L`automnetragiquedeslongscourriers

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L`automnetragiquedeslongscourriers
Lundi 5 novembre 2012 page 3
Le Dauphiné Libéré
VOTRE RÉGION
Le bombardier retrouvé huit mois
Après le crash par des éclaireurs skieurs
TARENTAISE
n Le 1er novembre 1946, un bombardier B­17 américain qui effectue la liaison Naples­
Bovingdon (Angleterre) s’écrase sous l’Aiguille des Glaciers à 3 816 m d’altitude en Haute
Tarentaise. Les huit membres d’équipage sont tués mais les recherches pour retrouver l’avion
resteront vaines. Ce n’est que huit mois plus tard, le 27 juillet 1947, que des éclaireurs skieurs
du 99e bataillon d’infanterie alpine découvrent les restes de l’appareil et les corps des
victimes.
Pas tous, car en 1979 un guide borain fera encore une macabre découverte. En décembre 2010
c’est un os qui sera retrouvé et inhumé au cimetière de Bourg­Saint­Maurice en présence
d’Anne Loft Cobb, la fille du copilote née huit jours après le crash.
En septembre 2011, deux cérémonies se sont déroulées, côté italien et côté français avec,
chaque fois, la pose d’une plaque commémorant ce drame.
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DRAMES AÉRIENS EN MONTAGNE Un B-17 le 1ernovembre 1946, le Malabar Princess le 3 novembre 1950, le Paris-Rome le 13 novembre 1950
L’automne tragique des longs­courriers
13 novembre 1950 :
les pèlerins canadiens
Le cimetière canadien de Notre-Dame de la Salette (Isère) où sont enterrés
les pèlerins victimes du crash. Photo DL/Sébastien DUDONNE
D
Le 21 août dernier dans le glacier des Bossons (Haute-Savoie), une famille de vacanciers est tombée sur la roue d’un Boeing 707 d’Air India qui s’était écrasé le 26 janvier 1966. Une découverte
qui a permis de retrouver une valise diplomatique du ministère indien des Affaires étrangères à qui elle a été restituée. Photo DR
C
omme la mer, inlassa­
blement, revient tou­
jours au rivage, la
montagne, régulière­
ment, rend les corps et les
objets de ceux qu’elle a dé­
vorés.
Le 21 août dernier, sur le
glacier des Bossons dans le
massif du Mont­Blanc, un
couple de vacanciers avec
leur enfant, a « remarqué
quelque chose qui brillait au
loin. »
Pensant avoir trouvé la
dernière roue du célèbre
Malabar Princess, ils se ren­
dent à l’office de haute mon­
tagne pour signaler leur
trouvaille.
Deux hommes se rendent
alors sur place pour vérifier
la découverte.
Bien qu’enchantés d’ap­
procher la fameuse roue, les
deux explorateurs sont per­
turbés par un autre élément.
Un peu plus loin, au niveau
du plateau des Pyramides,
les deux hommes décou­
vrent un sac en toile, simple­
ment posé sur la glace : une
valise diplomatique en pro­
venance du ministère indien
des Affaires étrangères à
destination de New York.
La roue est en fait celle du
Kangchenjunga, ce Boeing
707 d’Air India qui assurait
la liaison Bombay­Beyrouth­
Genève­Londres et qui s’est
écrasé dans le massif du
Mont­Blanc le 24 janvier
1966 entraînant dans la mort
ses 106 passagers et les 11
membres d’équipage.
Une des victimes
retrouvée assise sur
un siège de l’appareil,
trois ans après le crash
Tragique ironie, plus de
trois ans après ce crash, (qui
reste le plus meurtrier dans
les Alpes), le fils de l’une des
victimes venu se recueillir
sur les lieux, fit, avec son
guide, une macabre décou­
verte. Au cours de l’été 1969,
les deux hommes découvri­
rent, en effet, sur le versant
italien, un siège de l’avion,
resté en équilibre sur une
pente de neige. Sur ce siège
était encore assis le cadavre
d’un des malheureux passa­
gers.
ix jours seulement après le
crash du Malabar Princess
dans le Mont­Blanc, un autre
drame endeuille les Alpes
françaises. Le 13 novembre
1950, l’avion Rome­Paris trans­
portant 51 passagers et 7 mem­
bres d’équipage s’écrase con­
tre le pic de l’Obiou (Isère) à
2 780 m, ne laissant aucun sur­
vivant. Parmi les victimes, des
pèlerins canadiens en pèleri­
nage en Europe qui seront en­
terrés dans un cimetière à No­
tre­Dame de la Sallette.
o
1erseptembre 1953 : les
codes secrets du Paris­Saïgon
E.V. avecFanny CHAYS
et Baptiste OLLIER
3 novembre 1950 : les légendes du Malabar Princess
et doit encore faire escale à
Genève avant de rallier la
capitale anglaise. Ce 3 no­
vembre 1950, à 10 h 45, le
commandant de bord an­
nonce à la tour de contrôle
qu’il amorce sa descente
vers Genève­Cointrin avec
un fort vent de face souf­
flant à 100 km/h.
39 passagers,
6 membres d’équipage :
aucun survivant
Le crash
du Malabar
Princess
a servi de
toile de fond à
un film très
émouvant
avec Claude
Brasseur et
Jacques
Villeret
(ci-dessus).
La montagne
a rejeté
souvent des
morceaux de
la carlingue
de l’avion.
Photo DL/
Sylvain MUSCIO
A
u tragique hit­parade
des crashs aériens sur­
venus en montagne, son
nom reste encore le plus
souvent cité.
Peut­être parce qu’il fut
le premier d’une trop lon­
gue série (lire par ailleurs),
que son nom chantant res­
pire l’exotisme ou que le
joli film de Gilles Legrand
(2004) a réveillé cet épiso­
de des longues tragédies
aériennes en montagne.
Le 3 novembre 1950, le
gros quadrimoteur Loc­
kheed L­749 Constellation
d’Air India doit relier Bom­
bay à Londres. Il s’est ravi­
taillé en kérosène au Caire
L’appareil est normale­
ment conçu pour affronter
ce genre de situation.
Pourtant il ne se posera
jamais sur le tarmac suisse.
La carcasse du Malabar
Princess est repérée le len­
demain par un pilote suis­
se, 200 mètres sous le som­
met du toit de l’Europe. Il
n’y aura aucun survivant
parmi les 39 passagers et
les 6 membres d’équipage.
Très vite une rumeur en­
fle dans la vallée de Cha­
monix et en Suisse : l’avion
aurait transporté des lin­
gots d’or, les bijoux d’une
princesse indienne… et
l’enrichissement de “cer­
tains” dans la vallée serait
lié à la découverte de ces
richesses. Cette rumeur
n’est pas propre au Mala­
bar Princess. On la retrou­
ve après de nombreux ac­
cidents similaires, voire
lors de parachutages pen­
dant l’Occupation.
Ce qui est bien réel, en
revanche, c’est que le gla­
cier, régulièrement, rend
des morceaux de ferraille
de la carlingue ou des ob­
jets ayant appartenu aux
passagers. Certains pas­
sionnés comme le guide
Christian Mollier ou l’infa­
tigable chercheur de vesti­
ges d’avions Daniel Roche
se sont spécialisés dans ces
collections un peu particu­
lières. En 2006 ce dernier
avait découvert le sac à
mains d’une française puis
une des quatre hélices de
l’avion l’année suivante, et
en 2008, le moteur du Ma­
labar Princess…
o
Des chasseurs alpins du 11e BCA de Barcelonnette sur les lieux du crash
du Paris-Saïgon le 2 septembre 1953, le lendemain du drame.
L
e 1 er septembre 1953, à
23 h 40, alors qu’il descend
vers Nice où il doit faire escale,
le Constellation F­BAZZ Paris­
Saïgon percute le Cemet, une
montagne qui culmine à
2 800 m en face du petit village
d’Uvernet­Fours dans la vallée
de l’Ubaye (Alpes­de­Haute­
Provence). Au moment du
crash l’appareil se trouve à
40kmàl’estdesarouteinitiale.
Parmi les 42 victimes, 33 passa­
gers et 9 membres d’équipage,
figure le célèbre violoniste Jac­
ques Thibaud dont le corps ne
sera pas identifié. Si la rumeur
de bijoux précieux, cette fois
encore, enfle, les gendarmes
retrouveront, une semaine
après le crash, les codes secrets
du SDECE (service de défense
etdecontre­espionnage)desti­
nés aux militaires français alors
en guerre en Indochine.
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