SUD BA SSE-TERRE - Atlas des paysages de l`archipel Guadeloupe
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SUD BA SSE-TERRE - Atlas des paysages de l`archipel Guadeloupe
ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE Comme pour tous les Grands Ensembles Paysagers de la BasseTerre, le Sud Basse-Terre est délimité d’un côté par le littoral et de l’autre côté par la crête centrale du massif montagneux. Cette crête joue un rôle paysager majeur, aussi bien en structurant les grandes lignes du relief qu’en délimitant les champs visuels. Cette chaîne montagneuse est également à l’origine d’un étagement des contraintes écologiques et des milieux naturels le long des pentes du relief, au sein d’un imposant massif forestier. Cet étagement est spécifique à l’île de la Basse-Terre. Cependant, le Sud Basse-Terre présente les spécificités suivantes : la Soufrière et la crête des releifs de la Basse-Terre vues depuis la ville de Basse-Terre crête des reliefs de la Basse-Terre vue depuis Bois-Riant (hauteurs de Capesterre Belle-Eau) le massif boisé de la Madeleine vu depuis le Canal des Saintes 135 SUD BASSE-TERRE LE GRAND ENSEMBLE PAYSAGER DU SUD BASSE-TERRE ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE • une histoire géologique récente et lisible dans les paysages Le Sud Basse-Terre appartient à la Basse-Terre, île volcanique jeune de l’arc interne des Petites-Antilles. Ce Grand Ensemble Paysager repose sur un socle géologique récent à l’échelle de l’archipel (pléistocène), à cheval sur le socle de la chaîne axiale de la BasseTerre (-1 à -0,6 MA) et sur le socle issu des complexes volcaniques récents de la Madeleine et de la GrandeDécouverte / Soufrière (200 000 ans à aujourd’hui, volcanisme actif). SUD BASSE-TERRE Certains reliefs ou sites précis sont directement liés à la structure géologique du socle naturel du Sud Basse-Terre. 136 ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE des reliefs marqués, en ligne de crête ou isolés, qui structurent les paysages Parce qu’ils sont jeunes, les reliefs de la crête centrale du Sud Basse-Terre sont peu érodés. Ils sont donc hauts, les plus élevés de l’archipel, et leurs modelés sont plus abrupts que les reliefs adoucis du Nord de la BasseTerre. les reliefs du massif de la Soufrière, dominant la ville de Basse-Terre la ligne de crête du Sud de la Basse-Terre, vue depuis Capesterre Belle-Eau le relief isolé de la Petite Montagne de Capesterre 137 SUD BASSE-TERRE • ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE • des sols jeunes et fertiles Le Sud Basse-Terre est caractérisé par un ensemble pédologique étagé, caractérisé par des sols à allophanes sur les hauteurs et à halloysites plus près du littoral. Ce sont des sols d’aspect limoneux, très riches en matière organique peu dégradée, fertiles et bien aérés, avec une grande capacité de rétention d’eau tout en restant bien perméables. Leur qualité agronomique est donc très bonne, seulement contrariée localement par des roches en surface. SUD BASSE-TERRE Ce sont des sols jeunes, issus de l’altération d’un socle volcanique récent, sous l’action d’un climat humide. Les sols sont plus jeunes encore sur les sommets récents (Madeleine, Soufrière), essentiellement à base de cendres volcaniques (matériaux fins peu dégradés). 138 ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE un territoire agricole prospère, dès le début de la colonisation, mais dont les traces sont discrètes aujourd’hui dans les paysages L’ensemble du Sud Basse-Terre a été une zone d’occupation privilégiée par les populations amérindiennes saladoïdes (« Arawaks »), bien avant l’arrivée des colons européens. De grands villages amérindiens existaient sur le littoral quand Colomb a débarqué en 1493, comme au niveau de l’embouchure de la Rivière du Grand Carbet par exemple. La colonisation française se concentre tout d’abord dans le Sud de la BasseTerre, de Vieux-Habitants à Capesterre Belle-Eau. Dès 1640, les régions de Basse-Terre, Trois-Rivières et Capesterre deviennent des territoires agricoles importants, consacrés à la culture de la canne à sucre, du café et des vivres. La canne devient la culture dominante au cours du 18e siècle. Les Habitations y sont nombreuses et prospères. Des édifices militaires protègent le littoral contre les attaques maritimes (forts, batteries) et offrent des abris de replis sûrs pour la population à l’intérieur des terres (« réduits »). Suite aux dégâts importants du tremblement de terre de 1843 dans les Habitations cannières, les centrales sucrières se mettent en place en Guadeloupe, avant l’avènement des « usines centrales » avec le progrès technique. Plusieurs distilleries voient le jour dans les années 1860. Suite à l’abolition de l’esclavage (1848), une importante immigration de travailleurs venus d’Inde est organisée de 1854 à 1885 pour faire face à un manque de main d’œuvre agricole, principalement sur les secteurs canniers de Guadeloupe (dont le Sud Basse-Terre). Au cours du 20e siècle s’est opéré un regroupement de la population indienne sur 3 pôles principaux en Guadeloupe, dont Capesterre Belle-Eau, notamment sur la section de Fond-Cacao, comme à Papaye à Saint-Claude. Les témoignages directs de ce riche passé cannier, industriel, militaire et social, sont peu perceptibles dans les paysages du Sud Basse-Terre, y compris en terme de patrimoine bâti. Quelques exceptions notables sont néanmoins des témoins clés de cette histoire riche : • le Parc des Roches Gravées (TroisRivières) ; • le Fort Delgrès (Basse-Terre) ; • le domaine cannier de Bologne, le seul subsistant à Basse-Terre ; • les ruines de l’usine Marquisat (Capesterre Belle-Eau) ; • la distillerie Longueteau (Capesterre Belle-Eau) ; • le temple de Changy, lieu majeur de culte hindouiste, etc. 139 SUD BASSE-TERRE • ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE • un secteur récemment voué à la culture de la banane dans les zones agricoles Le cyclone qui dévaste la Guadeloupe en 1928 cause d’énormes dégâts sur les plantations de café et de cacao du Sud Basse-Terre. Lors de la replantation, c’est la banane qui est massivement privilégiée, devenant la culture principale de toute la région à partir des années 1930. Les sols riches et le climat humide lui conviennent parfaitement. Cela maintient une importante population agricole dans le Sud BasseTerre, la culture de la banane nécessitant une main d’œuvre nombreuse. Des haies brise-vents sont plantées en protection des bananiers (le plus souvent du Sang-dragon - Draceana draco, parfois du Gliricidia sepium). Un certain nombre d’entre elles existent encore à ce jour et participent à l’ambiance boisée et fraiche de certains secteurs de ce grand ensemble paysager. SUD BASSE-TERRE La quasi monoculture de la banane a transformé les paysages mais a eu aussi des conséquences environnementales notables liées aux pratiques agronomiques, par l’usage de traitements phytosanitaires notamment dont certaines substances sont rémanentes dans les sols du Sud Basse-Terre. parcelle de bananes à Haute Plaine (Capesterre Belle-Eau) 140 ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE SUD BASSE-TERRE Carte synthétique du Grand Ensemble Paysager du Sud Basse-Terre : limites, unités & caractéristiques majeures 141