Suisse : montée en puissance de la production du Twindexx Swiss
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Suisse : montée en puissance de la production du Twindexx Swiss
La lettre ferroviaire n°141 du 10 novembre 2015 www.lalettreferroviaire.fr - ISSN 2260-4774 International • Voyageurs Après les tests positifs de ce printemps, la production des nouvelles automotrices à deux niveaux et à motorisation répartie pour les Chemins de fer fédéraux suisses CFF, connues sous le générique de Twindexx Swiss Express (Bombardier) mais aussi plus confidentiel de Dosto FV (SBB), monte en puissance. Trois rames RABe 502.200 sont actuellement aux essais (les 201 et 204 à Velim en République tchèque, la 203 en Suisse). Une quatrième (la RABDe 502 001) est en cours de finition sur le site de Villeneuve (Suisse, canton de Vaud), dont les installations ont été agrandies (lire La Lettre Ferroviaire n°139 du 13 octobre 2015). Rechercher la capacité en plus de la vitesse C’est le 11 mai 2010 que les CFF ont décidé de commander à Bombardier Transport leurs nouvelles rames automotrices à deux niveaux avec système actif de compensation du roulis (système WAKO). Ce choix a été effectué aux dépens des offres faites par Siemens et Stadler. Les CFF devaient initialement acquérir 59 rames (voir plus loin) pour un montant de 1,9 milliard de francs suisses ou environ 1,3 milliard d’euros (jusqu’à 112 unités en option), non seulement pour renouveler leur parc mais aussi pour répondre à une demande intérieure sur les longues distances en constante augmentation. Ce contrat s’inscrit dans la droite ligne du programme ZEB, dont l’objectif principal est de « consolider » le système ferroviaire suisse, plutôt que de le révolutionner de fond en comble, en privilégiant d’abord la capacité plutôt que la seule rapidité. Très capacitaire, le nouveau matériel doit permettre des gains de temps compatibles avec les évolutions prévisibles de l’actuel cadencement horaire. Grâce au système WAKO, qui contre la force centripète, l’inclinaison de Christian Jacquier train Suisse : montée en puissance de la production du Twindexx Swiss Express chez Bombardier deux degrès des caisses permet un franchissement de 10 à 15 % plus rapide des courbes, tout en respectant le gabarit et le confort des voyageurs. Afin de parvenir à ce résultat, les concurrents de Bombardier ont eu une approche différente : un système au niveau des suspensions primaires pour Siemens et un système à pendulation passive pour Stadler. Des rames IR et IC en configuration courte ou longue Les nouvelles rames Bombardier à motorisation répartie sont construites à Görlitz en Allemagne ainsi qu’à Villeneuve en Suisse, pays dans lequel 50 à 60 % de la valeur du contrat seront réalisés. Elles sont longues de 101 m ou de 200,6 m et configurées soit IR (InterRegio), soit IC (InterCity). La commande ferme porte sur neuf rames IR courtes (maximum 3,75 MW de puissance, 200 km/h) et 30 rames IR longues (maximum 7,5 MW de puissance, 200 km/h). Il y aura en sus 20 rames IC, toutes de 200,6 m et aux performances identiques à celles des rames IR longues. Les rames IR de 101 m (RABe502.4) comportent quatre éléments, dont trois motorisés avec deux transformateurs pour trois ensembles convertisseur/ onduleur/paire de moteurs de traction synchrones à aimant permanent. La configuration d’essieux de ces dernières est 2’Bo’+2’2’+Bo’2’+Bo’2’ Les rames IR de 200,6 m (RABe502.2) seront à huit éléments, dont six sont motorisés avec trois transformateurs pour six ensembles propulsifs. La configuration d’essieux est alors de type 2’Bo’+2’Bo’+2’Bo’+2’Bo’+ 2’2’+2’2’+Bo’2’+Bo’2’. Les neuf rames IR courtes auront une voiture-pilote avec 79 places assises de deuxième classe, une voiture avec 95 places de deuxième classe, des aménagements pour les personnes à mobilité réduite, un compartiment pour le personnel d’accompagnement et une voiture de 109 places assises de deuxième classe. Seule la deuxième voiture-pilote comportera 47 places de première classe. Les rames IR courtes offriront au total 330 places, dont 14 % en première. Les 30 rames IR longues seront formées d’une voiture-pilote de 79 places assises de deuxième classe, de deux voitures de 109 places et d’une de 105 places en deuxième classe, d’une voiture de 99 places en deuxième avec aménagements pour les personnes à mobilité Toute reproduction, même partielle est interdite Rame RABe 502.203 lors d’une marche d’essai en octobre 2015, au Landron (section Neuchâtel Bienne sur la ligne dite du Pied du Jura). www.lalettreferroviaire.fr - ISSN 2260-4774 La lettre ferroviaire n°141 du 10 novembre 2015 Sylvain Meillasson réduite et compartiment pour le personnel d’accompagnement. Aux 501 places de deuxième classe s’ajouteront 181 sièges en première répartis entre deux voitures de 68 et 67 places chacune et une voiture-pilote (sans fourgon) de 46 places. La capacité totale sera de 682 places, dont 27 % en première classe. Avec un ratio de 30 % en première classe, les 20 rames IC (RABDe 502) bénéficient pour leur part d’aménagements spécifiques et ont un diagramme différent. Elles sont formées d’une voiture-pilote avec 71 places assises en deuxième classe et un espace familles, de trois voitures de 109, 105 et 99 places en deuxième chacune, d’une voiture restaurant offrant 46 places (plus des aménagements pour les personnes à mobilité réduite et un compartiment pour le personnel d’accompagnement au premier niveau). Deux voitures avec 68 et 67 places de première classe chacune et une voiture-pilote avec 41 places (avec espaces de travail) et un fourgon complètent cet ensemble, dont la capacité totale sera de 606 sièges. Dans tous les cas, les rames comportent deux pantographes situés légèrement en retrait des cabines de conduite. Elles sont par ailleurs aptes à l’Unité multiple (UM). Conformes aux STI, les rames sont pré-équipées Autriche et Allemagne. Des dispositions pour endiguer le retard du programme Après les essais des bogies prototypes menés sur une voiture IC2000 fin 2010 (plus de 40 000 km parcourus), Bombardier devait produire cinq à six rames prévues pour subir des tests techniques de 2012 à 2013. Le système WAKO devait ensuite être essayé sur deux rames jusqu’en 2016. C’est au terme de cette période d’essais que les CFF devaient se prononcer, par ailleurs, sur l’adoption ou non du système à essieux radiants ARS (Active Radial Steering, autrement dit un contrôle actif et de stabilisation des essieux) proposé hors spécification contractuelle par Bombardier. La livraison des rames de série devait commencer véritablement au changement d’horaire de 2013-2014. Les rames devaient à ce stade être utilisées sur Genève - Saint-Gall, Brigue - Romanshorn et Lucerne - Zurich, leur rayon d’action devant s’agrandir à l’horizon 2020 avec des missions sur Genève Brigue, Bâle - Lucerne, Bâle Coire, Zurich - Lugano etc. Mais suite au recours d’associations d’handicapés en 2012 (portant Important pour l’avenir des relations IR et IC helvétiques, ce contrat l’est tout autant pour Bombardier. Impliqué par la livraison des 341 voitures IC2000, 119 Re460, 44 ICN et 90 ICBt – En plus des 142 voitures Innova (Regional), 121 voitures NDW (RER Zurich) et de 71 locomotives Traxx (Cargo) –, le constructeur reste le fournisseur des CFF pour ce segment clef et renforce sa présence industrielle en Suisse, par la création de 200 nouveaux postes à Villeneuve. Toute reproduction, même partielle est interdite sur l’accès à la voiture restaurant), aux difficultés rencontrées dans la conception structurelle des caisses et aux modifications demandées par les CFF, les Twindexx n’entreront finalement pas en exploitation avant 2017. Le plan des livraisons soumis par Bombardier aux CFF prévoit désormais de fournir l’ensemble de la commande d’ici à 2020 et de rattraper ainsi le retard de trois ans accumulé à ce jour. Ce plan relève d’un accord global qui prévoit également la livraison gratuite de trois rames supplémentaires (RABDe502) ainsi que de rechanges. Des indemnités pour les retards ont aussi été négociées. Les détails de l’accord sont gardés secrets. Des travaux d’infrastructure pour profiter du système de compensation du roulis Parallèlement, la réalisation d’aménagements (au niveau des ouvrages d’art mais aussi de la plateforme et de la voie) comme sur Lausanne - Berne permettra à terme de tirer parti du système de compensation du roulis des rames et de circuler plus rapidement. Adapter l’infrastructure entre Berne et Lausanne, afin d’abaisser le temps de parcours et de se rapprocher le plus possible des principes du cadencement (lire La lettre ferroviaire n°77 du 11 décembre 2012), est cependant d'un coût élevé. La reprise des quelques 100 km séparant les deux villes, pour abaisser le temps de parcours de 66 min à 61 min, reviendra à 355 millions de francs suisses soit environ 330 millions d’euros (en plus du surcoût de 85 millions de francs suisses, soit 80 millions d’euros environ, imputable au matériel). Comparativement, vouloir passer de 66 min à 55 min toujours sur Berne - Lausanne coûterait deux milliards de francs suisses (1,8 milliard d’euros). Précisons que les nouveaux trains circuleront d’abord de manière conventionnelle et que le système WAKO pourra par la suite « être enclenché ou déclenché, selon les besoins ». En revanche, le système ARS a été définitivement écarté par les CFF. Sylvain Meillasson