danser a la lughnasa - Théâtre de l`Atelier

Transcription

danser a la lughnasa - Théâtre de l`Atelier
DANSER A LA LUGHNASA
Extraits Presse
« (...) Assurément Brian Friel se place du côté des femmes (...)
Didier Long rend lui-même ce vibrant hommage à la force des
femmes. »
« (...) La mise en scène s’attache à d’infimes détails, un zippo, une
médaille miraculeuse… Autant d’indices égrenés à la Hitchcock,
pour passer du présent au passé, d’un tableau à la réalité, et nous
saisir de bout en bout. »
« (...) Oui, lorsque l’on quitte le bal de Lughnasa, il nous reste
longtemps ce fourmillement musical éclectique, ces pas de quadrille, un rythme, des mélodies et des harmonies composites qui
ressemblent aux battements de cœur d’une famille, à une œuvre
artistique humaine. »
LE BLOG D’ISABELLE KEVORKIAN
EXTRAITS
La pièce originale de Brian Friel s’intitule Danser à Lughnasa, et dès le titre Didier Long s’est approprié à sa manière singulière une pièce sans intrigue. Tout est
trompeur, et en cela révèle la magie du théâtre. Didier Long a incontestablement
réussi son pari, et propose une mise en scène convaincante, qui s’imprègne en
nous, en douceur et durablement…
C’est l’été 1936. Cet enfant de sept ans devenu adulte se souvient. Le transistor Pathé Marconi, dans la pièce à vivre. Sa mère et ses quatre tantes, toutes célibataires. Son père, attachant en dépit de ses mensonges absences insouciances.
Oncle Jack, l’intranquille, qui revient d’Ouganda où il était missionnaire. Tous ces
personnages ont-ils existé ? de quelle manière ? étaient-ils si resplendissants,
au point de rendre merveilleux les jours, lorsque l’on a sept ans ? au point que la
seule véritable préoccupation est de faire voler son cerf-volant ?...
Les actrices sont remarquables. L’aînée pour commencer, « vertueuse indignée
», austère à souhaits, admirable Claire Nebout que l’on retrouve enfin. Elle nous
manquait Claire Nebout: où était-elle donc passée ? Remarquable et redoutable
maîtresse de famille, elle donne à frissonner et suscite une sacrée empathie.
Nous, on aimerait qu’elle s’assouplisse, qu’elle ait moins mal. Florence Thomassin,
sa thèse : une femme solide et virile à la voix éraillée, et tout à la fois son antithèse
: légère, qui fume, qui jure, qui prend toute la place. Lola Naymark et Léna Bréban,
ensuite, absolument possédées. Et la fragile Lou de Laâge, qui confirme décidément un réel talent de comédienne. Les personnages masculins sont tout aussi
irrésistibles : ce père fantaisiste qui apparaît disparaît, cet oncle Jack qui oublie les
mots et les gens.
Assurément Brian Friel se place du côté des femmes, comme un Ernest Rouart ou
un Jean-Honoré Fragonard amoureux, peignant ces élégantes émancipées, qui
prenaient leur destin en main, sans crainte, en dépit des risques et des conséquences. Elles assumeraient, toujours, envers et contre tout, leurs choix. Didier
Long rend lui-même ce vibrant hommage à la force des femmes.
La mise en scène s’attache à d’infimes détails, un zippo, une médaille miraculeuse… Autant d’indices égrenés à la Hitchcock, pour passer du présent au passé,
d’un tableau à la réalité, et nous saisir de bout en bout. Jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il ne se passera rien. Qu’il s’agit d’une tranche de vie, une chronique
familiale. Qui aurait pu être vécue ici, quelque part, ou là-bas, en Irlande, bercée
ou non de légendes, de présages et d’augures. Danser à la Lughnasa raconte la
fragilité et la gaité d’une famille, l’amour porté à un enfant, au point de lui offrir le
plus beau des cadeaux : ses illusions. Sous la sévérité ou l’impudence, se cachent
une belle humanité, qui happe comme un sortilège.
Lorsque l’on quitte le théâtre de l’Atelier, l’on se sent vaporeux, nostalgique. Il y
a cet air lancinant qui ne nous quitte pas, et alors, soudain, l’on s’aperçoit que
tout du long, nous n’avons jamais cessé de Danser à la Lughnasa. Sur des airs
de Cole Porter, de Henry Hall,Jimmy Kennedy, Wilhem Gzosz, Howard Dietz et Arthur Schwarz, ou au son du violon et des compositions de François Peyrony. Oui,
lorsque l’on quitte le bal de Lughnasa, il nous reste longtemps ce fourmillement
musical éclectique, ces pas de quadrille, un rythme, des mélodies et des harmonies composites qui ressemblent aux battements de cœur d’une famille, à une
œuvre artistique humaine.
Isabelle Kevorkian – OVER BLOG.com – 29 septembre 2015