rocare.org/ www.ernwaca.org
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Remerciements
Au terme de cette étude, nous tenons à exprimer notre gratitude aux personnes
physiques et morales suivantes :
-le Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE) ;
notamment la coordination régionale et les partenaires financiers pour avoir mis à
notre disposition les moyens nécessaires à la conduite de cette étude ;
-monsieur Philippe Dzek AMEVIGBE, Coordinateur National, ROCARE-Togo, pour
sa disponibilité et ses conseils ;
-monsieur Tchégnon ABOTCHI, Maître de Conférences, notre parrain scientifique;
-madame Yvette ONIBON DOUBOGAN, notre personne ressource ;
-monsieur Edinam KOLA que nous préférons appeler notre tuteur ;
- l’ONG Floraison représentée par sa Directrice Madame Claire QUENUM ;
-messieurs les inspecteurs, proviseurs, censeurs, directeurs de collèges et d’écoles
qui ont eu l’amabilité de nous ouvrir les portes de leurs classes pour les enquêtes;
-enfin, à toutes les personnes, femmes, enfants et hommes interrogées dans le
cadre de cette enquête.
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Résumé exécutif
La problématique de la scolarisation de la jeune fille qui se traduit de nos jours, par
les difficultés de son maintien dans le cursus scolaire constitue un enjeu majeur de
développement. Les causes évoquées pour justifier la sous scolarisation et la
déscolarisation de la jeune fille se résument dans deux contraintes majeures:
socioculturelles et économiques. Mais il est indéniable que les travaux domestiques
constituent aussi un important facteur de sous-scolarisation et de déscolarisation de
la jeune fille au Togo. Cette dernière cause se manifeste par l’intensité et l’étendue
des travaux domestiques exercés par la jeune fille. Dans ces conditions, il devient
nécessaire de s’interroger sur l’impact réel des travaux domestiques sur l’éducation
de la jeune fille en vue d’adopter des mesures allant dans le sens d’une éducation
égalitaire entre garçons et filles et d’un partage équitable des tâches domestiques.
Le but de cette étude est de déterminer le degré d’implication des travaux
domestiques dans la sous scolarisation, la faible performance scolaire et la
déscolarisation de la jeune fille afin de trouver les moyens idoines pour atteindre la
parité genre dans l’enseignement au Togo. La méthodologie qui relève de la
technique de triangulation, combine la méthode qualitative et la méthode
quantitative.
De la recherche effectuée, il résulte que les travaux domestiques sont diverses. Elles
sont classées suivant la nature des tâches accomplies en cinq catégories : les
travaux d’entretien de maison, les travaux de cuisine, les travaux d’entretien
vestimentaire, les travaux de recherche d’eau et les services divers. Ces travaux ont
également une répartition liée au sexe, à l’âge, au niveau d’étude, au milieu de
résidence. Ils occupent un temps relativement plus important aux filles qu’aux
garçons. Par ailleurs, les travaux domestiques sont diversement perçus par les
différents acteurs de la vie sociale ainsi que par les différents partenaires intervenant
dans la formation des enfants. Certaines perceptions sont positives (fonctions de
socialisation, de formation) alors que d’autres sont négatives (cause de fatigue, de
retard à l’école, de réduction du temps d’étude). De plus l’analyse des statistiques
scolaires portant sur les résultats des examens de fin de cycle montre en général un
taux de réussite plus élevé chez les élèves de sexe masculin que celles de sexe
féminin. La plupart des filles effectuent en moyenne 2h d’activité domestique par jour,
tandis que la majorité des garçons utilise en moyenne 1h par jour pour l’exercice de
ces activités, d’où l’idée d’une corrélation entre travaux domestiques et difficultés de
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scolarisation de la jeune fille. Il importe donc à tous les acteurs sociaux d’œuvrer
pour un allègement aux filles des charges domestiques.
Introduction
Il y a bientôt six décennies que les nations du monde entier, dans leur déclaration
universelle des droits de l’homme, proclamaient le droit de tous à l’éducation. En
1990, à la conférence mondiale de Jomtien (Thaïlande) sur « l’éducation pour tous »,
un appel a été lancé pour une « éducation universelle de qualité ». Là, la stratégie
mondiale sur l’éducation, qui devait reposer sur un apprentissage avant
l’adolescence et l’âge adulte, avec un accent prioritaire sur la scolarisation de la
jeune fille, a été mise en place. Mais, alors que dans le reste du monde le taux de
scolarisation est au-dessus des 80%, en Afrique, on enregistre des taux de
scolarisation des plus faibles, soit au-dessous de 60% dans l’ensemble (Unesco,
2002). En plus du faible taux de scolarisation qui frappe l’Afrique, il existe une forte
disparité selon le sexe et le milieu de résidence (Marcoux R., 1994), ce qui pose
avec pertinence, la problématique du genre dans le domaine de l’éducation.
En effet, la problématique du genre demeure une préoccupation largement partagée
à tous les niveaux. Il n’est plus à démonter qu’au regard des exigences du
développement qui intègre pour des raisons de viabilité et de représentativité la
couche féminine, le soubassement de la personnalité intégrative de ce maillon
féminin est sans nul doute l’éducation et la scolarisation (Amouzou E., 2008). Dans
toutes les conférences organisées sur les femmes (celle de Copenhague en 1980,
Nairobi en 1985, Mexico en 1990, Beijing en 1995, et New York en 2000), toute la
communauté internationale a œuvré pour une intégration complète de la femme dans
le développement socio-économique. Malheureusement, la parité genre et la réussite
scolaire de la jeune fille sont toujours mises à mal.
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Plusieurs facteurs ont été fréquemment cités pour expliquer la faible représentation
de la femme à l’école : stéréotypes sexistes, mariages précoces, marginalisation,
pauvreté des parents, analphabétisme des parents, inadaptation des infrastructures
scolaires aux réalités féminines, etc. L’un de ces facteurs, qui n’est pas le moins
pesant, qui découle naturellement des autres et qui agit insidieusement sur la
scolarisation de la jeune fille demeure les travaux domestiques auxquels sont
astreintes la quasi-totalité des filles, qu’elles vivent en milieu urbain ou rural. Quand
on sait qu’au Togo, les difficultés de scolarisation de la fille persistent et qu’il existe
un taux d’abandon très élevé dans le rang des filles ( Amouzou E, 2008), en raison
du fait qu’elles sont vouées aux tâches domestiques depuis leur enfance, il devient
nécessaire de s’interroger sur l’impact des travaux domestiques sur l’éducation de la
jeune fille en vue
d’adopter des mesures allant dans le sens d’une éducation
égalitaire entre garçons et filles et d’un partage équitable des tâches domestiques.
Cette étude est une contribution à la connaissance des implications des travaux
domestiques sur la scolarisation de la jeune fille au Togo. Après une esquisse de la
problématique, des cadres théoriques et méthodologiques, nous présenterons les
résultats et les recommandations issues de l’étude.
1. Problématique et justification de l’étude
1. 1. Problématique
Depuis quelques années, il a été constaté au Togo une relative égalité entre sexes
dans l’entrée des enfants à l’école. Cependant, au fur et à mesure que l’on progresse
dans le cursus scolaire, on remarque une diminution de plus en plus accentuée des
effectifs féminins par rapport aux effectifs masculins. Par exemple, en 2006, alors
que le ratio fille/garçon dans l’enseignement primaire était de 0,9, il était de 0,80
dans l’enseignement du second degré et de 0,33 dans les lycées (Fnuap, 2008). Il va
sans dire que le déséquilibre homme / femme constaté en aval est une conséquence
de la déperdition scolaire beaucoup plus accrue chez les filles à mesure que l’on
progresse dans le système scolaire.
La problématique de la scolarisation de la jeune fille qui se traduit donc de nos jours,
par les difficultés de son maintien dans le cursus scolaire constitue un enjeu majeur
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de développement. A voir de près, les filles sont plus occupées par les travaux
domestiques que les garçons. On se demande alors, si les travaux domestiques ne
constituent pas un facteur important de la sous-scolarisation et de la déscolarisation
de la jeune fille au Togo. Les causes évoquées pour justifier la sous scolarisation et
la déscolarisation de la jeune fille se résument dans deux contraintes :
socioculturelles et économiques. Bien observées, ces causes se manifestent par
l’intensité et l’étendue des travaux domestiques exercés par la jeune fille. En
s’interrogeant sur la source du mal, on constate qu’à la maison, la division des
tâches exclut les garçons de la cuisine. Les travaux domestiques sont
essentiellement réservés aux filles. Certains adages traitent même de faibles les
garçons qui osent accomplir certaines tâches domestiques vues comme devant être
du ressort de la femme (GF2D, CRIF, 2007). Il devient alors impérieux de s’interroger
sur le lien entre travaux domestiques et scolarisation de la jeune fille togolaise.
La principale question à laquelle tente de répondre l’étude est la suivante : en quoi
les travaux domestiques constituent-ils un handicap à la scolarisation effective de la
jeune fille dans la Région Maritime au Togo ?
De cette question centrale découlent les questions spécifiques qui suivent :
-Comment sont réparties les tâches domestiques entre garçons et filles aussi bien en
milieu urbain que rural au Togo ?
-Quelles sont les logiques qui sous-tendent la répartition inégalitaire des travaux
domestiques ?
-Quelles perceptions les acteurs de l’éducation (parents, enseignants, élèves,
déscolarisés,
autorités
chargés
de
l’enseignement)
ont-ils
des
travaux
domestiques et de leur rôle dans la formation et la scolarisation de l’enfant?
-Quel est le degré d’implication des travaux domestiques dans la faible scolarisation
des filles ?
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-Quels modèles d’actions faut-il adopter pour une scolarisation qui donne autant aux
filles qu’aux garçons, quels que soient leur niveau de vie et leur lieu de résidence, les
mêmes chances d’exercer les travaux domestiques et de réussir à l’école ?
Pour répondre à ces questions, nous nous sommes fixés des objectifs.
1.2. Intérêt de l’étude
De récents travaux sur la scolarisation des enfants (ceux en âge de scolarisation),
ont montré une inégalité à tous les niveaux (accès, maintien et réussite) en défaveur
des filles dans le système scolaire africain (Kaboré J-F, 2002 ; Amouzou E., 2008).
Le présent travail cherche à appréhender davantage, les difficultés liées à la
scolarisation de la jeune fille en vue de trouver des solutions qui permettront
d’atteindre à court ou à moyen terme une parité genre dans les établissements
scolaires, depuis le cours primaire jusqu’aux hautes institutions académiques. En
effet, parmi les principales causes de la sous-scolarisation des filles se trouve la
lourdeur des charges domestiques. Ce projet a l’ambition de déterminer l’impact des
travaux domestiques sur la scolarisation de la jeune fille togolaise. Il vise à terme, à
proposer à l’endroit des différents acteurs de la scolarisation (éducateurs, élèves,
parents d’élèves, responsables d’ONG) et des pouvoirs publics, des voies pour un
allègement aux enfants en scolarité du poids des charges domestiques.
1.3. Objectifs de l’étude
Le but de cette étude est de déterminer le degré d’implication des travaux
parité genre dans l’enseignement au Togo.
De cet objectif général découlent les objectifs spécifiques ci-après :
-identifier les types de travaux domestiques auxquels sont astreintes les jeunes
scolaires garçons et filles au Togo ;
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-dégager les logiques de la répartition inégalitaire et astreignante en défaveur de la
jeune fille et évaluer le temps consacré par les élèves aux travaux domestiques
suivant le sexe ;
-analyser les perceptions liées aux travaux domestiques ;
-mesurer l’impact des travaux domestiques sur la scolarité de la jeune fille ;
-dégager un modèle de stratégies à adopter pour un allègement des tâches aux
élèves et une répartition équitable des travaux domestiques suivant le genre.
1.4. Hypothèses de travail
L’étude part de l’hypothèse principale selon laquelle les travaux domestiques
constituent un facteur de la sous-scolarisation, de la déperdition scolaire et de la
faible performance scolaire de la jeune fille au Togo.
Cette hypothèse reste spécifiée par d’autres :
- les travaux domestiques sont multiples et varient en fonction du sexe de l’enfant;
-ces travaux dont la lourdeur varie en fonction du niveau de vie de la famille et du
milieu de résidence (urbain ou rural), occupent un temps plus important chez la fille
que chez le garçon ;
-les travaux domestiques font l’objet de perceptions positives comme négatives chez
les différents acteurs impliqués dans l’éducation des enfants ;
-la faible performance de la jeune fille, la sous-scolarisation et les abandons scolaires
sont corrélés aux charges domestiques auxquelles la fille est quotidiennement
astreinte;
-l’allègement aux enfants en scolarité du poids des charges domestiques et la
participation des garçons à ces tâches au même titre que les filles, peut contribuer à
relever le niveau de la scolarisation de la jeune fille.
2. Cadre théorique
Il comporte la définition des concepts, la revue de la littérature.
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2.1 Les sens des concepts
Tout travail scientifique, selon Emile Durkheim, doit être précédé par une définition
des concepts utilisés afin de se démarquer de toute situation qui prête à confusion.
Travaux domestiques : il faut, tout d’abord, définir le travail dans son sens le plus
large : toute activité dont le but direct ou indirect est celui de la prise en charge de la
vie. Les travaux domestiques qui nous concernent sont des travaux accomplis dans
le compte de l’unité domestique par les enfants scolarisables. Ils sont entre autres :
cuisiner, faire des courses pour le ménage, entretenir les équipements du ménage,
balayer la maison, nettoyer les ustensiles, faire la lessive, garder les enfants, garder
les personnes âgées, prendre soin du malade, puiser de l’eau, repasser les habits,
chercher du bois, vendre des produits /articles, entretenir le jardin, etc.
Scolarisation : dans le cadre de cette étude, scolarisation sera considérée comme
l’action d’entrer et de poursuivre régulièrement son cursus scolaire. Ainsi, la
problématique qui sous-tend la scolarisation de la jeune fille sera perçue à travers
ses difficultés de maintien dans le cursus scolaire puisque, selon le Fnuap (2008),
dans la plupart des cas, de nos jours, au Togo, les filles entrent à l’école au même
titre que les garçons.
Poids des travaux domestiques dans la scolarisation de la jeune fille : il s’agit
du degré d’implication des travaux domestiques dans la déperdition scolaire
observée chez les filles.
Sous-scolarisation de la fille : elle s’identifie à une faible représentativité féminine
dans les établissements scolaires.
Déperdition scolaire : elle peut être considérée comme une sortie prématurée d’une
partie de l’effectif scolaire engagée dans un cycle ou dans un programme d’étude.
C’est encore la déscolarisation. Ce concept est utilisé dans cette étude pour désigner
les enfants qui abandonnent l’école avant l’obtention du baccalauréat.
2.2 Revue de littérature
La littérature sur les questions de genre en rapport avec la scolarisation dans les
pays du Tiers monde est abondante. Elle montre que très tôt, les autorités coloniales
puis les pouvoirs publics en Afrique ont négligé de considérer le problème de la
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scolarisation différentielle de la jeune fille et d’y faire face. Lange M-F (1998) fait
remarquer à cet effet que depuis les lendemains des indépendances, la scolarisation
des filles et la formation des femmes apparaissaient comme des thèmes mineurs.
Aucune politique destinée à remettre en cause les disparités sexuelles engendrées
par les politiques scolaires coloniales n’était définie. Cela fait que les faibles
performances et les déperditions chez les filles étaient dues, dans la plupart des cas,
aux difficultés internes au système éducatif.
C’est pourquoi, en 1990, une conférence mondiale sur « l’éducation pour tous » a eu
lieu à Jomtien sous le parrainage de conjoint du Pnud, l’Unesco, l’Unicef et la
Banque Mondiale. La stratégie mondiale sur l’éducation devait alors reposer sur un
apprentissage avant l’adolescence et l’âge adulte, tout en reconnaissant comme
prioritaire l’éducation des filles. Un rapport de l’Unicef (1999) fait remarquer que
l’inadaptation des infrastructures aux besoins des filles, les réalités culturelles et
économiques du milieu, les problèmes d’insécurité liés aux distances école domicile
trop importantes, la masculinité du corps enseignant, le manque des structures postprimaires pour la réinsertion des filles qui n’ont pas pu continuer leur scolarité sont
autant de facteurs qui démotivent les jeunes filles et les poussent à l’abandon.
Amouzou E. (2008) note que dans certains pays africains comme le Togo, la
difficulté d’accès et de maintien à l’école est plus marquée pour les jeunes filles. Il
note aussi que les recherches consacrées à la demande scolaire montrent que le
problème de la sous-scolarisation des enfants, et particulièrement des filles en
Afrique est complexe. Les seuls facteurs socio-économiques n’expliquent pas à
suffisance le contexte global de l’envoi à l’école et le maintien dans le système
éducatif pour tous les enfants d’une même famille. La nécessité d’aller au-delà de
ces facteurs se révèle donc incontournable pour une meilleure compréhension de la
problématique liée à la sous scolarisation des filles, et partant, à la sousreprésentation des femmes dans les sphères de prise de décision en Afrique
subsaharienne.
Abondant dans le même sens, Bellamy C. (2003) déclare : « Les avantages
substantiels que procure l’éducation des filles se vérifient de plusieurs manières : les
femmes éduquées ont de meilleures chances de se protéger contre le VIH / SIDA et
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bien d’autres maladies ; elles ont des grossesses plus faciles, leurs enfants sont en
meilleure santé et elles enverront à leur tour leurs enfants à l’école. En donnant une
éducation aux filles, on leur enseigne des compétences d’importance vitale pour
elles et leurs futurs enfants. On contribue ainsi à fonder une société plus productive
et plus démocratique et des nations dont l’économie progressera de manière plus
équitable ».
Qu’ils soient filles ou garçons, un lien intrinsèque existe entre pauvreté, travail et
scolarisation des enfants (Kaboré J-M, 2002). Les familles les plus démunies sont
plus enclins à faire travailler leurs enfants quel que soit le type de travail. Dans ces
conditions, les enfants sont souvent obligés de développer des stratégies afin de
concilier école et travail. Si plusieurs auteurs ont eu à dénoncer l’exploitation des
enfants (Lange M.-F., 1996 ; Yacouba D. ; 2001 ; Schlemmer B., 1996) un aspect
peu considéré de la littérature scientifique reste les travaux domestiques, c’est-à-dire
ceux qui ont lieu dans le compte exclusif de l’unité domestique. En effet, plusieurs
chercheurs ont eu à blâmer le travail des enfants en tant que tâches effectuées hors
de la cellule familiale en vue d’une rémunération, et ont passé sous silence l’ampleur
et les lourdes conséquences du travail domestique. Or, dans plusieurs cas, le travail
domestique effectué par les enfants peut-être aussi conséquent, voire plus lourd que
celui accompli par les femmes. Car le travail effectué dans le compte de l’unité
domestique revêt parfois des formes qui peuvent être pires encore que celles qui
sont dénoncées comme inhumaines dans les industries exploitant ce type de maind’œuvre (Schlemmer B., 1996 ; Lange M.-F., 1996).
Les travaux domestiques constituent un important facteur de la sous-scolarisation et
de la déscolarisation des filles. Si les travaux domestiques en rapport avec la
scolarisation n’ont pas fait l’objet d’une production scientifique importante, c’est bien
parce qu’ils sont « ancrés dans les coutumes » (Lange M-F, 1996), au point qu’il
apparaît comme naturel, à la fois pour la société et l’Etat. En fait, c’est bien la
fonction de socialisation des travaux domestiques qui forme un écran masquant la
réalité à la fois des conditions de travail des enfants, et des effets sur l’éducation,
surtout de la jeune fille. On peut donc s’interroger sur la signification de la
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représentation du travail des enfants appréhendé tantôt de façon négative, comme
une forme d’exploitation, tantôt de façon positive ou neutre comme facteur de
socialisation et de formation.
Selon une étude réalisée par Tapé Gozé et Bih E. (1996) sur les opportunités et les
freins à la bonne performance des filles à l’école primaire dans le Nord de la Côte
d’Ivoire (Bondoukou, Korhogo, Odienné), les conditions matérielles, économiques et
financières dans lesquelles se trouve la scolarité des écolières expliquent largement
leurs faibles performances et les nombreux échecs. Cette étude révèle que les
travaux ménagers et domestiques occupent le plus le temps des enfants. Les travaux
domestiques occupent la quasi totalité du temps des filles alors que les garçons n’y
sont impliqués que dans une très faible proportion. Après une étude des difficultés
d’accès des filles à l’éducation de base et à l’enseignement primaire au Cameroun,
Munga Tchombé Th. (1993), en vient à la conclusion que les facteurs financiers sont
les plus déterminants dans la préférence que les parents ont pour la scolarisation
des garçons. En effet, selon l’auteure, plus les parents sont pauvres, plus ils
s’appuient sur leurs filles pour l’accomplissement des tâches domestiques.
Conséquence des lourdes tâches domestiques, les filles ne disposent pas du temps
nécessaire à consacrer aux études dès qu’elles sortent de l’école à la fin de la
journée. Tapé G. et Bih E. (1996) pensent que les mauvaises conditions de travail et
les multiples occupations des élèves expliquent les faibles performances scolaires
des filles ; l’enfant ne dispose ni du temps, ni des moyens matériels pour réaliser ses
devoirs de maison.
En définitive, des travaux d’importance variables ont porté sur la scolarisation de la
jeune fille et sur le travail des enfants. Cependant, contrairement à la littérature en
Côte d’Ivoire et au Cameroun, il n’existe à ce jour, à notre connaissance, aucun
travail sérieux mettant en relation les travaux domestiques et la scolarisation de la
jeune fille au Togo. Telle est donc le défi scientifique et pratique que cherche à
relever ce travail.
3. Méthodologie
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3.1. Cadre géographique de l’étude
Petit pays de l’Afrique de l’Ouest, le Togo, est limité au sud par l’océan Atlantique, au
nord par le Burkina Faso, à l’ouest par le Ghana et à l’est par le Bénin. Il se situe
entre le 6e et le 11e degré de latitude nord et s’étire sur 650 km de long et sur 50 à
150 km de large. D’une superficie de 56 600 km2 et d’une population estimée en
2009 à 6 500 000 habitants, le Togo est subdivisé sur le plan scolaire en six régions :
Lomé-Commune, Région Maritime, Région des Plateaux, Région Centrale, Région
de la Kara et Région des Savanes. Ne pouvant pas toucher toutes les régions pour
des raisons inhérentes au temps et aux moyens, nous avons limité l’étude à la
Région Maritime située au sud du pays. Des 7 préfectures qui la composent l’étude
touche à trois : les préfectures du Zio, de Yoto et de Vo. Ces trois préfectures ont été
choisies en raison de la sous représentativité prononcée des filles en milieu scolaire.
3.2. Type d’étude
Il s’agit d’une étude à la fois qualitative et quantitative. L’objectif visé est d’analyser
les travaux domestiques dans leur lien direct avec la scolarisation de la fille togolaise.
3.3. Méthodes et techniques de collecte des données
La méthodologie adoptée a consisté en une combinaison de plusieurs techniques : la
recherche documentaire, les observations directes et participantes, les enquêtes de
terrain à l’aide d’un questionnaire et les entretiens individuels à l’aide d’un guide
d’entretien.
La recherche documentaire a permis de collecter les informations tous azimuts sur le
thème de recherche et de faire l’état des lieux en vue d’une meilleure compréhension
de toutes les dimensions inhérentes au thème. Une
attention particulière a été
donnée aux statistiques scolaires. Les observations directes et participantes ont
permis de relever les différentes tâches accomplies dans leurs domiciles par les
enfants en scolarisation. Les autres données ont été collectées par des
questionnaires et des guides d’entretien.
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3.4. Les sites de l’enquête
Les enquêtes se sont déroulées dans trois préfectures de la Région Maritime. Le
problème étant éprouvé différemment selon qu’on soit en ville ou à la campagne,
puis selon le degré d’étude, l’enquête a couvert aussi bien les milieux ruraux
qu’urbains. L’administration du questionnaire a porté sur les établissements scolaires
des premier, second et troisième degrés du Togo. Des entretiens au sein des
ménages ont touché les parents d’élèves, les élèves filles, les élèves garçons, les
jeunes filles déscolarisés, les chefs d’établissement scolaires.
3.5 La technique d’échantillonnage
3.5.1 Données qualitatives
La démarche qui sous-tend la détermination de la population d’étude vise à produire
le maximum d’informations susceptibles d’expliquer la perception des travaux
domestiques et leurs influences sur la scolarisation de la fille. L’enquête qualitative a
été menée dans les trois préfectures.
Ainsi, cinq catégories d’acteurs ont été interrogées à partir des guides d’entretien : 18
chefs d’établissement, 40 parents d’élèves, 54 filles en scolarisation, 22 garçons en
scolarisation, 28 jeunes filles et femmes déscolarisées ; ce qui correspond à un total
de 162 acteurs, soumis à une interview individuelle réalisée sur la base d’un guide
d’entretien conçu pour chaque catégorie d’informateur.
3.5.2 Données quantitatives
Pour analyser les disparités liées au genre dans le cursus scolaire des élèves des
trois degrés (primaire, secondaire premier cycle et secondaire deuxième cycle), nous
disposons des statistiques scolaires des années 2007-2008 et 2008-2009. Mais ces
statistiques ne pouvant pas permettre de mesurer le poids des travaux domestiques
dans la scolarisation des filles, un recours a été fait à une enquête dans les
établissements scolaires chez les élèves des deux sexes en vue de l’obtention de
données.
La population mère est constituée de l’ensemble des élèves de tous les cycles de
l’enseignement primaire (1er degré) et secondaire (2e degré et 3e degré). Ainsi un
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sondage à deux degrés stratifié par milieu de résidence (urbain et rural) et par degré
d’enseignement (les 3 degrés d’enseignement) a été réalisé. Au premier degré, les
établissements primaires, secondaires 1er cycle (collèges) et secondaires 2e cycle
(lycées) ont été choisis.
Au second degré les élèves des classes d’examen, (CM2, 3e, Tle) ont été choisis de
façon aléatoire. Le choix des élèves a été fait sur la base de la liste complète des
classes d’examen. La taille de l’échantillon a été limitée à 408 élèves, à raison d’au
moins 20 élèves par établissement, choisis en fonction d’une parité genre.
3.6 Les outils de collecte d’information
- Les guides d’entretien individuels : adressés aux parents d’élèves, aux jeunes
filles en scolarisation, aux élèves garçons, aux jeunes filles et
femmes ayant
abandonné l’école, aux chefs d’établissements. Ils ont permis d’obtenir des
informations qualitatives et des opinions sur la question des travaux domestiques en
rapport avec la scolarisation des filles.
- Le questionnaire d’enquête : Un questionnaire a été administré suivant des
critères qui respectent la parité genre des élèves dans les établissements d’enquête.
3.7 Technique de traitement et d’analyse des informations
Les données recueillies lors des entretiens ont été organisées dans un premier
temps en fonction des variables de l’étude. Elles ont ensuite fait l’objet d’une analyse
de contenu basée sur la démarche préconisée par Deschamps J-C (1993) cité par
ROCARE (2006). Les données issues des entretiens ont donc été transcrites,
codifiées et analysées. Ceci a permis de mettre en évidence la perception, les
représentations sociales et le vécu quotidien des filles par rapport
aux travaux
domestiques en relation avec la scolarisation.
Les données recueillies lors de l’administration du questionnaire d’enquête dans les
établissements scolaires ont été dépouillées et traitées à l’aide des logiciels Epi
DATA et SPSS. Une fois les données collectées, nous avons procédé à partir de
logiciels appropriés à l’élaboration de la maquette de dépouillement, au
dépouillement des informations et à la réalisation du programme de tabulation.
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Tableaux simples et tableaux croisés ont été réalisés, analysés et interprétés. A
partir des modalités statistiques, les résultats du dépouillement ont été analysés avec
une mise en évidence des interrelations entre les différents facteurs liés à la
scolarisation des jeunes filles.
4. RESULTATS
Ils s’articulent autour de quatre points : la diversité des travaux domestiques, les
perceptions des acteurs, les impacts des travaux domestiques sur la scolarisation de
la fille et les recommandations.
4.1. Diversité et intensité des travaux domestiques dans la Région Maritime au
Togo
Nous nous proposons ici de dresser une typologie des travaux domestiques
pratiqués, d’analyser leurs répartitions en fonction de quelques variables puis de
décrire leur intensité.
4.1.1. Typologie des travaux domestiques
Une classification des travaux domestiques suivant la nature des tâches accomplies
permet d’en distinguer cinq types : les travaux d’entretien de maison, les travaux
culinaires, les travaux d’entretien vestimentaire, les travaux de recherche d’eau et les
services divers.
4.1.1.1. Les travaux d’entretien de la maison
Il s’agit des travaux de balayage et des travaux d’entretien d’équipements.
Quotidiennement accomplis, les travaux de balayage consistent pour les habitants
d’une maison ou les membres d’un ménage à débarrasser la maison de toute ordure
ou déchets solides ou liquides.
Il s’agit notamment du balayage des chambres
(chambres à coucher, salon, véranda, cuisine, magasins), du balayage de la cour
puis des alentours de la maison. Au lever du jour, l’enfant peut être invité seul ou aux
côtés de sa mère à balayer tout ou partie de la maison.
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Très lié au balayage, se trouve l’activité d’entretien ou de nettoyage des biens
d’équipement. Ce travail consiste en général à nettoyer les équipements pour les
débarrasser de la poussière.
En dehors des travaux d’entretien, nous avons des travaux culinaires.
4.1.1.2 Les travaux de cuisine
Ils débouchent sur la préparation des repas et prennent en compte en amont ou/et
en aval le lavage de la vaisselle. Le responsable de cette activité, à l’aide de l’eau et
du savon, met au propre les assiettes et marmites ou casseroles, porte ces dernières
sur du feu et prépare le repas qui sera consommé par les membres du ménage. Au
terme du petit déjeuner, du déjeuner et du diner, la vaisselle est de nouveau lavée.
4.1.1.3 Les corvées d’eau
Elles consistent à rechercher de l’eau du robinet, des forages, ou des points d’eau
(rivières, sources) et à les apporter à la maison (ou dans la maison). Cependant,
l’eau peut servir soit de source d’abreuvement, soit à la cuisine, soit encore aux
toilettes. Alors que les robinets sont suffisamment installés dans les villes, il faut
quelques fois parcourir de longues distances, la bassine sur la tête, pour retrouver de
l’eau et la porter à la maison. Les personnes les plus impliquées dans la corvée
d’eau sont les filles et les femmes.
4.1.1.4. Les travaux d’entretien vestimentaire et d’hygiène corporelle
Il s’agit notamment de la lessive et du repassage d’habits. Garçons et filles, en des
intervalles réguliers de temps doivent mettre au propre leurs habits et ceux de leurs
parents grâce à la lessive et au repassage de leurs habits.
La
pratique du
repassage des habits est plus masculine que féminine.
4.1.1.5. Les courses et services courants de ménage
17
Ils sont essentiellement exécutés par les enfants qui tentent de répondre aux besoins
de leurs parents dans le compte de la gestion du ménage. Ils consistent en de
petites courses que l’enfant fait, envoyé par ses parents ou tuteurs pour faire des
achats, pour arroser le jardin et rendre des commissions. A ces courses, il est
possible d’ajouter la recherche du bois de chauffe.
4.1.2. Répartition des travaux domestiques en fonction du sexe, de l’âge, du
niveau d’étude, du milieu de résidence, du niveau de vie de la famille.
Les tâches domestiques sont multiples et variées.
4.1.2.1.
Répartition selon le sexe, des travaux domestiques
D’après les entretiens réalisés avec les certains parents, autrefois les activités
domestiques étaient réservées aux filles. Mais de nos jours, ces travaux connaissent
une participation à la fois des filles que des garçons. La figure n°1 présente une
répartition des travaux domestiques suivant le sexe.
Figure n°1 : Répartition des travaux domestiques suivant le sexe des élèves
Source : Enquêtes de terrain, 2010.
Exception faite du repassage des habits, les résultats de l’enquête révèlent à tous les
niveaux une participation plus élevée aux travaux domestiques de la gente féminine.
Les résultats de l’étude montrent également une participation plus importante des
18
filles aux activités de cuisine. Suivent ensuite la lessive, la recherche d’eau et le
balayage de la maison.
Si traditionnellement, il existe une répartition sexuée des travaux domestiques et ce
depuis le bas âge, on peut par contre, sur la base de nos résultats présentés par la
figure n°1, avancer que pour la couche des jeunes s colarisés, le mythe des travaux
domestiques exclusivement réservées à des personnes d’un sexe particulier est
progressivement dépassé. Par ailleurs, cette tendance forte de la participation des
garçons aux travaux domestiques, s’explique entre autres par leur départ de leurs
maisons parentales pour des raisons de scolarisation. Ils s’installent alors dans des
lieux où tout seuls, ils forment un ménage, et sont dans l’obligation de pratiquer au
même titre que les filles les travaux domestiques. Qui plus est, 65,4% de l’échantillon
des élèves enquêtés soutiennent qu’il n’existe pas de tâches exclusivement
réservées aux hommes et de tâches exclusivement réservées aux femmes. Par
contre, pour 34,6% des élèves interrogés, cette répartition tranchée des travaux
entre hommes et femmes est une réalité.
4.1.2.2. Opinion des enquêtés sur le sexe de la personne sur laquelle
repose le plus le poids des travaux domestiques
Le tableau n°1 ci-après, donne la répartition des t ravaux domestiques selon le sexe
de la personne sur laquelle, au sein du ménage, repose le plus les activités
domestiques.
Tableau 1 : Opinion des enquêtés sur le sexe de la personne sur qui
repose le plus les travaux domestiques
Opinion
Pourcentage
Garçon
2,0%
19
Fille
98%
Total
100%
Au regard du tableau ci-dessus, la quasi-totalité des enquêtés, soit les 98% soutient
cependant que les travaux domestiques reposent plus sur la fille que sur le garçon.
4.1.2.3. Répartition des travaux domestiques pratiqués selon leur temps
d’exécution
La figure n°2 indique la répartition des enquêtés s elon le temps consacré aux
travaux domestiques quotidiennement.
Figure n°2 : Répartition des enquêtés selon le temp s consacré aux travaux
domestiques chaque jour.
20
Sur la base des données de la figure n°2, 28,1% des élèves estiment leur temps
journalier de pratique des travaux domestiques à 2 heures. Une part aussi
importante (27,2%) estime cette durée à une heure. D’autres par contre les
pratiquent pendant une durée estimée de 3 heures (16,2%), 4 heures (9,9%) et
6 heures (2,6%).
Cependant la figure N°3 montre que le temps consacr é aux travaux
domestiques par les filles est relativement plus élevé que chez les garçons.
Figure n°3 : Répartition des enquêtés suivant le se xe et le temps consacré
aux travaux domestiques
21
La figure n°3 révèle que pour les durées de travaux domestiques supérieures ou
égales à deux heures, les filles sont plus représentées. De même, les travaux
domestiques occupent plus les enfants en milieu rural qu’en milieu urbain (figure
n°4).
Figure n° 4: Répartition des enquêtés suivant le se xe et le temps consacré
aux travaux domestiques
Source : Enquêtes de terrain 2010
22
Par ailleurs, dans l’ensemble, le temps consacré aux travaux domestiques
semble augmenter journellement lorsqu’on passe du cours primaire au cours
secondaire (Tableau n°2). Cependant pour les durées excessives s’étendant
entre 5 heures et 6 heures, les élèves du CEG sont plus représentés. Cette
tendance serait due au fait qu’ils servent d’intermédiaires entre les enfants et les
adultes. En même temps qu’ils doivent accomplir des tâches non adaptées aux
enfants, ils répondent aux sollicitations des adultes.
Tableau n°2 : Répartition des enquêtés suivant le degré d’enseignement et
la durée moyenne des travaux domestique par jour
Durée moyenne
par jour de travaux
domestiques
Moins d'1 h
1h
1 h 30 mn
2h
Degré d'enseignement
Ensemble
Primaire
CEG
Lycée
5,3%
2,9%
2,9%
3,6%
56,4%
14,6%
13,3%
27,2%
6,4%
5,8%
4,8%
5,6%
20,2%
30,1%
33,3%
28,1%
1,0%
1,0%
,7%
2 h 30 mn
3h
8,5%
19,4%
20,0%
16,2%
4h
2,1%
9,7%
17,1%
9,9%
12,6%
4,8%
6,0%
1,1%
3,9%
2,9%
2,6%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
5h
6h
Total
Source : Enquêtes de terrain
4.1.3. Intensité des travaux domestiques
L’intensité des travaux domestiques varie selon le sexe (Tableau n°4).
23
Tableau n°4 : Répartition des enquêtés suivant la d urée moyenne par jour des
travaux domestiques
Sexe
Durée moyenne par jour de travaux
domestiques
Ensemble
Masculin
Féminin
Moins d'1 h
3,3%
4,0%
3,6%
1h
32,5%
21,9%
27,2%
1 h 30 mn
6,6%
4,6%
5,6%
2h
27,8%
28,5%
28,1%
,7%
,7%
,7%
3h
15,2%
17,2%
16,2%
4h
8,6%
11,3%
9,9%
5h
3,3%
8,6%
6,0%
6h
2,0%
3,3%
2,6%
100,0%
100,0%
100,0%
2 h 30 mn
Total
Source : Enquêtes de terrain, 2010
La lecture du tableau N°4 révèle que 28,5% des fill es pratiquent chaque jour les
travaux domestiques pendant en moyenne 2 heures alors que 32,5% des garçons
consacrent en moyenne une heure par jour aux travaux domestiques.
D’après les entretiens avec les chefs d’établissement et les parents, les travaux
domestiques constituent l’une des causes principales du retard des élèves au cours,
tant chez les filles que chez les garçons ; mais à une ampleur plus remarquable chez
les filles. En se référant aux périodes de la journée où les élèves effectuent les
activités domestiques, on remarque que ces activités sont les plus exécutées le
matin avant l’école ou entre 12 h et 14 h ou soit après 18 h, aussi bien par les filles
que les garçons. Cependant, la proportion des filles les effectuant pendant ces
périodes est plus élevée que celle des garçons. Par ailleurs, en comparant les temps
moyens mis pour apprendre les leçons à la maison au cours d’une journée, on
remarque que la majorité des filles utilise 1 à 2 h tandis que la majorité des garçons
24
utilisent 2 à 3 h de temps. Le temps moindre consacré par les filles à apprendre les
leçons pourrait se justifier par la fatigue ou le plus de temps passés à l’exercice des
travaux domestiques.
On peut donc conclure que des travaux domestiques peuvent avoir un impact négatif
sur la performance scolaire sur les filles.
4.2. Perception des acteurs
Les travaux domestiques sont diversement perçus par les différents acteurs de la vie
sociale ainsi que les différents partenaires intervenant dans la formation des enfants.
On les classera en trois (03) catégories.
4.2.1. La perception des parents d’élèves
Les
parents soumis au guide d’entretien estiment d’une façon générale et
indifféremment du milieu de résidence que les travaux domestiques sont bons pour
la jeune fille en ce sens qu’ils contribuent à préparer cette dernière pour être une
bonne mère. Ces travaux sont parfaitement intégrés au processus de socialisation
des enfants pour réussir leur vie future.
L’exécution des différentes tâches initie la jeune fille en particulier à éduquer ses
enfants quand elle sera épouse et mère. Ils contribuent aussi au développement
intellectuel de la jeune fille et plus généralement des enfants. Les enfants
apprennent par la même occasion à devenir responsables, contribuant ainsi à leur
propre épanouissement. Voici à cet effet les déclarations d’un parent d’élève
fonctionnaire de l’administration publique à Tabligbo (Préfecture de Yoto), à la
question de savoir en quoi les travaux domestiques sont bons pour la jeune fille :
«Les travaux domestiques complètent les formations intellectuelles
données aux enfants, agrandissent leurs dimensions humaines,
culturelles, sociales. Pour les filles en particulier, ceci leur permet de
mieux assumer leur futur rôle d’épouse et de mère. Oui, parce que,…
une bonne femme c’est celle qui sait bien entretenir la maison, les
enfants, et autre. C’est ça les travaux domestiques»
Les parents reconnaissent au même moment que l’abus dans cet apprentissage est
nuisible pour la jeune fille surtout quand elle va à l’école. Dans ce cas, les travaux
25
domestiques occupent trop l’enfant et réduisent le temps qu’elle devait consacrer à
apprendre ses leçons ou à traiter ses exercices de maison. Ils peuvent aussi
empêcher la fille d’arriver à l’heure à l’école si elle doit s’acquitter obligatoirement et
totalement de ces tâches avant de quitter la maison. Ils nuisent à la santé physique
mais aussi mentale de la jeune fille surtout quand ils ne sont pas conformes à l’âge
de l’enfant, de la jeune fille, ou
quand ils sont incompatibles avec sa capacité
physique et mentale. On cite souvent l’exemple des petites filles de 9 ans ou 10 ans
qui sont obligés de transporter de grandes bassines d’eau le matin, à midi et le soir.
Les travaux domestiques devraient être modérés et bien planifiés pour les enfants.
Autrement, ils deviennent une exploitation pure et simple de l’enfant.
L’unanimité est requise pour admettre que les travaux domestiques reposent plus
sur la jeune fille que sur le garçon. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier ce
fait. Comme évoqué plus haut, ceci est inscrit dans le processus de formation ou de
socialisation de la fille, fondé sur des bases coutumières et culturelles. Les garçons
ne sont pas exonérés de ces travaux, mais certains, se prévalant déjà du titre
d’hommes et donc n’étant pas de ce fait assignés aux tâches liées aux travaux
domestiques deviennent paresseux en refusant ou en exécutant mal ces travaux,
quand on le leur confie. Cette mentalité qui prend sa source dans les pratiques
culturelles est entretenue et pérennisée au fil des générations.
Certains parents (surtout des femmes) estiment que les travaux domestiques
valorisent la jeune fille, en ce sens que c’est seulement en exécutant ces tâches
qu’elle se sent dans son rôle de femme comparée au garçon.
« Une femme doit vite se réveiller le matin et mettre au propre son
entourage, c’est-à-dire la maison, laver la vaisselle, préparer le petit
déjeuner pour les enfants, etc., Les mères doivent l’apprendre à leurs
filles car elles iront se marier un jour, …» (Commentaire d’une jeune
femme interviewée à Ahépé dans la préfecture de Yoto).
4.2.2. La perception des filles et des garçons scolaires
Dans l’exécution des travaux domestiques, il y a généralement des tâches
spécifiques aux filles et des tâches spécifiques aux garçons ; la répartition est donc
fonction du sexe. Les tâches telles que puiser de l’eau, balayer la cour, laver la
26
vaisselle, préparer le repas, etc. sont naturellement admises comme relevant de la
compétence de la fille alors que d’autres comme repasser les habits, sarcler les
alentours de la maison, s’occuper des animaux domestiques sont du ressort des
garçons.
Les filles comme les garçons perçoivent leurs tâches chacun de son côté comme
étant normales. Des témoignages ont d’ailleurs prouvé que, dans certains ménages
où on retrouve des filles et des garçons, les filles refusent souvent aux garçons
d’exécuter les « travaux féminins ». Mais les filles (et même les garçons) estiment
que leurs travaux sont plus diversifiés et nécessitent beaucoup plus de temps que
ceux réservés aux garçons.
En outre, la fille se sent valorisée à travers ces « tâches féminines » de la maison.
Elle se reconnaît comme fille, future mère et future épouse en se mettant au service
de ses parents. Mais ici encore, l’abus est dénoncé car entraînant la fatigue, le retard
à l’école, la démotivation, l’échec et l’abandon des classes.
Il est reconnu (même par les filles et les femmes) que, de plus en plus, les garçons
se voient confiés (ou se voient obligés d’exécuter quand il n’y pas assez de filles
dans le ménage) des travaux domestiques considérés comme réservés aux filles.
Les perceptions connaissent donc au regard de nos résultats une évolution.
4.2.3. La perception des professionnels de l’éducation
Les professionnels de l’éducation sont ceux qui interviennent dans l’enseignement
formel. Ils sont donc directement en contact avec le phénomène ou ses
conséquences. Ils sont aussi, très souvent, des parents d’élèves mais ce qui fait la
particularité de leur statut est qu’ils observent les enfants durant tout leur parcours
depuis la maison (pour certains) jusqu’à la fin d’un cycle au moins de cursus scolaire.
Ce sont les agents d’encadrement du système éducatif (directeurs régionaux de
l’éducation, inspecteurs, conseillers pédagogiques, directeurs d’établissement,
enseignants, etc.). Leur perception complète celle des parents d’élèves.
27
« Les travaux domestiques ont un poids non négligeable dans l’échec
scolaire des jeunes filles pour plusieurs raisons : ils épuisent les élèves
filles, les fatiguent et leur absorbent le temps d’apprendre les leçons
reçues en classe. Ils les prédisposent psychologiquement à croire que
leur rôle se limite à la cuisine ou à la maison, qu’elles ne sont bonnes
qu’à ces types de tâches et que les travaux intellectuels sont l’apanage
des hommes ; ce qui n’est pas évident ». (Propos d’un chef
d’établissement à Davié, Préfecture de Zio).
Les enseignants et les chefs d’établissement de tous les niveaux constatent et
confirment le fait que les tâches domestiques reposent beaucoup plus sur les filles et
qu’il y a effectivement un abus, même s’ils reconnaissent que l’objectif premier est
(ou devrait être) l’apprentissage ou la formation de l’enfant. Un responsable
d’établissement scolaire dans la préfecture de Vo l’exprime comme suit :
« La jeune fille est considérée comme la femme du foyer qui doit
obligatoirement supporter le poids des travaux domestiques dans notre
milieu. Elle doit jouer ce rôle avant de venir à l’école. Quand elle
échoue, elle ne doit plus continuer ses études».
« Le poids des travaux domestiques se manifeste par des retards à
l’arrivée à l’école ou la fatigue ressentie chez les élèves filles avant
midi. Elles n’ont pas les mêmes chances de réussir que les garçons»
(Responsable d’établissement dans la préfecture de Vo).
En définitive, certaines perceptions sont positives alors que d’autres sont négatives.
Cependant, il est prouvé que sur la jeune fille en particulier, les travaux domestiques
agissent négativement sur le plan scolaire.
4.3. Effets sur la réussite scolaire des filles
Cette partie analyse les différents effets que produit la pratique des travaux
domestiques sur la scolarisation des élèves en particulier les filles. Les effets négatifs
des travaux domestiques sur la vie scolaire des jeunes filles apparaissent
indéniables si nous tenons compte de leur intensité.
28
L’analyse des statistiques scolaires portant sur les résultats des examens de fin de
cycle montre en général un taux de réussite plus élevé chez les élèves de sexe
masculin que celles de sexe féminin (Tableau n°5).
Tableau n°5 : Taux (%) de promotion aux examens de juin 2007
Niveau d’étude
Garçons
Filles
CEPD
79,25
71,83
BEPC
59,06
47,70
BAC I Enseignement général
43,21
38,85
BACII Enseignement général
31,58
28,64
Source : MEPS.
A la session de juin 2007 par exemple, le taux de réussite aux CEPD est de 79,25%
pour les élèves du sexe masculin contre 71,83% pour ceux du sexe féminin ; le taux
de réussite au BEPC est de 59,06% pour les garçons et de 47,70% pour les filles ; le
taux de réussite au Baccalauréat première partie est de 43,21 pour les garçons
contre 38,85% pour les filles dans l’enseignement général; enfin le taux de réussite
au Baccalauréat deuxième partie est de 31,58% pour les garçons contre 28,64%
pour les filles dans l’enseignement général. Il ressort de ces statistiques officielles
concernant la Région maritime en 2007, que le taux de promotion était toujours plus
élevé au niveau des garçons que des filles.
De même, l’analyse des taux de promotion recueillis auprès des chefs
d’établissements de notre étude révèle des taux plus élevés chez les garçons que
chez les filles pour les élèves en fin de cycle (Tableau n°6).
Tableau n°6 : Taux de promotion aux différents exam ens (2010) suivant le sexe
et le milieu de résidence des élèves.
Niveau
Type de
milieu
Etablissement
Taux de promotion
Garçon
Fille
CM2
Rural
EPP SEVAGAN
54,1
29,4
CM2
Urbain
EPP ADJREGO
97,0
57,0
CM2
Rural
84,0
70,0
CM2
Urbain
EPP BOLOUGAN
EPP
BOLOUMODJI/C
94,1
85,0
CM2
Urbain
EPP N°1/B&C
82,9
40,5
29
TABLIGBO
CM2
Rural
EPP AHEPE
APEDOME I/B
80,0
100,0
em
Rural
CEG Vo-koutimé
59,3
48,0
em
Urbain
CEG VOGAN Ville I
61,8
48,7
em
Rural
7,1
0,0
em
Urbain
53,4
20,9
3
Terminal
em
Urbain
Urbain
CEG DAVIE
CEG TSEVIE VILLE
4
CEG TABLIGBO
VILLE 1
Lycée de Vogan
66,3
59,0
Terminal
Rural
Lycée d'AKOUMAPE
45,6
33,1
39,6
29,2
Terminal
Rural
Lycée DAVIE
29,6
9,5
Terminal
Urbain
Lycée de TSEVIE 2
34,1
6,1
3
3
3
3
Source : Enquête de terrain, 2010.
Ce tableau révèle également que pour le passage d’une classe à l’autre dans un
cycle d’enseignement, ce taux demeure dans la plupart des cas plus élevé chez les
garçons dans le secondaire. Cette supériorité en faveur des garçons n’est pas si
prononcée dans le primaire car on y trouve remarquablement des taux de promotions
élevés en faveur des filles.
Le tableau n°7 indique la répartition des élèves en quêtés suivant leur performance.
Tableau n°7: Répartition par sexe de l’appartenance aux cinq premiers de la
classe
Avez-vous déjà fait parti
Sexe
des 5 premiers d'une
classe?
Masculin
Oui
86,2%
Féminin
79,3%
Total
82,8%
30
Non
13,8%
20,7%
17,2%
Total
100,0%
100,0%
100,0%
Khi-deux= 3,383;
P-value= 0,066
Source : Enquêtes de terrain
Ces résultats révèlent un effort scolaire moindre des filles par rapport aux garçons.
Plusieurs causes peuvent être à l’origine de ce phénomène.
Selon les données qualitatives recueillies, ces causes sont par ordre d’importance :
le poids des travaux domestiques, la pauvreté ou le manque de moyens, le manque
d’encouragement, la mentalité décourageante des filles, la relation de copinage avec
les garçons, le gain facile, le
manque d’intérêt pour les études, la timidité et
complexe d’infériorité en rapport avec les garçons, le mauvais encadrement des
filles, l’ insuffisance d’ambition (motivation) de la part des filles, l’ harcèlement sexuel
à l’école, l’exercice d’activités lucratives, divorce des parents.
Si la cause majeure, selon le nombre d’enquêtés qui l’a évoquée est le poids des
travaux domestiques quels mesures faut-il mettre en œuvre pour apporter solution au
problème ?
4. 4. Recommandations
Les résultats de notre étude nous permettent alors de formuler des
recommandations :
-Les parents doivent éviter toute attitude discriminatoire liée aux travaux
domestiques, basée sur le sexe à l’égard de leurs enfants ;
-Les parents doivent faire en sorte que les garçons participent au même titre que les
filles aux travaux domestiques ;
-Les acteurs de la société doivent œuvrer pour une reconversion des mentalités ; ils
doivent changer leur mode de conception selon lequel les travaux domestiques sont
réservés aux filles ;
-Les filles doivent comprendre que l’idéal des travaux domestiques ne vise pas a
priori à les exploiter mais plutôt à les former.
31
-Elles ont donc le droit et le devoir d’y participer dans la mesure de leurs moyens,
sans pour autant négliger leurs études ;
-Les garçons ont le devoir de participer autant que les filles aux travaux domestiques.
Conclusion
Le but visé par cette étude a été de déterminer le degré d’implication des travaux
parité genre dans l’enseignement au Togo. Au terme de nos investigations quelques
résultats forts ont été obtenus et consignés dans le présent document :
- les travaux domestiques peuvent faire l’objet d’une typologie dans laquelle on
retrouve les travaux d’entretien de la maison, les travaux de cuisine, les corvées
d’eau, les entretiens vestimentaires et d’hygiène corporelle, les courses et services
courants de ménage. Les tâches domestiques sont donc multiples et varient en
fonction du sexe de l’enfant ;
- l’analyse de la répartition de ces travaux montre que leur lourdeur varie en fonction
du milieu de résidence (urbain ou rural) et occupent un temps plus important chez la
fille que chez le garçon ;
- de l’avis aussi bien des parents d’élèves, des élèves en scolarité (filles et garçons),
des filles et femmes déscolarisées que des professionnels de l’éducation, les travaux
domestiques font l’objet de perceptions positives comme négatives. Le côté négatif
est surtout dominant quand il y a abus dans la pratique de ces travaux ;
- Les conclusions tirées de l’analyse de ces perceptions combinées aux résultats des
analyses quantitatives montrent que la faible performance de la jeune fille, la sousscolarisation et les abandons scolaires sont corrélés aux charges domestiques
auxquelles elle est quotidiennement astreinte;
32
- On peut donc déduire que l’allègement aux enfants en scolarité du poids de
différentes charges domestiques et la participation des garçons à ces tâches au
même titre que les filles, peuvent permettre une résolution du problème.
Il est donc indispensable de prendre des mesures pour venir à bout de ce
phénomène.
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d’Economie du développement, Université de Montesquieu, Bordeaux IV.
34
ANNEXES
Questionnaire (1)
Guides d’entretien (4)
35
QUESTIONNAIRE D’ENQUETE A L’ENDROIT DES ELEVES
I – IDENTIFICATION
N°
Q001
Variables
Numéro du Questionnaire
Modalités
Passer à
/_____/
1. Maritime 2. Plateaux
Région
3. Centrale
Q002
Q003
4. Kara
5. Savanes
/_____/
Préfecture
1. Urbain
Q004
Milieu de résidence
Q005
Ecole fréquentée
2. Rural
/_____/
1. Primaire
Q006
Degré d’enseignement
Q007
Classe
2. CEG
3. Lycée
/_____/
/_____/
II - CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
N°
Variables
Q101
Nom de l’élève (nom usuel)
Q102
Sexe
Q103
Age
Q104
Etat matrimonial
Q105
Quelle est votre religion ?
Q106
Profession de votre père
Modalités
1. Masculin
2. Féminin
Passer à
/_____/
/_____/
1. jamais marié
2. marié
3. divorcé
4. union libre
/_____/
36
Q107
Profession de votre mère
Q108
Niveau d’étude du père
Q109
Niveau d’étude de la mère
Q110
Chez qui vivez-vous à la maison ?
Q111
Combien de personnes êtes-vous
dans votre ménage ?
Q112
Qui dirige votre ménage ?
Survie des parents
Q113
Quel est le niveau de vie de votre
ménage ?
1. Non scolarisé
2. Primaire
3. Secondaire 1er cycle
/_____/
4. Secondaire 2ème cycle
5. Supérieur
1. Non scolarisé
2. Primaire
3. Secondaire 1er cycle
/_____/
4. Secondaire 2ème cycle
5. Supérieur
1. Tout seul
2. chez maman
3. chez papa
4. chez maman et papa (sous même toit)
5. chez maman et son mari (autre que papa)
6. chez papa et sa femme (autre que maman)
7. chez tuteur avec lien de parenté
8. chez tutrice avec lien de parenté
9. chez tuteur et tutrice avec lien de parenté
10. chez tuteur sans lien de parenté
11. chez tutrice sans lien de parenté
12. chez tuteur et tutrice sans lien de parenté
13. chez conjoint (e)
/_____/
personnes de sexe masculin
/_____/
personnes de sexe féminin
totale
1. moi-même
2. Papa
3. maman
4. tuteur avec lien de parenté
5. tutrice avec lien de parenté
6. tuteur sans lien de parenté
7. tutrice sans lien de parenté
8. conjoint (e)
1. orphelin de père
2. orphelin de mère
3. orphelin de père et de mère
4. Père et mère en vie
1. Très faible (très pauvre)
2. Faible (pauvre)
3. Moyen (un peu riche)
4. Elevé (riche)
5. Très élevé (très riche)
/_____/
/_____/
/_____/
/_____/
/_____/
III – SCOLARISATION
N°
Modalités
Variables
37
Passer à
Q201
A quel âge avez-vous commencé
l’école primaire ?
/_____/
Q202
Pendant l’année scolaire dernière,
vous est-il arrivé de manquer aux
cours ?
Pour quelle raison avez-vous
manquez les cours ?
Q203
Q204
Q205
Pendant l’année scolaire dernière,
vous est-il arrivé de venir en retard à
l’école ?
Pour quelle raison principale veniezvous en retard à l’école?
1. Jamais
3. Souvent
2. Rarement
4. Très souvent
/_____/
1. handicap/maladie
2. pas d’école/trop éloigné
3. difficulté à payer les frais de scolarité
4. la famille ne permet pas la scolarisation
5. pas intéressé (e) par les études
6. Scolarisation considérée comme inutile
7. insécurité à l’école
8. apprendre un métier
9. avoir une activité rémunératrice
10. travail non rémunéré dans l’entreprise ou ferme
familiale
11. tâche ménagère à la maison
12. autre à préciser……………………
/_____/
1. Jamais
2. Rarement
3. Souvent
4. Très souvent
/_____/
1. Ecole trop éloignée
2. tâche ménagère à la maison
3. Réveil tard
4. Paresse
5. Manque de moyens financiers
6. Autres à préciser………………………
/_____/
Q206
Q207
Avez-vous redoublé une classe à un
moment donné ?
Combien de fois avez-vous repris les
classes suivantes ?
1. oui
2. non
CP1 /_____/
6ème /_____/
2nde
/_____/
/_____/
CP2 /_____/
5ème /_____/
1ère
/_____/
Tle
/_____/
ème
CE1 /_____/
4
/_____/
CE2 /_____/
3ème /_____/
CM1 /_____/
CM2 /_____/
Q208
Avez-vous déjà fait parti des 5
premiers d’une classe ?
1. oui
2. non
/_____/
Q209
Quels rangs avez-vous occupé en fin
d’année scolaire dernière
/_____/
38
Q210
Quelle est votre moyenne en fin
d’année scolaire dernière
/________/
SCOLARISATION (suite)
N°
Variables
Modalités
A quel moment de la journée
apprenez-vous vos leçons à la
maison ?
Q211
Réponse multiple
(encercler le code approprié devant chaque
modalité selon la déclaration de l’élève)
Q212
Recevez-vous de l’argent de poche
cette année avant d’aller à l’école ?
Q213
Combien recevez-vous comme argent
de poche ?
Passer à
avant 6h
1
entre 6h et 18h
2
entre 18h et 21h
3
après 21h
4
1. oui
2. non
2 Q214
/_____/
/__________/
Q214
Pensez-vous que les filles soient en
mesure de réussir à l’école autant
que les garçons s’ils vivent dans les
mêmes conditions ?
1. oui
2. non
/_____/
IV - TRAVAUX DOMESTIQUES
N°
Q301
Modalités
Variables
Avez-vous travaillé (rémunéré ou non) au
moins une heure la semaine dernière ?
Passer à
1. Oui
2. Non
/_____/
Q302
Avez-vous participé aux travaux
domestiques la semaine dernière?
1 Q304
1. Oui
2. Non
/_____/
Q303
Si non pourquoi ?
1. trop petit
2. trop âgé
3. existe quelqu’un pour les faire
4. ne dispose pas de temps
5. pas autoriser aux gents de mon sexe
6. autre à préciser…………………..
39
Q309
/_____/
Si oui lesquelles des tâches suivantes
avez-vous accomplies?
Q304
- cuisiner
1
- faire les courses pour le ménage
2
- réparer des équipements du ménage
3
- nettoyer les ustensiles / la maison
4
- faire la lessive
5
- garder les enfants/les personnes
Réponse multiple
âgées /des malades
Q305
Pendant la semaine dernière, quand
avez-vous généralement mené ces
travaux ?
Réponse multiple (encercler les codes
appropriés)
Q306
Pendant la semaine dernière, combien
d’heures en moyenne avez-vous
consacrées aux travaux domestiques par
jour ?
Q307
Etes-vous payé pour les travaux
domestiques que vous accomplissez ?
6
- puiser de l’eau
7
- repasser les habits
8
- chercher du bois
9
- vendre des produits /articles
10
- autres travaux domestiques
11
avant 6h
1
entre 6h et 12h
2
après 12h et 14h
3
entre 14h et 18h
4
après 18h
5
/_______/
1. oui
2. non
/_____/
Q308
Combien vous paie-t-on ?
Q310
/__________ /
Q309
Q310
Même si vous n’avez pas effectué de
travaux domestiques la semaine dernière,
avez-vous une fois effectué ces travaux ?
1. oui
2. non
Les travaux domestiques vous
empêchent-ils d’étudier ?
1. oui
2. non
/_____/
/_____/
TRAVAUX DOMESTIQUES (suite)
N°
Q311
Modalités
Variables
A quel âge avez-vous commencé par faire
des travaux domestiques ?
Passer à
/_____/
40
Q312
Chez vous, existe-t-il des tâches
domestiques réservées aux garçons et
celles réservées aux filles ?
Lesquelles des tâches domestiques
suivantes sont réservées aux garçons
Q313
2 Q315
/_____/
- cuisiner
1
- faire des achats au marché
2
- faire autres courses pour le ménage
3
4
- balayer la chambre
5
- balayer la cours de la maison
6
- faire la vaisselle
7
Réponse multiple
- faire la lessive
8
9
- puiser de l’eau
10
11
- chercher du bois
12
13
14
- cuisiner
1
- faire des achats au marché
2
- faire autres courses pour le ménage
3
4
- balayer la chambre
5
- balayer la cours de la maison
6
- faire la vaisselle
7
Réponse multiple
- faire la lessive
8
9
- puiser de l’eau
10
11
- chercher du bois
12
13
14
Lesquelles des tâches domestiques
suivantes sont réservées aux filles
Q314
1. oui
2. non
Q315
Selon vous, qui supporte le plus le poids
des travaux domestiques dans un
ménage ?
1. les garçons
2. les filles
Q316
En dehors des travaux domestiques vous
arrive-t-il d’exercer une activité qui vous
procure de l’argent au cours de l’année
scolaire ?
1. oui
2. non
/_____/
/_____/
41
Q317
A quelle heure avez-vous l’habitude de
vous réveiller le matin ?
/________/
Q318
A quelle heure avez-vous l’habitude de
vous coucher la nuit ?
/________/
GUIDES D’ENTRETIEN A L’ENDROIT DES JEUNES FILLES SCOLAIRES
N°
Questions
1
Parlez-nous de ce que vous faites chaque jour
comme activité.
2
Qu’entendez-vous par travaux domestiques ?
3
Est-ce que les travaux domestiques sont
équitablement répartis entre garçons et filles
chez vous ? Pourquoi ?
4
Selon vous, lequel des garçons et des filles
supporte le plus le poids des travaux
domestiques dans un ménage ?
5
Pourquoi les parents font reposer la majorité
des travaux domestiques sur les filles ?
6
Quelles sont selon vous les raisons qui
expliquent la faible performance des filles à
l’école, ainsi que leurs abandons scolaires ?
7
Les travaux domestiques influencent-ils la vie
scolaire d’un élève ? Si oui comment ?
8
Que pensez-vous du fait qu’on dise que les
travaux domestiques soient à l’origine de
l’arrêt des études des filles ou de leur échec à
l’école ?
Réponses
Pensez-vous qu’une fille doit aller longtemps
à l’école ? Pourquoi ?
9
Quelles solutions préconises-tu au vu des
problèmes rencontrés par la jeune fille par
42
rapport aux travaux domestiques ?
10
Quels conseils avez-vous à donner aux
parents concernant les travaux domestiques
des filles
11
Quelle est selon vous la meilleure manière de
promouvoir l’éducation scolaire des filles
12
Avez-vous un dernier mot ?
GUIDES D’ENTRETIEN A L’ENDROIT DES PARENTS
(Préciser le sexe du parent)
N°
Questions
1
Qu’entendez-vous par travaux
domestiques ?
2
Quels genres de travaux font vos
filles ?
3
En quoi les travaux domestiques
sont-ils bons pour les enfants ?
4
sont-ils nuisibles pour les enfants ?
5
Pourquoi ces travaux reposent plus
sur les filles ?
6
Pourquoi les garçons en sont pour la
plupart du temps exonérés ?
7
8
Réponses
Pensez-vous que ces travaux
perturbent la scolarisation de votre
fille ?
Selon vous qu’est-ce qui est
préférable entre garder votre fille
avec vous à la maison pour y faire
les travaux et aller à l’école ?
Justifiez
43
9
9
10
11
Ne serait-ils pas préférable de
donner autant aux filles qu’aux
garçons les mêmes tâches
domestiques ?
Quelles perceptions avez-vous des
travaux domestiques (en termes
négatifs comme positifs) ?
Qu’est-ce qui explique la
déscolarisation des filles de nos
jours ?
Quelles solutions proposez-vous
pour une réussite égale des filles et
des garçons à l’école, en rapport
avec les travaux domestiques ?
GUIDES D’ENTRETIEN A L’ENDROIT DES
JEUNES FILLES DESCOLARISEES
N°
Questions
1
Qu’entendez-vous par le terme
travaux domestiques ?
2
sont-ils bons pour les élèves ?
3
Pourquoi ces travaux reposent
plus sur les filles ?
4
5
6
Réponses
Pourquoi les garçons en sont
pour la plupart du temps
exonérés ?
Quelles incidences ces travaux
ont sur la scolarité des jeunes
filles
Les travaux domestiques ont-ils
contribué à votre retard scolaire
ou à l’abandon des études chez
44
vous ? Justifiez.
7
8
Quelles perceptions avez-vous
des travaux domestiques (en
termes négatifs comme
positifs) ?
Quelles solutions proposez-vous
pour une réussite égale des filles
et des garçons à l’école, en
rapport avec les travaux
domestiques ?
FICHE DE RENSEIGNEMENT ET GUIDES D’ENTRETIEN A L’ENDROIT DES
CHEFS D’ETATBLISSEMENT
Les données que nous voudrions recueillir sont celles de l’année scolaire 2009-2010.
1. Identification
1.1 Sexe :
1.2 Nom de l’établissement :
1.3 Préfecture :
1.4 Région :
2. Taux de promotion
Effectif
Garçons
Filles
Classe
Taux de
promotion
Taux de
promotion
garçons
6e
5e
4e
3e
2nd
1ere
Tle
Total
45
Taux de
promotion
filles
3. Taux de redoublement et taux d’abandon
Taux de redoublement
Classe
Taux de
redouble
ment
Taux de
redoubleme
nt garçons
Taux d’abandons
Taux de
redoubleme
nt filles
Taux
d’abandons
Taux
d’abandons(
Garçons)
Taux
d’abandons
(Filles)
6e
5e
4e
3e
2nd
1ere
Tle
Total
1.
Parlez-nous du poids des travaux domestiques sur la
scolarisation de la jeune fille dans votre milieu
2.
Quelles solutions préconisez-vous (à l’endroit des filles, des
garçons, des parents d’élèves et des enseignants).
TABLE DES MATIERES
Page de garde………………………………………………………………………………………………………………………1
Remerciements ………………………………………………………………………………………………………..………..2
46
Résumé exécutif ................................................................................................................................... 3
Introduction ............................................................................................................................................ 4
1. Problématique et justification de l’étude ....................................................................................... 5
1. 1. Problématique .......................................................................................................................... 5
1.2. Intérêt de l’étude ....................................................................................................................... 7
1.3. Objectifs de l’étude ................................................................................................................... 7
1.4. Hypothèses de travail............................................................................................................... 8
2. Cadre théorique................................................................................................................................ 8
2.1 Les sens des concepts.............................................................................................................. 9
2.2 Revue de littérature ................................................................................................................... 9
3. Méthodologie................................................................................................................................... 12
3.1. Cadre géographique de l’étude ............................................................................................ 13
3.2. Type d’étude ............................................................................................................................ 13
3.3. Méthodes et techniques de collecte des données............................................................. 13
3.4. Les sites de l’enquête............................................................................................................. 14
3.5 La technique d’échantillonnage ............................................................................................. 14
3.5.1 Données qualitatives........................................................................................................ 14
3.5.2 Données quantitatives ..................................................................................................... 14
3.6 Les outils de collecte d’information ....................................................................................... 15
3.7 Technique de traitement et d’analyse des informations..................................................... 15
4. RESULTATS................................................................................................................................... 16
4.1. Diversité et intensité des travaux domestiques dans la Région Maritime au Togo...... 16
4.1.1. Typologie des travaux domestiques ............................................................................. 16
4.1.2. Répartition des travaux domestiques en fonction du sexe, de l’âge, du niveau
d’étude, du milieu de résidence, du niveau de vie de la famille. ......................................... 18
4.1.3. Intensité des travaux domestiques ............................................................................... 23
47
4.2. Perception des acteurs .......................................................................................................... 25
4.2.1. La perception des parents d’élèves .............................................................................. 25
4.2.2. La perception des filles et des garçons scolaires ....................................................... 26
4.2.3. La perception des professionnels de l’éducation........................................................ 27
4.3. Effets sur la réussite scolaire des filles................................................................................ 28
4. 4. Recommandations................................................................................................................. 31
Conclusion ........................................................................................................................................... 32
Bibliographie sélective ....................................................................................................................... 33
48

Genre et éducation : le poids des travaux domestiques dans

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