Table Ronde — Parcours de docteurs dans la fonction publique

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Table Ronde — Parcours de docteurs dans la fonction publique
La question du devenir des docteurs, au vu de la diversification des débouchés, est dorénavant une véritable responsabilité pour les dirigeants d’établissement. Le compte-rendu des enquêtes de suivi de l’insertion professionnelle des docteurs, mises
en place depuis 3 ans sur le site Lyon-Saint Etienne en témoigne : 75% des interrogés étaient en emploi hors post-doc (11%
en recherche d’emploi), pour un salaire médian de 2100 euros.
L’Université de Lyon a développé de nombreux dispositifs pour
l’appui à l’insertion professionnelle : modules, rencontres, ateliers de soutien à l’embauche, révélateur de compétences, etc.
La journée pour l’Emploi des Docteurs, ouverte par Eric Bordas,
vice-président des études à l’ENS de Lyon et Christelle Goutaudier, présidente du Collège doctoral de l’Université de Lyon, s’inscrit dans cette dynamique.
Table Ronde — Parcours de docteurs
dans la fonction privée
Avec J. GUIBOURDENCHE , post-doctorant à l’Université de
Technologie de Troyes (Dr. en psychologie sociale et du travail),
B. HERTZ, bibliothécaire et musicologue au sein de l’essemble
des Talents Lyriques (Dr. En musicologie), D. MORAS, présidente de l’association Art’Age et Alchim’aide proposant de nouvelles formes d’accompagnement du vieillissement (Dr en Anthropologie et Sociologie).
« Il s’agit ici de faire attention aux détails, tout ce qu’il y a
autour de la thèse […]. Ces détails transparaissaient dans mon
CV, lors de mon entretien. » (B. Hertz). Car la constitution
d’un réseau, par le montage du projet et la vie associative
au cours du doctorat reste la clé de l’après-doctorat. Les
emplois, parfois menés en parallèle du doctorat pour pouvoir en
vivre en l’absence de financement, peuvent tout autant s’inscrire
dans une stratégie de valorisation de ses compétences.
Cet investissement reste principalement fait à destination de
la communauté de recherche à laquelle ils appartiennent respectivement : « Ce sont des temps réels de discussion avec des
employeurs potentiels ». Ce sont autant d’expériences diverses, parfois sans lien direct avec l’écriture de la thèse, qui viennent
transformer la recherche menée.
Les intervenants ont pu rappeler les multiples compétences
dont disposent les docteurs et parmi les plus valorisées par les
recruteurs : sens de la rigueur, mobilisation, capacité d’achèvement, mais aussi humilité (face au sujet), capacité de décision. L’hyperspécialisation de ces docteurs a été pour eux
un atout, à condition de savoir jouer d’une représentation inquiétante pour les employeurs qui est celle du BAC+8. Un enjeu
est donc de pouvoir proposer une double lecture des ces compétences que l’on ne nomme pas de la même façon en tant que jeune docteur et en milieu professionnel.
Table Ronde — Parcours de docteurs
dans la fonction publique
Avec J. BELLETANTE, conservateur territorial et directeur de la bibliothèque municipale de Vienne (Dr. en
Science politique), M. FAURE, directrice de « La grande
traversée des Alpes » (Dr. en Anthropologie et Sociologie), N. PAYRAUD, conservateur du patrimoine à l’Institut national du patrimoine (Dr. en Histoire)
Parmi les conseils donnés aux doctorants, N. Payraud a
insisté sur l’importance d’utiliser Internet, dès la première année de doctorat, afin de faire connaître son sujet
de thèse et améliorer sa visibilité de jeune chercheur.
Les candidatures à la qualification ou aux concours
de la fonction publique (administration, enseignement
supérieur et recherche, culture…) doivent être cohérentes avec le projet professionnel. Les intervenants encouragent à passer les concours pendant le doctorat,
sans attendre d’avoir soutenu. Lors de l’entretien, la
thèse ne doit pas en devenir le sujet principal, l’enjeu est de
valoriser les compétences acquises. C’est le cas par exemple
de la gestion de projet : l’expérience de thèse démontre la
capacité à faire preuve d’une grande autonomie et mener un
projet de bout en bout avec un objectif unique fixe.
Des domaines de compétences apparaissent de
plus en plus incontournables dans la fonction publique, et doivent être anticipés par les futurs docteurs en recherche d’emploi pour pouvoir se démarquer en entretien :
une bonne connaissance du fonctionnement des finances publiques, une communication efficace et
constructive.
Conférence — Améliorer sa visibilité de
jeune chercheur
Animée par Evelyne JARDIN, formatrice aux usages du
numérique
La conférence a permis un retour sur l’usage des outils
numériques dans les activités des doctorants, pour la diffusion des publications, et l’ « E-réputation ». Dans ce panorama des outils utiles, à retenir les extensions de Firefox, les
flux rss, et les outils de bibliographies partagées qui permettent
d’alimenter une veille sur ses propres domaines d’expertise,
tout en se rendant visible. L’e-réputation suppose de pouvoir
mettre des alertes sur son nom pour vérifier ce que le net
diffuse, de mesurer son impact par des outils de
« scoring » (plateformes Youseemii ou Klout).
Les outils numériques transforment également la
façon de faire des cours, par l’intégration du multimédia en
classe et par une approche plus participative, à l’exemple
de Slideshare, réseau social de partages de diaporamas, ou de
divers blogs de partage des travaux de ses étudiants.
Table Ronde — Parcours de créateur
Avec S. GARDON, Fondateur de VIGS (Villes innovantes et
gestion des savoirs), politiste (Dr. En Sciences politiques),
L. LANGE, co-fondatrice de Counseling Philosophie
(Doctorante en Philosophie)
Le secteur privé éprouve souvent de l’épuisement vis-à-vis
des réponses conventionnelles apportées aux questions qu’il se
pose. L’organisation de Sébastien Gardon a ainsi bénéficié de la
lassitude envers l’expertise classique en transport. L’entreprise de Laura Lange quant à elle innove par rapport aux
solutions traditionnelles. Les deux interventions se rejoignent sur la complémentarité entre la qualité de chercheur et la demande du monde de l’entreprise. De tels
projets donnent des réponses de spécialistes aux entreprises, en
renouvelant la réflexion et en apportant de la nouveauté.
Pour Laura Lange, il est donc important de valoriser sa
spécialisation et sa qualité d’expert d’un domaine tout
en laissant ouvert le champs des possibles pour s’adapter,
croiser les regards et surtout établir des partenariats avec d’autres professionnels issus d’autres disciplines. Ainsi, une reconnaissance académique comme le doctorat est-elle un atout
déterminant, les deux intervenants ayant, à propos, mis l’accent sur l’importance de se constituer et d’entretenir un
réseau dans le secteur de l’entreprise comme dans celui
de l’université et de la recherche. Selon Laura Lange, créer
son entreprise consiste à créer de la valeur et pour cela, il faut
avant tout clarifier et promouvoir la valeur ajoutée que l’on apporte.
Table Ronde — Parcours de docteurs à l’international
Avec D. LINTNER, Program Manager, GDF-Suez University (Dr. en Lettres), C. DUTILLY, chercheuse, CIRAD
(Dr. en Économie du commerce equitable), E. ATZENI,
Human Rights Officer, Global Human Rights Defence (Dr.
En Droit international), F. ROCCA, Traductrice, Gem
Chimica (Dr. En Histoire ancienne)
L’international après la thèse, permet de se diriger vers des
emplois nécessitant de fortes compétences linguistiques
ou des post-doctorats internationaux, dans l’attente d’un
poste de maitre de conférence. Flexibilité, adaptabilité, volonté de mobilité et capacité à travailler en équipe sont autant de
compétences par la suite valorisables. Certains impératifs ont
été rappelés pour diminuer les risques associés à ce type de
parcours : la nécessité de maintenir un lien avec son
réseau français de recherche par un retour régulier pour
des colloques, des séminaires, des publications… Définir un
projet très clair doit éviter toute « fuite en avant » et un
rebond de postes en postes : la destination choisie doit supporter un choix de carrière. C’est un projet qui doit être
fortement anticipé, idéalement près d’un an à l’avance. Il
demande de bien connaitre le calendrier des universités d’accueil potentielles.
Atelier — Etapes, outils et formalité de la
création d’entreprise
Animé par E. RIBEIRO, Chargée de valorisation S.H.S.,
SATT Lyon Saint-Etienne, P. POIZAT, Cellule Entrepreneuriat, Université Jean Moulin Lyon 3
Le discours sur l’entrepreneuriat peut parfois être difficile
et nécessite de se battre contre certaines idées reçues. Réaliser un doctorat est en soi une démarche entrepreneuriale (capacité « à faire », saisir des opportunités, mobiliser des ressources, gérer le désordre, etc.). L’entrepreneuriat, loin d’un stéréotype figé, est multiple et propose nombre de statuts juridiques qui permettent d’apporter une innovation de service, réaliser une volonté, « être utile » (modèle hybride public-privé ; statut coopératif ; entrepreneuriat social, etc.). Première étape : définir son idée,
ses motivations, identifier et valoriser ses compétences.
Deuxième étape : étudier la faisabilité du projet grâce
au modèle d’affaires (étude de marché, plan d’actions
commerciales et plan de financement). C’est seulement ensuite que le choix du statut juridique intervient, correspondant au mieux au projet défini. Ainsi, de nombreux chercheurs entreprennent-ils et répondent-ils à des besoins mal
satisfaits, à des problématiques économiques, juridiques, sociales ou sociétales qui nécessitent leurs compétences.
Atelier — Compétence et technique de recherche d’emploi
Animé par Émilie CARUANA, consultante en recrutement pour CL
Consulting
Le secteur des entreprises privées peut être un débouché pour le
jeune docteur en S.H.S. en recherche d’emploi. Il est indéniable qu’il a
acquis au cours de ses études des compétences précieuses (rigueur,
autonomie, intelligence stratégique, etc.). Celles-ci font écho à des
besoins qui existent dans le privé. Cependant, le monde de l’entreprise ne sait généralement pas ce qu’est une thèse en S.H.S.
Il appartient donc au docteur de cerner les attentes de l’entreprise
visée et de mettre en avant les compétences qui y correspondent.
Au sein de l’entreprise, trois types de voies peuvent s’ouvrir au
docteur : le management, la gestion de projet et l’expertise.
Plus précisément, un docteur peut occuper des postes de conseil, de
communication ou assurer des formations, au sein de secteurs comme l’édition, l’informatique, la santé humaine, le marketing ou encore
le top management.
Il est préférable de préparer son projet et son réseau professionnel le plus tôt possible : dès le doctorat, en suivant des modules
d’insertion professionnelle (« Valorithèse ») ou en réalisant une
thèse dans le cadre d’une convention CIFRE ; en bénéficiant d’évènements organisés par l’université tels la J.E.D, le dispositif DocteurConseil ou le Tremplin-Doctorant – Paris Diderot, mais aussi en participant à des évènements en dehors de l’université (salons de
l’emploi). Des outils comme une carte de visite, un C.V. ou une lettre
de motivation permettent d’établir le lien entre le recruteur et le
docteur mais il ne faut pas négliger les rencontres physiques. Le docteur doit toujours penser à donner du sens et de la cohérence à son
parcours et à sa candidature.
Simulation d’entretien d’embauche et
formation à la rédaction d’un CV
Animée par V. PRUDHOMME, chargée de l’insertion des jeunes docteurs, Udl
Il est difficile pour un universitaire de « parler
le langage de l’entreprise », c’est-à-dire de ne plus
penser en termes de diplômes, mais en termes de compétences, le tout traduit dans un vocabulaire susceptible
d’intéresser le recruteur. C’est pourquoi le travail a
surtout consisté à raccourcir les CV et à repérer dans
les offres d’emploi les termes-clés qui correspondent
aux compétences réelles des docteurs (veille, gestion des budgets et organisation d’évènements, travail
en équipe, etc.). La comparaison de ces offres avec les
fiches-emploi docteurs permet de constituer un réservoir de mots-clés à adapter selon le poste de candidature.
Les interviewers, d’anciens recruteurs, ont su créer
les conditions réelles d’un entretien d’embauche.
La simulation d’entretien a ainsi permis de vérifier que
cette « traduction » avait bien été faite, et de donner
des pistes supplémentaires : il est par exemple utile de
lister les « arguments » à avancer en entretien (c’est-àdire les expériences professionnelles permettant d’illustrer ces compétences par des mises en situation réelle).
Mais aussi….
Atelier — Twitter
pour les chercheurs
Animé par Evelyne Jardin, « l'atelier Twitter pour chercheurs », permettait au doctorant
de s'initier à l'exploitation du célèbre réseau social en ligne afin de faciliter ses activités de recherche ou de communication scientifique. De la simple exploitation du hashtag à l'optimisation de son compte, l'atelier a montré la richesse d'un outil numérique gratuit qui dépasse largement la simple interface de loisir.
Atelier — De la thèse à l’emploi, quelle stratégie
Animé par Stéphanie Tillet, consultante d’Objectif pour l’emploi, l’atelier a permis de rappeler les notions élémentaires de toute recherche d’emploi qui ne doivent pas être oubliées du jeune docteur en sciences humaines souhaitant poursuivre une carrière non universitaire, au travers d’une série d’exercices. L’enjeu est toujours le même : démontrer que l’on
est la personne pour le poste, disposant de connaissances, mais plus généralement
de compétences professionnelles et personnelles mises en œuvre régulièrement, tout au
long de la thèse, difficiles parfois à identifier et communiquer.
Deux conclusions dominent les
neuf
évènements
proposés : l’importance de l’investissement dans les projets qui peuvent graviter autour de l’écriture de la thèse
dans la préparation
de l’après-doctorat
et l’importance des
outils
numériques
dans sa visibilité de
jeune chercheur.