Fiche du film
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Fiche du film
Fiche n° 1 072 Queen of Montreuil Du 1er MAI AU 14 MAI 2013 De Solveig ANSPACH avec Forence Loiret-Caille, Didda Jonsdottir, Ulfur Aegisson, Samir Guesmi, Sophie Quinton… C’est le début de l’été et Agathe est de retour en France, chez elle à Montreuil. Elle doit se remettre à son travail de réalisatrice mais aussi faire le deuil de son mari brutalement décédé. Elle y parviendrait peutêtre plus facilement si elle cessait de se trimballer avec l’urne funéraire et savait quoi faire des cendres ! L’arrivée inopinée à son domicile d’un couple d’islandais, d’une otarie et d’un voisin toujours désiré mais jamais complètement conquis vont lui donner les pouvoirs de reconquérir sa vie… « Queen of Montreuil » est une fantaisie composite, un bazar zoulou où l'on peut chiner à sa guise, (...) une ciné-folie de première. Solveig Anspach est-elle folle ? Oui, mais pas plus que nous. Est-elle cinéaste ? Oui, mais beaucoup plus que nous. C’est cette qualité surnuméraire qui fait de son nouveau film une ciné-folie de première. Une folie comme on l’entendait architecturalement au XVIIIe siècle quand, en marge des châteaux, il s’agissait de construire au fond du parc des pavillons de plaisir, propices aux partouzes ou aux conversations philosophiques, les unes n’excluant pas les autres. Sauf qu’ici, le parc est plutôt une déchetterie, et le pavillon, un pavillon de banlieue, à Montreuil, commune limitrophe et un peu limite de l’est parisien. Agathe (Florence Loiret-Caille, nickel), la trentaine, y revient après des vacances un peu particulières, partie à l’étranger pour récupérer les cendres de son mari, mort dans un fâcheux accident de mob. Pourquoi pense-t-on alors au Solex de monsieur Hulot dans Mon oncle ? Parce que Anspach filme comme assise sur le portebagages de Tati : même humour et amour des personnes qui sont des personnages, même façon de carburer au frappadingue. Queen of Montreuil est une fantaisie composite, un bazar zoulou où l’on peut chiner à sa guise : un duo d’Islandais (mère allumée et fils sage) en rade à Roissy suite à la faillite de leur compagnie aérienne, un grutier jointé, un gérant de laverie qui fait aussi place Net, un passant qui toque chaque jour à la fenêtre de la cuisine pour guigner 5 euros (en fait 6, c’est pour ses clopes), une robe de mariée transsexuelle, et un phoque. Un quoi ?! Un phoque (Fifi, immense actrice), oublié dans le déménagement du zoo de Vincennes. C’est le phoque qui fait le liant. Parce que l’animal triste est recueilli par le fils islandais qui l’installe dans la baignoire de la jeune veuve, parce que son appétit de poisson va résoudre le problème de l’urne funéraire et du devenir des cendres qu’elle contient, parce que son humanité animale et ses grands yeux de Bette Davis vont retaper la veuve en vrac et rallier les humains dispersés. Pourquoi vivre seul, alors qu’on pourrait vivre ensemble ? C’est la question politique posée par Anspach. Trop cool ? Voire. Le phoque n’est pas qu’une grosse peluche vivante, il est aussi un carnivore qui montre les dents et fout les foies à Agathe lors d’un face-à-face en salle de bains. Quant à la communauté : sur le mode de «l’attraction passionnée» chère à Fourier, elle lorgne plus vers le phalanstère que vers la famille, fût-elle recomposée. Gérard LEFORT, Libération ********** Rien ne va plus pour Agathe, veuve avant l’heure. Son mari a trouvé la mort à l’arrière d’une moto tandis qu’il se trouvait à l’étranger. De retour à Montreuil, où elle habite, la jeune femme dépose l’urne funéraire près du bocal à poissons rouges et tente, difficilement, de penser à autre chose. Elle a recueilli au passage deux Islandais rêveurs, une mère et son fils, qui ne savaient où dormir. La mère trouve du travail sur une grue. Le fils rapporte à la maison une otarie… La fantaisie danse la gigue dans ce film tissé de courants d’air qui parle, du haut de ses grues, de reconstruction et où l’on retrouve avec bonheur, en petite belette ahurie, la trop rare Florence Loiret-Caille. Le Parisien C'est ce que l'on appelle un feel good movie … Un film qui fait du bien, où l’on sourit, où l’on rit, et qui devrait être remboursé par la Sécu parce qu’il nous rappelle pourquoi on aime la vie, même quand elle est chienne. Garanti sans bons sentiments gluants, « Queen of Montreuil » parle en effet rien moins que du deuil et de nos vies en cendres… Agathe (Florence Loiret-Caille) vient de perdre son mari et semble elle-même avoir choisi le camp des fantômes. Mais les humains n’ont pas dit leur dernier mot… Au fil du film, on s’attache à cette bande de potes, avec leurs qualités et leurs défauts encore meilleurs. Quand les lumières se rallument, on ne veut plus les quitter. Marjolaine JARRY, Télé Ciné Ob ******************** Il y a deux films dans Queen of Montreuil : l’un, tragicomique, sur le deuil ; et l’autre, social, sur une ville de banlieue, microcosme peuplé d’artistes et d’immigrés où l'on peut encore trouver du boulot en une journée et taper à la vitre du voisin pour emprunter cinq euros. Au final, tous deux se révèlent terriblement réconfortants et sont habités par des personnages liés par un même but : retrouver le chemin de chez eux, au sens propre ou figuré. C’est dans son quartier, dernier bastion de solidarité, qu’Agathe va pouvoir faire son deuil avec la famille qu’elle se choisit (mention spéciale à la « mamijuana » championne de la fumette, incarnée par Didda Jónsdóttir, sorte de Patti Smith islandaise totalement cramée). Une nouvelle fois, Florence Loiret Caille, en petit Calimero à la coquille fracassée qui reconstruit peu à peu son nid, prouve qu’elle est vraiment une reine. Stéphanie Lamôme, Première ******************** Présentée à la Mostra de Venise, où s'affrontaient les cadors du cinéma américain (De Palma, Malick ou Thomas Anderson), Queen of Montreuil, dernier né de Sólveig Anspach (Haut les coeurs) a donné un coup de folie à un Festival bien trop sage. Loin de toutes certitudes formelles, Anspach filme, avec une liberté déconcertante, des êtres à la dérive. La caméra navigue à vue au milieu de ce beau monde dans lequel la présence d'une otarie ne ferait presque pas tache. Le tragique et le drame s'évaporent au moment même où d'autres cinéastes auraient installé leurs pantoufles dramatiques. Mention spéciale au décidément passionnant Samir Guesmi en grutier cinéphile! Un film revigorant. Thomas Baurez (Studio Ciné Live) Secret de tournage Des racines franco-islandaises En 1998, Solveig Anspach, islandaise expatriée, lançait avec le fort et beau Haut les coeurs ! sa déclaration d'amour à la France. Se voulant d'un cinéma intime et engagé, elle avait pour thème de coeur la maladie et les histoires humaines rocailleuses et brutes. Dix ans plus tard, elle est revenue sur sa terre natale avec la comédie Back Soon, basée sur une idée saugrenue, où elle n'avait engagé que des acteurs islandais peu connus. Galvanisée par la réaction positive du public face à son film tourné en roues libres, elle a décidé pour Queen of Montreuil de ramener cette énergie islandaise dans son quartier d'accueil, Montreuil, et d'inscrire le film dans une optique similaire, comme une suite possible à Back Soon. Ainsi, elle a rassemblé pour Queen of Montreuil l'actrice Florence Loiret-Caille et les acteurs islandais de son précédent film : ses deux patries sur un seul écran, dans un récit emmené par le déracinement, la communion de plusieurs destins... et les frasques d'un phoque ! La tournée des festivals Le film de Solveig Anspach a eu son avant-première au Festival du Film Français d'Albi et au festival Paris Cinéma de 2012, et a fait l'ouverture du Festival Jean Carmet des Seconds Rôles à Moulins. Il a été nommé pour trois Amphores à la première édition du Festival International du Film Grolandais de Toulouse, et est même allé jusqu'à la Mostra de Venise, ou la réalisatrice avait été nommée par un jury de cinéastes lors d'une manifestation indépendante qui se déroulait en parallèle avec le festival, du nom de Giornate Degli Autori.