La TV locale miroir de la ville

Transcription

La TV locale miroir de la ville
GRATUIT N°9
UNE à NÎMES
I Le e -magazine des gens qui aiment leur ville I FE VRIER 2011 I
La TV locale miroir
de la ville ?
Jonathan, un nîmois exilé
à Séville, témoigne
www.uneanimes.com
Le
Su Pe
bi tit
to
La truffe et la crèpe à l'honneur
Daudet aimait-il Nîmes ?
S
O
M
M
A
I
R
E
Télé Miroir devient TV SUD,
Ma télé locale est-elle le miroir de ma ville ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 4/5
La Saint Valentin,
selon Sandra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
Alphonse Daudet aimait-il Nîmes ?
Les éléments de réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7
La truffe et les crèpes à l'honneur avec Fanny et Jean-Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 8/9
Jonathan Veyrunes part vivre à Séville, interview d'un néo-exilé . . . . . . . . . . . . . pages 10/11
Surprenante compagnie de théâtre, le Petit Subito de Doumé . . . . . . . . . . . . . . . pages 12/13
Raphael Lemonnier, un Nîmois dans l'esprit du Jazz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14
Un mois, un mot nîmois...
Counille : adjectif valorisant une jolie jeune
fille à Nîmes.
"Elle est belle comme
counille." D'après Audrey Carbo.
2 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
UNE à NÎMES
Directeur de la publication et rédacteur en chef : Jérôme
Puech. Rédacteurs : Sandra Graziani, Fanny Romieu, JeanLouis Verrier et Le Cosaque. Photographes: Alain Bérard
et la rédaction. Webmaster: Tommy Desimone. Maquette:
Agence Binome. Nous écrire: uneanimeslemag@gmail.
com. Site : www.uneanimes.com. Retrouvez tous les n°.
Mensuel et gratuit. Dépôt légal en cours. Diffusion: 5 000
destinataires mail.
Alexandra Ansidei
L’édito de l’invitée
A
h Nîmes, une ville qui tient une place particulière dans mon
cœur. Elle m'évoque mon 1er tournage, un documentaire
fiction sur la construction du Pont du Gard, « Le Vaisseau du
CARTE D'IDENTITÉ
Alexandra est une
jeune et prometteuse
actrice française.
Son premier rôle
au théâtre était
en 2005 dans "Le
Malade Imaginaire"
de Molière. Elle jouait
Angélique. Au cinéma,
elle a joué entre
autres films dans "99
F" de Jan Kounen et
dans "La différence
c'est que c'est pas
pareil" de Pascal
Laethier.
Gardon » tourné par Robert Pansard Besson dans la région il
SIGNE PARTICULIER
Elle sera sur les
planches ce moisci dans la pièce "le
nombril" de Jean
Anouilh à la Comédie
des Champs Elysées à
Paris, aux côtés entre
autres de Francis
Perrin, Eric Laugérias
et Davy Sardou.
faisant bien les choses, c’est avec une joie non dissimulée
y a dix ans.
C’était au mois d’avril et j’avais été frappée par la beauté des
lieux, l’atmosphère qui s’y dégageait…la cité gardoise avait
une âme et j’y étais particulièrement sensible. Je faisais partie
intégrante du paysage, tout avait été minutieusement préparé
par le réalisateur pour que mon personnage se fonde dans
la nature afin de la révéler. Ces moments volés, cet instant
de vie fugace et intense comme l’est un tournage m’avait
marqué à jamais. Les années passèrent et Nimes était toujours
là quelque part au fond de mon cœur. Et le hasard de la vie
que j’acceptais en 2009 de tourner dans le court-métrage
« EOLIUS » de Cyril Rigon, un enfant du pays. Je découvris la
ville sous un nouveau jour, accueillie dans ce havre de paix
qu'est « La Maison de Sophie », partageant avec les Nimois leur
joie de vivre et leur enthousiasme…le moment fut délicieux et
pour tout vous dire, je n’ai qu’une hâte, y retourner vite…car
quand on aime, on ne se lasse jamais des bonnes choses…
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 3
la Une à Nîmes
La TV locale est-elle le
miroir fidèle de ma ville ?
Le 7 février, Télé Miroir devient TV SUD Camargue Cévennes. Grâce au rachat de 7L TV, la
télé locale de Montpellier, les dirigeants Nîmois réalisent une belle opération. C'est l'occasion
de s'intérroger sur les images relayées par le petit écran. Enquête au coeur de la rédaction et
auprès de ses spectateurs.
"Actualité locale, sports et traditions
sont les trois piliers de TV Miroir
futur TV Sud" indique derrière son
modeste bureau Christophe Musset,
le Président Directeur Général. Et ça
marche ! La chaîne annonce 35000
auditeurs Nîmois par semaine et
dans le contexte média, TV Sud fait
preuve d'exception. Rares sont les
TV locales rentables et pérennes en
France.
Les Nîmois s'expriment
Corentin Carpentier, responsable des
jeunes aficionados Nîmois explique
4 UNEÀNÎMES N°8 I JANVIER 2011
réponse. Par contre, Lalla Berkane
se plaint "d'une télé toro, féria ou
flamenco comme si à Nîmes il y
avait que cela à voir".
Les évolutions à venir
"que les émissions "tendido sud"
et "Noir et blanc" sont à l'image de
l'identité culturelle de la ville avec
son accent et ses couleurs". Même
avis de la Ganaderia "La Paluna"
dont l'appellation est déjà une
Michel Frontère enfonce le clou en
évoquant "une télé ringarde qui
nécessite moins de complaisances
et qui reste à inventer". Justement,
le changement de nom est l'occasion
d'apporter des améliorations. La
chaîne locale réfléchit à renforcer
le talk 18h-20h véritable créneau
porteur de la chaîne.
la Une à Nîmes
Qui regarde TV Miroir ?
La fusion avec 7L TV va tirer TV
sud vers le haut avec un nouveau
plateau (80 000 euros de travaux
sont prévus), une nouvelle identité
visuelle et surtout une audience
grandissante.
1,5 millions d'habitants
désormais couverts
TV Sud joue dans la cour des grands.
L'équipe commerciale composée de
5 personnes va pouvoir trouver des
nouvelles ressources capables de
développer encore davantage ce
média de proximité par excellence.
Les moyens, justement c'est le
leitmotiv d'Alexandre Cussey, le
coordinateur Nîmois de la radio
associative RAJE. Il loue les efforts de
"la chaîne compte tenu des moyens
dont elle dispose". Il écrit en grosses
lettres "APPLAUDISSEMENTS" pour
le résultat. Solidarité de façade
ou vrai compliment adressé à une
chaîne dont il avoue peu regarder ?
Le
profil
du
téléspectateur,
c'est "un homme de 35 à 55
ans qui s'intéresse à la vie locale
et ses traditions". Il est encore
inenvisageable d'aller chercher ses
hordes de jeunes décérébrés qui
regardent "Secret Story" sur Tf1.
Patrick Champ,
chroniqueur foot bénévole
Pour Jacky Tourreau, 65 ans
habitant de Vergèze et amateur de
traditions, "TV Miroir, c'est la Télé
de proximité. Rien à voir avec France
3 Montpellier qui ne passe pas le
Vidourle pour parler de Nîmes et du
Gard". Véritable VRP de la chaîne,
il tente de convaincre les habitants
de son lotissement, 65 maisons,
de s'équiper pour capter la chaîne.
Enfin, il se régale "des commentaires
de Patrick Champ" (en photo) sur
l'actualité du Nîmes Olympique.
Malgré cet aveu, la chaîne se
modernise avec un site Internet
refondé et la création d'une
application Iphone. Christophe
Musset me montre sa tablette
du même fabriquant ventant
les mérites de la petite chaîne
qui monte.
La rédaction de "Une à Nîmes"
trouve
personnellement
très
intéressant que ce média fasse la
promotion positive de Nîmes et de
ses particularismes. TV Miroir est
morte, vive TV Sud et longue vie à
cette télé aux reflets fidèles !
Jérôme Puech n
Les acteurs principaux...
The Boss
Le taurin
Le cool
Le Pujadas
Le camarguais
Christophe Musset est le
PDG de TV Sud. Il est fier
de diriger une télé locale
indépendante. Jeune et
dynamique,ilinsuffleune
vraieénergieaveclacomplicitélégendairedePierre-PaulCastelli,directeur
de l'info, écartelé entre
Nîmes et Montpellier.
Doté d'une culture taurine inouïe, Christophe
Chay est multi-casquettes au sein de la chaîne.
Il anime "Tendido sud"
émission créée en 2005.
Il présente l'émission
"Croco hebdo" dédiée
au Nîmes Olympique. Il
présente en alternance
les journaux du soir et
réalise des reportages
d'actu. Ouf !
Nicolas Pinchinot est
le journaliste reporter
d'images. Depuis 10 ans
à la chaîne, il est très
sympa. Passionné des
fêtes de village et de ses
apéros interminables. Il
développeàtitrepersonneluneactivitéartistique
étonnante. Il bosse en
étroitecollaborationavec
GuillaumeVueTrouillet,le
réalisateur.
Tout droit débarqué de
Montpellier,ilamèneune
fraîcheuretunprofessionnalismeremarquables.Le
rédacteur en chef trouve
"Nîmes et les Nîmois
très abordables dans ses
contacts même s'il se
passe moins de choses
qu'à Montpellier".
Sa carte de visite
indique "responsable
de la communication et
partenariats"maisPatrick
Mallet se fait connaître
pour l'animation de
l'émission consacrée à la
bouvine.Trèsàl'écoutede
ses interlocuteurs, il n'en
restepasmoinsunfarceur
capable de coller les
nouveaux auto-collants
partout !
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 5
Chico Bohème by Sandra
Osez
La St Valentin !
intjet de la Sa
u
s
u
d
e
n
On s’éloig
. Ben pas
proche
direz vous
p
e
a
m
n
,
o
l’
in
t
e
n
u
sq
raiment
Vale
lentin,
ourquoi, dè
car c’est v
a
,
a
-V
ç
t
in
e
a
u
ire
S
q
de la
tant
it
l’on sent fa
fa
e
u
e
de la date
q
s
r
s
e
s
ri
v
re
de st
le 14 fé
n autre…
une vague
es?…Ils
clan ou d’u
ir
a
n
t
a
’u
b
d
li
é
ie
c
rt
r, tout
pa
hez les
ernés,
e l’amou
c
d
n
o
c
e
ressentir c
t
ir
t
fê
n
pas
e
Une
t pas se s
’aurait-elle
nt le
n
e
rl
a
,
p
t
n
n
ne devraien
e
e
i
m
u
s?
simple
c’est eux q
e,
e personne
t
d
fê
s
lu
e
t
p
t
e
e
c
et au final
lé
nt
rassemb
’amour à
en dénigra
ellement d
soirées
t
s
s
e
n
plus ! Soit
d
o
v
t
a
n
s
a
ndons
Nou
gramm
a
e nous en re
n
s
u
o
soit en pro pour célibataires. Ç
n
t
e
fêter
mpte !!
ntin
.Rappelezme pas co
Saint-Vale
ê
i…
m
o
u
q
e
rt
mpo
uple.
devient n’i
tiez en co
é
s
u
où l’on
o
v
d
journée
e
a
n
vous quan
U
y
l
dire
’i
rtaine qu
pourrait
s
Je suis ce
e
t
ê
ans
vous vous
ns gêne, s
a
s
des fois,
otre
autres
uprès de v
tabou, aux
endormi a
e
u
q
r
aime!
s pense
qu’on les
moitié san
,
in
t
irait :
aint-Valen
ù l’on se d
O
c’était la S
e
ui
sachant qu
t aujourd’h
s
n
e
’e
C
n
"
ie
b
u
o
is oser
14 février,
que je va
l’on était le
t
n
a
’est la
n’attend
rce-que c
a
p
mais en
e
l’amour,
spécial d
journée de
rien de
ai moins
e.
me sentir
je
cette soiré
e
u
q
’est pas
et
claration n
-elle là
é
t
d
s
e
a
m
in
i
ut
t
s
n
bête
aint-Vale
on s’en fo
u’ils
is
q
u
p
s
e
t
ir
E
a
t
Alors la S
"
a
b
suivie…
e à notre
ler aux céli
et donc
pas de suit
s
it
e
a
pour rappe
ir
a
’y
t
n
a
l
b
’i
li
portant
qu
ent cé
e plus im
atouts
L
x
!
u
n
a
sont vraim
io
t
s
è
ra
c
la
n aime
déc
t pas ac
ie de
x gens qu’o
v
u
a
e
t
e
t
ir
e
qu’ils n’on
d
C
e
…
d
rte si
c’est
e couple?
ont
t peu impo
d
e
,
e
is
a
im
m
a
d’une vie d
s
,
e
le!
qu’on le
t convoité
sent ridicu
heurts,
e
rs
s
ie
couple tan
n
o
m
l’
re
p
dès les
rès
on s’enfuit
se et que t
s
e
it? Il
c
n
io
s
s
pa
ut s’arrêta
t-ce
o
s
t
’e
N
in
a
!
e
dès que la
m
ll
e
a
ts!
t
Et si d
e
utine s’ins
ur les regre
in
o
t
p
u
rd
ro
a
t
e
t
p
t
vite la ro
ce
t vos
serait tro
ptation de
simplemen
ouples
c
s
s
e
le
it
pas l’acce
d
e
u
q
« je
rs
Alo
ent, fait
lançant un
ette
C
n
e
?
,
s
le
t
p
qui, justem
n
u
e
o
i la
c
sentim
importe s
core en
ite
s
u
s
e
u
p
ré
t
e
la
,
soient en
»
es
lle
t’aime
r
n serait-e
ous le dit
e
v
io
t
t
i
p
a
e
u
t
c
q
p
c
e
A
c
à
c
a
re ?
ntin ou
personne
tion qui du
otre Vale
v
s
d’une rela
a
!
p
é
t
n’es
d’être aim
ntine!
d’aimer et
votre Vale
P
"Le plus
important, c'es
t
dire aux gens
qu'on les aime"
6 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
Dans le Rétro
Alphonse Daudet
aimait-il Nîmes ?
Le célèbre écrivain Nîmois a noué peu de liens avec sa ville
natale. Enquête dans sa vie et ses oeuvres.
Un immense écrivain
N
é à Nîmes le 13 mai 1840, l’écrivain Alphonse Daudet a
marqué l’histoire de la littérature française. Selon une
enquête, il ferait parti des 10 écrivains les plus cités
lorsque l’on demande aux Français quelles sont leurs références. « Le Petit Chose », « Les lettres de mon moulin » et
surtout le fameux « Tartarin de Tarascon » ont gravé à jamais
le patrimoine culturel Français. A Nîmes, un lycée et un boulevard portent son nom. Une statue située place de la Couronne rend hommage au poète et au conteur. Pourtant, si
l’on regarde de près les œuvres de cet écrivain Nîmois, il y a
peu de traces de sa ville natale. Et puis mort le 16 décembre
1897 à Paris, il a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise
et non ici. Alors Daudet aimait-il Nîmes ?
Sa maison natale Bd Gambetta
G
eorges Mathon, historien
du site www.nemausensis.
com, donne sa version des
faits ainsi: « Les sentiments
d'Alphonse Daudet vis-à-vis
de sa ville natale ont très
certainement été forgés par la
rancœur de son père marqué
par son échec professionnel
à Nîmes ». Il accusera la
révolution de 1848, d'être
responsable de son échec,
et probablement Nîmes avec
ses industriels, commerçants,
banquiers, juifs et protestants
"républicains", qui faisaient la
pluie et le beau temps dans
cette ville.
Après 1848, la famille Daudet,
royaliste
légitimiste
et
catholique, n'était vraiment
plus en osmose dans la ville
aux sept collines. Les idées
politiques et religieuses du père
marqueront profondément ses
descendants. Ils afficheront
presque tous des convictions
très proches de l'extrême
droite et cela jusqu'à la période
la plus noire de notre pays,
l'occupation sous la Seconde
Guerre mondiale.
Quant à ses origines nîmoises,
dans « Le Petit Chose », il
reste très discret sur le nom
La statue de Daudet place de la Couronne
L'influence familiale
de la ville natale, en voici un
extrait, c'est un roman, mais la
trame de l'histoire est calquée
sur sa propre vie : "Je suis né
le 13 mai 18..., dans une ville
du Languedoc, où l'on trouve,
comme dans toutes les villes
du Midi, beaucoup de soleil,
pas mal de poussière, un
couvent de Carmélites et deux
ou trois monuments romains."
Il évoque essentiellement dans
ce livre sa vie et son passé
de maître d’étude au collège
d’Alès.
Il est également vrai que ses
œuvres littéraires ne prennent
pas racine dans sa ville natale.
Pire, « Le Tartarin de Tarascon
» se déroule dans un village
outre Rhône. « Les lettres de
mon Moulin » témoignent du
passage bref - moins d’un an
- à Fontvieille dans un moulin
que Daudet n’a jamais habité.
Alphonse Daudet n’aimait
pas Nîmes. Du moins l’on
peut regretter qu’il se soit
si peu inspiré de Nîmes pour
écrire ses superbes oeuvres.
L’écrivain a connu Nîmes de
façon très brève lors de son
enfance. Il quitte Nîmes à 8
ans pour se rendre avec sa
famille à Lyon. Plus tard, il
sera le porteur d’une vision
parisienne de la Provence
avec ses séjours répétés loin
de sa ville de naissance. Peuton lui en vouloir de bouder à
ce point notre cité? A vous
d’apprécier.
Jérôme Puech n
Avec la contribution du site :
www.nemausensis.com
Retrouveztoutel’histoiredelaville
de Nîmes.
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 7
Plaisirs d'Epicure
La truffe à
l'odeur
Bruno Dupuys, un des organisateurs
Nîmes accueillera un salon de la truffe le week end du 5 et 6 février sur la
place d'Assas. Une occasion rare de découvrir ce véritable or noir de table.
T
out à Nîmes est prétexte à deviser, boire, manger…. Est-ce un
hasard que pour la 6ème année consécutive, à quelques pas
des jardins de la fontaine, se déroulera sur la place d’Assas le
plus attendu des marchés hivernal : le Week end de la truffe.
Avec plus de 2000 visiteurs l’an dernier il rassemble les producteurs
et gourmands des produits identitaires à notre terroir et devient
un moment incontournable à tous gourmets qui se respectent. Les
pionniers de cet événement sont Michel TOURNAYRE président du
syndicat des truffiers mais également producteur de truffes sur Uzès,
Bruno et Josy Dupuys amoureux de la truffe et des plaisirs de la table,
tout trois désireux de remettre les produits naturels et de qualité dans
les assiettes des Nîmois voir même des Gardois.
Un produit rare et d'excellence
La truffe c’est d’abord un produit rare et d’excellence qui s’apparente à
une sorte d’or noir. Ce champignon est d’une insolente frustration, car
il est capricieux et sait se faire désirer; il lui faut une terre de Garrigues,
des chênes ou des oliviers et surtout un temps froid. Sa période de
prédilection pour pointer le bout de son nez c’est entre décembre et
février. Mais pas besoin de vous emmitoufler et d’ harponner votre
plus beau bâton de chercheur de champignons, venez plutôt place
d’Assas. Au menu de ces 2 journées de découvertes dédiées au plus
mystérieux des champignons, vous pourrez déguster, inhaler, savourer
et découvrir les produits de nos producteurs locaux. Vous pourrez
flâner au gré de votre odorat autour des 20 stands de ces fabricants
du plaisir au naturel ; Ils vous serviront huile d’olive, tapenade, huitres,
miel, pains artisanaux, escargots, fromage de chèvres, charcuterie de
8 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
taureau….pour le plus pur plaisir de vos papilles. Et si l’envie vous
viens de nuancer toutes ces merveilles culinaires ,le domaine Floutier
et la cave La Vinothèque (Domaine le Campuget et le Domaine de
Chusclan) vous proposeront avec modération leurs meilleurs crus !!
Un horticulteur spécialisé dans les plants des arbres truffiers sera
également présent pour vous expliquer tous les secrets de la culture
de la truffe.
Une démonstration pour trouver des truffes
Lors de ce week end, en plat principal vous aurez bien évidemment
la truffe avec pour accompagnement le samedi et le dimanche une
démonstration de CAVAGE au chien, et cela toutes les deux heures
sur la place d’Assas.
Cette valorisation des produits de notre terroir, s’est fait également
grâce au partenariat établi entre la Chambre d’Agriculture et le Réseau
Bienvenue à la Ferme. Vous y trouverez un espace restauration «
sur le pouce » afin de déguster des saucisses de canard fabriquées
par le Canard Gras. Les différents établissements partenaires de cet
événement le Napoléon, l’Imprévu, le 5 Paul ainsi que le Royal Hôtel
vous proposeront une restauration autour de la truffe (pensez à
réserver). Sans oublier bien sur l’inauguration prévue le samedi soir à
partir de 18h au milieu des stands agrémenter d’une Pena qui donnera
le ton …. Un avant goût de feria peut être !
Fanny Romieu n
Plaisirs de bouche
Aux origines, la Chandeleur
O
n se remet juste des fêtes de fin d’année, suivies des galettes des rois que voilà la Chandeleur ce mardi 2 février.
Votre balance vous fait toujours la gueule ? Cet article est
fait pour vous.
La Chandeleur pour tout le monde cela signifie d’abord manger
des crêpes mais qui en connait vraiment l’origine ? Ben moi,
sinon je n’écrirais pas cet article. Comme un peu de culture ne
nuit pas, je vais donc vous l’expliquer.
la chandelle dans le bénitier pour la bénir, ça casse un peu l’effet). Elles représentent la lumière pour éloigner le malin, les
orages, la mort, etc… et invoquer les bons présages, veiller
sur les semences d'hiver qui produiront les bonnes moissons
de l'été prochain. La crêpe elle-même évoque le disque solaire, ainsi que les offrandes alimentaires. La Chandeleur marque
l'ouverture de la période de Carnaval. C'est en même temps,
un signe de renaissance, de promesse d'avenir.
Le mot "Chandeleur" vient précisément de candela «chandelle», reprise dans l'expression Festa candelarum, fête des
chandelles. Oui c’est du latin, Chandeleur n’a rien à voir avec
un personnage de la série américaine « Friends ».
L’histoire :
A l'époque romaine, on fêtait à cette date, vers le 15 février,
le dieu de la fécondité Lupercus au cours des Lupercales, Lupercalia, jours de la fertilité, car c'était le début de la saison
des amours chez les oiseaux.
A la naissance de Jésus, Marie se sait simple mère et elle
est juive. Elle se conforme donc tout simplement à la loi de
Moïse, car selon les rites hébraïques, la mère doit se présenter au temple avec son enfant nouveau-né 40 jours après sa
naissance. (Soit 24 décembre + 40 jours = 2 février) On fait
le sacrifice de tourterelles ou de petits pigeons. C’est un peu
moins la fête pour les oiseaux…
Le Pape à l'origine de tout
L'église avait entrepris dès la fin de l'empire romain de remplacer les rites païens par des fêtes religieuses. Gélase Ier au
5ème siècle remplaça donc le vieux rite païen des lupercales par une fête religieuse, la fête de la Chandeleur, où l'on
commémore 40 jours après Noël un rite…hébraïque. Parfois
l’église s’emmêle les pinceaux et mélange un peu tout mais
bon, ça reste convivial.
La crêpe est censée exorciser la misère et le dénuement, car
elle est composée de farine, aliment de base à l’époque. Il faut
pour cela garder la première crêpe qui sera, tout au long de
l'année, jusqu'à la Chandeleur suivante, garante de la prospérité. Cette crêpe que l'on ne mange pas est la survivance du
rite de l'offrande. On mettait parfois un "louis d'or" dans la
crêpe. Je dis bien « parfois », encore faut-il avoir un louis d’or.
Et puis je ne vous promets pas qu’un an plus tard la crêpe soit
toujours en bon état.
Dans les églises, les torches sont remplacées par des chandelles bénies que l'on conserve allumées (surtout ne pas tremper
Jean-Louis Verrier n
La recette qui tue
Je ne vais pas vous faire l’insulte de vous donner une
recette pour faire des crêpes. Il n’y a pas plus simple du
moment que l’on prend de bons aliments. L’important est
de savoir ce que l’on va mettre dessus. Tout le monde
sait maintenant qu’à Nîmes, la meilleure crêpe que l’on
puisse manger c’est à La Sarrazine, rue Ste-Eugénie. Je
vous conseille la « Caramel Beurre salé »
Le Dicton : Si tu manges trop de crêpes à la Chandeleur,
ne monte pas sur la balance ou elle meurt…
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 9
Les Nîmoiseries du monde
Fiesta campera à Albareal à Séville
Une rubrique pour les nîmois
loin de leur terre natale
Chaque mois, Une à Nîmes donne
la parole à un de nos concitoyens
expatriés plus ou moins loin de sa
Tour Magne natale. Tous nous ont,
jusqu’à présent, conté des mondes
forts différents de notre cité des
Antonins. Alors après Strasbourg
l’européenne, Montpellier la rivale
et New-York la ville-monde,
nous nous rapprochons
« culturellement » de Nîmes
en posant nos bagages à Séville.
10 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
Jonathan
un nîmois exilé
à Séville !
Matador de Toros, le jeune Nîmois veut épouser un mode de vie et vivre à l'Andalouse.
Plus précisément
chez le torero
Jonathan VEYRUNES
qui s’installe « pour
de bon » ce mois-ci
en Andalousie, mais
certainement pas
en terre inconnue,
car il s’y entraîne
régulièrement.
Tauromachie,
flamenco, football,
identité méridoniale,
autant de traits qui
devrait permettre
à notre invité du mois,
de nous faire part
de la familiarité
qui unit les deux
villes… ou pas ?
Les Nîmoiseries du Monde
L' I N T E R V I E W À D I S TA N C E . . .
Bonjour Jonathan, alors Séville
et Nîmes même combat ?
(tauromachie, féria, religion,
football, mais aussi des
différences, géographiques,
influences culturelles, dimension
démographique)
à la ville tout au long de
la semaine une vie et une
ambiance à chaque coin de
rue. Comme dit la chanson
« Sevilla tiene un color
especial !! ».
En arrivant en Andalousie, Séville
parait ressembler à Nîmes, avec
son climat chaud, son soleil, ses
petites rues du centre historique.
La tauromachie y est tout aussi
présente, si ce n’est plus. Séville
vit, comme Nîmes, au rythme des
férias, avec, dans chaque bar des
centaines de photos taurines,
sans oublier les « tertulias » sans
fin entre aficionados qui peuvent
rappeler l’ambiance du 421 les
soirs de féria.
C’est une région qui vit
au rythme du toros, du
campo, du cheval. En tant
que professionnel c’est un
cadre idéal pour s’entraîner
et rencontrer d’autres
professionnels.
Mais culturellement, quand Nîmes
est marquée par la laïcité née du
clivage protestant-catholique,
Séville se drape dans la religion,
avec une église dans chaque
quartier et bien sur la fameuse
semaine sainte qui multiplie la
population par deux. Plus encore
que la féria.
L’opposition n’y est donc pas
religieuse, elle est sportive. La
passion du football est palpable
dans toute la ville chaque soir de
match. Et quand Nîmes supporte de
toute son âme le Nîmes Olympique,
les sévillans s’opposent entre d’un
coté les « sevillistas » et de l’autre
les « beticos ».
On dit souvent que les nîmois sont
réboussiers, mais existe-t-il un
terme équivalent pour qualifier les
andalous? (état d’esprit, tout çà,
les points communs, mais aussi les
différences taille, ambiance)
Les andalous ont une très forte
identité. L’Andalousie est presque
un pays à part entière avec une
culture très marquée. Les sévillans
sont pleins de vie, avec pour
coutume de souvent se réunir
entre amis pour discuter (fort)
autour de quelques tapas et
cervezas bien fraîche, ce qui donne
Bon évidemment à Séville,
il y a la Maestranza qu’on
retrouve forcément avec
nos arènes, mais existet-il d’autres hauts-lieux,
ou quelques spécialités
qui pourraient te rappeler
Nîmes ? Une Tour Magne,
une « Grande Bourse »,
un festival musical, une
brandade ?
Il y a beaucoup de lieux
mythiques à Séville… Evidemment
la maestranza dans laquelle je rêve
de toréer un jour : c’est le temple
de la tauromachie.
Les petites rues du barrio Santa
Cruz ressemblent vraiment aux
rues de notre Ecusson.
Coté ambiance il y a
l’incontournable calle betiz, qui
nous rappelle la fameuse rue
Fresque nîmoise, avec ses bars
à tapas et ses « tablao » où l’on
s’enivre au son du flamenco.
Et bien sur à ne pas oublier la
magnifique feria d’avril, la semaine
sainte et tous les 2 ans la biennalle
de flamenco à laquelle participent
les plus grands noms.
A Séville, ce que je préfère
gastronomiquement parlant c’est
leur fameux salmolejo (sorte de
Corrida d'alternative à Nîmes
gaspacho amélioré avec des œufs
et du pains) et bien sur le pata
negra et le chorizo « iberico ».
Au final, tu préfères Nîmes ou
Séville ? Ou prendras-tu ta retraite ?
La question est difficile. Je partage
ma vie depuis plus de 10 ans
entre ces deux villes. Je reste très
attaché à Nîmes car j’ai mes amis,
ma famille, mais Séville reste une
ville où il fait bon vivre, et qui en
tant que torero est une destination
nécessaire à mon évolution.
Je ne peux choisir entre ces
deux villes car elles sont
complémentaires pour moi dans
l’équilibre de ma vie.
Nîmes reste ma ville de naissance
et Séville à jamais ma ville
d’adoption !
Propos recueillis par le Cosaque n
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 11
Reg' Arts
Lever de rideau
sur le "Petit
Subito"
12 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
Reg' Arts
L
e lieu ne paye pas de mine mais les mines ressortent
le plus souvent réjouies d’avoir passé un moment
dans ce surprenant théâtre de la compagnie du « Petit
Subito ».
A la vue de cette grille métallique fatiguée ou du
rideau de fer en face du Prôlé, on s’interroge. « Le
petit Subito » se situe vraisemblablement dans un
ancien petit commerce de la rue Jean Reboul. Ce
poète français vécut dans une bâtisse au dessus
de cet espace. Il reçut la visite de Chateaubriand et
de Lamartine. Justement les deux piliers du théâtre
associatif s’appuient sur la passion de la littérature
de ses acteurs et leur goût de mêler des expressions
différentes. Reportage sur une compagnie originale
avec l’aide de l’ouvreuse de l’instant Dominique Roger,
plus connue sous le sobriquet de « Doumé ».
programmées dont certaines ont osé franchir les murs
pour s’exprimer dans d’autres lieux comme l’Odéon
ou la salle de théâtre de Neruda. Le petit Subito se
qualifie alors. « Un laboratoire ? » Dis-je. Réponse : «
Oui mais en moins froid » explique Doumé. Elle sourit.
Il y en a dans les laboratoires. Elle cherche encore les
mots pour le définir. « J’en ai un kilo ».
La mise en scène
Moins obsédé par l’idée de produire un spectacle,
un résultat, un attendu, l’esprit de la meneuse
semble indiquer un vrai plaisir à prendre des chemins
artistiques. « Le grand citron » en octobre 2010 était
un théâtre chantant et chanté qui représentait un
exemple révélateur de la mise en scène de Doumé. « Le
spectacle a réuni un propos et une forme dont il est né
quelque chose ». Généralement, on peut jouer jusqu’à 8
L'icône Nîmoise de Raphael Lemonnier
personnes sur la petite scène noire du fond. 45 places
revendiquées permettent finalement «
Raphael Lemonnier, pianiste de Jazz
une petitesse qui crée une proximité.
surdoué, dit de « Doumé » qu’elle est
"Rendre la verticalité Le spectateur palpite avec nous malgré
La Nîmoise qui représente le mieux
la distance du jeu » explique le regard
aux gens qui se
sa ville. Il a mis ses pas de velours
dans le vague DR. «Chaque salle a sa
sur ceux des deux protagonistes des
couleur d’expression» indique-t-elle.
courbent"
lieux : Doumé et Henry Le Ny, un
Doumé privilégie des spectacles où
espagnol breton « à ne pas confondre
chacun rencontre ses propres limites
avec un épagneul breton » prévient
sans perdre ses inhibitions car il ne faudrait « qu’ils
mon interlocutrice espiègle. Raphael a été invité à ressortent tout lisse ». Rien n’est imposé. Le lieu est
participer à ses soirées improbables où les rencontres un prétexte pour créer une esthétique.
artistiques font naître un truc.
Du décor au public très proche
Plantons le décor d’abord : Le petit Subito est une
toute petite compagnie associative de 80 adhérents.
900 personnes par an passent la porte pour venir
poser leur nature curieuse. « Pas un public de vieux
ou de profs » explique goguenarde la responsable. Un
public éclectique, quelque fois jeune frôlant la trentaine
finissante (tiens comme moi), aimant avec passion
la littérature et venant de Nîmes et ses alentours.
La compagnie vit d’aides publiques et de recettes
nocturnes. Elle accueille des personnes à réinsérer
dans le but « de rendre la verticalité aux gens qui se
courbent ». Le petit Subito s’est fait connaitre par
ses moments fédérateurs avec des Chris Gonzales,
Marc Simon, Pépé Martinez de Zaragraph’ et des
références à Christian Liger, l’auteur de « Nîmes sans
Visa » ou à René Pons et ses beaux textes. Il n’y a
pas de programmation. Seulement des créations non
Là où il y a des volontés artistiques...
A la fin de l’entretien, j’entrevois la lumière de fin de
journée qui réunit ces deux personnages Nîmois que
sont Doumé et Raphael. Ils partagent tous deux le goût
de créer à partir de l’existant : les décors simples, les
gens, les moments, les inspirations, les dons et les
savoir-faire artistiques locaux. Un peu à l’image des
ces magiciens de la cuisine quotidienne transformant
ce qui reste dans votre frigo en un repas succulent
et si convivial. Je touche du doigt l’expression d’un
humanisme artistique, sincère et réel.
Là où il y a des volontés artistiques, Doumé sait
trouver un chemin. Qu’importe sa qualité ou son but,
il y a un chemin qui transporte le public grâce à celles
et ceux qui se produisent sur cette scène soudaine.
Subito, en Italien.
Jérôme Puech n
UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011 13
Rencontre nîmoise
R aphael
Lemmonier
Un espr it JAZZ
LE PETIT QUESTIONNAIRE
Por t rait c roq ué p ar Jérôme Pue c h
UNE NÎMOISE
« Doumé du petit théâtre du Subito. C’est une
vraie famille Nîmoise
qui tente de faire bouger les choses ».
UN ÉVÉNEMENT
« Le festival de Flamenco car on retrouve une
âme. Une âme qui se
perd dans la féria. Une
âme de Nîmes prennant
forme dans chaque
édition du festival ».
UN LIEU
« L’été lorsque la lumière du jour commence à
tomber sur la place de
la Calade (en face du
théâtre). Merveilleux
apéros qui ne se terminent jamais »
R
aphael s’impose par sa discrétion, sa simplicité
et son humilité. Nîmes, respire dans chacun
des souffles qui rythment les réponses à
mes questions. Justement le rythme, c’est toute
l’histoire de sa vie. Et le rythme du jazz parce que
c’est « la possibilité d’improviser, de swinguer et de
communiquer avec les musiciens et le public » explique
Raph’ sur la terrasse inondée de rayons de soleil d’hiver
de la petite bourse à l’heure du déjeuner.
La rencontre avec Guy Labory
Faire l’interview d’un personnage vivant de sa passion
éveille ma curiosité. Elle l’aiguise à souhait. Je veux
tout savoir. Alors le jazzman Nîmoise débute son
propos en cherchant au plus loin les racines de son
engouement : « vers 10/11 ans j’écoutais les disques
de Jazz chez mes parents. Le plus banalement du
monde, je jouais du piano en tentant d’imiter ce que
mes oreilles entendaient ». Par la suite le petit Raphael
prend des cours particulier de physique à la demande
de ses parents bienveillants. Son professeur est le
contrebassiste de Guy Labory*. De cours de physique
en écoutes de musiques, le professeur a entrainé le
jeune Lemonnier sur les premières notes de sa passion.
Il lui présente la référence du jazz à Nîmes. Guy Labory
décide de le prendre dans son Big Band. « Imagine le
truc on faisait la première partie de « Kid créole and the
Coconut’s » à la foire expo derrière les ponts. J’avais
un trac terrible. » Les parents de Raphael pourraient
réclamer le remboursement des cours de physique. Il
n’a étudié que l’alchimie des notes d’une musique de
« zazous » qui l’emporte jusqu’à la Nouvelle Orléans
pour une tournée en 1992.
Raphael monte à Bordeaux pour faire son école de
commerce. Là aussi il fait des rencontres prétextes
à jouer du jazz. Son premier job fait rêver les esprits
masculins les plus éveillés : il vend de la lingerie
féminine pour DIM durant huit ans. Invité à quitter la
dentelle, il décide de partir pour la bagatelle à New
York, la ville de tous les possibles. Il traîne ses rêves
dans les boîtes de jazz. « Un peu parti un peu naze…
» se lance dans mon esprit vagabond. Des rêves
deviennent réalité : la rencontre avec Jaki Byard,
pianiste de Charlie Mingus. « Il lui dédie son premier
album enregistré en 1997 dans la Big Apple » nous
apprend son site animé**.
14 UNEÀNÎMES N°9 I FEVRIER 2011
Un profond attachement à ses racines
Le fil conducteur de son parcours est sans nul doute
son attachement à la ville de Nîmes. L’habitant de la
Placette ne cesse de revenir sur ses terres comme
s’il voulait lui rendre toute sa reconnaissance. 2001,
l’odyssée de sa vie croise celle du fameux Chris
Gonzales. Ils remettent au goût du jour la danse et
le bal élégant. En 2005, il travaille avec Doumé du
théâtre du Subito (rue Jean Reboul) sur un spectacle
intitulé « tragiques et ribambelles ». Doumé est pour
Raph’ « la figure Nîmoise par excellence ». Inspiré
par le flamenco, il collabore à l’album de « Dame la
Mano ». Enfin en 2007, il compose la musique d’un
spectacle qui rend hommage aux écritures de Jean
Carrière, l’un des deux Goncourt Nîmois. L’illustre
père de son ami.
Le portrait ne peut éviter la question de son actualité
récente. Il y a les va et viens avec New York et ses amis
musiciens qui lui rappellent le bonheur d’avoir joué
dans les arènes de Nîmes avec Miles Davis ou Keith
Jarrett. Et puis il y a ses « entre deux albums ». « This
one for Dinah » sorti en mars 2009 que « tu trouves
chez Jean-Marie à 340 MS » et celui qui devrait sortir
à l’automne. Il donnera d’ailleurs un avant goût de
l’album le 23 juillet prochain dans le festival de Junas
(Gard) avec sa fidèle partenaire du moment, China
Moses, la fille de Dee Dee Bridgewater.
Au même titre que les militants de Jazz 70, Raphael
est un héritier de Guy Labory. Comme eux, il cultive
la nostalgie de la grande épopée du jazz aux arènes
alors que le jeune débutant donnait la main aux loges
des artistes. Sa ville, il l’aime. Les Nîmois, il les aime
d’autant qu’ils lui ont donné le feu sacrée du jazz.
Il porte un regard critique sur sa terre nourricière.
Par exemple, il ne goûte pas ces nouveaux espaces
urbains sans âme, « sans vies ». Enfin, il partage la
nécessité d’un centre ville animé, un centre ville où
les passionnés de jazz pourraient se retrouver dans
un lieu privée à écouter ces talents trop discrets. Qui
saura capter cet esprit dans un espace dédié ?
*Saxophoniste Nîmois talentueux, Guy Labory a crée le jazz club de
Nîmes et surtout un festival de jazz entre 1976 et 1988 dans les
arènes de Nîmes.
** www.raphael-lemonnier.com