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Anthologie de la musique citadine Algérienne çanaa d’Alger Essoundoussia direction d’orchestre Smaîn Hini Nouba Mezmoun -- Essoundoussia La Nouba Mezmoum L’association Essoundoussia a été créée en 1986 à Alger. La libéralisation des moeurs politiques issue des réformes de 1980 en Algérie a en effet permis à de nombreux groupes, plus ou moins informels, de musiciens de se constituer pour produire des spectacles et former des élèves. D’autres musiciens ont préféré garder leur statut de musiciens professionnels. Dès le début de son activité, l’association Essoundoussia a donné la priorité à la diffusion musicale. Guidée par la volonté d’ascension rapide, ses dirigeants se sont attachés à enregistrer un grand nombre d’œuvres, à être présents dans les plus grands festivals, à remporter le plus de gratifications possibles… L’objectif était clairement de dominer la scène musicale algérienne. Cette fougue s’est vite révélée fructueuse et une multitude d’enregistrements discographiques, de concerts dans le pays et à l’étranger, d’actions de formation, a fait de cet ensemble un des fleurons de la culture algérienne. Culture et histoire de l’association musicale algéroise A l’écoute de l’ensemble Essoundoussia, on est souvent surpris par le nombre important de musiciens. L’auditoire occidental est peu attiré par ce type de formation. Les groupes de musiques ethniques que le public parisien découvre chaque année dépassent rarement les six à sept interprètes. L’acculturation “nécesssaire“ qui a façonné et transformé le paysage des sociétés maghrébines n’est souvent pas pris en considération par les producteurs de musique étrangers. La recherche d’esthétiques anciennes garantit pour eux l’aspect folklorique des musiques traditionnelles, ce fait se traduit par un rejet enbloc d’une certaine modernité à laquelle aspire la majorité des musiciens maghrébins. Pour tenter de concilier ces deux tendances contradictoires, j’ai demandé à Smaïn Hinni, président et chef d’orchestre de Essoundoussia, d’enregistrer deux -- nouba-s- avec un minimum de musiciens et en prise de son directe*. Le résultat est extraordinaire : les musiciens (la plupart ont été formés dans l’esprit des grands ensembles) ont, d’une part découvert le plaisir et l’art de s’écouter mutuellement, de s’exprimer et d’échanger leur savoir-faire, et le public, d’autre part, par nostalgie ou par goût, crée avec ces mêmes artistes une relation hédonique. Dans cet enregistrement, l’ensemble Essoundoussia montre que les musiciens qu’il a formés sont capables d’égaler leurs maîtres - j’entends par “égaler“ «avoir acquis le même niveau de maîtrise de l’instrument et de l’interprétation des œuvres» … Les choses sont différentes en matière de connaissance du répertoire. On peut aussi se poser la question de savoir pourquoi à Alger et ailleurs, les chefs d’orchestres veulent toujours rassembler le plus d’interprètes possibles, la réponse à cette question n’est pas simple, j’avancerai trois arguments pour tenter d’y répondre. Il est étonnant de voir que “consciemment ou inconsciemment“, Smaïn Hinni, tout envoulant rendre hommage au personnage le plus illustre du mouvement associatif musical algérien (Mahieddine Bachetarzi), rompt en même temps avec les dogmes et l’histoire de ce mouvement. C’est sur un point précis, celui de l’élargissement des formations musicales que s’est faite l’histoire contemporaine de la musique algéroise. S’agit-il d’une remise en question des principes pédagogiques associatifs, inaltérables depuis la naissance de la société El Moutribia dans les années trente ? Est-ce une prise de conscience ? Celle qui consiste à privilégier l’esthétisme au profit de la pédagogie ? L’institution musicale, financée et contrôlée par l’Etat, n’est elle pas en perte de vitesse face à une nouvelle recherche du “beau“ ? Toutes ces questions semblent exprimer “qu’un retour aux valeurs anciennes est primordial, même si ces valeurs sont contraires aux statuts associatifs“. Tous les dirigeants d’associations musicales le proclament. Je dirais simplement pour ma part que la puissance de l’art l’emporte, une fois de plus, face aux stratégies idéologisantes des pouvoirs. Le second argument s’avère aussi important. Tout en préservant la structure moderne de formation et de production musicales, les responsables des groupes reviennent aux notions du mérite et de l’élite. Permettre aux seuls élèves en fin de cycle de formation de participer aux différentes manifestations crée un certain élitisme vigoureusement combattu par les associations d’amateurs. On considère aujourd’hui que seuls le travail et l’assiduité mènent à la maîtrise de la musique. Il est même sournoisement -- toléré - autre interdit associatif - de fréquenter les maîtres non-enseignants. Est-il nécessaire de dire, dans un troisième temps, que la production de la musique dans le monde occidental est soumise aux conseils des spécialistes. Scientifiques ou mélomanes avertis, ces intermédiaires conçoivent des programmes adaptés aux “goûts“ du public local. Cela va souvent à contre courant de l’évolution de la musique dans les pays du sud méditerranéen. Cette assistance artistique oblige les artistes à réorganiser les ensembles et à travailller sérieusement les œuvres. Le consensus est parfois difficile à atteindre, mais quand les projets se réalisent enfin, producteurs, artistes et conseillers goûtent tous à la même passion, celle de la musique dans l’intimité. A propos de la terminologie de la nouba La plupart des musicologues semblent unanimes sur le sens du terme “nouba“. Rappelons que la nouba est le protocole qui gére une suite de pièces instrumentales et vocales selon un agencement de modes et de rythmes bien particuliers. Depuis la naissance de ce protocole en Andalousie au Moyen-Age, toutes les composantes de la nouba ont subi plus ou moins de changements, seul le nom est resté. Les écrits des historiens et des musicologuesarabes du Moyen-Age définissent la Nawba comme une alternance de musiciens de cour rivalisant devant les princes et les monarques pour obtenir des faveurs. La racine Nâba, qui signifie “survenir, remplacer, alterner“, semble ne pas avoir de rapport étymologique avec la suite musicale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le tour de chant devant la cour est une chose révolue, et même si cette manifestation avait régulièrement lieu autrefois, il est difficile d’admettre l’idée d’une alternance où des musiciens rivaux devaient respecter un ordre de mouvements, de rythmes et de modes. La Niâba, autre substrat du verbeNâba , est une autorisation que les poètes professionnels accordaient aux musiciens qui interprétaient leurs compositions… Droits d’auteur oblige. La notion d’alternance sur laquelle est fondé le concept de nawba me paraît donc inadéquate. Par contre, quand on observe le verbe Intâba - dont la racine est toujours -- Nâba - et qui signifie “atteindre quelqu’un, s’emparere de l’esprit de quelqu’un“ “trotter dans la tête“ de quelqu’un, “envahir quelqu’un sentimen-talement“ on peut se poser de sérieuses questions.Car dans ce contexte sémantique, la notion de Tarab, notion fondamentale de la musique arabe et persane, est tout à fait adaptée. Le Gh’râm des maghrébins, équivalent du Tarab chez les levantins, énonce l’idée de passion. La passion est un concept clef et quasiment intemporel. Ceci peut expliquer l’immuabilité du terme Nawba pendant sept siècles. Si la Nawba est, du point de vue technique un ensemble de matériaux mélodiques, rythmiques et poétiques, du point de vue affectif et métaphysique, elle est l’émotion qui envahit toute personne initiée. pour l’apprentissage de la musique et la pérénité de la tradition orale, maîtres et disciples doivent totalement s’investir dans cette musique par passion et y trouver un lien affectif profond. La musique doit véritablement “habiter“ les apprentis musiciens pour leur permettre de mémoriser les centaines de pièces du répertoire et d’en restituer toutes les dimensions. La Nouba Mezmoum On retrouve dans la Nouba mezmoum tous les ingrédients de la suite musicale andalouse algéroise. Les mouvements Mçaddar, B’taïhi, Darj, Insiraf et Khlâç (Largo, Andante, Andantino et Final) sont entrecoupés d’interludes instrumentaux appelés Kriçi . Les soli instrumentaux sont placés entre le troisième et le quatrième mouvement. Cette tradition permet aux musiciens de se reposer avant d’entreprendre la deuxième partie de la cérémonie musicale. Il est également de coutume à Alger d’interpréter des Inklâbât’, courts poèmes assez vifs qui donnent le ton et remplacent souvent la Touchia, le prélude instrumental. Les cinq mouvements cités plus haut n’ont pas dans la çannaa algéroise la signification et l’importance qu’ils ont dans les traditions classiques de l’Est et de l’Ouest algérien. Ce sont en réalité deux grands mouvements regroupant cinq sous mouvements. Le premier englobe le M’çaddar, le b’taïhi et le darj. Les trois ont un même rythme binaire, qui va crescendo. Dans ce contexte il est parfois difficile de faire, par exemple, la différence entre un B’taïhi et un Darj . Le seul moyen d’identifier les pièces est de revenir à la métrique et à la structure du poème. -- Les voix féminines : une ère nouvelle dans le chant arabo-andalou Quand on écoute l’ensemble Essoundoussia, on ne peut manquer d’être attiré par le mélage de voix masculines et féminines. L’intégration des femmes dans la musique date des années soixante-dix. Cette expérience instaurée en Algérie par la société El Mossilia n’était pas la première du genre. Bien avant elle, la Rachidia de Tunis avait créé des choeurs mixtes. Le but recherché à travers cette nouvelle organisation de la musique n’était sans doute pas d’ordre esthétique. Ni la classification des voix, ni l’adaptation des œuvres n’avaient fait l’objet de réflexions préalables. Le but de cette action était de marquer une nette distinction entre l’aspect éducatif des associations et l’activité des groupes professionnels où les femmes n’avaient pas leur place… L’introduction de voix féminines a changé radicalement l’économie sonore de la musique; Il est vrai que le mélange des voix est couramment utilisé dans le chant choral, mais la combinaison est bien étudiée. Elle regroupe généralement des soprani, des alti, des ténors et des basses. Dans la musique arabo-andalouse le contexte est totalementdifférent : la musique n’est pas polyphonique et rien n’a été changé dans les structures mélodiques. Les modes sont fixés sur des tonalités prores au chant masculin. -- Jadis les chanteuses avaient leur propre répertoire, elles ne s’accompagnaient que d’instruments à percussions, et si l’on n’entendait pafois un ou deux instruments mélodiques, ils étaient accordés sur la voix de la chanteuse principale. En fin de compte, les voix féminines ont fini par “s’adapter“ aux voix masculines. Mais comme elles sont placées à une octave supérieure et qu’il n’y a pas de véritables voix de basses chez les hommes, on a l’impression que les voix féminines dominent dans tous les cas. Il fallait donc démultiplier les voix d’hommes. Un nouveau style de chant, basé sur la mixité des voix existe bel et bien aujourd’hui et fait la spécificité des associations musicales. Il est l’emblème même de l’ensemble Essoundoussia, et largement présent dans la nouba Mezmoum. Taoufik Bestandji * Tous les disques produits par l’ensemble Essoundoussia étaient, jusqu’à celui-ci, enregistrés en re-recording. La Nouba Mezmoum 1) Inklab : Touaïri Mesrer Pièce VI d’introduction 2) Inklab : Ya Ghaïet’ el Maksoud Pièce VI d’introduction 3) M’çaddar : Ya Men Saken Sadri 1er mouvement 4) B’taïhi : At’ani Rasoul 2ème mouvement 5) Istikhbâr : Alto, Mandoline, Luth Soli instrumentaux 6) Darj : Lilleh Ma As’ab Errahil 3ème mouvement 7) Insrâf : Kam Lî fil machia 4ème mouvement 8) Insrâf : Koum Yassir Lani Qit’âne 4ème mouvement 9) Klâçl : ya rouhî Wa Ya Raîhânî 4ème mouvement 10) Khlâç 2 : Ya Moukâbil 5ème mouvement 11) Khlâç 3 : Lâkayt’ou habîbî 5ème mouvement 12) Khlâç 4 : Andour Lil Achîa 5ème mouvement 13) Khlâç 5 : Mâ Kount’ou Adrî 5ème mouvement -- Essoundoussia The Mezmoum Nouba. Essoundoussia was founded in 1986 in Algiers. The liberalisation of politics following the 1980 reforms in Algeria allowed musicians to form more or less informal groups to perform and train other musicians. Other musicians preferred to keep their status as professional state musicians. From the start Essoundoussia made distribution their priority. The directors wanted the group to become known quickly so made a large number of recordings, performed in the biggest festivals and took part in as many contests as possible... Their goal was clearly to dominate the Algerian musical scene. This policy quickly paid off and this group is now one of the jewels of Algerian culture. Culture and history When listening to Essoundoussia one is often surprised by the large number of musicians. Western listeners are not particularly attracted to this type of group. The ethnic groups that are discovered in Paris rarely count more than six or seven musicians. The necessary acculturation that has shaped and transformed north African society is not usually taken into consideration by western music producers. This emphasis on traditional music and folklore has resulted in a massive rejection of the modernisation that is aspired to by the majority of musicians from the maghreb. I have attempted to reconcile these contradicting trends by asking Smaïn Hinni, chairman and orchestra leader of Essoundoussia, to record two noubas with a small number of musicians, in a direct take. The result is extraordinary: the musicians (most were trained within large orchestras) discovered the pleasure and art of listening to each other and exchanging their knowledge. The public, either by nostalgia or by taste, created a hedonistic relationship with these same artists. -- We can also wonder why conductors in Algiers and elsewhere always bring together as many musicians as possible. There is no easy answer and I see three possible reasons. It is interesting to see that in his effort to pay tribute to the most illustrious personality of Algerian musical associations, Mahieddine Bachetarzi, Smaïn Hinni has broken, either consciously or unconsciously, with the dogma and history of this movement. The growing size of orchestras is representative of modern musical tradition in Algiers. Did this evolve from a questioniong of the teaching principles that had been unchanged since the forming of the El Moutribia society in the 1930’s? Was it a rise of consciousness? One that places aesthetics over pedagogy? Is the musical institution that is financed and controlled by the State losing ground to the new tendency to search for «beauty»? All these questions seem to express that «a return to former values is essential, even if these values are contrary to the statutes of musical societies.» All directors of musical associations proclaim this. I will simply say for myself that the strength of the art itself once again overcomes the ideological strategies undertaken by the State. The second reason is just as important. While preserving the modern structure of musical training and production, the leaders of musical groups are coming back to the notion of merit and elitism. Amateur musicians strongly criticise the fact that only the final year students are allowed to perform in concerts. They also tolerate that musicians associate with non-teaching masters, which is forbidden by state associations. It also needs to be said that musical production in the west is subject to the counsel of specialists. These intellectuals and informed music lovers are intermediaries who design programs that are adapted to local preferences. This often goes against the musical trends of southern Mediterranean countries and forces the musicians to reorganise their groups and rework their music. A consensus is often hard to reach. However, when they finalise a project, the producers, musicians and counsels all are gratified with the intimacy of the music. -- Nouba terminology Most musicologists seem unanimous on the meaning of the word nouba. Nouba is the protocol that defines a suite of instrumental and vocal pieces according to specific modes and rhythms. From the birth of this protocol in Andalusia in the Middle Ages every part of the nouba has undergone changes, only the name has remained. Historians and musicologists of the Middle Ages defined Nawba as court musicians competing with each other to gain the favour of princes and monarchs. The root Nâba which means «to come about, replace, alternate» does not seem to have any relationship with the musical suites that we know today. The time of alternating court singers is now long gone. While it was a common practice for musicians to take turn playing, it seems hard to accept that the different musicians would respect an order of movements, rhythms and modes. The Niâba, another substrate of the verb Nâba, is an authorisation that was given by poets to musicians who wanted to put their poems to music... a copyright. It therefore seems that the idea of alternation on which the nawba is founded is not appropriate. On the other hand, when we look at the verb Intâba - which also has Nâba for root - and means «waiting for someone, to capture one’s mind, to run through one’s mind, to overwhelm someone with feeling» we are getting closer. In this context Tarab, a fundamental notion of Arab and Persian music is well adapted. The Gh’râm of the maghreb, equivalent to the Tarab further east, gives the idea of passion. Passion is a key concept and almost (intemporel). This can explain how the term Nawba has lasted over seven centuries. From the technical standpoint the nawba is a set of elements including melody, rhythm and poetry. From the metaphysical standpoint, it is the emotion that invades everyone who is initiated into the art. Those who study the music and perpetuate the oral tradition, masters and disciples, must be totally invested and feel a deep affective link. The musicians who are learning the art must be inhabited by the music so that they may memorise the hundreds of pieces contained in the repertory and restitute them in their full. - 10 - The Mezmoum Nouba We find all the ingredients of the Algiers Andalusian musical suite in the Mezmoum nouba. The Mçaddar, B’taïhi, Darj, Insiraf and Khlâç movements (Largo, Andante, Andantino and Final) are interspersed with instrumental interludes called Kriçi. The instrumental solos are placed between the third and the fourth movement. This gives the musicians a chance to rest before the second part of the musical ceremony. It is also a custom in Algiers to interpret the Inklâbât, short poems that set the tone and often replace the Touchia, the instrumental prelude. The five movements mentioned above do not have the same meaning and importance that they are given in classical music in the East or West of Algeria. These are actually two long movements that combine five sub-movements. The first includes the M’çaddar, the b’taïhi and the darj. The three have the same binary rhythm, that goes crescendo. It is therefore sometimes difficult to hear the difference between one sub-movement and another. The only way to identify a piece is by going back to the metrics and structure of the poem. Female vocals: a new era in Arab-Andalusian song When you hear Essoundoussia you can only notice the pleasant mix of masculine and feminine voices. Women were integrated into music in the 1970’s. The El Mossilia society was among the first to initiate women into their group but it was the Rachidia society of Tunis that first did so with a mixed chorus. The societies did not introduce women into their groups for musical reasons. There was no previous research done to classify voices nor to adapt the repertoire. The purpose was to make a clear distinction from the educational aspect of independent societies and the professional groups which did not include women... - 11 - The introduction of female voices radically changed the sound of this music. It is true that such mixing of voices is commonly used in western choirs but the combination is well balanced. There is generally a soprano group, alto, tenors and basses. This is very different in Arab-Andalusian music: the music is not polyphonic and nothing was changed in the melody structure. The modes are defined for tones that are specifically masculine. Before, there was a specific repertory for female singers who were accompanied only by percussions. Sometimes one or two other instruments would play the melody but they were tuned to the voice of the lead singer. At the end of the day, the female voices adapted to male voices. However, since women sing one octave higher and there are no true basses in these groups, it seems that the females voices are always dominant. To balance this out they increased the number of male singers. Today there is a new style of song based on a mix of voices that is specific to musical societies. This is the emblem of Essoundoussia that is widespread in the Mezmoum nouba. - 12 - Inklàb mezmoum (I) Qu’il est gracieux mon petit oiseau ! Il ne supporte aucune remontrance, Bec jaune et rouge gorge il chante haut pour animer les fêtes Il s’est envolé en battant des ailes, abandonnant les lieux un instant pour revenir se poser sur ma main Il y restera à jamais dédaignant autrui. Inklab mezmoum (I) How graceful my little bird is! He does not take any admonishment Yellow bill and red breast he sings loud to entertain at parties He flew off beating his wings, leaving the place for a moment before returning to light on my hand He will forever remain there shunning others. - 13 - Inklàb mezmoum (II) O objet de mes désirs tu es le soleil qui éclaire et la lune que j’admire Ces grains de beauté qui rehaussent l’éclat de ta joue rose ! Ah ! Tous ces attributs de la beauté que tu possèdes à un point tel que tu envoûtes tous ceux que tu vois Grâce soit rendue au Créateur Je souhaiterais te rencontrer et avoir le privilège d’embrasser ta jolie joue Sois bienveillante et généreuse à mon égard ma belle ! Eteins la flamme qui consume mon cœur Ah ! Ces grains de beauté qui rehaussent l’éclat de ta joue rose ! Inklab mezmoum (II) Oh object of my desire you are the sun that shines and the moon that I admire Those beauty marks that enhance the shine of your rosy cheeks! Oh! All this beauty of yours puts a spell on all who see you Praised be the Creator I would like to meet you and have the privilege of kissing your pretty cheek Be kind and generous with me my beauty! Put out the flame that consumes my heart Oh! Those beauty marks that enhance the shine of your rosy cheeks! - 14 - M’çaddar Mezmoum Toi dont l’amour emplit mon cœur tu m’as ensorcelé corps et âme Ah ! Si tu savais ce que j’endure à cause de mon amour pour toi La nuit pour moi est devenue le jour Mais que t’importent mes reproches M’çaddar Mezmoun You whose love fills my heart you have bewitched my body and soul Oh! If you only knew what I endure because of my love for you Night has become day for me But what are my reproaches to you? - 15 - B’taïhi Mezmoum Après m’avoir abandonné elle dépêche un messager pour me donner rendez-vous Elle se présente enfin pleine de compassion et d’excuses Parée comme une châsse, Elle m’enlace et exprime clairement ses sentiments se serre contre moi et tout mon être est réduit à néant B’taihi Mezmoum After having left me she sends a messenger to set up a date She finally comes, full of compassion and excuses Adorned like a shrine She embraces me and tells me her true feelings She holds me tight and my whole being dissolves into nothingness. - 16 - Darj Mezmoum Par Dieu que la séparation me pèse A force d’endurer je pleure Mon cœur est las de souffrir Ma passion est toujours en éveil Jamais elle ne disparaîtra Jusqu’au jour de la Résurrection qui scellera notre rencontre éternelle La biche s’est éloignée sautillante, elle apparaît et disparaît plantant ses flèches en mon cœur Sa longue chevelure est sombre comme était la nuit lors de son départ Darj Mezmoum By God how separation is hard It has been so long that it makes me cry My heart is tired of suffering My passion is still there It will never disappear Until the Judgement Day which will seal our eternal meeting The doe moves off jumping, it appears and disappears sending arrows into my heart Her long hair is as dark as the night that she left. - 17 - Insrâf mezmoum Comme j’aurais voulu que la destinée favorise mon bonheur Je passais une soirée avec ma belle dans un jardin fleuri, le cœur gai, Quelle soirée ! Soirée de rencontre inoubliable dans un jardin renommé à l’heure où le soleil s’incline vers l’ouest Jaune, semblable à de l’or dans du cristal les oiseaux gazouillent et ma bien aimée chante des mélodies au rythme d’un luth Heureux nous flânons dans les allées verdoyantes Tandis que les norias projettent abondamment leur eau Dans tous les sens, dans un mouvement ascendant et descendant ma belle et moi passâmes une soirée dans ce jardin enchanté Insrâf mezmoum How I would have liked destiny to favor my happiness I was spending the evening with my beauty in the flower garden, my heart gay, What an evening! An unforgettable meeting in a famous garden at the hour when the sun leans to the west Yellow, like gold in crystal The birds twitter and my beloved sings to the rhythm of a lute. Happily we stroll down the green alleys While the fountains spray abundant water My love and I spent an evening, moving In all directions, up and down this enchanted garden. - 18 - Insrâf (II) Insrâf (II) Lève-toi échanson, et, en ces lieux de rêve Sers-nous un vin de belle couleur Cachés sous le feuillage, enlacés à de belles jeunes filles Nous jouissons de douces mélodies. Quand l’ivresse est profonde et totale Ces belles du paradis excitent le désir des hommes Je veux préparer une fête sous l’éclat de la lune et m’enivrer avec elles de coupes de vin. Que durent ces instants de bonheur où les belles sont satisfaites. Qu’il est doux de boire le matin et, amoureux, le cœur gai, de rejoindre les bien-aimées Lève-toi échanson et remplis nos coupes L’Aurore est là… Get up cup-bearer and serve us a nice colored wine Hidden under the leafage, embracing beautiful young girls We enjoyed gentle tunes. When drunkeness is total and deep These beauties of paradise excite the desire of men I want to prepare a moonlight party and get drunk on wine with them. Let these moments of happiness last when these beauties are satisfied. How sweet it is to drink in the morning and, in love, with a light heart, return to the loved ones Rise cup-bearer and fill our cups Dawn is here... - 19 - Khlâç (I) O mon âme ! O ma raison d’être Tu as fait prisonnier mon cœur Belle dame à la joue empourprée Tu es le maître et je suis ton esclave Belle dame au visage resplendissant Tu possèdes toute la grâce du monde Tu es le maître, telle est ma position vis à vis de toi Tu es à moi et je suis à toi Pas de place pour les autres Khlaç (I) Oh my soul! Oh my reason for living You have taken my heart prisoner Beautiful lady with red cheeks You are the master and I am the slave Beautiful lady with the resplendent face You have all the grace of the world You are the master, that is how I feel about you You are mine and I am yours No room for others. - 20 - Khlâç (II) Chère complice aux cils noirs, attire moi vers toi car mon cœur est placé entre l’eau et le feu et lutte désepérément Tu m’as ensorcelé de ton regard charmant dans lequel mon regard se perd` n’es-tu pas ô dansante, pareille à l’étoile brillante unique dans ton genre, comme elle, par la grâce de Dieu Tu parcours l’espace pour venir me rejoindre Par sa finesse sa taille est en harmonie avec la mienne Son teint doré par pudeur devient rose telle la fleur du grenadier Khlaç (II) Dear acccomplice with dark lashes, draw me near you for my heart is between water and fire and is fighting desperately. You have bewitched me with your charming gaze where I lose my own Are you not, oh as you dance, like the brilliant star the one and only like her, by the grace of God You cross space to be with me By her finesse her waist is in harmony with my own Her golden complexion turns pink in modesty like the flower of the pomegranate. - 21 - Khlâç (III) J’ai renconté mon amie. Je l’ai mise au courant de ce qui m’est arrivé Un envieux s’est enquis de mon état, et m’a déprécié Résiste mon cœur. Aime la toujours quoiqu’il arrive Je résiste toujours ! dit mon cœur Que les difficultés ne te découragent pas Les jours de bonheur arriveront sûrement courage! courage ! Personne ne peut dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau Je devrais punir mon cœur Parcequ’il aime qui ne l’aime pas. Je me suis évertué à le mettre en garde Il n’a pas tenu compte de mes conseils il est tombé dans le piège Khlaç (III) I met my friend. I told him about what has happened to me Someone envious asked about me and belittled me Resist my heart. Love her no matter what I am still resisting! says my heart Don’t let difficulties discourage you The days of happiness will surely come Be brave! Be brave! No one can say: fountain I will not drink of your water I should punish my heart because it loves one who does not love it. I warned it It did not heed my counsel it fell into the trap Then let it fall into this passion with God’s blessing - 22 - Alors laisse le sombrer dans cette passsion, avec la bénédiction de Dieu Je résiste toujours répond mon cœur Que les difficultés ne te découragent pas les jours de bonheur arriveront sûrement courage ! courage ! Personne ne peut dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau I am still resisting, answers my heart Don’t let difficulties discourage you the days of happiness will surely come Be brave! Be brave! No one can say: fountain I will not drink of your water Khlâç (IV) Regarde tomber le crépuscule qui a déployé ses voiles Le disque jaune du soleil décline vers le couchant il semble regretter d’avoir à disparaître Ne me bouscule pas mon cœur souffre de la séparation Dieu ! Que la séparation est pénible ! Khlaç (IV) Watch dusk come spreading its veils The yellow disk of the sun is dipping into the west it seems to regret having to go Don’t push me, my heart is suffering from the separation Lord! Separation is so painful! - 23 - Khlâç (V) Sans toi je n’aurais pas su ce que c’est que l’amour Tu m’as appris l’amour dans ce qu’il a de plus beau Tu habites mon cœur et ton nom ne quitte pas mes lèvres Comment puis-je me consoler de toi ? Comment puis-je t’oublier. Khlaç (V) Without you I would not have known what love is You have taught me the most beautiful side of love You inhabit my heart and your name never leaves my lips How can I get over you? How can I forget you? - 24 - Les musiciens : Hini Smaîn Kateb Nadji Aliane Nour-eddine Nouar Youcef Azzoug Rabah Bekadi Brahim Kebladj Djamel Zaarir Hocine Djedaîa Nacer Ghazi Khaled Cithare et Direction d’orchestre R’beb et Soliste Vocal Oud et Soliste Vocal Mandoline et Soliste Vocal Ney et Choeur Alto et Choeur Alto et Choeur Alto et Choeur Darbouka et choeur Tar et Choeur Les voix féminines : Marniche Marniche Nouacer Dif Fazilet Mounia Samia Amel Prise de son : Senoussi Mamoune, studio «Office Riadh El Feth», Alger 1995 Poèmes traduits par Abdessemed Boulanouar, Alger 1995 Calligraphie arabe et sélection iconographique Taoufik Bestandji - 25 - Mahieddine Bachetarzi - 26 -