négocier - Fédération Française du Bâtiment Midi
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Bâtiment Actualité n° 20 – 8 décEMBRE 2015 COMPLément au supplément de bâtiment actualité « savoir négocier, tout un art ! » FÉDÉRATION FRANÇAISE DU BÂTIMENT CINQ LEÇONS POUR NÉGOCIER DE MAIN DE MAÎTRE Débarquements en Normandie et en Afrique du Nord, conférence de Yalta, charte de l’Atlantique... Le Premier Ministre du Royaume-Uni a pesé de tout son poids dans les pourparlers qui ont mené les alliés à la victoire et au redécoupage du monde en 1945. Quelles étaient les clés de sa force de persuasion ? toutes les ficelles de la stratégie d’influence. Après 35 ans d’une carrière politique agitée, Winston Churchill a su tenir tête aux puissants du XXe siècle : l’habile Franklin Roosevelt, le manipulateur Joseph Staline et le tumultueux de Gaulle. En gardant la vision et le cap au cours de longues ou intenses négociations – trois ans pour l’opération Overlord, huit jours pour Yalta –, il a servi les intérêts de son pays dans l’une des pires crises de l’histoire. YANN HARLAUT, HISTORIEN Après 35 ans d’une carrière politique agitée, Winston Churchill a su tenir tête aux puissants du XXe siècle. Voici cinq techniques phares de sa méthode. Bluff, coup de colère, silence, contrepied, pression, humour, cordialité, concessions…t celui que ses contemporains surnommaient « gueule de bouledogue » connaissait le « lobe scientifique » de son cerveau, de synthétiser avec son équipe au sein du renseignement les statistiques utiles (munitions, ravitaillement…). Dès lors, il a les « armes » pour persuader d’intervenir sur le Vieux Continent les généraux américains ou Roosevelt, plus soucieux de combattre le Japon que l’Allemagne. En outre, avant le sommet de Yalta de 1945, il prend soin d’organiser des réunions bilatérales pour tester les positions de ses alliés. >> LEÇON N° 1 : questionner et se documenter pour étayer son point de vue et gagner en crédibilité. 1. Bétonner son sujet en intégralité Churchill veut des avis et des données sur tout en amont. Il peut déranger n’importe quel collaborateur à n’importe quelle heure pour obtenir une information essentielle. Il sait qu’un argument formulé avec subjectivité est moins pertinent qu’un graphique ou une carte objective qui appuiera le propos. Il charge son ami Frederick Lindemann, 2. Entrer dans la logique de l’autre Churchill cherche à savoir à qui il a affaire et à identifier les leviers psychologiques sur lesquels travailler, non pas pour manipuler mais pour influencer. >>> fédération française du bâtiment – 8 décEMBRE 2015 COMPLément au supplément de bâtiment actualité « savoir négocier, tout un art ! » CINQ LEÇONS POUR NÉGOCIER DE MAIN DE MAÎTRE FÉDÉRATION FRANÇAISE DU BÂTIMENT >>> Face au président américain, très cérébral et qui veut un débarquement rapide, dont lui ne veut pas, il opte pour un exposé rationnel et détaillé avec faits et chiffres sur les armées, photos du mur de l’Atlantique, échéanciers, etc. Face au dictateur russe, adepte de la simplicité et de la concision, il use de métaphores. Il fera ainsi un croquis explicatif de la stratégie de contournement de l’Allemagne (qu’il prône), donnant à la carte de l’Europe la silhouette d’un crocodile. Par ailleurs, l’homme sait trouver le bon mot, porter un toast opportun, partager un repas avec la famille Roosevelt ou trinquer à la vodka avec Staline en mettant de côté les enjeux de la rencontre. 3. Confronter les 4. Savoir céder décideurs à la réalité vraie du terrain et évoluer Clairvoyant mais pragmatique, Churchill aime emmener ses partenaires avec lui sur le théâtre des opérations. Dans le cadre feutré des palais ou des salles de réunion, les éléments techniques d’une discussion restent virtuels. En 1943, pour emporter l’adhésion de l’état-major américain sur la pertinence d’un débarquement en Sicile – l’une des interventions périphériques visant à affaiblir Hitler –, il organise la conférence à Casablanca plutôt qu’à la Maison-Blanche et lui fait faire le tour des troupes en jeep. S’il avait pu survoler les côtes de l’Atlantique avec les généraux Marshall et Eisenhower, il l’aurait fait afin que les États-Unis ne >> LEÇON N°2 : adapter son sous-estiment plus les forces argumentaire à chacun ; fortifier allemandes mobilisées dans les relations en savourant des leurs multiples bunkers. moments de détente partagés ; user d’écoute active et >> LEÇON N°3 : faire des d’empathie. démonstrations grandeur nature ; se rendre avec ses contradicteurs au cœur de l’action (usine, magasin, agence, etc.). En 1915, le débarquement dans le détroit des Dardanelles fut un fiasco parce que différé de plusieurs mois à la suite de multiples tractations entre les protagonistes. Le jeune Churchill, premier lord de l’amirauté, n’avait pas modifié ses plans, alors que l’équilibre des forces sur le terrain, lui, avait changé. Retenant la leçon, le « Vieux Lion » réoriente sa politique et fait des compromis. Il consent ainsi au débarquement en Normandie, qu’il contestait, en échange de plusieurs opérations en Méditerranée. Il laisse à Staline le leadership de la conférence de Yalta, chez lui en Crimée, afin de le mettre en confiance pour coconstruire une solution globale. 5. Faire du doute une opportunité Churchill doute de lui, il travaille donc beaucoup avant d’arrêter une ligne de conduite, mais une fois rassuré, il sait exploiter les hésitations de ses interlocuteurs. En les acceptant, il s’ouvre un espace d’écoute et en tire avantage pour expliquer sa vision géostratégique nourrie de données concrètes. En outre, il n’hésite pas à exiger autour de la table la présence de véritables décisionnaires. Comme il l’écrit en 1944 à un Roosevelt trop épris de collégialité, « il deviendra impossible d’agir si tout le monde doit consulter tout le monde sur tous les sujets avant qu’une décision ne soit prise… ». >> LEÇON N°5 : accueillir sa propre indécision comme une étape normale ; laisser s’exprimer >> LEÇON N°4 : éviter de s’obs- les avis opposés pour mieux tiner sur ses demandes initiales ; les démonter. renégocier lorsque des éléments de contexte ont varié ; placer ses adversaires en situation de confort. À VOUS DE JOUER… © Fotolia BONNES NÉGOCIATIONS ! fédération française du bâtiment – 8 décEMBRE 2015