DANSER A LA LUGHNASA

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DANSER A LA LUGHNASA
DANSER A LA LUGHNASA
Extraits Presse
« D’une tendresse infinie. »
CRITIKATOR
EXTRAITS
L’histoire : Au coeur de l’Irlande, en ce bel été 1936, la fin des moissons annonce
le rendez-vous tant attendu : le grand bal de la Lughnasa.
Dans la maison familiale, bien loin de tout tumulte et isolées du monde, les cinq
soeurs Mundy s’affairent. Les conversations se croisent et se bousculent, les moqueries et les rires fusent, d’une tendresse infinie.
Un jour comme les autres en apparence, si l’espoir qui les anime secrètement
ne s’exprimait soudain : aller danser, se frotter aux rythmes endiablés, rompre
le temps d’un quadrille la ronde des jours qui se ressemblent, bousculer dans
les bras d’un homme la bienséance que la morale impose. Elles rêvent d’amour,
d’étreintes sauvages. Elles rêvent d’un ailleurs et d’une vie meilleure.
Mickaël, qui avait 7 ans cet été là, se souvient. De sa mère et de ses tantes, ces
cinq femmes remarquables, et de leur sens du devoir. De l’étrange retour précipité
de son oncle, missionnaire en Ouganda, qui a perdu la mémoire. Et de la visite
surprise de cet homme fantasque qu’il sait être son père…
(…) Tout ce petit monde est placé sous la double autorité de Kate (Claire Nebout),
l’aînée de la fratrie, et de la religion. Nous sommes en Irlande, ne l’oublions pas,
l’Eglise catholique et ses dogmes pèsent d’un poids très lourd dans ces milieux
humbles. Il est pratiquement impossible pour ces jeunes femmes de s’en affranchir. Elles vivent donc en permanence dans les affres du pêché. Certaines plus
que d’autres. Leur seul refuge est de rêver, de fantasmer leur vie. Face à l’industrialisation qui entame son essor, elles savent qu’elles vont perdre inéluctablement
leur petit boulot à domicile et que leur précarité va s’aggraver. Alors, en attendant,
elles s’accrochent à un fol espoir hélas ponctuel : participer au grand bal de la
Lughnasa…
En fait, ce rendez-vous qui marque la fin des moissons, même s’il est parfaitement
réel, il est pour elle un peu illusoire, idéalisé et même exacerbé. Pour nous aussi,
spectateurs, il devient abstrait. On se contente de les voir vivre en faisant comme
si, et on constate comment, chacune à sa manière essaie d’exister.
En charge des responsabilités, Kate est austère, sévère, limite revêche. Elle a
sacrifié sa vie de femme pour prendre en main l’éducation de ses jeunes soeurs.
Et puis parfois, elle libère son trop-plein d’amour pour elles. Il faut le talent subtil
de Claire Nebout pour réussir à diffuser de tels sentiments… La deuxième de la
fratrie, Maggie (Florence Thomassin) est tout son contraire. Elle est exubérante,
extravertie, fofolle, incontrôlable. Elle se suffit à elle-même. Elle s’est volontaire-
ment construit un personnage futile pour refuser de voir l’aspect morose de leur
vie… Agnès (Léna Bréban), c’est la sagesse incarnée. Elle est travailleuse, respectueuse. Elle s’est instaurée en protectrice de la fragile Rose. Mais quand ; pour
elle, l’injustice est trop grande, il lui arrive de péter brièvement les plombs… Rose
(Lola Naymark), c’est la simplette, une petite fille qui n’a pas grandi, capricieuse,
rêveuse et entêtée… Et puis il y a la cadette, Chris (Lou De Laâge), sans doute la
plus « normale ». Elle vit pleinement sa jeunesse. Elle est naturellement rebelle.
Chacune de ces comédiennes est impeccable. Leur jeu est précis et crédible…
Les comédiens, eux aussi, nous livrent une prestation inattaquable. Bruno Wolkowitch est particulièrement émouvant dans le rôle de Jack. Alexandre Zambeaux
apporte au personnage de Gerry son charme, sa fougue, son insouciance et son
irresponsabilité. Et Philippe Nahon est d’une justesse totale dans sa mission de
conteur qui se mue parfois au gamin de 7 ans qu’il a été…
En dépit de leurs efforts, de leur talent, de leur investissement, je suis resté à côté
de cette pièce. Danser à la Lughnasa, tourne et tourne en rond. Et pourtant, à la fin
de la pièce, en échangeant nos points de vue entre voisins, je me suis aperçu que
certains avaient eu une toute autre approche que moi. Une amie journaliste qui se
trouvait devant moi m’a même affirmé avoir littéralement « décollé » et pris un plaisir intense à suivre cette chronique d’une famille… Les femmes, parce qu’elles se
projettent sans doute au milieu de cette sororité, ont sûrement une perception plus
personnelle, plus attendrie. Alors, à vous de juger…
Gilbert Jouin - Critikator

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