Fiche du film
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Fiche du film
Fiche n° 1200 LEVIATHAN 8 au 14 octobre 2014 LEVIATHAN Russie Réalisateur : Andrey Zviaguintsev • Acteurs : Aleksei Serebryakov, Elena Lyadova, Roman Madianov,Vladimir Vdovichenkov.. • Date de sortie : 24 septembre - 2h20 Prix du scénario Andreï Zviaguintsev , Oleg Negin à Cannes 2014 Tant de Leviathan A l'origine monstre de la mythologie phénicienne, le Leviathan est devenu, par la Bible, une créature marine diabolique souvent assimilée à un serpent de mer à la gueule géante et dont les ondulations seraient à l'origine des vagues. Le monstre fut diversement utilisé au cinéma : de créature hybride, mi-machine mi-animal dans Atlantide, l'empire perdu (2001), des studios Disney, il devient une bête extra-terrestre recouverte d'une armure de métal dans Avengers (2012). Or, dans la mythologie nordique, le Leviathan est souvent assimilé à Jörmungand, serpent de mer fils de Loki, justement adversaire des Avengers dans le film en question. En 2006 est également sorti un nanar américain, Razortooth, dont le titre fut traduit par Leviathan. L'animal aurait pourtant plutôt hérité de l'anguille et de la murène que de la mythique créature. Le film d'Andreï Zviaguintsev n'est pas le premier à porter le nom de Leviathan. En effet, en 1962 sort un film français qui se passe bien loin des mers tourmentées de la vieille Russie : "Léviathan", de Léonard Keigel, est un drame social prenant place dans un village au centre de la France. Un second film, également appelé Leviathan (1989), réalisé par George P. Cosmatos, se positionne par la suite dans le genre de l'horreur, proche de The Thing. Enfin, sort en 2012 un documentaire, Leviathan, dénonçant les dérives de la pêche intensive. Curieusement, aucun de ces films ne parlent du Leviathan originel. - Allociné Cette tragique histoire aurait pu se dérouler n'importe où... Positif N°643 Andrey Zviaguintsev, le réalisateur de Leviathan : « Au commencement était le verbe... En 2008, lors d'une conversation avec une interprète pendant le tournage d'un cout-métrage, on m'a raconté l'histoire de cet homme habitant dans le Colorado qui s'est révolté contre le pouvoir qui voulait l'exproprier et le déposséder de tout. Avec un bulldozer, il a détruit des bâtiments publics avant de se suicider. Cette tragique histoire aurait pu se dérouler n'importe où. Mais dans mon esprit c'était très proche de la Russie. Nous avons donc transposé le sujet. Puis nous avons réalisé sa proximité avec le Léviathan qui se situe dans le "Livre de Job". Pour ce film, cela a d'abord été l'histoire de cet homme et ensuite le titre. » D'abord acteur, Andrey Zviaguintsev, né en 1964, a étudié à l'institut de théâtre de Novossibirsk avec Lev Belov jusqu'en 1984, puis travaille à Moscou avec Evgueni Lazarev à l'Académie russe des arts du théâtre (GITIS). Dans les années 1990, il obtient des rôles secondaires dans des productions télévisées ainsi qu'au cinéma. Sa première expérience de metteur en scène s'effectue en 2000, lorsqu'il réalise 3 nouvelles (Boussido, Obscure et Le Choix) pour la série Black Room de la chaîne REN-TV. Il se révèle au grand public dès son premier long-métrage Le Retour, récompensé par le Lion d'or de la Mostra de Venise 2003, qui obtient un grand succès international. Avec Le Bannissement, il accède à la sélection officielle du Festival de Cannes 2007 où son comédien Konstantin Lavronenko, déjà présent dans Le Retour, obtient le Prix d'interprétation masculine. Son drame Elena est récompensé par le Prix spécial du jury de la section Un certain regard au 64e Festival de Cannes. Il revient en compétition officielle à Cannes en 2014 avec Leviathan qui reçoit le Prix du scénario. « Ce que raconte ici Zviaguintsev est le sort de celui qui s’attaque au pouvoir en général.Quand Thomas Hobbes intitule son ouvrage fondamental sur le pouvoir Leviathan, il désigne ainsi l’Etat….Toujours ses films mettent en scène la lutte contre un pouvoir injuste, une autorité arbitraire, celle d’un père de retour après des années d’absence, d’un mari imposant un avortement à son épouse, d’un autre se comportant avec sa femme comme un patron plutôt que comme un compagnon. Mais jamais la lutte engagée ne s’était terminée de façon aussi univoque. Le livre de Job s’achevait sur la restauration de Job dans ses droits. Rien ici sinon peut-être le visage d’un enfant ou l’attitude des amis de Kolia, qui prennent en charge son fils, n’autorise quelque espoir. » Dans le titre du film, il y a la référence biblique mais aussi politique. L’Etat est une entité abstraite. Comment avez vous procédé pour l’incarner ?... – J’ai mis en effet un certain nombre de représentants de l’Etat : le juge, le procureur, le maire que Kolia a déjà croisé dans la vie. C’étaient des personnages dont j’avais besoin qu’ils existent afin de montrer l’opposition, le mur administratif. Le scénario l’exigeait. Ce ne sont pas des représentants symboliques du pouvoir, mais vraiment des personnages incarnés ? Est-ce la rencontre avec chacun des acteurs qui a provoqué cela ? - …Je n’ai rien récrit une fois que j’avais trouvé les acteurs. Au départ le scénario a été écrit par mon coauteur, Oleg Neguine, qui avait sa propre vision des personnages. Ensuite apparaît un nouvel interlocuteur, moi, le metteur en scène qui corrige, réoriente, nettoie le texte. Au final c’est notre travail commun qui définit la vision des personnages. En même temps chaque comédien va s’approprier le texte et le restituer d’une manière différente de celle d’un autre acteur. Il rend le personnage vivant. Il peut me proposer un changement sur un mot ou une réplique, tant que ce n’est pas au détriment du but fixé par le scénario. Prenons par exemple le personnage du policier qui fête son anniversaire avec une kalachnikov : initialement pour moi c’est quelqu’un qui faisait le lien entre les protagonistes. Il ne m’intéressait pas en soi mais constituait une sorte de tissu qui reliait les PROCHAIN FILM : TANTA AGUA DE autres personnages. Il était utilitaire. Mais l’acteur a apporté ANA GUEVARA POSE ET quelque chose de plus que ce que j’avais imaginé. Malgré la LAETITIA JORGE CASTIGLIONI – DU 15 AU rareté de ses apparitions à l’écran, il est devenu un 20 OCTOBRE personnage à part entière. De vos quatre films, c’est la première fois qu’il y a autant d’extrême entre les parties comiques et les parties tragiques…- Ce n’est pas un concept fixé au départ. C’est venu naturellement dans la progression de l’écriture. Rien de calculé dans ce sens-là !