Médecine dentaire holistique: vœu pieux ou médecine scientifique?

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Médecine dentaire holistique: vœu pieux ou médecine scientifique?
Pratique quotidienne · formation complémentaire
Médecine dentaire
holistique: vœu
pieux ou médecine
scientifique?
Urs Weilenmann
Mots-clés: médecine dentaire holistique, théorie du chaos,
systèmes de régulation fondamentale, biorésonance,
traitement de racines
Adresse pour la correspondance:
Dr U. Weilenmann
Schifflände 24
8001 Zurich
tél. 01/251 05 56
fax 01/251 26 59
Adaption française de Thomas Vauthier
Le rôle de certains diagnostics et procédures thérapeutique appartenant à la médecine complémentaire est
abordé par la présentation
du cas d’une patiente souffrant de douleurs en relation avec un traitement de
racines. Par ailleurs, les
théories reposant sur les
sciences naturelles de ces
derniers 50 ans sont présentées, car elles contribuent sensiblement à la
compréhension des méthodes des médecines
alternatives. Il s’agit de
théories qui reposent en
principe sur des systèmes
complexes et dynamiques
tels que ceux des réactions
chimiques oscillantes, ainsi
que des théories de Fröhlich sur les interactions électromagnétiques dans les organismes vivants. Ce sont
des systèmes qui se trouvent à la frontière de l’ordre
et du chaos et qui, une fois
appliqués à l’homme, débouchent sur d’intéressantes relations. Les différentes méthodes ellesmêmes ne font pas l’objet
d’une présentation détaillée
dans le cadre de ce travail.
(Texte allemand et illustrations voir page 269)
Présentation du cas
Une patiente âgée de 51 ans m’a été adressée en septembre
1994 par un confrère, en raison de fortes douleurs dans le maxillaire supérieur gauche, semblables à des douleurs de type nevralgie.
Historique et anamnèse: en février 1992, deux nouvelles couronnes avaient été posées chez cette patiente, sur les dents 26 et
27. Deux mois plus tard, 26 a dû subir un traitement de racines.
Les canaux ont été obturés par AH 26 et gutta-percha; par la
suite, 2 tenons Moser ont été posés ainsi qu’un moignon artificiel interne en Ketac. La patiente ne souffrait alors d’aucune
douleur.
En février 1993, la patiente a signalé qu’elle ressentait une légère tuméfaction dans le maxillaire supérieur gauche. Aucune lésion n’a pu être mise en évidence objectivement. Un contrôle
radiographique en août 1993 (fig. 1) n’a révélé aucune cause
identifiable. A la fin du mois de juillet 1994, des douleurs considérables sont apparues, de telle sorte que la patiente était au
désespoir et ne subsistait qu’avec des analgésiques. Le praticien
qui m’a adressé la patiente ne savait pas s’il devait extraire 26 ou
si les dents voisines devaient également faire l’objet de traitements endodontiques.
5.9.1994
J’ai pu examiner la patiente pour la première fois avec des procédés de médecine complémentaire. Avec la kinésiologie (1) et le
test de distance de réaction selon SCHWEITZER (2), j’ai pu montrer d’une part que les dents voisines étaient vraisemblablement
hors de cause et, d’autre part, que 26 représentait un «stress»
pour le corps de la patiente. Avec plusieurs ampoules telles que
«ostéite maxillaire» et «pulpe gangreneuse» (3), mais aussi avec les
matériaux AH 26, gutta-percha et Ketac, j’ai tenté de mieux préciser la contrainte. Il s’est avéré que AH 26 et une ampoule de
formaldéhyde révélaient une contrainte élevée dans le test kinésiologique et dans le test de réaction selon Schweitzer. J’ai même pu
provoquer une quinte de toux au point principal d’allergie (point
histaminique) de l’acupuncture auriculaire (4). Mon diagnostic fut
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le suivant: intoxication par le formaldéhyde en raison du matériau d’obturation AH 26. La thérapie instaurée le soir même a
consisté en un traitement à l’aide d’un appareil MORA (5) avec
lequel j’ai tenté de neutraliser les effets néfastes de la toxine en
inversant son spectre d’oscillation magnétique. 1er passage: Ai
renforcé 17 fois à 70. 2e: 17 fois à 30. La patiente a ressenti alors
quelque chose comme un soulagement. 3e: 17 fois à 6. Je lui ai
administré simultanément des gouttes thérapeutiques fabriquées avec l’appareil MORA.
6.9.1994
Téléphone de la patiente qui s’est réveillée sans souffrir pour la
première fois depuis des semaines. Cet état a duré un jour, puis
les douleurs bien connues sont réapparues. Pour moi il était
alors évident que le traitement de racine, bien qu’impeccable du
point de vue de la médecine académique, devait être révisé.
14.9.1994
Révision endodontique et ablation de l’obturation AH 26 par
son médecin-dentiste. Les douleurs se sont à nouveau renforcées et avec une irradiation jusque sur la partie frontale.
19.9.1994
Thérapie MORA (Ai 60 fois à 50 et 70), exposition au rayonnement softlaser aux fréquences A et F selon Bahr (4).
20.9.1994
Douleurs nettement plus faibles. Brève thérapie MORA.
22.9.1994
La douleur fait toujours son apparition à 17 heures. Encore une
séance MORA (Ai 20 fois à 70) et prescription complémentaire
d’acide folique et de biotine.
27.9.1994
Douleurs beaucoup moins fortes. Encore une séance de thérapie MORA. Après un traitement de racine avec un agent supposé exempt de formaldéhyde (Apexit), les douleurs n’ont jamais
réapparu à ce jour (janvier 1999).
Un tel cas soulève différentes questions. Les quatre suivantes
me semblent importantes pour la compréhension du cas et je
vais tenter d’y répondre.
1. Comment est-il possible que l’effet toxique d’un matériau
d’obturation endodontique tel que l’AH 26 ne se manifeste
cliniquement qu’après un délai aussi long?
2. A l’occasion des tests pratiqués (kinésiologie, test de distance
de réaction selon Schweitzer et médecine auriculaire), on a
tenu un échantillon du matériel de test dans un tube proche
du corps et l’on a pu constater comme une faiblesse musculaire momentanée et/ou une réaction du pouls, ce qui parle en
faveur d’une supposée activation du sympathique. Est-là de la
métaphysique?
3. Dans de la thérapie MORA, nous travaillons avec un appareil
qui modifie les «oscillations» des matériaux ce qui rend possible leur utilisation thérapeutique. Ceci peut-il être expliqué?
4. Peut-on expliquer le succès thérapeutique sur cette patiente
autrement que par une variation aléatoire des symptômes ou
par un effet de placebo?
Lors de discussions avec des confrères, des phénomènes de cette nature sont souvent jugés non scientifiques et l’on considère
qu’ils ne sont pas compatibles avec les bases académiques enseignées dans les universités. Rares sont ceux qui savent qu’il
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existe toute une série de théories fort intéressantes qui placent
les questions posées sous un tout autre éclairage. Il est donc opportun de replacer mes propos dans un contexte plus large.
Réactions chimiques oscillantes
Au début des années cinquante, Belusow, chef du laboratoire de
biophysique au Ministère soviétique de la santé, a expérimenté
des réactions qui montraient certains aspects du cycle du cancer
et qui étaient censées permettre une meilleure compréhension
de ces importantes réactions métaboliques. Il a utilisé de l’acide
citrique, du bromure de calcium, de l’acide sulfurique et, en tant
que catalyseur, des ions Cer dont il espérait qu’ils étaient semblables à de nombreux enzymes présents au centre actif. A sa
grande surprise, la solution a commencé à osciller régulièrement entre un état incolore et un état jaunâtre. La réaction était
si étrange qu’aucun organe scientifique n’a voulu la publier en
1951. On a fait valoir qu’une réaction va aussi vite que possible
vers un nouvel état d’équilibre et que, sinon, le deuxième principe de la thermodynamique serait violé. Celui-ci stipule qu’une
réaction doit se dérouler dans une direction qui va dans le sens
d’une plus grande entropie, vers un niveau plus élevé de
«désordre». Une réaction oscillante telle qu’attestée par le changement alternatif des couleurs, signifierait toutefois que cette
réaction reviendrait sur ses pas, et cela était quelque chose de
tout simplement impensable.
Pendant les années soixante, Shabotinski a commencé à se pencher sur ces mêmes réactions bizarres et a publié une quantité
de résultats parlant de structures fascinantes qui s’étaient formées pendant la réaction. Cette réaction, connue par la suite
sous le nom de réaction de Belusow-Shabotinski (réaction BS),
est la première réaction chimique oscillante dont le mécanisme
a été mise en évidence à l’aide de simulations par ordinateur. Elle se compose de 18 réactions élémentaires auxquelles participent 21 différents intervenants (6).
C’est le mérite d’ILYA PRIGOGINE d’avoir montré que l’idée bien
reçue selon laquelle l’apport d’énergie dans un système fermé
conduit au «désordre» ne peut être transférée telle quelle aux
systèmes ouverts. Partant de réactions oscillantes telle que la réaction BS mentionnée, il a pu montrer que de nombreux systèmes auxquels de l’énergie est régulièrement apportée sont en
mesure de former subitement des structures d’ordre élevé. Comme celles-ci se propagent rapidement dans l’ensemble du système, il les a nommés ces phénomènes des réactions ou structures
«dissipatives». Une corde de violon représente un exemple
simple de structure dissipative. Lorsqu’elle est activée au moyen
de l’archet, il en résulte des oscillations périodiques que nous
percevons comme un son pur. Si l’on apporte de l’énergie sous
forme de chaleur, il n’en va pas de même. Le système subsiste
donc de la consommation d’énergie non chaotique. Contrairement aux états d’équilibre, les systèmes dissipatifs présentent un
certain nombre de particularités intéressantes.
– La production d’entropie (chaleur dissipée par unité de
temps) augmente lors du passage à un état d’ordre supérieur.
Ceci veut dire que plus d’ordre est créé, plus vite de nouvelles
structures se créent. L’ordre joue dès lors le rôle d’un catalyseur pour créer des structures d’ordre supérieur.
– De temps en temps, les systèmes dissipatifs on besoin de l’apport d’une énergie appropriée, sinon les structures se détruisent.
– Ils sont très éloignés de l’état possible d’équilibre.
– La création et la destruction de structures d’ordre supérieur
ne sont pas réversibles. Elles sont irréversibles.
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Les réactions oscillantes selon un rythme régulier, telle que la
réaction de Belusow-Shabotinski évoquée, que l’on nomme
également «horloges chimiques», sont des exemples tout indiqués de systèmes dissipatifs.
«Le déséquilibre peut devenir une source d’ordre, et des processus irréversibles peuvent conduire à un nouveau type d’états
dynamiques de la matière, les structures dissipatives» a énoncé
PRIGOGINE dans son discours Nobel en 1977.
On trouve également des exemples de tels systèmes dans le domaine de la biologie. Je mentionnerai ici la glycolyse comme
l’une des réactions fondamentales du métabolisme. Elle se déroule à un rythme extrêmement économe en énergie et avec
l’aide de structures dissipatives très éloignées de l’équilibre
thermique. L’oscillation de la concentration d’ATP dépend de la
quantité de sucre et d’ADP dans l’environnement (7).
Le modèle de H. Fröhlich
Fröhlich, professeur de physique à Liverpool, nous livre la réflexion suivante: si nous enregistrons une différence de potentiel de 90 mV au niveau d’une membrane cellulaire de 10-6 cm
d’épaisseur, il en résulte une intensité de champ d’environ
105 V/cm. Ce champ électrique considérable et ses oscillations
ne manqueront pas d’avoir de l’effet sur les éléments constitutifs des membranes qui présentent tous des caractéristiques bipolaires et vont provoquer leur oscillation. Fröhlich a évalué la
fréquence de cette oscillation à partir de l’épaisseur de la membrane de la vitesse de propagation des ondes dans la matière organique. Il obtint ainsi la fréquence de résonance supposée de
1011–1012 Hz, une fréquence qui se situe donc dans la plage des
micro-ondes. En 1974, des scientifiques soviétiques ont pu
montrer l’influence des longueurs d’ondes de 6,5 mm sur des
cellules isolées de l’homme et d’animaux. Quelques efforts de
recherche ont été conduits dans le monde et dans cette direction, ainsi qu’en atteste la publication de nombreux articles, surtout dans les périodiques consacrés à la physique. Je souhaiterais citer ici, à titre d’exemple, une intéressante expérience de
SEVASTYANOVA et VILENSKAYA (1974). Ces chercheuses ont montré sur des souris que les cellules de la moelle osseuse soumise
à un rayonnement Röntgen de 700 rads sont moins endommagées lorsque les souris ont été préalablement exposées à des micro-ondes de certaines longueurs d’onde (fig. 2). L’énergie était
de 10 mW/cm2. Ceci est fort étonnant, car le rayonnement est,
pour l’essentiel, absorbé par la peau. Par ailleurs, une très forte
dépendance par rapport à la longueur d’onde choisie a été mise
en évidence (8).
Ce qui importe dans le modèle de Fröhlich c’est la mention de
l’existence d’oscillations électromagnétiques de longue portée
dans les systèmes biologiques. Pour simplifier, on peut dire que
ce domaine présente des oscillations électromagnétiques qui
s’influencent réciproquement et qui, naturellement, exercent un
effet sur la position et sur le mouvement de toutes les molécules
polaires présentes dans un corps.
Le modèle de Fröhlich et les structures dissipatives de PRIGOGINE
montrent dès lors une concordance de principe. Tant les réactions chimiques oscillantes que le modèle de Fröhlich peuvent
produire certaines oscillations autocatalytiques d’apparition subite. Ensuite, des rétroactions non linéaires font en sorte que ces
systèmes se stabilisent «très loin» de l’équilibre thermique. Dans
les deux systèmes, il faut qu’il y ait un apport constant d’énergie
de haut niveau, ce qui en fait des systèmes ouverts.
Pour conclure, aussi bien Prigogine que Fröhlich en arrivent au
résultat que des oscillations temporelles d’ordre supérieur et co-
hérentes jouent un rôle fondamental dans la régulation coopérative de la cellule, qu’il s’agisse de l’influence exercée sur les
enzymes, du stockage de l’énergie ou de la régulation de la
croissance (7).
La théorie du chaos
La théorie du chaos n’a été développée que depuis les trente
dernières années. Elle nous met en présence du fait stupéfiant
que de nombreux phénomènes ne sont en principe pas prévisibles à long terme, et ceci malgré les conditions cadres qui sont
soumises à des lois déterministes. Ceci veut dire qu’elles peuvent être décrites selon la loi à l’aide du principe de causalité.
On parle donc de chaos déterminé par opposition à un comportement purement stochastique.
En mécanique classique, on peut représenter le comportement
d’un système par des trajectoires. Les mathématiciens peuvent
introduire une dimension afin de représenter géométriquement
l’évolution temporelle d’un système. Lors d’une réaction chimique avec n réactants, ce serait par exemple un espace de
phases à n dimensions (9). Chaque état du système se caractérise dans cette espace par un certain nombre de nombres. Tout à
fait indépendamment de leur signification, ces nombres sont
toujours d’une précision limitée. Ceci signifie qu’un état n’est
pas défini par un point, mais par un petit «nuage». Tous les
«points» de ce nuage nous paraissent égaux, bien qu’ils ne suivent pas la même évolution alors qu’ils sont sensibles aux
conditions initiales. Ils appartiennent à des trajectoires qui peuvent diverger avec le temps, et c’est précisément cela qui nous
amène à la définition du comportement chaotique. Un comportement est chaotique lorsque l’écart entre deux points proches
augmente exponentiellement.
Ceci a certaines conséquences lorsque l’on souhaite faire des
prévisions. Si vous voulez multiplier par dix la durée pendant
laquelle le comportement d’un système doit demeurer prévisible, alors vous devez augmenter la précision de la définition
des conditions initiales d’un facteur e10 (10). Un exemple datant du début de la recherche sur le chaos permet d’illustrer ce
fait. C’est le météorologue Lorenz qui a découvert par hasard
en 1961 que des simulations informatiques du temps (météorologique) donnaient après quelque temps des résultats totalement divergents, lorsque de très faibles erreurs avaient été
introduites dans les données initiales, et ceci de l’ordre de
grandeur de un à mille. Les courbes météorologiques qui, au
début, se recouvraient pratiquement, commençaient soudain
à se comporter de manière très différenciée (11). La proximité
du comportement chaotique imprévisible et du comportement périodique prévisible peut être mise en évidence par le
biais d’une expérience à l’aide d’un pendule. Si l’on accroche
en un point un pendule sphérique doté d’une oscillation périodique T et que ce point oscille également périodiquement
dans une direction, selon T1, alors il apparaît que le chemin
qui mène au comportement chaotique dépend du rapport
T/T1. Si T est plus grand que 0,989 T1, l’oscillation initiale devient instable, mais reste périodique. A partir de T=1,00234T1,
toute régularité disparaît (fig. 3). C’est donc dans un très petit
domaine qu’un système chaotique succède à un système ordonné, système chaotique qui interdit toutes prévisions (10).
On connaît par ailleurs également des systèmes chimiques où
des modifications périodiques du potentiel d’électrodes les rendent soudainement chaotiques lorsque l’apport est modifié
(voir fig. 4) (6).
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Fondements anatomiques
Les travaux de HEINE présentent de l’intérêt en relation avec les
théories que nous venons d’évoquer. HEINE a poursuivi les recherches de (12) sur le tissu conjonctif. Ces recherches ont été
brièvement mentionnées dans cette revue, dans un article en relation avec l’amalgame (13). Elles montrent que les tissus qui se
trouvent entre les cellules des organes et les capillaires sont capables de s’adapter très rapidement à de nouvelles situations et
donc d’adapter de manière optimale aux conditions présentes le
transport des substances vers et en provenance des cellules. Ceci exige un médium hautement complexe et dynamique qui se
modifie avec une très faible consommation d’énergie et qui dénote un très large spectre adaptatif. La substance de base de ce
tissu conjonctif peut également être décrite comme une structure réticulée, le diamètre des structures polygonales mises en
évidence étant de l’ordre de 10 à 80 nm. Ces structures qui reviennent toujours sous la même forme sont nommées matrisomes (14). Elles se composent de protéoglycanes (PG) et de
glycoaminoglycanes (GAG), de glycoprotéines de structure, de
protéines de réticulation ainsi que d’une partie variable qui influence la fonction des matrisomes. C’est là que les différentes
substances telles que les hormones, les cytokines, les métabolites, etc. peuvent se déposer. Dans des coupes, les PG et GAG
se caractérisent par des structures en forme de tunnels, hyperboloïdes. Ces structures semblent être en mesure de transporter
des particules aussi bien hydrophiles qu’hydrophobes et paraissent alors se modifier de manière permanente. HEINE écrit que
la substance de base est structurée comme un chaos déterminé
dans lequel les matrisomes jouent le rôle d’un attracteur (fig. 5).
En relation avec des hyperboloïdes de cette nature, on parle
également de surfaces minimales. Ceci veut dire que les énergies
les plus faibles, soit l’énergie d’un unique photon, sont capables
de modifier cette structure. Ceci place sous un éclairage nouveau de nombreux procédés thérapeutiques des médecines
complémentaires où l’on travaille avec des stimulations extrêmement faibles, comme dans la thérapie MORA ou l’homéopathie (15).
En réponse à la question 1:
Si l’on considère que la patiente présentée plus haut représente
un système physique dynamique très éloigné de l’équilibre
thermique, nous devons alors également accepter que les
conditions initiales sont décisives lorsqu’elles sont soumises à
une influence extérieure, à savoir, dans le cas de figure, le traitement de racines. Comme Lorenz l’a découvert avec son expérience météorologique, de très petites différences des conditions
initiales peuvent entraîner un comportement très différent des
systèmes ouverts, bien que, pendant un certain temps, aucune
différence ne puisse apparemment être mise en évidence. Comme la durée n’est pas déterminée et qu’elle dépend des conditions initiales, il m’apparaît compréhensible que certains matériaux, ici l’AH 26, ne provoquent de symptômes apparents que
des mois plus tard. Le tissu conjonctif semble constituer un lieu
d’action acceptable. Ceci explique également la légère tuméfaction constatée des mois avant les premières douleurs, car la réaction inflammatoire peut être l’indice que le corps tentait d’éliminer la substance nocive. On peut également envisager une
modification des matrisomes qui, à leur tour, exercent une influence sur les terminaisons nerveuses du tissu conjonctif. La
douleur peut ici être interprétée comme une réaction d’alarme
du corps menacé dans son intégrité.
En réponse à la question 2:
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En mécanique quantique, chaque particule est affectée d’une
longueur d’onde matérielle et d’une fréquence d’oscillation (relation de de Broglie). Ceci peut également être transféré à des
corps plus volumineux et l’on obtient ainsi par exemple pour les
cellules une fréquence de 1000 Hz, pour tout l’organisme humain de 7 à 10 Hz (16). Une influence est concevable si le
champ d’oscillation du patient recouvre le champ d’oscillation
du matériau. Comme l’a montré HEINE, il suffit de très faibles
quantités d’énergie pour pouvoir provoquer des réactions dans
le tissu conjonctif. Ainsi, des terminaisons nerveuses libres dans
le tissu conjonctif peuvent établir une liaison avec le vegetativum. Physiologiquement, ceci équivaut à une réaction de stress
avec activation du sympathique. Cette réaction peut, en kinésiologie, se manifester par une faiblesse musculaire momentanée
sous contrainte isométrique. En médecine auriculaire, on mesure une réaction du pouls car les trajets de conduction terminale subissent l’influence des sphincters innervés par le sympathique.
De son côté, le test de la distance de réaction permet d’observer
certaines modifications de notre champ électromagnétique
d’une puissance constante de l’ordre de 60 à 100 watts (17).
En réponse à la question 3:
Dans le cas de la thérapie développée par Morell et Rasche
(d’où son nom de MORA) dite de biorésonance, on travaille
avec des oscillations ultrafines dont on pense qu’elles sont de
nature électromagnétique. Elles sont si faibles qu’elles sont recouvertes par le bruit thermique et, par conséquent, elles ne
sont pas détectables par les appareils techniques de mesure. Cependant, outre d’innombrables exemples de patients, il y a un
certain nombre d’études intéressantes qui indiquent que ces oscillations exercent une influence sur les êtres vivants. GALLE a
traité du blé avec l’herbicide Glyphosat et a pu montrer des différences notables par rapport au groupe de contrôle en en soumettant une partie à la thérapie MORA (18).
Dans un autre travail, on a traité du tissu cicatriciel âgé de deux
ans avec la thérapie MORA, de telle sorte que la revascularisation a pu être améliorée (19).
En réponse à la question 4:
Bien entendu, on pourrait supposer que tout ceci n’est peut-être
qu’un processus aléatoire, mais la probabilité que cela soit le cas
me semble très faible. Le test du formaldéhyde parle contre le
hasard, alors que je songeais initialement à une «ostéite résiduelle» ou quelque chose du même genre. La réussite subséquente de la thérapie MORA a été pour moi la confirmation du
diagnostic. La survenance répétée des douleurs tant que le
matériau était présent dans la dent parle également contre le
hasard, tout comme leur renforcement pendant la révision
endodontique et l’absence de nouvelles douleurs pendant des
années (dernier avis reçu: janvier 1999). Comme je n’avais
jamais entendu parler de cas semblables, j’ai toujours pensé
qu’il s’agissait d’un cas isolé.Toutefois, lors de la semaine de formation continue organisée en 1998 par le Prof. Palla, à
St-Moritz, qui portait sur les douleurs des maxillaires et de la face, ont été présentés des cas de patients présentant des lésions
parfois graves et qui ont souffert de douleurs d’apparition subite après un traitement de racine. Si vous réalisez un traitement
endodontique sur d’autres dents dans de tels cas, les résultats
sont naturellement catastrophiques pour les personnes concernées. Ces faits parlent également contre des circonstances aléatoires et contre l’unicité du cas présenté ici.
Discussion
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A partir d’un cas qui ne pouvait pas être traité de manière adéquate par les méthodes de la médecine académique, je souhaitais montrer que des méthodes relevant de la médecine complémentaire constituent parfois la thérapie de choix. Le fait que
cela fonctionne est maintenant attesté dans de nombreux cas et
également par des études conduites selon les critères habituels.
Je n’en déduis absolument pas que la médecine complémentaire soit généralement mieux indiquée. Mais nous sommes
confrontés à des pathologies que le modèle de pensée de la médecine académique ne parvient pas à dominer et c’est là que des
alternatives sont toutes indiquées. Les études les plus complètes
dans ce domaine sont à mon avis celles que les Chinois ont
faites après la révolution de 1949, lorsqu’il s’agissait de sacrifier
la médecine holistique traditionnelle à la nouvelle médecine occidentale. Dans des milliers d’études, l’ancienne école a toutefois pu s’affirmer, de telle sorte qu’en 1955 le Comité central du
parti a mis les deux écoles sur pied d’égalité (20). Nombre de
rapports ont fait sourire, car aucune explication ne pouvait être
fournie sur la base des principes admis de la physique. J’essaie
ici de faire valoir qu’il existe des modèles très intéressants qui
nous permettraient d’accéder plus aisément à ces phénomènes.
L’accès à la littérature de base est souvent très éprouvant pour
nous autres les praticiens, car nous n’avons probablement pas
suffisamment de bases en mathématiques et en physique et
parce que nous avons peut-être trop de respect pour les formules compliquées!
Les nouvelles théories ne sont utilisables que si elles peuvent
reprendre les découvertes précédentes, ce qui est le cas ici. La
question reste ouverte de savoir si nos études en double aveugle
randomisées, en lesquelles nous avons tant de foi, sont capables
de traiter de ces systèmes dynamiques complexes à rétroaction,
toujours à la frontière entre l’ordre et le chaos déterminé. Dans
le cas présent, la patiente aurait certainement «coulé» dans
toutes les études, car ses douleurs n’auraient jamais pu être statistiquement mises en relation avec le matériau d’obturation de
la racine.
Pour terminer, encore un mot sur le reproche souvent entendu
que ces procédés manqueraient de sérieux et ne seraient pas
crédibles. Comme pour bon nombre de thérapies, ils dépendent
essentiellement des thérapeutes. Je souhaiterais citer ici la
Schweizerische Gesellschaft für ganzheitliche Zahnmedizin
(Société suisse pour l’étude holistique de l’odontostomatologie) qui
tente en Suisse de parvenir à un certain niveau, au moins auprès
des médecins-dentistes et par le biais d’une formation dans les
domaines les plus variés.
Quant à la vraisemblance: il y a toujours des phénomènes surprenants. On ne peut souvent que supposer telle ou telle relation et seule une représentation holistique, à l’instar de celle qui
est à la base de la médecine chinoise évoquée plus haut, ou recourir à des notions non moins complexes, telles que la théorie
des matrisomes de la recherche récente sur le tissu conjonctif. Je
considère que c’est le grand défi de la médecine dentaire de demain que de trouver la bonne voie entre l’approche réductionniste et l’approche globale.
Bibliographie
1. La kinésiologie a été développée il y a 35 ans par le psychiatre
John Diamond et par George Goodhart. Les facteurs de
stress sont évalués à partir d’un test musculaire isométrique.
Autres sources: THIE JOHN F: Gesund durch Berühren;
Sphinx Verlag Bâle
2. Le test de distance de réaction d’après Schweitzer et dont le
dentiste H. Hutzli a poursuivi le développement mesure les
caractéristiques du champ magnétique qui nous entoure.
Autres sources: SCHWEITZER P, KRAFT M: Grundlagen der
Geopathie; Haug Verlag 3. Auflage; p. 34
3. Préparation organique en concentrations homéopathiques
de Stauffen-Pharma, Göppingen.
4. L’acupuncture auriculaire ou la médecine auriculaire est une
forme particulière de l’acuponcture, essentiellement développée par le médecin français P. Nogier. Autres sources:
MASTALIER O: Reflextherapie in der Zahn-, Mund- und Kieferheilkunde; Quintessenz 2. Aufl. (1992)
5. La thérapie développée par Morell et Rasche (MORA) repose sur l’hypothèse que tout matériau a un spectre d’oscillation électromagnétique que l’on peut modifier par des
moyens techniques. Ai signifie que le spectre est inversé et
éventuellement amplifié. Cette thérapie porte aujourd’hui
aussi le nom de biorésonance. Autres sources: MORELL F:
MORA Therapie. Haug Verlag (1987)
6. EPSTEIN I R, KUSTIN K, DE KEPPER P, ORBAN M: Chaos und
Fraktale, Spektrum der Wissenschaft, Heidelberg; 72–81
(1989)
7. POPP F A: Neue Horizonte in der Medizin. Haug Verlag
2. Auflage (1987)
8. WU T M: Fröhlich’s Theory of Coherent Excitation – A
Retrospective. In: HO MAE-WAN, POPP F-A, WARNKE U:
Bioelectrodynamics and biocommunication; World Scientific, Singapore; 387–410 (1994)
Egalement: Florilège à l’occasion de la mort de Fröhlich in:
Neural Network World 5, 1995
9. PRIEBE L: Medizin und deterministisches Chaos. Erfahrungsheilkunde 1: 34–40 (1990)
10. PRIGOGINE I, STENGERS I: Das Paradox der Zeit. Zeit, Chaos
und Quanten. Piper GmbH, München; 107–109 (1993)
11. GLEICK J: Chaos, die Ordnung des Universums. Droemersche Verlagsanstalt München (1990)
12. PISCHINGER A: Das System der Grundregulation: Grundlagen für eine ganzheitsbiologische Theorie der Medizin.
Haug Verlag (1989)
13. WEILENMANN U: lettre de lecteur sur «Amalgam – eine
Glaubensfrage». Schweiz Monatsschr. Zahnmed 108: 1038
(1998)
14. GRIMAUD J A, LORTAT-JACOB H: Matrix Receptors to Cytocines. Pathology Research and Practice 190; 883–890 (1994)
15. HEINE H: Lehrbuch der biologischen Medizin. Hyppokrates
Verlag 2. Auflage (1997)
16. WARNKE U: Risiko Wohlstandsleiden. Popular Academic Verlags-Gesellschaft Saarbrücken; 20–21 (1993)
17. WARNKE U: Der Mensch und die 3. Kraft. Popular Academic
Verlags-Gesellschaft Saarbrücken; S. 7 (1994)
18. GALLE M: Orientierende Untersuchung zur experimentalbiologischen Überprüfung der Hypothese zur Bioresonanz
von Franz Morell. Erfahrungsheilkunde 12; 840–847 (1997)
19. HUTZSCHENREUTER P, BRÜMMER H: Die Narbe, das Keloid und
die Erfahrungsheilkunde. Therapeutikon, Zeitschrift für Naturheilverfahren, Heft 10 (1991)
20. KAPTCHUK T: Das grosse Buch der chinesischen Medizin.
Otto W. Barth Verlag: S. 32 (1998)
Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 110: 3/2000
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