AFAS Infos n° 2015-4 (sept.

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AFAS Infos n° 2015-4 (sept.
Lettre d’information bimestrielle de l’Association française pour l’avancement des sciences
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N° 2015-4 (sept.-oct. 2015)
SOMMAIRE
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EDITORIAL
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ACTUALITES DE L’AFAS
Deux « Petits-déjeuners de la science et de l’innovation » autour de la COP 21
Forum des métiers scientifiques et techniques
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AGENDA DE L’AFAS
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BREVES
Exemple de deux maladies exotiques émergentes en Europe en une décennie chez les ruminants domestiques (fièvre catarrhale
ovine et maladie de Schmallenberg) et santé publique
La réouverture du Musée de l’Homme : premières impressions
Qu’est-ce que la conscience ? (A propos du numéro hors-série d’octobre-novembre 2015 de La Recherche)
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ANALYSES D’OUVRAGES
Climat, le temps d’agir (sous la direction de M. Petit)
Voyage d’un grain de sable (P. de Wever, F. Duranthon)
Amour et maths (E. Frenkel)
A la recherche du réel. Regard d’un physicien (B. d’Espagnat)
Emile Duclaux. De Pasteur à Dreyfus (C. Moissinac)
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EDITORIAL
Dans le contexte de l'organisation par la France de la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques du 30 novembre au
11 décembre (COP 21), l'AFAS se devait d'éclairer ses membres sur la situation et les enjeux.
C'est ainsi qu'un premier « Petit-déjeuner de la science et de l’innovation » a été organisé le 15 octobre dernier, animé par Olivier Boucher, directeur de
recherche au CNRS au laboratoire de météorologie dynamique, qui a dressé un constat scientifique de l'évolution du climat. Un second Petit-déjeuner se
tiendra le 26 novembre sur le thème « Le changement climatique : quels remèdes ? », avec Michel Petit, membre correspondant de l’Académie des
sciences et ancien membre du Bureau du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Ces Petits-déjeuners, qui rencontrent maintenant un vrai succès, sont organisés avec l’Association des anciens et amis du CNRS et la Société
d’encouragement pour l’industrie nationale. Ils permettent de débattre librement avec des conférenciers compétents et bien informés, dans une
enceinte neutre, participant ainsi à l'instauration d'un véritable échange entre scientifiques, techniciens et citoyens, en phase avec la mission première
de notre association.
Serge Chambaud
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ACTUALITES DE L’AFAS
Deux « Petits-déjeuners de la science et de l’innovation » autour de la COP 21
Du 30 novembre au 11 décembre prochains, la France accueillera et présidera, au Parc des expositions de
Paris Le Bourget, la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (COP21).
L’enjeu est majeur car la COP21 devra aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous
les pays à partir de 2020, avec pour objectif, en 2100, une augmentation maximale de la température
terrestre de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Dans ce contexte, l’AFAS, l’Association des anciens et amis du CNRS et la Société d’encouragement pour
l’industrie nationale ont souhaité s’associer à la réflexion sur les changements climatiques en organisant deux
rencontres successives des « Petits-déjeuners de la science et de l’innovation » sur ce thème.
Le premier volet, le jeudi 15 octobre, était consacré au constat scientifique, avec Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS et chercheur au
Laboratoire de météorologie dynamique.
Olivier Boucher a été, de 2005 à 2011, responsable de l’équipe « Climat, chimie et écosystèmes » au Centre Hadley du Met Office britannique. Il
s’intéresse aux effets météorologiques et climatiques des aérosols, à leurs interactions avec les nuages et le rayonnement et à la modélisation du
système Terre. Il a coordonné la rédaction du chapitre « Nuages et aérosols » du 5e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat) publié en 2013. Depuis juin 2015, il coordonne avec Hervé Le Treut une équipe interdisciplinaire de chercheurs pour évaluer
les contributions nationales (INDC) soumises dans le cadre de la COP21.
Les causes des changements climatiques, les évolutions prévisibles et le caractère inéluctable ou non des bouleversements auxquels nous devrons
faire face ont été exposés. La part de l’activité humaine et celle des facteurs naturels imputables aux changements climatiques ont été notamment
abordées.
Une interview d’Olivier Boucher, réalisée à l’issue de la rencontre, sera mise en ligne prochainement sur le site de l’AFAS.
Le second volet, le jeudi 26 novembre, abordera les solutions technologiques, avec Michel Petit, membre correspondant de l’Académie des
sciences, ancien membre du bureau du GIEC et auteur du livre Climat, le temps d’agir paru en octobre 2015 aux éditions du Cherche midi.
(Voir, dans ce numéro, la présentation de la rencontre du 26 novembre dans les pages « Agenda » et l’analyse du livre dans les pages « Analyses
d’ouvrages ».)
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Forum des métiers scientifiques et techniques
Face à la désaffection des jeunes pour les métiers scientifiques et techniques, constatée à la fois par les industriels et les formateurs, le Conseil
d'administration de l'AFAS a imaginé d'organiser en 2016 un « Forum des métiers scientifiques et techniques » (le nom de l'évènement peut encore
évoluer), qui consistera en une manifestation sur trois jours pendant laquelle seront présentés, de façon ludique et interactive, les métiers
scientifiques et techniques et les filières de formation. Cet évènement serait destiné prioritairement aux collégiens et à leurs prescripteurs que sont
les parents et les enseignants, car c'est au collège que se décident généralement les choix de carrière.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a d'ores et déjà accordé une subvention pour la mise en place de cette manifestation.
La Mairie de Paris apportera son patronage et devrait nous faciliter l'accès à un lieu pour l'organisation de ce Forum.
Par ailleurs, la Fondation Agir Contre l'Exclusion (FACE) a accepté d'être partenaire, ainsi que la Société d'encouragement pour l'industrie nationale
et l'Association des anciens et amis du CNRS.
Nous sommes en pourparlers avec les Fédérations professionnelles et le MEDEF pour les mobiliser autour de ce projet.
Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure de l'avancement de ce projet.
Serge Chambaud
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AGENDA DE L’AFAS
Jeudi 5 novembre 2015 à 18h30, au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS
Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est recommandé de s'inscrire en ligne sur le site du Musée des arts et métiers.
PAROLES D’AUTEURS
Faut-il sentir bon pour séduire ?
avec Roland Salesse, chargé de mission à la culture scientifique, unité de neurobiologie de l’olfaction (INRA), auteur de l'ouvrage Faut-il sentir bon
pour séduire ? (Quae, 2015)
Imaginez-vous dans la nuit noire, avec les oreilles bouchées. Comment faire pour vous orienter, pour déceler des présences ?
Utilisez donc votre nez !
L’homme accorde volontiers aux animaux des pouvoirs olfactifs surprenants : détecter le passage d’un animal, sentir une proie
à distance, dialoguer chimiquement avec ses congénères, attirer l’âme sœur grâce à de mystérieuses phéromones. Mais notre
odorat n’est pas si sous-développé : il fonctionne bien avant la naissance, le nouveau-né reconnaît sa mère à son odeur et les
souvenirs olfactifs peuvent rester gravés dans notre esprit durant toute une vie.
Comment le message olfactif voyage-t-il, depuis le nez jusqu’au cerveau ? Que se passe-t-il dans la cavité nasale ? Quels
comportements l’odorat influence-t-il ? L’homme s’intéresse aux odeurs depuis la plus Haute Antiquité et certains passionnés
placent même l’olfaction au cœur de leur métier. Parfumeurs ou œnologues, ces artistes témoignent des capacités olfactives et
créatrices de l’espèce humaine : comment conçoit-on un parfum ? Quel fut le premier parfum moderne ? Qu’est-ce que la roue
des vins ?
Du kodo japonais à la jungle colombienne, chacun possède sa culture olfactive. L’odorat intervient aussi dans le diagnostic
médical, trouve sa place dans les arts ou influence notre sexualité. Alors… fermez les yeux, ouvrez votre nez, le voyage commence !
Rencontre animée par Daniel Fiévet, journaliste scientifique et producteur à France Inter
Jeudi 19 novembre 2015 à 18h30, au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS / Association des amis du Musée des arts et métiers
Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est recommandé de s'inscrire en ligne sur le site du Musée des arts et métiers.
CAFE DES TECHNIQUES
Ingénieur et designer, un mariage forcé ?
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L’ingénieur de futur sera-t-il aussi designer ? Le designer de demain devra-t-il s’ouvrir davantage au monde industriel ? Comment l’hybridation
des cultures et des expertises peut-elle opérer pour penser, créer et concevoir un produit, depuis l’idée initiale jusqu’à l’objet commercialisé ?
Au-delà de l’innovation technologique, le design constitue en effet un véritable atout en matière de compétitivité. On achète rarement un produit
pour sa technicité, on le choisit pour son « design », et ce d’autant plus chez les jeunes générations. Il apparaît ainsi cla irement qu’ingénierie et
design sont intimement mêlés, il ne suffit pas d’avoir la maîtrise de la technique, il faut savoir inventer les usages et concevoir les objets
associés. L’introduction de nouvelles technologies au service du design émotionnel permet de faire vivre une expérience diffé rente aux
utilisateurs et faire ainsi évoluer les fonctionnalités vers plus d’intuitivité.
De la beauté d’un processus ingénieux à l’utilité de l’esthétique industrielle, qu’est-ce qui caractérise le processus créatif ? Si l’ingénieur a appris
à résoudre des problèmes dans un cadre bien défini, le designer invente des concepts que personne n’avait imaginés auparavant. Existe-t-il des
profils de personnes créatives, prédisposées à trouver des solutions innovantes ? Comment l’organisation du travail peut -elle influencer
l’inventivité tant au niveau individuel que dans la démarche globale de création ? Les métiers d’ingénieurs et de designers seront-ils amenés à
converger ou à réaffirmer leur complémentarité ?
Avec Alain Cadix, conseiller scientifique au CEA / CEA Tech (technologie et design), membre de l’Académie des technologies — Carole Favart,
directeur, Kansei Design, Toyota Motor Europe R&D — Todd Lubart, professeur de psychologie, directeur du laboratoire adaptations travailindividus, université Paris-Descartes.
Rencontre animée par Nathalie Milion, journaliste scientifique, et suivie d’une visite de l’exposition Invention/Design. Regards croisés présentée
jusqu’au 6 mars 2016 au Musée des arts et métiers.
vendredi 20 novembre 2015 après-midi
Organisé par l’Antenne Languedoc-Roussillon de l'AFAS
VISITE COMMENTÉE
Usine de pompage de la source du Lez de la Communauté d’agglomération de Montpellier
Cette visite permettra de présenter les dispositifs de pompage souterrain, exceptionnels au plan international (alimentation en eau potable de plus
de 350 000 habitants), ainsi que les conditions de gestion de la ressource en eau souterraine sollicitée.
Le nombre de participants est limité à 25 personnes. Si vous souhaitez recevoir l'invitation permettant votre inscription, veuillez adresser un courriel
à Claude Drogue : [email protected], en précisant vos nom, prénom, e-mail et le nombre d'inscriptions souhaitées. Pour une bonne organisation de
cette visite, cette pré-inscription est obligatoire.
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Lundi 23 novembre 2015 à 15h, à l’Institut Pasteur (Paris 15e)
Partenariat AFAS /Chercheurs Toujours
Inscription préalable obligatoire, dans la limite des places disponibles, à : [email protected]
CONFERENCE-DEBAT
Maladies émergentes : nouvelles menaces ?
Avec Jeanne Brugère-Picoux, professeur honoraire de l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort, membre de l'Académie nationale de médecine et
ancienne présidente de l'Académie vétérinaire de France
Les 335 maladies émergentes qui sont apparues entre 1940 et 2004 dans le monde ont été principalement des zoonoses (60 %), dont 72 % ont eu
pour origine la faune sauvage. Les importantes mesures prophylactiques réalisées dans les cheptels domestiques ont permis l’amélioration de l’état
sanitaire des élevages, en particulier pour les maladies contagieuses soumises à une déclaration obligatoire. La santé de la faune sauvage n’a guère
été prise en compte à cette époque en dehors des principales infections pouvant représenter un risque avéré pour l’Homme comme, par exemple, la
rage.
Ces dernières décennies, nous avons eu l’exemple de nouvelles menaces d’origine alimentaire (encéphalopathie spongiforme bovine) ou liées aux
espèces aviaires domestiques et sauvages (influenza aviaire, virus du Nil occidental…). D’autres menaces sont prises actuellement en compte
(résistance aux antibiotiques, promiscuité avec différentes espèces animales domestiques ou sauvages, maladies d’origine vectorielle….). D’autres
menaces semblent s’annoncer, par exemple, l’hépatite E.
Modérateur : Serge Chambaud, président de l’AFAS
Jeudi 26 novembre 2015 à 8h30, à l’Hôtel de l’industrie (Paris 6e)
Partenariat AFAS / Association des anciens et amis du CNRS / Société d’encouragement pour l’industrie nationale
Inscription préalable obligatoire, dans la limite des places disponibles, à : [email protected]
PETIT-DEJEUNER DE LA SCIENCE ET DE L’INNOVATION
Le changement climatique : quels remèdes ?
avec Michel Petit, membre correspondant de l’Académie des sciences, ancien membre du bureau du Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC)
Les travaux scientifiques menés depuis déjà de nombreuses années à travers le monde montrent que le changement climatique est une réalité avec
laquelle il va falloir apprendre à vivre. La question qui se pose maintenant est celle des actions que doit entreprendre l’humanité pour s’adapter à un
changement inéluctable et pour en limiter l’ampleur. Ces deux approches sont complémentaires et doivent être menées conjointement.
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Deux défis sont à relever. L’un collectif : il s’agit de savoir comment ralentir le réchauffement climatique et quelles sont les meilleures technologies
pour y parvenir ? L’autre individuel : là se pose la question de savoir comment chaque personne peut contribuer, à son échelle, à modifier son mode
de vie, son habitat, ses transports et sa nourriture pour réduire autant que faire se peut son empreinte carbone fossile.
Ces questions impliquent une stratégie des Etats et des personnes, des processus de régulation internationaux, bref une remise en cause de nos
modes de fonctionnement et un accord collectif sur un nouveau vivre ensemble.
Ce sont tous ces points – qui sont abordés dans le livre Climat, le temps d’agir (Cherche midi Ed.) dont Michel Petit a coordonné la réalisation – qu’il
se propose de présenter au cours de notre Petit-déjeuner de la science et de l’innovation du 26 novembre 2015.
(Voir, dans ce numéro, l’analyse du livre Climat, le temps d’agir dans les pages « Analyses d’ouvrages ».)
Jeudi 3 décembre 2015 à 18h30, au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS
Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est recommandé de s'inscrire en ligne sur le site du Musée des arts et métiers.
PAROLES D’AUTEURS
Le design, objet de science
avec Stéphane Vial, maître de conférences en design à l'université de Nîmes et chercheur à l'Institut ACTE (UMR 8218, université Paris 1
Panthéon-Sorbonne / CNRS), directeur de la rédaction de la revue Sciences du design (PUF) et auteur de l’ouvrage Le Design (PUF collection Que
sais-je ?, 2015).
Si ses racines remontent à la Renaissance, le design naît au début du XXe siècle, lorsqu’artistes, architectes, artisans décident
d’assumer la production industrielle standardisée et mécanisée et de travailler non plus contre elle et à cause d’elle, mais avec
elle et grâce à elle. Derrière l’apparition du mot « design », c’est une nouvelle culture du projet et du prototype qui se fait
jour, et qui n’a de cesse d’évoluer depuis. L’histoire de l’essor et de l’âge d’or du design industriel, puis sa crise d’identité et le
renouveau du design contemporain, révèlent, au-delà de la spécificité d’un métier, l’originalité d’une culture et d’une discipline
scientifique à part entière.
Depuis une vingtaine d’années, les chercheurs, les praticiens, les observateurs semblent avoir renoncé à définir ce qu’est le
design, certains prônant même qu’il n’a ni définition ni frontières. En quel(s) sens le design peut-il devenir objet de science ?
Depuis la faculté humaine à faire, les méthodes de conception jusqu’aux produits eux-mêmes, les sciences du design ont pour
objet l’acte de design dans sa globalité et pour finalité de produire du « savoir en design ». Cette ambition exige de ne pas
confondre quête créative et recherche scientifique, de bien distinguer « être à la recherche » de « faire la recherche de »...
Rencontre animée par Daniel Fiévet, journaliste scientifique et producteur à France Inter, et suivie d’une visite de
l’exposition Invention/Design. Regards croisés présentée jusqu’au 6 mars 2016 au Musée des arts et métiers.
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Vendredi 5 décembre 2015 à 15h, à l’Institut de la vision (Paris 12e)
Partenariat AFAS / Chercheurs Toujours
COMPLET
VISITE
Institut de la vision
L’Institut de la vision est l’un des centres de recherche spécialisés dans les maladies de la vision les plus ambitieux en Europe. Il rassemble, sur le
site de l’hôpital ophtalmologique des Quinze-Vingts, scientifiques, médecins et industriels pour travailler ensemble sur les maladies de la vision. L’un
des objectifs en étant de découvrir de nouveaux traitements et de développer des technologies innovantes pour améliorer la vie quotidienne des
patients. Lors de la visite, nous aurons une présentation du site par des chercheurs de cet Institut et un accès direct à certains laboratoires.
Jeudi 17 décembre 2015 à 18h30, au Musée des arts et métiers (Paris 3e)
Partenariat Musée des arts et métiers / AFAS / Association des amis du Musée des arts et métiers
Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. Il est recommandé de s'inscrire en ligne sur le site du Musée des arts et métiers.
CAFE DES TECHNIQUES
Est-il encore possible de vivre déconnecté ?
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BREVES
Exemple de deux maladies exotiques émergentes en Europe en une décennie chez les ruminants domestiques (fièvre catarrhale
ovine et maladie de Schmallenberg) et santé publique
Fig. 1 : La fièvre catarrhale ovine est aussi appelée
maladie de la langue bleue ou Blue tongue du fait de la
cyanose de la langue. (Photo Régis Braque)
La fièvre catarrhale ovine (FCO), malgré son nom, touche aussi les bovins. Elle est due à un
Orbivirus transmis par des moucherons (Culicoides). Jusqu’en 1998, c’était une maladie exotique.
Elle est apparue pour la première fois sur le territoire français, en Corse, en 2000. Les
épidémiologistes avaient alors estimé que cette maladie resterait dans la région méditerranéenne.
Mais, de façon inattendue, six années plus tard, en 2006, le sérotype 8 a émergé au nord de l’Europe
à partir de la région de Maastricht et s’est répandue en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en
France et au Luxembourg. Il a fallu vacciner massivement les ruminants domestiques pour prévenir
l’apparition de cette maladie les années suivantes. Alors que depuis 2010, la France était considérée
comme indemne de cette maladie, ce même sérotype 8 est réapparu pour la première fois dans
l’Allier il y a un mois, dans un élevage ovin. Il est possible que la faune sauvage, jouant le rôle de
réservoir pour ce virus du fait qu’elle n’est pas vaccinée, ait favorisé la circulation du virus vers des
élevages ovins ne bénéficiant plus d’une immunité, qu’elle soit d’origine vaccinale ou liée à la maladie
naturelle. La gravité économique de la FCO dans les élevages touchés et les problèmes rencontrés
ensuite pour les déplacements et les échanges commerciaux d’animaux vivants justifient qu’elle soit
à déclaration obligatoire.
Cinq années après l’apparition du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dans le nord de
l’Europe, une nouvelle maladie virale, également d’origine exotique et transmise par des moucherons
(Culicoides), a envahi de façon surprenante la même zone géographique à la fin de l'hiver de 2011,
touchant les bovins comme les petits ruminants. Après les premiers symptômes décrits chez les bovins
(fièvre, chute de la production laitière, diarrhée, avortement), ce fut surtout l’action tératogène du
virus qui fut remarquable chez les bovins, les ovins et les caprins (syndrome arthrogryposehydranencéphalie). Le virus, isolé en Allemagne à Schmallenberg, est un Orthobunyavirus appartenant
au sérogroupe Simbu. La maladie a envahi progressivement l’Europe. Puis, du fait d’une immunité
acquise naturellement ou à l’aide d’un vaccin rapidement commercialisé, elle a disparu en 2013.
Cependant elle est réapparue à la fin de l’été 2014 en Allemagne, montrant ainsi que le risque de
résurgence est toujours présent, la prévention d’une maladie vectorielle étant toujours difficile en
l’absence d’une vaccination.
Fig. 2 : Zones géographiques européennes où au moins un troupeau atteint par le virus Schmallenberg a été déclaré, par mois de
déclaration. Cette maladie n’étant pas à déclaration obligatoire, certaines données régionales peuvent manquer. (EFSA, Technical
Report/May 2013, http://www.efsa.europa.eu/sites/default/files/scientific_output/files/main_documents/429e.pdf)
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Il est particulièrement remarquable que les virus Schmallenberg et de la FCO aient, apparemment, émergé à la même période de l’année, dans une
zone géographique superposable, au cœur d’une zone où les troupeaux étaient naïfs, sans continuité géographique avec des zones d’endémicité. La
question de leur introduction reste importante car elle n’est pas résolue officiellement. On peut cependant remarquer que le point de départ
géographique de ces deux infections est la région de Maastricht, véritable carrefour aérien mondial du commerce des fleurs. Rien n’exclut
l’hypothèse d’une importation de vecteurs infectés avec des fleurs exotiques, ces vecteurs ayant alors pu infecter des ruminants puis trouver un
relais avec des vecteurs autochtones assurant ainsi la propagation de la maladie. Ces deux exemples de 2006 et 2011 montrent que nous ne
sommes pas à l’abri d’une autre importation de virus vectorisés touchant les ruminants ou d’autres espèces voire l’Homme. En effet, si les virus de
la FCO et de Schmallenberg affectent uniquement les ruminants, le prochain virus exotique importé en Europe pourrait être zoonotique et infecter
l’Homme. Cela pourrait être le cas, par exemple, du virus Oropouche, cet Orthobunyavirus transmis par un Culicoides et responsable de plusieurs
épidémies d’un syndrome grippal dans des pays d’Amérique centrale et du Sud, notamment au Brésil.
Jeanne Brugère-Picoux
La réouverture du Musée de l’Homme : premières impressions
Fermé depuis plus de cinq ans, le Musée de l’Homme vient juste de rouvrir.
Rappelons en quelques mots son histoire. Paris devait accueillir l’Exposition universelle de 1878. Pour cette occasion, on construisit sur la colline de
Chaillot, en face du site où se dresserait onze ans plus tard la tour Eiffel, un palais de style hispano-mauresque. Ce palais devait être éphémère,
mais il subsista jusqu’en 1935, date où il fut en grande partie démoli, ce qui en a été conservé ayant été intégré à la construction actuelle.
Dès 1882, une partie des locaux fut consacrée à l’Homme puisqu’à cette date, un musée d’Ethnographie y fut créé. Mais c’est en 1928, avec la
nomination à la tête de ce musée de Paul Rivet, puis la création, sous son inspiration, du Musée de l’Homme en 1938, qu’il a pris, dans une
perspective d’éducation populaire, l’orientation moderne que ses successeurs ont gardée. Elle est résumée par Paul Rivet lui-même : « L’humanité
est un tout indivisible, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps ».
Les concepteurs de la muséologie d’aujourd’hui ont bâti leur propos autour de trois questions : qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allonsnous ? Le discours se développe ainsi en trois parties. La première est une introduction à l’homme sous ses différents aspects, être de chair, être de
pensée, être social. La deuxième suit notre évolution dans le temps et donc fait appel aux jalons préhistoriques que constituent les restes des
diverses espèces d’hommes exhumés dans plusieurs régions du globe et notamment d’Afrique, notre berceau en tant qu’hommes modernes. La
troisième s’ancre dans le présent, avec les problèmes qui se posent à nous (environnement, démographie...), et jette quelques regards sur l’avenir.
Mais il a fallu rendre ce discours clair et compréhensible pour les visiteurs et c’est tout le travail des muséologues, soutenus par des conseillers
scientifiques. Il est encore trop tôt pour émettre une opinion sur un ensemble qui a demandé de très nombreux efforts de très nombreuses
personnes et qui, en tant qu’exposition permanente, doit subir l’épreuve du temps. A voir la foule qui se presse dans les galeries, il est clair que
l’intérêt du public n’est pas mince. Il est aussi clair que les dispositifs utilisés intéressent grands et petits. Beaucoup de ces dispositifs sont
interactifs. D’autres sont assez spectaculaires pour fixer l’attention du public. De nombreuses vitrines rassemblent des objets des collections du
musée, parmi lesquels le crâne de Descartes. Une sorte d’échelle de Jacob s’élève vers le ciel avec, sur ses degrés, une centaine de bustes,
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moulages d’hommes de toutes provenances. Des projections murales montrent des dessins de grottes ou la
conquête de la Terre par l’homme. Un cyclorama (écran continu formant un anneau suspendu au-dessus des
têtes) évoque les atteintes à notre environnement. Particulièrement remarquable est un minibus de transport
en commun sénégalais (il se nomme Bonne mère), magnifiquement décoré, qui trône à l’étage supérieur. On y
accède par derrière, on s’y assied et on s’émerveille à voir que, sur les vitres latérales gauches, remplacées par
des écrans plats, on parcourt les rues de Dakar comme si on y était. Un grand moment.
Il y a donc beaucoup à voir au nouveau Musée de l’Homme, et les quelques remarques ci-dessus sont loin
d’avoir tout dit. Sa réouverture offre la perspective, pour grands et petits, d’y passer des heures de
contemplation et de réflexion.
Site internet : http://www.museedelhomme.fr
Alain Foucault
Photo Alain Foucault
Qu’est-ce que la conscience ?
A propos du numéro hors-série d’octobre-novembre 2015 de La Recherche
Le titre du numéro hors-série d’octobre-novembre 2015 de La Recherche est : « La conscience – Ce que nous révèlent les scientifiques ».
Les interdits tombent les uns après les autres. Paul Broca dut se faire nocturne pilleur de tombes pour disposer des crânes dont il avait besoin pour
ses recherches. S’attaquer au cerveau sentait le soufre. C’est le passé. De nombreuses et fertiles étapes ont été franchies depuis. Les scientifiques
en sont arrivés désormais à fouiller notre moi intime. Ils aimeraient savoir de quoi notre conscience est faite. Ils le font pour la connaissance en tant
que telle, pour la pure connaissance, mais ils le font aussi pour être en mesure un jour d’influencer notre conscience, pour la guérir quand elle va
mal, et qui sait ?, peut-être pour l’améliorer, pour l’augmenter, ou même pour la simuler…
La connaissance progresse. On sait de mieux en mieux suivre toutes les sortes d’activités cérébrales, on sait effacer ou inventer des souvenirs (chez
la souris pour l’instant), détecter l’apparition de la conscience chez le bébé, démonter la mécanique des rêves, le processus de la décision, etc.
Mais ne sommes-nous, et notre conscience n’est-elle, que matière et interactions physico-bio-chimiques entre particules matérielles ?
En d’autres termes, qu’est-ce que la conscience ?
La Recherche a posé la question à David Chalmers, philosophe australien. Après un inventaire rapide des hypothèses sur lesquelles travaillent
diverses équipes à travers le monde, il propose lui-même, pour avancer, deux idées : la première est de considérer la conscience comme une
donnée fondamentale, fondamentale au sens où le sont l’espace et le temps, la seconde (dont il admet qu’elle puisse passer pour folle, bien qu’elle
ne soit pas si éloignée du panpsychisme de Thalès et Spinoza) est de poser que la conscience est universelle, c’est-à-dire qu’elle est partout,
absolument partout, même dans les particules élémentaires telles que les quarks et les photons. Sur la base de ces deux idées, la conscience
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fondamentale et universelle, il resterait à trouver les lois qui permettront de construire une théorie générale de la conscience comme il y a une
théorie générale de la gravitation ou une théorie générale de la relativité.
Ce numéro de La Recherche mérite d’être lu. Il suscite une passionnante réflexion. Notamment cette question : si on construit un jour, ce qui est
bien possible sinon probable, un simulateur de conscience, que cette prothèse est greffable, et qu’on la greffe sur un patient ayant perdu sa
conscience, comment croire qu’il puisse y avoir équivalence entre sa conscience d’origine et cette conscience faite de main d’homme ? En d’autres
termes, où s’arrête le savant, où commence l’apprenti sorcier ?
http://www.larecherche.fr/dossiers/15
Denis Monod-Broca
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ANALYSES D’OUVRAGES
Climat, le temps d’agir
Sous la direction de Michel Petit
(256 pages, Cherche midi Ed., 2015. Prix : 16 €)
Ce sont plus de 30 auteurs que Michel Petit, qui a été directeur de l’Institut national des sciences de l’Univers (INSU) et
membre du bureau du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a réunis pour écrire cet ouvrage.
Il arrive à point nommé, le 15 octobre, alors que, un peu plus d’un mois plus tard, le 30 novembre, doit s’ouvrir, à Paris (en fait
au Bourget), la réunion de ce que l’on désigne par l’abréviation de COP 21 (abréviation incompréhensible pour la plupart des
gens, mise pour Conference of Parties, 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques, convention ratifiée par 196 Etats).
Cette Conférence est censée prendre des décisions pour lutter contre le changement climatique d’origine humaine. Parmi
celles-ci, on retiendra particulièrement le Protocole de Kyoto (1997) destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Mais on n’a pas vraiment l’impression que les décisions prises jusque-là, et, surtout, leur application, soient suffisantes pour
leur objectif et pour éviter à notre planète, et à ses habitants, les multiples problèmes que, selon toute apparence, vont leur
poser ces changements climatiques.
Il est certainement grand temps d’agir et le titre de la publication dirigée par Michel Petit est pleinement justifié.
A sa base, il y a les publications du GIEC qui représentent les contributions fondamentales de centaines de scientifiques spécialistes des différentes
disciplines intéressées par le climat. Cet impressionnant corpus (des milliers de pages diffusées en 15 ans au long de 5 rapports) a un gros
inconvénient : malgré des résumés à l’intention des décideurs, il est pratiquement illisible, même pour un habitué.
C’est donc une œuvre salutaire d’en donner une traduction en un langage clair et simple. Les différents auteurs de l’ouvrage, qui sont des
spécialistes éclairés, ont réussi à le faire, ce qui rend le texte, aidé par une excellente mise en page, très lisible. Sa lecture est donc tout à fait
recommandée à celui qui veut, sans difficulté, faire le tour du problème.
Les constatations, les modélisations, les prévisions sont le fait de scientifiques auxquels on demande d’être objectifs, de laisser de côté, s’ils en ont,
leurs préventions et leurs a priori pour s’en tenir aux faits. Mais peut-on leur demander de ne pas avoir une opinion sur ce que peuvent entraîner les
phénomènes qu’ils ont mis au jour ? Nous ne développerons pas ici le problème de la responsabilité des scientifiques. Mais elle est assumée dans
cet ouvrage, conformément à l’esprit du Club des Argonautes (http://www.clubdesargonautes.org), à la base de sa rédaction, qui, entre autres,
veut faire connaître, et éventuellement contribuer à promouvoir, des solutions techniques aux problèmes posés par le réchauffement climatique. De
fait, des solutions nous sont proposées à la fin de l’ouvrage et il nous est dit que certaines peuvent être mises en œuvre dès à présent et, ce que
nous retiendrons en conclusion : « Si chaque citoyen est acteur à son niveau, il appartient aux politiques et acteurs économiques d’assumer leurs
responsabilités et de prendre les décisions qui s’imposent. Il y a urgence : il est temps d’agir. »
Alain Foucault
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Voyage d’un grain de sable
Patrick de Wever et Francis Duranthon
(95 pages, EDP Sciences, collection « Terre à portée de main », 2015. Prix : 12 €)
Petit ouvrage de 95 pages, présentant toutes les questions que l'on peut se poser sur un grain de sable, de son origine à son
avenir, en passant par ses usages, son transport, sa physique, son rôle dans l'histoire et même les proverbes s'y référant !
Bien documenté, écrit dans un style très accessible, cet ouvrage agréablement illustré permet d'aborder de façon ludique des
problématiques très sérieuses et donne des réponses à des questions que tout un chacun s'est posées un jour : quelle est la
vitesse de déplacement des dunes ? pourquoi la pente d'un tas de sable est-elle toujours la même ? qu'est ce que l'effet de
voûte ? va-t-on manquer de sable ? ....
Serge Chambaud
Amour et maths
Edward Frenkel
(365 pages, Flammarion, 2015. Prix : 23,90 €)
Quelle est donc la vie d'un jeune mathématicien prodige ? Nous sommes bien loin de l'image traditionnelle de l'excentrique
renfermé et constamment « dans la lune », qui ne pense qu'à ses équations et dont la distraction phénoménale lui procure
dans la vie réelle quantité de déboires souvent cocasses, parfois tragiques...
Edward Frenkel est russe mais aussi juif, cela lui vaut de connaître l'une des meilleures écoles mathématiques du monde, mais
aussi de subir l'antisémitisme de la Russie communiste des années quatre-vingt. Voilà dèjà un parcours mouvementé qui se
heurte aux « apparatchiks » chargés de l'écarter de l'Université... mais qui reçoit aides et soutiens discrets et efficaces des plus
grands mathématiciens russes, qui ont détecté son génie et l'orientent dans la bonne direction !
Mais plus que la vie d'Edward Frenkel, le sujet du livre est la vie des mathématiques : une fresque colorée où l'on apprend
beaucoup et où se dégage l'essentiel : à travers tous leurs raisonnements, toutes leurs définitions et toutes leurs constructions,
les mathématiciens recherchent la certitude absolue. Et c'est presque indépendamment de leur volonté qu'ils sont si utiles aux
autres sciences, lesquelles se servent de ce qui pour les uns sont leurs « découvertes » et pour les autres leurs « inventions »
selon que leurs opinions sont ou non platoniciennes... Mais il s'écoule souvent des dizaines d'années, et même parfois des
siècles, avant qu'un concept mathématique, certes beau mais apparemment stérile, se révèle infiniment précieux pour comprendre les mystères de
la Nature, en particulier ceux de la Physique quantique.
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Invité à Harvard aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, Edward Frenkel réalise enfin son rêve de communiquer au monde la beauté des
mathématiques. Il s'associe à des artistes et des cinéastes pour créer le film bouleversant Rites d'amour et de maths.
Christian Marchal
A la recherche du réel. Le regard d’un physicien
Bernard d’Espagnat
(256 pages, Dunod, 2015. Prix : 15 €)
A la recherche du réel, de Bernard d'Espagnat, est un livre difficile. La question qu'il traite est pourtant la plus essentielle
qui soit : existe-t-il une réalité objective ?
Paru d'abord en 1979, le livre n'a pas vieilli. Evidemment, est-on tenté d'ajouter, compte tenu du sujet.
La réalité, c'est la boulangerie au coin de la rue, c'est le trottoir en asphalte sous mes pieds, ce sont les bruits que
j'entends et la lumière qui m'éclaire. Quoi de plus évident ? Pourquoi vouloir couper les cheveux en quatre ? Justement
parce que ce n'est pas si simple. Justement parce que la certitude est trompeuse. A la façon des silhouettes au fond de la
grotte de Platon. La Terre tourne mais je ne la sens pas tourner. Les ondes électromagnétiques me connectent au monde
mais je ne les vois ni ne les entends. La masse de la Terre attire les pommes et les fait tomber, je le vois, je le sais, je
sens mon propre poids, mais pourquoi en est-il ainsi ? La réalité sensible n'est pas toute la réalité. Chaque objet est fait de
différentes matières, chaque matière est faite de molécules, chaque molécule d'atomes, l'atome lui-même n'est pas aussi
« insécable » que son étymologie grecque le dit, il est fait de neutrons et d'électrons. Et on est encore là dans la
description d'une réalité concrète, ou presque, d'une réalité que les spécialistes observent au microscope électronique et
que les profanes peuvent facilement admettre. Mais ce n'est pas tout. Les nucléons sont faits de quarks qui, eux, concepts mathématiques, n'ont
pas d'existence concrète à proprement parler. Ils ne sont ni isolables ni observables. Donc sont -ils réels ? Quel est leur degré de réalité ? A
l'échelle de l'infiniment petit, comme aussi à l'échelle de l'Univers, les physiciens désormais, pour continuer à progresser dans la connaissance,
conçoivent des concepts de plus en plus élaborés et de plus en plus éloignés non seulement de la réalité sensible mais aussi de notre capacité à
nous représenter ce qu'ils peuvent bien exprimer. Et la théorie quantique, comme on sait, parle d'incertitudes sur la position même des objets, et
elle parle d'effets à distance d'une particule sur une autre, au point que la science semble rejoindre la magie. Et puis l'observateur lu i-même,
comme vous et moi, est fait de ces mêmes particules à la position et à la réalité incertaines. Or nous sommes corps et espr it. Notre esprit, celuilà même qui cherche à appréhender la réalité, n'échappe pas à ces questions sur sa propre nature, sur sa propre réalité.
Bernard d'Espagnat décrit longuement ces apparents mystères auxquels la science nous confronte. En particulier l'hypothèse de « nonséparabilité » selon laquelle, pour le dire de façon trop sommaire, deux parties ayant interagi lorsqu'elles étaient proches continuent à le faire,
par des influences instantanées, une fois éloignées l'une de l'autre dans l'espace...
Dans ces conditions, qu'est-ce que le réel ? Qu'est-ce que la réalité ?
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L'ouvrage est une invitation à admettre l'existence d'une réalité objective, extérieure, indépendante, tant de nos sens que d e nos capacités
d'abstraction mathématique, réalité objective que l'auteur nomme d'ailleurs « être » ou « Etre ». Sans être physicien ni mathématicien, on est
tenté de prendre parti. Tout en gardant à l'esprit, aussi paradoxal que cela soit, qu'il s'agit bien d'une hypothèse et non d 'une certitude, on se dit
que Bernard d'Espagnat a raison, que cette notion d'« Etre » était à l'origine de la pensée objective et qu'elle lui reste indispensable.
Denis Monod-Broca
Emile Duclaux. De Pasteur à Dreyfus
Christine Moissinac
(316 pages, Hermann, collection Histoire des sciences, 2015. Prix : 26 €)
Les biographies ou les livres consacrés à Louis Pasteur, comme celui tout récemment paru d’EriK Orsenna ou celui un peu
plus ancien de Patrice Debré, sont nombreux. Ceux sur l’un de ses plus fidèles disciples, Emile Duclaux (1860-1904), sont
beaucoup plus rares. Mais vient de paraître aux éditions Hermann, dans la collection Histoire des sciences, un ouvrage où
l'auteur, Christine Moissinac, nous fait découvrir et apprécier ce savant trop méconnu.
Dès la préface de Patrice Bret, on comprend vite que la modestie et le sérieux de Duclaux sont sans doute à l’origine de sa
faible notoriété. Et pourtant, au fil de la lecture de cet ouvrage remarquablement sérieux et bien documenté, se dresse le
portrait d’un grand scientifique, que son humilité et la figure du maître ont injustement rejeté dans l’ombre. On y découvre
les nombreuses facettes de la remarquable et attachante personnalité d’un homme de science hors du commun.
A la suite de sa formation classique de physicien et de chimiste, à sa sortie de l’Ecole normale supérieure, Emile Duclaux
se passionne pour une nouvelle science consacrée à l’infiniment petit, la microbiologie, domaine dans lequel il restera une
référence incontournable jusqu’à sa mort.
Toujours proche et loyal vis-a-vis de son maître, il joue un rôle essentiel dans la création, dès 1887, de l’Institut Pasteur,
qu’il a dirigé quatorze années et auquel il a l’audace pour l’époque de vouloir adjoindre un hôpital, à proximité des laboratoires de recherche.
Enseignant apprécié, scientifique incontesté, Duclaux est toujours en quête de vérité. Mais cela ne se limite pas à la science et le conduit à militer
aux côtés d’Émile Zola et d'Anatole France pour la vérité et la justice dans l’affaire Dreyfus, puis pour la création, en 1898, de la Ligue des droits
de l’Homme, dont il est alors le vice-président.
Christine Moissinac, par ce livre remarquablement écrit et documenté, permet à tous ceux que l’histoire des sciences intéresse, de découvrir les
multiples facettes d’un Auvergnat attachant, qui fut tout autant un grand scientifique qu’un citoyen libre, actif et responsable.
J'en recommande la lecture.
Laurence Paye-Jeanneney
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AUTRES EVENEMENTS A PARIS ET EN REGIONS
Retrouvez sur notre site www.afas.fr, dans la rubrique, « Autres évènements », des annonces régulièrement actualisées :
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de conférences, débats, colloques, en accès libre et gratuit,
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d’expositions temporaires,
à Paris et en régions.
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AIDE
Pour plus d e f acilité, nous v ous recommandons d e tél écharger la lettre et d e la lir e gr âce à Ac ro bat Re ader (en cli qua nt sur le n om du fichi e r
que v ous av ez enregi stré).
Vous pourr ez alors aisément :
● affich e r AF AS I n fos e n p le in é cr an : maintenez e nfonc ée la touche « C trl» et pres sez sur la touche « L» .
● passe r d’ u n e p ag e à l’ au tr e : pressez l a flèche dr oite ou gauche du clav ier.
● re to u r ne r au so mm air e : maintenez e nfoncée la touche « C trl» et pres sez sur la touche «  » .
● im p r imer la le ttr e : maintene z enf oncée la touche « C trl» et pressez la t ouche « P» , puis suiv ez les instructions.
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