L`Acadie se souvient de la Déportation

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L`Acadie se souvient de la Déportation
L’Acadie se souvient de la Déportation
Publié: 14 h 04 min, mardi 28 juillet 2015 par Simon Delattre – Acadie Nouvelle
Il y a 260 ans, les autorités de Nouvelle-Écosse décrétaient la déportation des Acadiens. Les
commémorations célèbrent mardi la vitalité d’un peuple fier de son histoire, tout en rendant
hommage aux victimes.
«Commémorer la déportation, ce n’est pas se replier sur nous comme des victimes. Au contraire
c’est dire au monde: vous avez là un peuple qui a vécu un événement tragique, mais qui a su, au
fil des générations, s’épanouir», déclare René Cormier.
Le président de la Société Nationale de l’Acadie a participé mardi à l’un des nombreux
événements commémoratifs du Grand Dérangement.
Le 28 juillet marque le 260e anniversaire de la décision du Conseil de Nouvelle-Écosse
d’expulser la population francophone, ouvrant la porte à un véritable nettoyage ethnique. Réunie
devant le monument de l’Odyssée acadienne de Dieppe, une poignée de pèlerins s’est rassemblée
pour voyager jusqu’au site historique de Grand-Pré en Nouvelle-Écosse.
«C’est toujours émouvant de se rappeler cet événement tragique, mais en même temps c’est une
journée pleine d’espoir, parce que chaque pas fait par ces pèlerins c’est un peu un signe de
résistance à l’histoire, en soulignant un événement dont on est sorti vainqueur. Le peuple a
continué malgré les tentatives pour le faire disparaître.»
Le groupe a ensuite fait halte sur différents lieux de mémoire: le monument des familles de
Beaubassin, l’île Georges et le cimetière Sainte-Famille à Falmouth. En fin de journée, une
cérémonie est prévue devant l’emblématique Croix de la Déportation de Grand-Pré. Des
représentants des Acadiens, des Premières Nations et des Planters britanniques ont été conviés
pour déposer quelques fleurs.
Jean Gaudet, conseiller municipal de Dieppe, mène le pèlerinage organisé par la commission de
l’Odyssée acadienne.
«C’est important pour moi de transmettre les faits historiques. Si on ne connaît pas son histoire,
on ne peut pas en être fier», dit-il.
«Il y a eu cet événement tragique, mais on a eu la fierté, la volonté de se rassembler et d’avancer
ensemble.»
Ulysse Roy, passionné de généalogie, l’accompagne. Il souhaite rendre hommage à son ancêtre,
Benoît Roy, emprisonné sur l’île Georges pendant la déportation.
Chapeau bleu, blanc, rouge sur la tête, Thelma Richard est venue avec son panier fleuri. «Quand
je vais à Grand-Pré, au Fort-Beauséjour, ça me fait vivre, ça me donne du courage», s’exclame-telle.
Membre de la Fédération des Associations de Familles Acadiennes, elle sera de nouveau devant
le monument de Dieppe à 17 h 55 pour une seconde cérémonie. À cette même heure symbolique,
des clochers d’un peu partout en Atlantique sonneront leurs cloches de concert, en mémoire des
milliers d’Acadiens arrachés à leurs terres et des décès massifs qui ont suivi.
«Les Acadiens et les Acadiennes sont un peuple fort et fier, qui a su traverser des épreuves au fil
du temps, souligne Jeanne d’Arc Gaudet, présidente de la SANB. Cette détermination à nous
renouveler et à nous adapter nous démarque en tant que peuple distinct et ouvert sur le monde.»
Pour René Cormier, l’identité acadienne ne se résume pas au Grand Dérangement. «L’Acadie
d’aujourd’hui se définit par les hommes et les femmes qui la construisent. Elle se construit de
façon très créative, dynamique, innovatrice, par des gens de toutes générations.»
Il espère que la résilience démontrée par les ancêtres servira d’exemple.
«Il y a d’autres tragédies dans le monde, des peuples qu’on essaie de disséminer. Quand on
commémore, on lance aussi un message d’espoir à ces autres peuples, pour montrer que malgré
tout on peut continuer de s’épanouir. C’est le message que l’Acadie peut porter au monde.»

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