Conférence Jean-Noël Grenier

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Conférence Jean-Noël Grenier
Les «nouveaux» modèles d’organisation du
travail sont-ils bénéfiques pour les
personnes salariées?
La problématique de la qualité des emplois
et du travail
Jean-Noël Grenier
professeur
Département des relations industrielles
Faculté des sciences sociales
Université Laval
Problématique
• Multitude d’études en relations industrielles, en santé au
travail et autres domaines appareillés signalent une
détérioration de la qualité des emplois et du travail au
sein des pays de l’OCDE. (Appelbaum et al., 2002 et 2012;
Bélanger et al. 2004; Kalleberg, 2011; Le Capitaine, Grenier et Hanin, 2012;
Pupo et al., 2010; Thompson et Smith, 2010; Vézina, 2010);
• Certaines notent par ailleurs l’émergence d’emplois de
qualité (Cloutier, 2010 et 2012);
• Plusieurs notent une certaine polarisation entre des
emplois de bonne qualité et des emplois de mauvaise
qualité (Bernier, 2012; D’Amours 2006 et 2010; Lowe
2007).
Problématique
• Des études notent également une
polarisation grandissante entre ceux et
celles qui travaillent trop et ceux et celles
qui ne travaillent pas autant qu’ils
voudraient;
• Enfin les recherches sur les «nouveaux»
modèles d’organisation du travail notent
un paradoxe d’un travail plus intéressant
mais plus exigeant;
Notre thèse
• La qualité des emplois et du travail présente un paradoxe tel
que soulevé par Green (2006 et 2009): une amélioration de la
qualité des emplois mais une dégradation de la qualité du
travail.
• Ce paradoxe est la conséquence de la convergence de deux
phénomènes: les exigences des nouveaux modèles
d’organisation du travail et le démembrement du tissu
institutionnel qui permet une régulation sociale du marché du
travail.
• Il faut donc en comprendre les causes et les conséquences
en portant un regard à deux niveaux: l’organisation et le
marché du travail.
L’organisation du travail
Les moyens mis en œuvre pour assurer
l’atteinte des objectifs d’efficience et
d’efficacité de l’organisation.
– Division du travail;
– Coordination;
– Contrôle;
– Qualifications
– Exigences qualitatives et quantitatives
Qualité des emplois et du travail
Emploi
Aspects extrinsèques
•Rémunération
•Heures de travail
•Statut d’emploi
•Qualifications
Travail
Aspects intrinsèques
•Contenu et conditions de travail
•Rapport au travail
•Relations avec l’employeur et les
collègues
Institutions du marché du travail
• Protections sociales (assurance-emploi,
assistance-sociale);
• Régulation (Normes du travail, SST, Code
du travail);
• Négociation: Syndicalisme
La qualité de l’emploi(quelques
indicateurs)
• Rémunération hebdomadaire moyenne est
plus de faible de 10% en 2010
comparativement à 1975 (Lapointe, 2012);
• Emplois atypiques représentent 38,1% du
total des emplois en 2010 (stable versus
1997);
• 52,8% des emplois à temps partiel sont sans
avantages sociaux;
• 21,2% emplois faiblement rémunérés dans
l’emploi total
Constat 1
• La situation du marché du travail est
détériorée pour un fort pourcentage des
québécoises et québécois;
• Cela touche surtout les emplois manuels,
le secteur des services privés aux
personnes et le secteur tertiaire dans son
ensemble;
• Polarisation croissante entre le 1% au top
et les autres
Qualité du travail
• Les enquêtes démontrent, tous secteurs
confondus:
• Un travail plus exigeant (charge et
intensité du travail);
• Des demandes de flexibilité accrue
(numérique, fonctionnelle, temporelle);
• Des charges mentales plus élevées;
• Une détresse psychologique en hausse
Exemple (santé et services
sociaux, professionnelles)
• En principe très qualifiées et autonomes;
• Qualité de l’emploi au top et améliorée;
• Mais:
– Charge de travail et exigence de rendement
augmentées (82%);
– Stress au travail accrue (65,5%);
– 41 % changeraient d’emploi;
– Reconnaissance au travail diminuée (28%);
– Difficulté à concilier travail et vie (67%);
– Accès à la formation réduite (37,4%)
– Climat de travail détériorée (46,3%)
Dans le secteur privé (Appelbaum et al.,
2010; Pupo et Thomas, 2010; Stinson, 2010; Lapointe,
2012)
•
•
•
•
Charges et intensité du travail accrues;
Accès à la formation en déclin;
Surveillance accrue;
Autonomie ambivalente (contrôle et
surveillance horizontale et verticale);
• Problèmes de SST en augmentation;
• Fortes difficultés à concilier travail et vie;
• Flexibilité = insécurité et exigences plus
élevées;
Constat 2
• La détérioration de la qualité des emplois
et du travail touche les services publics et
le secteur privé;
• N’épargne pas les salariées qualifiées;
• S’accompagne dans le privé par un
contexte de précarisation;
Les nouveaux modèles d’organisation
du travail
Sociotechnique
Apprenante
●Humanisation
● Autonomie
individuelle et
collective
●
Recomposition
du travail
● Formation et
compétences
● Rotation,
polyvalence
Taylorisme
● Intérêt de la
direction
● Contrôle direct
● Déqualification
● Parcellisation
● Homme
appendice à la
machine
● Collectif
Lean, JIT,
Compétences
Flexibilité
● Néotaylorisme
●
Déqualification
● Précarité
● Surveillance
technologique
● Concurrence
entre les
salariés
●Individualisatio
n
Insécurité
Constat 3
• Les enquêtes de Lowe (2007) dans le cas du
Canada, de Valeyre (2010) dans le cas de l’Union
Européenne, de Appelbaum et al. (2010) dans le
cas des UEA et de Lapointe et al. dans le cas du
Québec:
• Démontrent la prédominance des variantes du
modèle néo-tayloriste;
• Qualité de l’emploi et du travail est détériorée dans
ces nouveaux modèles;
• Qualité de vie des individus est précarisée et
détériorée sous plusieurs aspects (santé, temps,
revenus, insertion sociale)
Que doit-on faire ?
• Ces constats interpellent les organisations
syndicales de deux façons:
• Relations salariés-salariés (la négociation
collective, la représentation sur les lieux de
travail et la dimension économique)
• Relations salariés-citoyens (politiques
publiques, actions politiques, les lois, les
normes)
Que pouvons nous faire ?
• Cette réflexion vous appartient mais:
– Moderniser les CCT et les priorités de
négociation autour des enjeux de la qualité de
l’emploi et du travail ? Quelles règles ? Pour
qui ?
– L’action politique et la mobilisation et surtout
déborder le cadre des intérêts immédiats des
membres (action inclusive);
– Moderniser les institutions (protection sociale,
accès à la syndicalisation)

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