LE POINT DE VUE DE L`UGTM SANTE
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LE POINT DE VUE DE L`UGTM SANTE
LE POINT DE VUE DE L’UGTM SANTE Vendredi 25 mai 2012, l’équipe de Direction autoproclamée préfiguratrice du CHUM, qui a déconfiguré nos trois établissements, a convoqué une réunion qui avait pour ordre du jour les points suivants: 1. Point d'étape du lancement des élections au CTE : comme si c’était une priorité pour nous dans la situation actuelle ! 2. Explicitation de la démarche d’identification des surreffectifs : calculés sur la base de ratio pris à …Angers !!! 3. Exposé des projets médico-sociaux connus ou à connaître et de leurs impacts en potentialité de redéploiement : ou comment se débarrasser des contractuels et de titulaires !!! 4. Une analyse des modalités statutaires et contractuelles de redéploiement : comment faire passer le « sureffectif » du public vers le privé !!! 5. Une remise à plat d'une démarche systématique de retour au statut et à la règle en termes de rémunération et de temps de travail : pour casser les acquis, les protocoles et niveler par le bas les droits du personnel !!! Il ne s’agissait pas d’une réunion d’information et d’échange, le but de cette direction comme elle le fait depuis plusieurs mois était purement et simplement d’amener les organisations syndicales à prendre part, sans concertation, à leur plan social consistant supprimer le « sureffectif » calculé par eux, à hauteur de 1141 ETP, soit bien plus en terme d’emplois. Un plan social concocté pour nous, sans nous et naturellement contre nous ! Par courrier en date du 21 décembre 2011, les organisations syndicales CDMT-CGTM-FOUGTM avaient rappelé à l’ARS « que le projet de fusion présenté par vos services ne répond pas aux dispositions du Code de la Santé Publique, notamment l’article L 6131-2 qui prévoit : « le Directeur Général de l’ARS transmet sa demande au Conseil de Surveillance, au Directoire et à la CME concernés en apportant toutes les précisions sur les conséquences économiques et sociales et sur le fonctionnement de la nouvelle organisation des soins ». Or ce n’est qu’après avoir fait voter par les conseils de surveillance cette fusion que l’équipe ARS-Directions nous apporte les précisions (sureffectif de 1141 Equivalent Temps Plein) et cherche à nous en imposer les conséquences (départs à la retraite non remplacés, réorientation vers le privé, fin de contrat pour les contractuels, non respect des dispositions de réduction de l’emploi précaire) ou mieux à faire de nous des complices en tentant de nous y faire participer. C’est dans ce sens que l’UGTM santé a informé de son point de vue et échangé avec toutes les organisations syndicales, à savoir aller à cette réunion, non pour entendre cette direction et discuter de ces points avec elle, mais de faire prévaloir les revendications des travailleurs qu’ils représentent et exiger que l’ARS réponde à nos demandes d’audience des 30 avril et 15 mai 2012. Sé la Pak la Ba Bèf ka Pasé ! Dans ce même courrier du 21 décembre 2011 les organisations syndicales déclaraient : « Dans ces conditions et considérant les éléments précités la fusion que vous nous proposez est inacceptable pour la population comme pour le personnel. Un projet d’une telle envergure aura des conséquences importantes sur l’organisation des soins offerts à la population, sur le personnel hospitalier et le tissu économique et social. Un tel projet mérite d’être mené sans précipitation, une large concertation et le temps nécessaire à une étude approfondie. Nous vous avisons que nous entreprendrons toutes les actions nécessaires pour faire respecter les droits de salariés et des soins de qualité et accessibles à tous. » Aujourd’hui, face aux conséquences des décisions prises quotidiennement sans aucune information, ni consultation, des instances, sans aucune concertation du personnel et de leur représentants. Face aux attaques contre les acquis sociaux en filigrane de la fusion, dans le but de niveler par le bas le droit des travailleurs avec pour seuls objectifs la réduction de dépense de fonctionnement. Face aux dysfonctionnements de l’organisation des soins dans les trois hôpitaux, les fermetures de services et les départs de médecins. Nous sommes plus que jamais légitimés à exiger de l’ARS: 1. L’arrêt du processus de fusion, et le retour à la concertation 2. Le Respect des instances dans les établissements (CHU, CHL CHLD) 3. Le maintien des acquis sociaux dans tous les hôpitaux 4. Le respect des accords et textes réglementaires visant à résorber l’emploi précaire et à titulariser les contractuels C’est ce que nous avons demandé ce vendredi 25 Mai 2012, à l’équipe de Direction défiguratrice de l’Hôpital public. Il nous faut rappeler que même les syndicats de Directeurs demandent maintenant au nouveau ministre de la santé : « le rétablissement du service public hospitalier et la réforme de la T2A », « La reprise du dialogue social …une grande attente des personnels.» De « replacer le service public hospitalier au cœur du service public de santé », D’arrêter l'orientation prise par « les ARS, trop interventionnistes au sein des établissements de santé.» une « rupture avec la notion d'hôpital-entreprise.» Nous ne sommes donc pas les seuls à voir que cela ne fonctionne pas aussi bien que cherche le faire croire, le Directeur de l’ARS et ses vassaux de l’équipe défiguratrice. Afin de pouvoir donner une consistance à leur projet, des ratios et comparateurs ont été pris en référence sur des établissements de tailles comparables : POITIERS et ANGERS. 2 Fok pa pran koko pou zabriko ! Un établissement public de soins n’est pas un ilot isolé il fait partie du service public de santé et à en charge de proposer ses services à un bassin de population. Sans en tenir compte, les résultats seront de toute évidence hors cadre et sans efficacité. Nous avons donc abordé sous cet angle trois bassins de population la Communauté des communes du Nord, Poitiers, Angers et recherché à les comparer. Population Densité hab/km2 Population non scolarisée de 15ans ou plus sans diplôme Foyers fiscaux Foyers fiscaux imposables Taux chômage Nombre d’emplois dans la zone CCNM 110.126 POITIERS 89.282 ANGERS 148 405 201 2120 3 475,5 45,8 % 15,7 % 16,1 65.096 15.845 24,3 % 29 % 25.254 45.859 22.837 49,8 % 14,9 % 58.368 63 243 35.606 56,3 % 14,7 % 82.689 Les résultats sont édifiants : Une population hyper urbanisée avec des densités de population 10 fois et 15 fois supérieure pour Angers et Poitiers. Des réseaux de transport public (urbain et interurbain) structurés et accessibles à la population pour ses déplacements, ce qui n’est manifestement pas le cas pour les habitants de la CCNM. Une population non scolarisée sans diplôme, trois fois supérieure pour la CCNM, 24,3% des foyers fiscaux imposables dans la CCNM soit deux fois moins que Poitiers 49,8% et Angers 56,3%. Un taux de chômage record 29% dans la CCNM notamment des jeunes, qui est deux fois moindre à Poitiers ou Angers. Quant au nombre d’emplois disponibles dans chaque bassin de population, là encore la CCNM a deux à trois fois moins d’emplois disponibles que les deux autres bassins de population. Ceci montre les difficultés sociales tant au niveau des revenus des foyers Martiniquais, que du niveau d’instruction et de l’accès à l’emploi. Comment, dans ces conditions, peut-on se contenter de comparer le fonctionnement des hôpitaux sous le seul angle des ressources humaines, alors que les besoins de la population en matière d’accès aux services de soins publics, de prévention et d’éducation sanitaire sont de natures très différentes ? 3 Yo lé fè nou pran dlo mousach pou lèt ! Ce projet de fusion après avoir généré la confusion, crée aujourd’hui une grande désillusion au sein des communautés hospitalières. Présentée par l’ARS, comme la seule solution susceptible de résorber les déficits structurels abyssaux de nos hôpitaux, la réorganisation et l’amélioration de l’offre de soins ont été mis, non pas au service des besoins de santé de la population Martiniquaise, mais au service d’une politique de réduction budgétaire néolibérale et mercantile. Cette stratégie de désengagement de l’Etat par le gouvernement, avait pour objectif de ne pas tenir les engagements pris, tant pour la mise en œuvre du Plan Santé Outremer, que pour la revalorisation du coefficient géographique (de vie chère), la réévaluation des Missions d’intérêt général. L’ARS en a été le bras séculier ; volontaires ou contraints, il appartient aux intéressés de répondre. Ceci étant, utilisant la méthode répétitive dite méthode Coué, le directeur général de l’ARS a voulu nous faire oublier qu’il est avant tout, le relais d’une politique menée par un gouvernement formé par un premier ministre et dirigé par un président de la république. Cette politique ne nous a jamais semblé être progressiste, sociale et encore moins aller dans le sens des plus démunis. Sauf à croire qu’à 7000 kms l’on puisse nous faire prendre des cocos pour des abricots. Le représentant du ministre de la santé nous l’a rappelé en juillet 2011 en préfecture de Martinique, en présence du directeur adjoint de l’ARS de la région Martinique, que l’ARS était le représentant en Martinique du Ministère de la santé et qu’en conséquence l’ARS était chargée de mettre en œuvre sa politique. D’ailleurs, comme au bon temps de la FRANCAFRIQUE les conseillers ministériels sont de mise, pour orienter, conseiller les « responsables » locaux (ARS, Directeur préfigurateur et son équipe). Un inspecteur de L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et un conseiller général des hôpitaux sont venus en Martinique, chaque mois, depuis octobre 2011, tous les 15 jours, pour les « accompagner dans la démarche de fusion », histoire de les maintenir dans les rails des directives ministérielles et surtout avaliser toute décision qui pourrait être prise localement. Dans les faits le ministère a eu la main directement sur le terrain et les marges de manœuvre de l’ARS sont inexistantes ! C’est une mise sous tutelle de l’ARS qui a été décidée par le Ministère. Néanmoins nous ne pourrons pas laisser sous silence les répercussions néfastes de ce projet de fusion qui vont bien au-delà du champ de la santé. En effet pour s’attacher à réduire les effectifs à hauteur de 1141 Equivalent Temps Plein et réaliser des économies à hauteur de plus de 58 millions d’euros. L’ARS et son équipe défiguratrice a choisi de ne pas remplacer sur 5 ans, 546 départs à la retraite, soit 100% des départs, pire que SARKOSI et sans tenir des engagements du nouveau Président. De plus l’ARS a prévu, toujours sur ces 5 années de redéployer 485 emplois de l’Hôpital (fonction publique) vers les projets du Médico-social (privé) Maison de retraite 4 EHPAD…ceci sans tenir compte des jeunes en cours de formation dans les filières Médico-sociales et qui obtiendront leur diplôme pour certains dès cette année. Le Directeur de l’ARS s’est même permis de déclarer à des professeurs lors d’une réunion qu’il n’y avait plus de débouché dans ces filières ! Encore une fois les jeunes et l’emploi ont été sacrifiés sur l’autel des réductions budgétaires. Sur le plan de la répartition de l’offre de soins, il était question selon le Directeur de l’ARS de « satisfaire les besoins de la population, assurer la qualité et la sécurité des soins, garantir l’efficacité et l’efficience des structures de soins » . Mais les premiers résultats sont d’une toute autre nature : il n’y aura plus de chirurgie à Trinité à partir du 30 juin 2012, et la promesse de maintenir une chirurgie ambulatoire est mort né, car n’ayant jamais été véritablement envisagée ce n’était qu’un leurre pour faire voter la fusion ! La population du Nord en sera privée d’accès à un service de chirurgie de proximité et devra se déplacer vers la CACEM. Après avoir fermé la Maternité du Lamentin, il était question de performance et d’efficience avec la MFME de Fort de France, aujourd’hui ce sont des délais d’attente interminable, des maladies nosocomiales a qui tu en veux en voilà ! Une population sans informations, qui est trimbalée entre le Lamentin et Fort de France car la chirurgie infantile n’est pas sur le même site. Pendant ce temps, les 6 sage femmes transférées du Lamentin vers Trinité pour un Projet de Centre de Référence Périnatal Pluridisciplinaire de Proximité (CR3P) dans le grand Nord, sont toujours en attente car ce projet n’a jamais vu le jour et elles sont toujours à Trinité sans espoir. Quel gâchis de compétences ! Quel mépris ! Ce qui est le plus dramatique c’est que maintenant il est demandé de transférer 9 sage femmes de Trinité vers la MFME, où il manquerait du personnel : soit +6 en 2010, - 9 en 2012, au résultat la Maternité de Trinité aura perdu 3 sage femme et la population du Nord n’aura jamais eu accès à la prise en charge de la périnatalité promise. Quant au Centre de Référence Périnatal Pluridisciplinaire de Proximité (CR3P) inauguré en grande pompe le 23 Décembre au Marin, il est toujours inopérant, après le tapage médiatique le silence est de mise. La nouvelle Ministre de la santé exige que la population soit au plus à 30 minutes d’un service d’Urgences, à Trinité le projet de SMUR, en gestation depuis des années, conçu pour répondre à cette exigence, n’est toujours pas mis en place. Pire, dégoûtés par le manque de concertation, l’inertie dans la mise en place de ces projets, 4 médecins urgentistes ont décidés de partir sous d’autres cieux. Il faut savoir qu’ils ont du faire face depuis près d’un an et demi au refus du SAMU de Fort de France de former le personnel en vue de la mise en place du SMUR. Toutes les autorités sont au courant y compris le Directeur général de l’ARS, qui a selon lui toute l’autorité sur tout, apparemment sauf sur cette question, malgré toutes ses déclarations grandiloquentes. La population du Nord n’aura pas droit de sitôt à l’accès à un service d’Urgences à moins de 30 minutes et les secours routiers viendront toujours de Fort de France au gré des responsables du SAMU de Fort de France. A Mangot-vulcin, le centre hospitalier du Lamentin, flambant neuf, inauguré en présence du Ministre, n’est guère mieux loti : des urgences en sous effectif, des patients dans les 5 couloirs dont la prise en charge s’éternise, la fermeture des services d’ORL et d’Ophtalmo qui remet en cause l’accès aux services ambulatoires pour la population. A travers ces exemples vous comprendrez plus aisément le désarroi de la communauté hospitalière qui a du mal à comprendre tous ces cafouillages et coup fourrés. Cette nouvelle redistribution de l’offre de soins hospitaliers avec la création d’un grand CHU Martinique est un copier-coller mal agencé des communautés hospitalières de territoire proposées dans le rapport LARCHER ! Il ne s’agit là que d’une réponse à une problématique financière, allant dans le sens de la politique capitaliste et néolibérale de Nicolas SARKOZY dans la santé. La rentabilité d’un projet sanitaire se trouve dans notre capacité à prévenir et protéger la santé de notre population mais aussi à lui garantir un accès équilibré aux soins curatifs. Nous réaffirmons que ces errements sont le fruit de réflexions et de décisions prises sans tenir compte des intérêts fondamentaux de la population Martiniquaise. La réorganisation de l’offre de soins en Martinique, si elle s’avère aujourd’hui nécessaire, doit être préparée et élaborée sur des bases saines qui remettent au centre des débats le Martiniquais dans sa réalité et ses besoins en matière de santé. Les réponses adaptées à nos réalités sociales et économiques et aux besoins sanitaires de notre population nécessitent des méthodes et des critères différents que ceux qui servent actuellement de référence décisionnelle à l’ARS et son équipe défiguratrice dans le cadre de leur fusion. Il nous faut cesser avec ce démounaj qui consiste à traduire, pour ne pas dire singer, au mieux ce que l’autre a concocté pour nous ! Pour ramener la confiance perdue, les décisions prises sans aucune concertation doivent cesser ! Nous réaffirmons, comme nous l’avions déjà fait en le 29 août 2010, que l’innovation apportée par la mise en place en 2008 de la structure Commission de concertation Régionale composée de tous les acteurs de la société Martiniquaise (ARS, Conseil général, Conseil Régional, Communauté d’agglomération, Association des maires, Députés, Hôpitaux, Syndicats, Association de consommateurs) concernés par la problématique de l’élaboration du Projet Martiniquais de Santé publique est le facteur déterminant pour la prise en compte de tous les intérêts martiniquais. Cette structure doit être réactivée elle a été de fait écartée par l’ARS, le ministère voulant décider, à travers l’ARS, des orientations et des décisions en faisant semblant de nous concerter. Dans l’immédiat l’arrêt du processus engagé par l’ARS est indispensable pour faire le point et pouvoir dégager une méthodologie différente, des objectifs orientés vers l’amélioration des inégalités sociales de santé et d’accès aux soins, permettre aux professionnels de santé de travailler dans de meilleures conditions et améliorer les conditions d’accueil de la population dans les établissements de santé. Fort de France le 29 MAI 2012 Pour l’UGTM SANTE , Le secrétaire général Serge ARIBO 6