Culture d`algues : les conseils des Japonais - IUEM

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Culture d`algues : les conseils des Japonais - IUEM
Journal Ouest-France du samedi 20 octobre 2012
Edition : Toutes editions - Rubriques : Marine
Culture d'algues : les conseils des Japonais
L'ostréiculture mise sur la culture des
algues pour se diversifier. Les Japonais
conseillent de viser l'Europe.
« Si vous voulez développer la culture
d'algues, privilégiez les marchés à fort
potentiel de développement, comme
l'Europe, à ceux déjà saturés, comme le
Japon. » Voilà le message que les
professionnels nippons ont fait passer auprès
des ostréiculteurs et des scientifiques bretons
qui sont allés les rencontrer dans les
préfectures d'Iwaté et de Miyagi, début
octobre. Ce voyage faisait suite à celui de
Japonais, présents au salon national de la
conchyliculture à Vannes, début septembre.
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Denis Bailly (3 à gauche) et la délégation française ont été
reçus par les professionnels japonais.
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Envolés les espoirs de diversification ? « Non, bien sûr. La région est déjà investie dans ce
secteur avec des unités en pointe, notamment dans la cosmétique. Le Japon continue
d'importer aussi des algues, mais transformées selon des critères bien précis. »
Certaines entreprises y trouveront quelques niches porteuses, mais « ce n'est pas suffisant
pour développer une vraie filière », explique Denis Bailly, professeur à l'Institut universitaire
européen de la mer de l'université de Bretagne occidentale.
« Nos interlocuteurs nous conseillent de positionner la Bretagne comme région à fort
potentiel de production. » Des pistes sont aussi à explorer, dans les biocarburants, les
biotechnologies ou la pharmacie. En vieux routiers de l'algoculture, les Nippons invitent leurs
collègues français à ne pas faire n'importe quoi. « Surtout, ils préconisent de travailler avec
les espèces locales pour éviter tout phénomène invasif. »
Les Bretons souhaitent commercialiser le wakamé (fougère de mer), une algue importée
malgré elle du Japon dans les années 1970 en même temps que les huîtres gigas. « Cette
espèce s'est bien adaptée aux eaux bretonnes, mais si on décide d'en faire l'élevage, le
risque invasif reste possible. C'est pour cette raison que l'autorisation reste suspendue
», explique Denis Bailly.
En dehors des aspects techniques de la culture et de la transformation, se posent aussi
d'importantes questions d'insertion dans un espace littoral déjà très convoité. « Entre les
problèmes d'exposition des sites, d'adéquation du milieu aux besoins des espèces,
d'utilisation des espaces par d'autres usages et de perception de l'esthétique
paysagère », l'algue bretonne a bien des obstacles à lever avant de nourrir son homme.
Jean-Pierre BUISSON.