Benjamin Sabatier

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Benjamin Sabatier
Benjamin Sabatier
Sans titre, 2013
Benjamin Sabatier, né au Mans en 1977, est agrégé
d’arts plastiques et enseignant à la Sorbonne. Sur les
berges de Seine, il présente une installation composée
de cinq structures alignées, alliant des poutres de
chêne vissées et des sacs de ciment séché, certains
suspendus par des cordes. Ces modules indépendants
forment un tout, un parcours qui joue sur les
différences de hauteur. Un contraste visuel se crée
entre la simplicité des matériaux et des formes et la
monumentalité du pont Alexandre III, situé à côté. Ces
matériaux dialoguent également avec l’environnement
minéral des berges. L’œuvre oppose les lignes droites
des poutres et les formes en apparence molles des
sacs de ciment, en réalité pétrifiés. Ainsi, le contenu
du sac devient le contenant. Une tension, un équilibre
se dessine entre les structures ébauchées et les sacs
suspendus tels des contrepoids ou abandonnés sur les
poutres.
‘vrai travail’, […] peut-être parce qu’on l’associe
au travail intellectuel alors qu’en ce qui me
concerne, je reste très attaché à l’aspect manuel. ».
Sa démarche s’inscrit dans un courant actuel qui
accorde de la valeur au fait-main. L’artiste reprend à
son compte les idées du Do It Yourself, appliquées aux
œuvres proposées par IBK (International Benjamin’s
Kit), une société de production artistique fondée en
2001, sur le modèle d’Ikea. Elle propose des œuvres
en kit à monter soi-même. IBK interroge le statut
de l’artiste ainsi que celui de l’œuvre d’art dans sa
dimension marchande : qu’en est-il de l’œuvre d’art
« à l’ère de [sa] reproductibilité technique »? Peutêtre l’installation créée pour la Fiac apporte-t-elle un
élément de réponse en tentant de remettre le corps de
l’artiste au cœur de l’œuvre.
Louise Bannwarth et Camille Despré
Elèves de l’Ecole du Louvre
Avec l’élément central qui évoque un portique,
l’installation rappelle une aire de jeux. Cependant,
l’artiste a plutôt souhaité convoquer le monde du
chantier, récurrent dans son œuvre. Les matériaux
bruts sont directement empruntés à l’univers du
bâtiment. L’œuvre donne l’impression d’un chantier en
cours. De plus, les gestes simples de l’artiste - clouer
des poutres, soulever des sacs, nouer des cordes - ne
sont pas considérés comme artistiques. Le public peut
clairement reconstituer par le regard le processus de
construction de l’œuvre. Ainsi, même effacée par ces
matériaux standards et ces gestes universels, la main
de l’homme est tout de même mise en avant.
L’artiste se revendique justement comme un travailleur,
un « bricoleur ». A ses yeux, le processus de création
de l’œuvre est assimilé à un travail : « Communément,
le travail de l’artiste n’est pas considéré comme un
Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com