Synami flash 114 analyses des annonces emploi - Synami-CFDT

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Synami flash 114 analyses des annonces emploi - Synami-CFDT
Des incitations qui n’inciteront pas
Sur les incitations financières, il s’agit d’un relèvement du quota « obligatoire » du nombre de contrats
en alternance dans les entreprises de plus de 250 salariés. Il est aujourd’hui à 3%, il sera demain à 4%.
Ceux qui font plus auront une gratification de 400€ par contrat. En-dessous, c’est un « malus » financier (entre 0,05 et 0,2% de la masse salariale selon le taux d’apprenti).
Les entreprises de moins de 250 salariés ne sont pas concernées par les « malus ». Par contre, elle auront un « bonus » sous forme d’exonération des charges durant 6 mois. Cette mesure avait déjà été annoncé en 2009 pour les entreprises de moins de 10, puis retiré en mai 2010, la voilà donc rétablie.
La CFDT a immédiatement réagi à son niveau confédéral en rappelant que la politique des « bonusmalus », à ce niveau d’incitation et de sanction, si cela marchait, cela se saurait. Ce type de mécanisme
s’applique déjà pour, en vrac, l’emploi des handicapés, l’emploi des séniors, et l’égalité salariale des
hommes et des femmes. Qui a vu une amélioration conséquente dans ces domaines ?
De plus, la CFDT fait remarquer que le développement de l’alternance, cela dépend avant tout des entreprises. Or justement, syndicats et patronat venaient d’engager des négociations interprofessionnelles sur ce sujet. Une fois de plus, le Président de la République vient court-circuiter le dialogue social et
compliquer la capacité des organisations syndicales à améliorer les politiques des entreprises
(pourquoi négocier plus, le gouvernement décide de tout, et plutôt a minima).
Un florilège de vraies-fausses annonces
Revenons aux déclarations de N. Sarkosy le 1er mars. "Je fais un choix. Plutôt que d'indemniser un demandeur d'emploi, je préfère qu'on lui finance un contrat aidé ou une formation pour qu'il puisse se reconvertir".
On se moque de nous, les professionnels, et des jeunes, ce qui est infiniment plus grave. Il y a la diminution de 70 000 contrats aidées. Mais pour parler de la formation, qu’est-ce qui remplace les 50 000
places en formation (Contrats Avenir Formation) qui viennent d’être supprimées : Rien ! Ou en est le
Fonds d’Insertion Professionnelle des Jeunes, doté de 75 millions au moment du plan de cohésion sociale en 2005. Il n’en reste officiellement que 20 millions en 2011, mais en réalité beaucoup moins
puisque que l’Etat le ponctionne pour assurer son financement au ML !
Relevons également l’artifice récurrent qui consiste a annoncer en grandes pompes une mesure...déjà
annoncée...et parfois même déjà en vigueur. Un célèbre quotidien du soir les a répertoriés. Citons juste
les 15 000 places d’hébergement pour les apprentis, déjà annoncées en décembre 2009 et février
2010. Visiblement, elles n’ont même pas commencées à être réalisées.
Remarquons qu’il y a au moins une annonce qui est crédible : la mise en place d’un portail de l’alternance sur internet. Cela ne devrait pas être trop difficile, il existe déjà depuis mai 2010 (www.contratsalternance.gouv.fr) !
Ca ne marche pas, donc on continue ! Vive le Contrat d’autonomie jeune !
Enfin, c’est presque le plus choquant dans la méthode, non seulement le Contrat d’Autonomie est maintenu, mais il est renforcé. Rappelons que ce « génial dispositif » consistait à confier à des opérateurs
privés la tâche d’aller chercher des jeunes « désœuvrés » et de bas niveau de qualification dans les cages d’escalier des quartiers en difficultés pour les mettre à l’emploi (le fameux plan « antiglandouille »). En réalité, il a consisté à demander aux ML de trouver des jeunes, de préférence prêt à
l’emploi et sans trop de difficulté (les ML étant bien évidemment invités à assurer l’accompagnement
social). Au final, ce « brillant » contournement des acteurs reconnus sur le terrain aura couté en 2010
la modique somme de 65 millions d’euros pour accompagner 14 000 jeunes (contrat signé en 2010), 8
300 jeunes si on compte ceux qui vont au bout. Vous ne rêvez pas, il ne manque pas un zéro. Soit un
cout moyen entre 4 500€ et 8 000 € selon la référence utilisée. On va juste signaler que le « coût »
moyen du suivi d’un jeune en ML est aux alentours de 450€ par an (et elles en reçoivent 1,2 millions).
Le plus extraordinaire, c’est que même à ce niveau d’investissement, cela ne marche pas ! Ce n’est pas
nous qui le disons, ce sont toutes les études et rapports, y compris issus des services de l’Etat !
Et on nous parle de performance !
Et on remet des moyens sur le contrat d’autonomie (280 jeunes intégrés en janvier 2011) alors qu’on
enlève des moyens aux ML et au CIVIS (18 141 jeunes intégrés en janvier 2011) !
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La grande mascarade des chiffres du chômage
C’est un rituel bien établi, le gouvernement se félicite bruyamment de toute baisse du nombre d’inscrits à
Pôle-Emploi (et est évidement beaucoup plus discret quand il augmente). Le Synami-CFDT ne commente
pas ses variations tant elles sont sujettes à caution et font l’objet d’habillage cosmétique, on n’y voit guère
d’intérêt, à part que la question du chômage s’invite au moins une fois par mois dans les journaux télévisé.
Pour ne parler que des chiffres de janvier 2011, on nous annonce une baisse de 0,7%. Evidemment, comme
d’habitude, on ne précise pas qu’il ne s’agit que d’une catégorie d’inscrit à Pôle Emploi (la A), et on n’intègre
pas les chiffres de l’Outre-mer, allez savoir pourquoi (les taux records et insupportables de chômage peutêtre ?). Avec ces « petits correctifs », on passe alors de—19 000 chômeurs en catégorie A à + 5 000 toutes
catégories.
De plus, faut-il s’étendre sur toutes les capacités techniques et automatiques existantes pour réduire la liste
des demandeurs inscrits (+ 18 000 radiations à Pôle emploi en janvier 2011 par rapport à déc. 2010).
Enfin, et c’est le plus évident pour nous : que signifie le nombre d’inscrits à Pôle–Emploi ? Le nombre de
demandeurs d’emploi indemnisés, certainement. Mais sûrement pas le nombre de chômeurs réels. Nous
sommes bien placés pour le savoir, seulement entre un tiers et la moitié des jeunes fréquentant les ML sont
inscrits à Pôle-Emploi, soit 600 000 à 900 000 jeunes ! Avec les personnes aux minimaux sociaux qui ne
s’inscrivent pas, et ceux qui sont dispensés d’emploi, il n’est pas très difficile d’affirmer que le sous-emploi
concerne environ 6 millions de personnes. Et tant qu’on ne verra pas ce chiffre monstrueux commencer à
baisser réellement, dans la durée et par tranche significative, c’est l’humilité qui devrait être de mise, et la
mobilisation générale du pays qui devrait être organisée.
Les annonces du Président sont insignifiantes pour lutter contre le chômage, elles ne sont qu’une énième opération de communication, qui chasse la précédente, en attendant la suivante.
Rien de ce qui a été annoncé ne va produire d’effet tangible sur le niveau d’emploi. Après un sursaut avec le
plan de relance, que l’on pouvait critiquer, mais qui existait, le gouvernement est fondamentalement dans
l’attente improbable du reprise de la croissance qui ne vient pas et qui ne s’annonce pas. Il n’y a pas l’engagement total, durable et ambitieux, qui est nécessaire pour combattre en profondeur ce cancer qui ronge la
société française et faire face aux effets dévastateurs de la crise sociale qui perdure.
Il suffit malheureusement pour s’en convaincre de constater non seulement l’absence totale d’ambition
pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, mais pire, le recul des engagements qui y sont consacré.
L’Etat doit à minima maintenir les 1 000 postes de conseiller qui vont disparaitre, retirer la nouvelle
Convention Pluriannuelle d’Objectif qui ferait rentrer les ML dans une logique de production artificielle de
chiffres pervertis, et s’engager dans une très ambitieuse mobilisation à long terme.
Quelque soit les insuffisances (nombreuses), c’était la logique des emplois-jeunes en 1997, celle du plan de
Cohésion Social en 2005, et celle des commissions jeunesses en 2009. L’enjeu, c’est d’aller bien plus loin
aujourd’hui, pas de reculer.
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Synami-Flash 114
3 mars 2011
Annonces emploi du Président de la République
Les annonces du Président de la République
sur l’emploi sont
dramatiquement insignifiantes
Moins 1 milliard d’euros pour l’emploi, moins 70 000 contrats aidés
C’est la réalité des engagements pour l’emploi !
(ou comment annoncer un « plus » qui est en fait un « moins »)
Le Président de la république a détaillé mardi 1er mars à Bobigny l’utilisation des 500 millions d’euros
qui seront débloqués en soutien à l’emploi. Nous rappelons de nouveau que ces 500 millions viennent
« compenser » les 1 500 millions d’euros pour l’emploi qui viennent d’être supprimés entre 2010 et
2011… On comprend bien que les effets d’annonces font partie de la vie politique, mais la réalité, c’est
bien que le gouvernement réduit les mesures de lutte contre le chômage d’un gros milliard ! Un exemple qui dit tout ; Le Président de la République a annoncé la « création » de 50 000 contrats aidés supplémentaires. S’ajoutant au 390 000 déjà budgétisés pour 2011, cela fera donc 440 000 au total cette
année. Mais en 2010, il y en avait 510 000 ! La réalité, c’est que dans cette période de crise sociale dramatique, le gouvernement supprime 70 000 contrats aidés d’une année sur l’autre.
Alternance, alternance, es-tu là ?
Le Président de la république a beaucoup insisté sur l’alternance. Comme d’habitude d’ailleurs, tant ces
incantations autour de ce totem sont devenues rituelles et saisonnières, sans pour autant qu’une pluie
de contrats se mettent à pleuvoir. Il serait pourtant temps de s’interroger sur le fond pour comprendre
pourquoi l’alternance, qui est souvent une bonne solution d’insertion professionnelle, n’arrive pas à
décoller dans ce pays. Citons en particulier la question du statut social de l’apprenti, l’engagement des
partenaires sociaux, et l’articulation –inexistante- entre apprentissage pratique et apprentissage général. Bonnes questions, mais qui ne seront pas posées. A la place, nous avons, comme habitude (bis), l’affirmation d’objectifs à atteindre (800 000 en 2015 au lieu de 600 000 aujourd’hui) et une –légère–
réforme des incitations financières pour que les entreprises s’engagent.
On connaissait la pensée magique, nous sommes au temps du chiffre magique
Sur ces objectifs, nous savons déjà ce qui va se passer : une pression maximale sur le Service Public de
l’Emploi, et singulièrement, sur les ML. 4,5% des jeunes accompagnés dans les ML rentrent aujourd’hui
en apprentissage. La nouvelle CPO - on parle de celle dont nous allons obtenir le retrait- fixe l’objectif à
11% pour les jeunes en CIVIS.
« Rien ne serait pire que de faire du chiffre pour du chiffre » (pour l’apprentissage). Ce n’est pas nous
qui le disons, c’est Gérard Larcher, Président (UMP) du Sénat, ancien Ministre du Travail, en réaction
aux déclarations de N. Sarkozy.
Qui veux parier que c’est pourtant cela qui sera demandé, du chiffre, encore du chiffre ? Et qui rappellera que les ML s’occupent déjà beaucoup d’apprentissage ? Certes, pas beaucoup par le nombre de
contrats signés. Mais énormément en « récupérant » chaque année des dizaines de milliers de jeunes
qui abandonnent en cours de contrat, ou qui n’en trouve jamais, parce que trop vieux à 18 ans (!), et
donc déjà trop chers, ou pas du bon quartier, ou de la bonne couleur de peau, pour tant d’employeurs !
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