AFAS Infos n° 2006-5 (nov.
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AFAS Infos n° 2006-5 (nov.
N° 2006-5 (nov.-déc. 2006) Association française pour l’avancement des sciences www.avancement-sciences.org Actualités de l’AFAS • Journée «Conditions d’émergence épidémique des infections respiratoires» (Unesco, Paris, 26 janv. 2007) sous l’égide de l’Unesco, l’Académie européenne des sciences, des arts et des lettres, Trace Element - Institut pour l’Unesco, l’Organisation mondiale de la santé, l’AFAS et la Société européenne pour les infections émergentes. Le programme comprendra trois sessions : - Session I : Biologie des agents : bactéries-virus - Session II : Micronutriments et réponse immunitaire - Session III : Conditions favorisant la transmission et le contrôle des agents Renseignements et inscriptions : Susan Gamon - [email protected] Programme préliminaire • Journée «Actualités vétérinaires sur l’influenza aviaire» (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, 15 mars 2007) Coorganisée par la Société européenne pour les infections émergentes, l’ASA (Animal, société, aliment), l’AFAS et le service de formation continue de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort • Rencontre européenne de la technologie (RET) du 16 janvier 2007 La première RET de l’année 2007 aura pour invité-intervenant le président de l’AFAS, le Pr Jeanne Brugère-Picoux, qui fera le point des «Actualités sur les maladies à prion». • «Méditerranée : le partage du savoir (3)» (ICTP, Trieste, 6-8 nov. 2006) Un compte rendu de cette rencontre sera publié dans le prochain numéro de Sciences, et les présentations des intervenants sont progressivement mises en ligne sur le site Web de l’ICTP. Agenda PAROLES D’AUTEURS 18H30 À 20H AU MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS Inscription conseillée : [email protected] PAS DE RENCONTRE EN JANVIER DATE SUIVANTE : JEUDI 1er FEVRIER 2007 CAFE DES TECHNIQUES 18H30 À 20H AU MUSÉE DES ARTS ET MÉTIERS Inscription conseillée : [email protected] JEUDI 18 JANVIER 2007 Chasse au CO2 : quotas, capture, stockage... JEUDI 15 FEVRIER 2007 Batteries... tout l'art de stocker l'énergie RENCONTRES EUROPEENNES DE LA TECHNOLOGIE Sur invitation MARDI 16 JANVIER 2007 MARDI 16 JANVIER 2007 Actualités sur les maladies à prion avec Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort JEUUDI 8 FEVRIER 2007 Vers de nouveaux produits alimentaires, la R&D chez Danone avec Moïse Riboh, directeur prospective stratégique et relations scientifiques, Danone JOURNEE «CONDITIONS D’ÉMERGENCE ÉPIDÉMIQUE DES INFECTIONS RESPIRATOIRES» VENDREDI 26 JANVIER 2007, UNESCO, PARIS Renseignements et inscriptions : Susan Gamon - [email protected] sous l’égide de l’UNESCO, l’Académie européenne des sciences, des arts et des lettres, Trace Element - Institut pour l’Unesco, l’Organisation mondiale de la santé, l’AFAS et la Société européenne pour les infections émergentes. Programme préliminaire Sciences N° 2006-2/3, 2e-3etrimestres 2006, 144 p., 6 planches couleurs, 20 € Actes de la 2e Rencontre «Méditerranée : le partage du savoir» (5-7 sept. 2005, Casablanca) Brèves • Un grand compartiment de carbone organique méconnu à la surface terrestre : le carbone contenu dans les sols gelés (Jean Trichet1) Les grands stocks de carbone à la surface terrestre sont, pour l’essentiel, bien connus : 40 000 109 t (= Gt) dans l’océan, dont 37 500 Gt sous forme minérale (CO2, HCO3-, CO3--) et 2 500 Gt sous forme organique ; 650 Gt dans la végétation terrestre, sous forme organique ; 1 500 Gt dans les sols, sous forme organique (humus) ; 740 Gt dans l’atmosphère, sous forme de CO2 et de CH4 ; 7 à 8 107 Gt dans les sédiments et les roches sédimentaires, 6 à 7 107 Gt sous forme minérale (carbonates) et 1 à 2 107 Gt sous forme organique (kérogènes). La prise en compte globale de ces stocks s’est rapidement imposée depuis 40 à 50 ans, lorsqu’a été acquis le fait que ces stocks communiquaient entre eux, grâce à la mobilité des deux gaz carbonés majeurs à effet de serre, le gaz carbonique et le méthane, notamment. Or, l’inventaire des compartiments contenant des quantités notables de carbone organique a gravement mésestimé l’un d’entre d’eux, à savoir l’ensemble des sols gelés – notamment les permafrosts, où le gel est permanent au sein du sol – du nord de l’Eurasie (Sibérie) et d’Alaska. Ces sols, gelés souvent depuis plusieurs milliers d’années, le sont à partir d’une profondeur d’une dizaine à quelques dizaines de centimètres et sur une profondeur variable, fonction du régime du froid local, comprise entre 1 et 2 m et jusqu’à plusieurs centaines de mètres. L’ouverture d’une tranchée dans un tel sol – au marteau-piqueur ! – révèle un horizon gelé sombre et hétérogène. La glace a, en effet, incorporé des éléments minéraux du substrat mais elle doit surtout sa couleur à des fragments végétaux lacérés incorporés dans l’horizon gelé par des mouvements de cryoturbation au cours desquels la glace subit des déplacements dans un champ de pressions élevées. Au total, ce carbone ainsi incarcéré se trouve présent, dans le permafrost, à des teneurs variant de 2 à 5 %, ce qui est considérable. Et l’ensemble du carbone des sols gelés, associé à celui des tourbières des mêmes régions boréales, atteindrait ainsi une masse voisine de 1000 Gt, soit une valeur du même ordre de grandeur que celle de la masse du carbone contenu dans les deux autres grands compartiments symptomatiques des domaines continentaux, les couverts végétaux et les humus. La plus grande attention doit être portée au carbone de ce compartiment à cause de la très grande sensibilité à l’oxydation par l’oxygène de l’air et par les micro-organismes qu’il présentera lorsqu’il entrera à leur contact. La matière organique libérée est, en effet,une matière organique fraîche, non décomposée et prête à l’être. Or il suffirait d’une légère augmentation de la température au droit des régions boréales pour induire la fusion de la glace au sommet du pergélisol et libérer des quantités considérables de matière organique biodégradable. La matière organique, jusque là paralysée, sera alors confrontée aux trois agents de son altération : l’eau, l’oxygène et les micro-organismes, qui intégreront activement des quantités importantes de carbone dans des molécules de CO2 ou de CH4. intégreront activement des quantités importantes de carbone dans des molécules de CO2 ou de CH4. Comme dans les sols des autres régions du monde, les molécules résultant de l’oxydation des biomolécules initiales contracteront, entre elles et avec les minéraux adjacents, des liaisons qui conduiront à la formation d’humus. Le carbone sera alors stabilisé (cf. brève sur la signification de l’humus, AFAS Infos, 2005-3, mai-juin 2005). Mais il ne l’aura été qu’au prix, et après, un dégagement précoce et considérable de CO2 et de CH4. Ce sont sa proximité par rapport à la surface du sol et sa composition chimique très sensible à l’oxydation par les agents superficiels qui confèrent au carbone des sols gelés un caractère sensible, au sens écologique. (Excursion en Alaska dans le cadre du Congrès international de science du sol, juillet 2006 et d’après Zimov et al., 2006, Science, 1612-1613) 1 Professeur émérite à l’université d’Orléans • Changement climatique : les politiques suivent les scientifiques (Alain Foucault1) Deux rapports issus du monde politique, ceux que l’on nomme en anglais policymakers, viennent de souligner l’intérêt que la classe politique accorde désormais aux conclusions des scientifiques concernant les changements climatiques ayant pour cause les activités humaines. Le plus récent est le rapport Stern. Commandé par le Chancelier de l’Echiquier, ministre britannique de l’Economie, ce rapport a été rendu public le 30 octobre 2006. Nicholas Stern, ancien chef économiste de la Banque mondiale, s’est livré à un travail considérable pour mener à bien sa mission, qui était d’évaluer les conséquences économiques des changements climatiques annoncés, et des mesures qui pourraient être prises pour les atténuer ou pour y remédier. Ses conclusions n’engendrent pas l’optimisme. Selon lui, le changement climatique constitue une menace planétaire grave et exige une réponse mondiale de toute urgence. Il estime que si l’on ne réagit pas, les coûts et les risques globaux du changement climatique seront équivalents à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année, et pourraient même s’élever jusqu’à 20 % ou davantage. Pour éviter les pires conséquences du changement climatique, dit-il encore, les coûts de l’action tendant à réduire les émissions de gaz à effet de serre peuvent se limiter à environ 1 % du PIB mondial chaque année. Reste évidemment à savoir dans quelle mesure ces préconisations seront suivies d’effet. Quatre mois plus tôt, l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) avait publié un rapport ayant pour titre «Changement climatique et transition énergétique : dépasser la crise», et pour auteurs MM. Pierre Laffitte et Claude Saunier, sénateurs, et organisé un colloque sur ce même sujet. Très documenté et clairement articulé, ce rapport fait une large revue des problèmes concernant la disposition des différentes sources d’énergie au regard des changements climatiques. Il montre aussi l’intérêt de nos représentants parlementaires envers un avenir dont les échéances vont bien au-delà de leurs mandats électifs, ce qui doit être pour tous un motif de satisfaction. Des analyses plus détaillées de ces deux rapports seront publiées dans la revue SCIENCES de l’AFAS. 1 Professeur au Muséum national d’histoire naturelle (Paris) • Fraude scientifique : comment agir ? (Frédéric Sgard1) Un certain nombre de cas de fraude scientifique ont récemment fait la une des journaux. Leur importance, les dégâts effectués dans et en dehors de la communauté scientifique, font l’objet de discussions approfondies parmi les chercheurs, au sein des instances scientifiques et de la presse. Le Forum mondial de la science de l’OCDE organisera sur ce thème une rencontre entre les représentants des différents pays intéressés en février prochain à Tokyo, avant qu’une grande conférence internationale ne se tienne à Lisbonne en septembre 2007 sur ce même sujet. En prévision de cet évènement, le Forum mondial de la science a effectué une vaste enquête auprès d’experts d’une vingtaine de pays afin de connaître les mécanismes existant pour prévenir cette fraude. Il en ressort tout d’abord que la définition de mauvaise conduite scientifique varie de pays à pays, mais qu’un consensus existe sur les problèmes, assez rares mais graves, de fabrication et falsification de données, qui se doivent d’être poursuivis, de même que le plagiat. D’autres conduites, liées aux problèmes d’auteurs de publications, ou de mauvaise conservation ou partage des données ou matériels de recherche, semblent plus difficile à combattre tout en étant plus fréquents. Les structures et mécanismes mis en place pour enquêter et résoudre ces cas de fraudes sont très variables de pays à pays. Certains ont établi des systèmes très développés, tandis que d’autres, comme la France, traitent les cas au coup par coup, sans claire définition de la conduite à tenir. L’un des objectifs de cette rencontre sera d’ailleurs de tenter d’établir les éléments nécessaires, quel que soit le système, pour qu’un tel mécanisme d’enquête soit effectif, et de réfléchir aux mécanismes qui peuvent être envisagés dans le cas de fraudes commises dans le cadre de collaborations internationales. Enfin, la prévention tient un rôle particulier dans toute politique efficace de lutte contre la fraude scientifique, ce qui nécessite d’ailleurs une bonne compréhension des facteurs incitatifs. En dehors de l’existence de sanctions pour les coupables, qui peuvent être dissuasives, il est nécessaire de faire un effort d’information et d’éducation des jeunes chercheurs sur les bonnes pratiques et standards en vigueur dans la recherche. 1 Administrateur de projets au sein du Forum mondial de la science à l’OCDE, vice-président d’Euroscience • Renaissance du nucléaire ? (Bertrand Barré1) Dans les conférences spécialisées, on parle systématiquement depuis deux ou trois ans d’une «renaissance» du nucléaire : info ou intox ? D’abord, le nucléaire n’est jamais mort. En Asie, notamment (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Chine, Inde), il n’a jamais cessé de croître. Il est vrai qu’en Europe de l’Ouest, la situation est tellement différente d’un pays à l’autre qu’il était bien difficile de se faire une vue d’ensemble, entre les pays qui continuent (Finlande et France), celui qui a tout arrêté (Italie), ceux qui sont en moratoire de droit ou de fait (Espagne, Suisse) et ceux qui annoncent la sortie (Suède, Allemagne et Belgique). En revanche, depuis le tournant du siècle, la plupart des signes indiquent une reprise imminente à l’échelle mondiale, ou à tout le moins, une volonté générale de reprise. Après l’hibernation qui avait suivi Tchernobyl et l’implosion de l’URSS, la Russie a repris ses chantiers de constructions et ses exportations, et le président Poutine a annoncé la mise en service de deux réacteurs par an à partir de 2010. Aux Etats-Unis, où aucun réacteur n’avait été commandé depuis 1974, les compagnies d’électricité se sont restructurées, la réglementation a été simplifiée, la disponibilité des réacteurs s’est spectaculairement améliorée et la loi-programme de l’été 2005 a créé les conditions d’une reprise à court terme. Quant aux programmes indien et chinois, ont connaît leur ampleur. Même en Europe, les signaux passent progressivement au vert : les Pays-Bas ont reculé l’arrêt de leur centrale nucléaire et parlent d’en construire une autre, la Slovénie veut désormais continuer le nucléaire après l’arrêt de Krsko, la Bulgarie a lancé la commande de Belleme, les pays Baltes veulent construire en commun un remplaçant de Ignalina, la Suisse a repoussé par une majorité des deux tiers une sortie du nucléaire «à l’allemande», le Royaume-Uni remet en cause son livre blanc de 2003 qui ne laissait au nucléaire que la portion congrue… Dans le reste du monde, Argentine, Brésil et Afrique du Sud se réveillent, et même l’Australie, en dépit de ses réserves de charbon, envisage (et c’est tout récent) de se lancer dans le nucléaire. Il est donc exagéré de parler de renaissance, mais le second souffle n’est pas loin. 1 Directeur, chargé de la communication scientifique à AREVA • Argiles et nanomatériaux (Michel Rautureau1 et Nicole Liewig2) Les argiles sont des minéraux très populaires du fait de leurs nombreuses propriétés et de leurs utilités quotidiennes. Ces minéraux, plus précisément des phyllosilicates hydratés (silicates formés de feuillets contenant de l’eau ou des hydroxyles), ont longtemps été mal connus à cause des faibles dimensions de leurs particules, de l’ordre du micromètres. Néanmoins, ils sont cristallisés. Leur genèse est souvent perturbée car ils trouvent leurs origines essentiellement dans la dégradation des roches silicatées. De ce fait leur structure cristalline est porteuse de nombreux défauts qui sont à l’origine de la plupart de leurs propriétés physiques, chimiques ou physicochimiques. La présence de ces défauts (souvent par substitutions ioniques) sans rompre le caractère cristallin, diminue considérablement la dimension des domaines cohérents de la structure. Rappelons que, dans le plan des feuillets, la maille cristalline des phyllosilicates a des paramètres voisins du nanomètre. Dans une maille cristalline, la distance moyenne qui sépare deux sites porteurs de défauts est voisine de cette distance d’un nanomètre, généralement un peu supérieure. Sans faire d’amalgame entre les notions physiques fondamentales, on se trouve tout de même en présence de la dimension qui caractérise un important domaine de la physique des matériaux moderne : les nanomatériaux. En fait, nous ne caractérisons pas ici de véritables nanomatériaux par leurs dimensions mais des matériaux dont les domaines cristallins cohérents et les dimensions des zones physiquement actives sont de l’ordre du nanomètre. Pour développer un peu plus cette approche, nous pouvons faire remarquer que la distance entre les feuillets des différentes argiles sont également de l’ordre de un nanomètre. Ces quelques remarques justifient l’intérêt croissant porté à ces minéraux et à leurs nombreuses propriétés qui se développent chaque jour dans tous les domaines tels que la physique, la chimie, la pharmacie, la biologie ou encore des applications thérapeutiques douces. 1 Docteur ès sciences physiques 2 Docteur ès sciences naturelles, chargé de CNRS, Institut Hubert Curien 3 Les argiles, M. Rautureau, S. Caillère et S. Hénin, 102p, 2004, édité par Société de l’Industrie Minérale, 17 rue Saint-Séverin, 75005 Paris. Minéralogie des argiles, S. Caillère S. Hénin et M. Rautureau, 2 tomes, Masson, 1982. AFAS Infos est diffusé par courrier électronique Association française pour l’avancement des sciences (AFAS) CNRS - 1 place Aristide Briand - F-92195 Meudon Cedex Tél. 33 (0)1 45 07 59 40 - Fax : 33 (0)1 45 07 59 44 Abonnement/désabonnement : [email protected]