Créer une culture de la médecine plus saine
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Créer une culture de la médecine plus saine
AMC Centre pour la santé et le mieux-être des médecins Créer une culture de la médecine plus saine Rapport de la Conférence internationale 2004 sur la santé des médecins Créer une culture de la médecine plus saine Albert Schumacher, MD Dr Albert Schumacher L’automne dernier, des médecins du Canada et des États-Unis ont passé trois jours à Oak Brook, Illinois, à discuter de moyens d’instaurer une culture de santé en médecine. Leurs délibérations, qui se sont déroulées dans le contexte de l’édition 2004 de la Conférence internationale sur la santé des médecins organisée par l’AMA et l’AMC, ont servi à poursuivre l’exercice de redéfinition de la façon dont la santé des médecins est perçue et des moyens de l’améliorer — tant au niveau des personnes qu’à celui de la société. LE MAUVAIS ÉTAT DE SANTÉ des médecins peut avoir des conséquences dévastatrices non seulement pour nous, nos familles et nos amis, mais aussi pour nos collègues et le système de santé dans l’ensemble. On reconnaît les conséquences de ce mauvais état de santé en dehors de la profession médicale. Sans compter les répercussions humaines individuelles, la crise qui sévit actuellement dans le domaine des ressources humaines de la santé signifie que le système de santé du Canada n’a pas les moyens de perdre un seul médecin de son effectif à cause de problèmes de santé. L’intérêt et l’expertise dans le domaine de la santé et du mieux-être des médecins ont évolué considérablement. Après une convergence initiale sur des médecins qui avaient des problèmes d’alcool ou de drogue, on a élargi les efforts pour y inclure la prévention et la promotion de la santé. Ces efforts demeuraient toutefois limités principalement aux médecins individuels. Nous en sommes maintenant à la phase suivante de cette évolution où l’on aborde la santé de chaque médecin dans le contexte plus général des organisations médicales où les médecins pratiquent et de la culture même de la médecine. Nous avons une profession constituée d’individus, mais nous ne pratiquons pas seuls. Ce contexte social général exerce une influence énorme sur la santé de chaque médecin. Des forces sociales, économiques et politiques ont une incidence sur nos pratiques. Tous et toutes nous ressentons les effets d’évolution de la pratique : les exigences imposées par la crise des ressources humaines de la santé, un public plus averti et exigeant, sans oublier les incertitudes qui règnent toujours dans nos systèmes de santé. Nous sentons que ces facteurs se 2 «liguent» contre nous et nous obligent à travailler plus fort plus longtemps. En grande partie parce qu’ils travaillent dans ces conditions difficiles, autant les résultats de recherche que les données anecdotiques indiquent que le stress et l’épuisement ont atteint un niveau record chez les médecins. L’édition 2003 du Questionnaire de l’AMC sur les effectifs médicaux a révélé que 45,7 % des médecins en sont à un stade avancé de l’épuisement et je suis terrifié à la pensée que presque la moitié de mes collègues se disent aux prises avec la dépersonnalisation, le manque de réalisation personnelle et l’épuisement affectif — caractéristiques qui aident à définir l’épuisement. En cette période de changements sans précédent dans le système de santé, nous devons examiner les répercussions de ces changements sur notre santé personnelle et sur notre capacité de dispenser à nos patients des soins de qualité. Nous devons mieux distinguer les forces contre lesquelles nous devons lutter pour le bien de nos patients et pour notre propre santé, et les forces auxquelles nous devons nous adapter. Comme profession, nous sommes la source d’appui, et soin pour nos patients. Nous devons toutefois être là aussi pour nos collègues lorsqu’ils ont besoin de nous. Nous devons continuer d’améliorer notre capacité de repérer et d’aider les médecins en péril — ceux pour qui nous pouvons faire une différence avant qu’une crise éclate. C’est dans cette perspective que l’AMC a redoublé récemment d’efforts dans le domaine de la santé et du mieux-être des médecins. Par l’entremise du Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins, on lance tout un éventail d’initiatives afin de mieux éduquer les médecins au sujet des problèmes qui ont des répercussions sur leur propre santé. Ce bulletin qui représente l’une de ces initiatives favoriser l’amélioration de la culture au sein de laquelle nous maintenons et favorisons notre santé. Tout comme l’édition 2002 de la Conférence internationale sur la santé des médecins a constitué le modèle à l’origine du Guide de l’AMC sur la santé des médecins publié en 2003, la dernière réunion a catalysé la création du présent bulletin. En plus d’information sur des recherches en cours tant au Canada qu’aux États-Unis, le bulletin contient des mises à jour d’enjeux critiques présentés par des experts. Je vous encourage à partager le contenu du bulletin avec vos collègues et à en discuter avec eux. Comme membres de la profession médicale, nous sommes les seuls à pouvoir apporter les changements qui s’imposent pour instaurer une culture plus ouverte et favorable et faire disparaître le stigmate qu’entraîne un appel à l’aide. Créer une culture de la médecine plus saine Pour la création d’une culture médicale saine Compte rendu de la participation du Dr Anne Magnan au Congrès conjoint de l’Association médicale canadienne (AMC) et de l’American Medical Association (AMA) 2004 à Chicago Tous les deux ans, l’AMC et l’AMA tiennent un colloque sur la santé et le mieux-être des médecins. Celui de 2004 se tenait à Chicago sous le thème «Pour la création d’une culture médicale saine». J’avais le plaisir d’y assister pour la première fois, et j’ai été à même d’apprécier la qualité et le contenu novateur des conférences qui constituent, à mon avis, une source d’inspiration très riche. En voici les grandes lignes. LA CULTURE MÉDICALE valorise les longues journées de travail, le sacrifice de soi pour le bien d’autrui et les attentes élevées envers soi-même et les autres. Les conférenciers ont souligné la grande propension des médecins à remettre à plus tard le moment de prendre soin de leur propre mieux-être et à tirer de la gratification du travail accompli. Le médecin «idéal» prôné par cette culture est toujours disponible, voit aux moindres détails, est responsable, digne de confiance, en contrôle, à l’écoute. Or, en s’efforçant de correspondre à ce modèle, les médecins risquent précisément de perdre de vue les ingrédients essentiels au maintien de leur propre équilibre de vie, et la surcharge de travail devient la normalité. Voilà comment ils peuvent en arriver à s’oublier, à ne plus savoir identifier ce qui est bon pour eux et ce qui les aide à se détendre et à se ressourcer. Voilà aussi pourquoi les médecins sont susceptibles au stress, à l’épuisement et aux problèmes de santé de tous ordres. La culture médicale ne peut plus exiger des praticiens qu’ils et elles se conforment à un système de valeurs allant à l’encontre de leurs besoins et mettant leur santé en péril. Heureusement, la génération des futurs médecins est peut-être celle qui nous indiquera la voie à suivre. Un groupe de chercheurs a analysé les demandes d’admission des étudiants aux programmes de résidence (jumelage américain) en 1997 et les a comparées à celles d’aujourd’hui. Les statistiques révèlent qu’en 1996–1997, des places étaient restées vacantes dans quatre ou cinq programmes de chirurgie. En 2002, ce nombre était passé à 41. L’étude a démontré que les spécialités que l’on sait plus exigeantes et qui risquent de compromettre non seulement la qualité de vie mais également la santé des médecins sont en baisse de popularité. Alors que l’on délaisse de plus en plus les programmes de chirurgie générale et de médecine familiale, on observe un intérêt accru pour la radiologie et la dermatologie. Ces faits en disent long sur les motivations des étudiants et des résidents actuels. L’enquête a en effet révélé que la préservation de la qualité de vie (55 %) — autant pour les hommes que pour les femmes — dépassait largement l’attrait d’un revenu plus élevé (9 %) ou le nombre d’heures de formation requises. Devant cette situation, deux choix s’offrent à nous : juger ces nouvelles valeurs inadéquates pour la médecine, ne pas s’ajuster et faire face à un problème criant; ou y voir une source d’inspiration pour s’adapter et trouver des solutions dont tous bénéCentre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins ficieront. Nous avons peut-être quelque chose à apprendre de ce nouveau phénomène. Des chercheurs se sont penchés sur l’épuisement professionnel chez les médecins et les résidents. Leur étude a permis d’établir que les symptômes d’épuisement ne sont pas plus fréquents chez les étudiants en médecine que chez les étudiants des autres facultés. Par contre, c’est au moment où les étudiants deviennent résidents que l’on observe une augmentation marquée des premiers signes d’épuisement. D’autres recherches récentes ont permis d’observer que le stress secondaire à la pratique médicale diminue avec le nombre d’années d’expérience, mais que l’envahissement du travail sur la vie personnelle devient problématique à mesure que le médecin avance dans la profession et donc que les symptômes d’épuisement s’intensifient également chez cette clientèle avec les années. La médecine doit reconnaître que la société est en processus de changement et que la culture médicale actuelle doit s’y adapter. Il est maintenant documenté que les principales sources de stress chez les médecins ne sont pas attribuables au fait d’être en présence de personnes qui souffrent, mais plutôt au fait de ne pas avoir accès aux moyens pour leur venir en aide (accès aux tests, traitements et équipements). Parmi les facteurs responsables de la détresse des médecins, l’environnement et l’organisation du travail sont plus que jamais pointés du doigt. Le stress inhérent à notre travail est une réalité que nous devons admettre. C’est en l’acceptant que nous conviendrons de l’absolue nécessité pour les médecins de prendre soin d’euxmêmes, de s’adonner à des loisirs, de s’offrir des temps de repos et de vacances. Pour créer une culture saine, chacun doit comprendre qu’en situation de détresse, la réaction appropriée est d’aller chercher de l’aide. Notre culture doit également prendre en compte les limites des praticiens et les respecter. S’il est une chose que nous devons retenir de ce congrès, c’est qu’au-delà de l’aide que nous devons impérativement apporter aux individus (médecins, résidents et étudiants, et leur famille), il nous faut nous attaquer, tout aussi vigoureusement, à modifier l’organisation du travail et l’environnement qui contribuent largement à la détresse des médecins. Nous savons heureusement qu’identifier les causes, c’est déjà cerner les vrais problèmes et pouvoir, enfin, parler de prévention! 3 Le Canada cherche à améliorer la culture des médecins Mamta Gautam, MD; Michael Myers, MD; Derek Puddester, MD; et Todd Watkins, MD C’est au Dr Michael Myers, psychiatre de Vancouver, que l’on doit d’avoir été le premier à reconnaître l’importance de s’occuper de la santé des médecins et d’avoir sensibilisé la profession à cette question. Le Dr Myers, qui traitait des médecins depuis le début des années 1970, a noté des tendances et signalé les problèmes qu’il constatait dans sa pratique. UNE TRENTAINE D’ANNÉES PLUS TARD, la création du Centre de l’Association médicale canadienne (AMC) pour la santé et le mieux-être des médecins et l’établissement parallèle d’une meilleure collaboration entre les divers programmes de promotion de la santé des médecins du Canada ont suscité un environnement plus favorable pour tous les aspects de la santé des médecins au Canada. Voilà l’un des principaux messages que l’on a fait passer au cours de la récente Conférence internationale de l’AMC et de l’American Medical Association sur la santé des médecins. Comme l’a signalé le président de l’AMC, le Dr Albert Schumacher, dans son discours d’inauguration de la conférence, la compréhension de la santé des médecins a maintenant dépassé de loin l’attention centrée à l’origine uniquement sur les problèmes d’alcool et de drogues. Les premiers travaux dans ce domaine, outre ceux du Dr Myers, portaient sur les toxicomanies, comme en témoigne le Programme de collaboration Doctors on Chemicals (DOC) que l’Association médicale de l’Ontario offrait au cours des années 1970. Le programme DOC et d’autres programmes semblables administrés par les associations médicales d’autres provinces ont toutefois souffert du manque de ressources au cours des années 1990, lorsqu’il est devenu évident que le problème dépassait les capacités du bénévolat et qu’il fallait du financement réservé pour traiter efficacement les problèmes en cause. En 1994, l’Association médicale de l’Ontario (AMO) a innové en créant un poste rémunéré de directeur de la santé des médecins chargé d’administrer un programme conjointement avec le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario. Le Programme de promotion de la santé des médecins de l’AMO, qui avait accueilli 11 médecins en 1995, en a aidé au total plus de 1100 dans la province. Au cours des années 1990, le mandat du programme de l’Ontario et de ceux d’autres provinces et territoires a pris une telle ampleur que les problèmes de toxicomanie constituent maintenant un pourcentage relativement faible des problèmes traités. Les programmes ont en outre étendu leur champ d’action : ils aident les médecins et les membres de leur famille à régler des problèmes, mais cherchent aussi maintenant à encourager de façon plus intégrée des comportements sains dans l’ensemble de la population médicale. 4 Tous les médecins du Canada ont maintenant accès à un programme de promotion de la santé des médecins — beaucoup sont des programmes régionaux qui s’adressent spécifiquement aux médecins de leur province ou territoire. En 2002, reconnaissant le besoin d’une meilleure collaboration entre les régions, on a créé le Réseau canadien de la De g. à d., les Drs Paul Farnan, Todd Watkins, Graeme Cunningham et Dana Hanson , qui ont pris la parole en séance plénière. santé des médecins (RCSM), réseau non structuré de programmes régionaux de promotion de la santé des médecins. Le Réseau offre un environnement propice à l’entraide, au partage de ressources et d’information, à la promotion d’idées et à l’innovation pour favoriser la santé et le mieux-être des médecins. Le RCSM a créé récemment un sous-comité de recherche qu’il a chargé d’étudier les lacunes des connaissances et des priorités de recherche. Le Réseau a l’appui de l’AMC et compte maintenant parmi ses membres des organisations nationales de médecins qui représentent les étudiants en médecine, les résidents et les milieux universitaires de la médecine. Parallèlement à l’évolution des programmes régionaux de promotion de la santé des médecins, d’autres initiatives ont surgi pour favoriser et améliorer la santé des médecins chez les résidents et les enseignants universitaires — la création d’un programme de promotion de la santé des enseignants lancé à l’Université d’Ottawa en 2000 en a été le fer de lance. Toutes ces initiatives émanent de la sensibilisation croisCréer une culture de la médecine plus saine sante des médecins et du public en général aux problèmes de santé qui confrontent les membres de la profession médicale. Les suicides de médecins qui font les manchettes et les statistiques alarmantes sur le taux d’épuisement dans la profession ont catalysé le lancement d’initiatives nationales telles la création, en août 2003, du Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins, et l’adoption, en 1998, d’une politique intégrée sur la santé et le mieux-être des médecins. Le Centre offre des services nationaux de leadership et de représentation au sujet de problèmes ayant une incidence sur la santé et le moral des médecins du Canada. Axé sur la promotion de la santé et la prévention des maladies, le Centre fait fonction d’organe d’échange de renseignements et de coordi- Les causes de nation et sert de source d’information digne de confiance pour les médecins, les étudiants en médecine, les membres de leur famille et leurs proches. Les grandes priorités du Centre sont la promotion de la santé et la prévention des maladies, la sensibilisation à l’éducation, la recherche et la collecte de données, la représentation et le leadership. En collaboration avec l’Institut de recherche en santé du Canada, le Centre a subventionné deux projets de recherche et lancé récemment une version pilote de son nouveau programme de perfectionnement professionnel visant à former les médecins chefs de file aux questions de santé des médecins. l’épuisement chez les médecins Le premier résultat d’un projet portant sur la psychodynamique du travail des médecins laisse entrevoir pourquoi près de la moitié des médecins du Canada âgés de 35 à 44 ans qui ont répondu à un récent sondage de l’Association médicale canadienne affirment en être à un stade avancé d’épuisement. LES RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES du projet réalisé par des chercheurs de l’Institut de psychodynamique du travail du Québec ont été présentés au cours de la Conférence internationale sur la santé des médecins. Ces résultats reposaient sur des commentaires de six médecins participant au Programme de promotion de la santé des médecins du Québec qui ont participé à quatre réunions de trois heures pour discuter de leurs problèmes de stress intense, d’épuisement, de dépression ou de toxicomanie. Les chercheurs ont décrit les comptes rendus qu’ils ont entendus comme «des luttes de tous les jours dans un système qui se détériore» et déclaré que le défi pour les organisations qui représentent les médecins est de voir que ces commentaires illustrent la dynamique des problèmes qui ont poussé tant de médecins à déclarer qu’ils et elles souffrent d’épuisement professionnel et physique. Les résultats ont montré que les participants à l’étude souffraient d’une surcharge de travail systémisée et d’un manque de ressources et étaient d’avis qu’on les forçait à traiter des maladies plutôt qu’à s’occuper des patients. Les participants ont en outre signalé devoir traiter de plus en plus de patients atteints de sérieux problèmes psychosociaux. Face à ces pressions, les médecins participants ont exprimé des sentiments d’impuissance, d’insuffisance et de culpabilité, affirment les chercheurs. Les médecins ont réagi en adoptant une stratégie soit d’abandon stratégique de certaines responsabilités au travail ou soit en acceptant de plus en plus de travail afin d’essayer de relever tous les défis. Les deux réponses peuvent avoir des conséquences négatives graves, signale-t-on dans le rapport. On a conclu dans l’étude que les décisions politiques visant à réduire les coûts des soins de santé dans le secteur public ont exercé des pressions sur la profession médicale. Conjuguées à une planification médiocre des effectifs, ces décisions sont à l’origine d’une situation où «les médecins sont forcés de supporter les conséquences de ces rationalisations qui minent leur idéal professionnel». Les chercheurs sont d’avis que le problème pourra se régler avec le temps en résultat, d’une part, de la volonté des médecins plus jeunes d’instaurer un plus grand équilibre dans leur vie, et d’autre part, de la reconnaissance plus générale dans la profession des pressions qui s’exercent sur le système et les médecins. Les résultats définitifs de la recherche incluront des constatations tirées d’entrevues auprès d’un deuxième groupe de médecins. Le projet est un des deux qu’ont subventionnés le Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins et l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada. — PR On trouvera le rapport Créer une culture de la médecine plus saine et les documents connexes à l’adresse amc.ca/mieux-etre Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins 5 Des indicateurs communs pour les programmes de santé des médecins appuieront la recherche Un projet spécial financé par le Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins et les Instituts de recherche en santé du Canada vise à créer une liste d’indicateurs communs pour les programmes de santé des médecins au Canada. ADMINISTRÉ PAR LE PROGRAMME de santé des médecins de l’Ontario en collaboration avec le Réseau canadien de santé des médecins, le projet vise à permettre aux chercheurs canadiens œuvrant en santé des médecins de répondre à des questions de recherche fondamentale et d’établir des comparaisons entre administrations. La directrice de projet, Mme Joan Brewster, PhD, qui a présenté un résumé du projet à la Conférence internationale sur la santé des médecins, a signalé que sans définition commune, il est impossible pour les chercheurs canadiens de répondre à des questions aussi fondamentales que déterminer le nombre de médecins qui consultent les programmes de santé des médecins (PSM). Mme Brewster a déclaré que la comparaison des données pose des défis à cause de la grande diversité des services offerts par les PSM au Canada. Certains disposent de bases de données informatisées très complexes tandis que d’autres ont très peu de données courantes. Le projet a commencé par une analyse documentaire de questions de recherche sur les PSM qui ont publié leurs résultats de recherche. Mme Brewster a déclaré que les chercheurs ont étudié aussi le projet américain basé au Colorado et visant à mettre au point un instrument de dépistage détaillé à l’intention des programmes des États. Ce travail, a déclaré Mme Brewster, a permis aux chercheurs d’établir une liste préliminaire de variables susceptibles d’être incluses dans une base de données détaillée sur la santé des médecins. On a ensuite organisé un atelier d’une journée et demie avec des membres du Réseau canadien de santé des médecins pour revoir la liste préliminaire des variables et en discuter. Mme Brewster a déclaré que cet atelier a eu un résultat imprévu : on a déterminé une façon de définir un «cas» dans le contexte des PSM. Après une discussion intéressante, a-telle dit, les participants ont convenu qu’il faudrait distinguer les appels visant à entrer en contact avec les PSM des cas où l’on ouvre un dossier. Elle a déclaré qu’il était crucial de pouvoir mesurer les résultats, mais qu’il s’est révélé difficile d’inclure les résultats dans le projet en cours à cause des populations différentes desservies et du vaste éventail de mesures qu’on utilise actuellement. Le projet produira comme résultat final, a déclaré Mme Brewster, un document présentant une liste de variables pertinentes en matière de santé des médecins, réparties entre celles qui sont jugées essentielles et celles qui sont facultatives. Elle a déclaré que la mise en œuvre de ce guide sera volontaire, car certains programmes ne croient pas pouvoir appliquer les mesures proposées avant longtemps. — PR La retraite L’ARRIVÉE DU STADE FINAL du cycle de la carrière du médecin pose ses propres défis pour le maintien de la santé et du mieux-être personnels. Le Dr Dianne Maier, directrice clinique du Programme d’aide aux médecins et à leur famille de l’Alberta, signale que les données publiées portant spécifiquement sur les enjeux de la retraite des médecins sont rares. Les publications montrent toutefois que la préparation psychologique à la retraite a beaucoup d’effet sur la qualité de vie du médecin et qu’une meilleure satisfaction face à la vie est associée à une «vie équilibrée». À mesure que les médecins vieillissent, des problèmes physiques, psychologiques et cognitifs peuvent avoir une incidence sur leur capacité de pratiquer. Beaucoup de médecins préféreraient non pas cesser totalement de pratiquer, mais plutôt réduire graduellement leur charge de travail. Vouloir 6 mofidier la charge de travail des médecins pose toutefois des défis. Le Dr Maier souligne que pour faciliter la transition vers la retraite, les médecins devraient se dire que tout comme il faut des années de consultation et de planification pour préparer son REER, il faut aussi consacrer les mêmes efforts à un plan de retraite non financier. Comme la cohorte des médecins canadiens qui atteignent l’âge de la retraite grossit, l’AMC et d’autres associations consacrent davantage d’attention à la question. L’an dernier, l’AMC a tenu un groupe de discussion à ce sujet au cours de son assemblée annuelle et le programme de l’Alberta a parrainé un atelier sur la retraite qui a connu un franc succès. À ce sujet, consulter sur amc.ca l’étude documentaire réalisée par le Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins. — PR Créer une culture de la médecine plus saine Le mieux-être des étudiants en médecine Vous avez étudié fort, suivi les bons cours, excellé. Vous avez maintenant atteint votre but : être admis en faculté de médecine. Bienvenue à l’expérience qui sera probablement la plus excitante et la plus terrifiante de votre vie. C’EST L’EXPÉRIENCE que vivront la plupart des nouveaux étudiants en médecine et c’est pourquoi on consacre maintenant davantage d’attention aux façons de les aider à gérer leur santé et leur mieux-être, ainsi qu’aux facteurs de stress qu’entraîne la formation en médecine. Au cours de la Conférence internationale sur la santé des médecins, de nombreuses communications ont porté sur les étudiants en médecine et les programmes fructueux qui ont pris divers moyens pour aider à promouvoir la santé des étudiants. Le tour d’horizon le plus complet des enjeux auxquels font face les étudiants en médecine présenté au cours de la conférence est celui du Dr Mamta Gautam, psychiatre d’Ottawa et présidente du groupe consultatif du Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins. Pionnière de l’élaboration de programmes de mieux-être des médecins dans les centres universitaires du Canada, le Dr Gautam a signalé que l’expérience en faculté de médecine mettra beaucoup d’étudiants «à l’épreuve comme jamais auparavant». En soulignant le travail de pionnier du Dr Leah Dickstein de l’Université de Louisville, au Kentucky, le Dr Gautam a signalé que les étudiants ont de nombreux défis à relever dans leur vie universitaire et personnelle. Les étudiants en médecine doivent absorber des masses d’information sans avoir suffisamment de temps pour étudier. Pour beaucoup d’entre eux, affirme-t-elle, ce sera la première fois qu’ils connaîtront l’échec à un examen ou ne termineront pas premier de classe. En outre, a-t-elle dit, les étudiants en médecine connaissent, en disséquant des cadavres, des expériences particulières à leur monde et difficiles à expliquer à quelqu’un d’autre. Le besoin d’affronter la réalité de l’exercice de la médecine, qui fait face à la souffrance et à la mort, s’ajoute à tous les facteurs de stress de la formation universitaire. Pour beaucoup, affirme le Dr Gautam, il s’agira de l’une des étapes les plus difficiles. Il faut y ajouter les problèmes personnels qui peuvent inclure des problèmes de relations, des doutes au sujet de la carrière, le manque de sommeil, une mauvaise alimentation et des loisirs limités. Des études ont révélé que jusqu’à 65 % des étudiants en médecine pourraient bénéficier d’une aide quelconque, ce qui n’est pas étonnant. En outre, près de la moitié des étudiants déclarent avoir envisagé de quitter la médecine au cours de leur formation, 46 % déclarent être épuisés et 45 % signalent avoir d’importants problèmes conjugaux. Même si la majorité d’entre eux pourraient bénéficier d’aide, la recherche montre que 25 % seulement envisagent d’en Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins demander et que 2 % seulement le font. Le Dr Gautam a déclaré que les programmes d’aide aux étudiants en médecine ont connu une véritable expansion depuis quelques années, soit depuis que l’Université de Louisville a lancé un programme de promotion de la santé à participation volontaire en 1981. Elle a aussi mentionné les programmes de l’Université d’Ottawa et de l’Université de la Californie à San Francisco qui connaissent un grand succès. «Les pressions qui s’exercent en faveur du changement proviennent des étudiants en médecine eux-mêmes», a-tDr Mamta Gautam elle déclaré, en signalant que la Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada préconise de nombreuses initiatives afin d’appuyer le mieux-être des étudiants. Pour le Dr Derek Puddester, directeur du programme de promotion de la santé à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, la clé pour les étudiants en médecine consiste à maintenir un sentiment d’équilibre dans leur vie. Les étudiants qui ont reçu de l’aide offrent à leurs pairs les conseils suivants qui les aideront à maintenir leur équilibre : • Occupez-vous de vous-même. • Trouvez un médecin de famille et soumettezvous à un examen annuel. • Apprenez à dire non. • Amusez-vous — beaucoup. • Laissez le sarreau au travail. Toujours. • Demeurez à jour au travail. La remise au lendemain et la préparation excessive sont vos plus gros ennemis pendant vos études. • Faites-vous des amis en dehors de la médecine ET dans la profession. • Écoutez vos amis et les membres de votre famille. • Consultez-les. 7 Les médecins prêchent par l’exemple La seule étude détaillée sur les comportements des femmes médecins face à leur propre santé produit encore des leçons utiles une décennie plus tard. AU COURS de la Conférence internationale 2004 sur la santé des médecins, le Dr Erika Frank, professeure agrégée, chef de division et vice-présidente du département de médecine familiale et préventive à l’Université Emorya, a résumé les quelque 50 communications publiées suite à une étude sur la santé des femmes médecins. L’enquête menée auprès de 4500 femmes médecins des États-Unis a été réalisée en 1993–1994. Le Dr Frank a déclaré : «Nous voulions répondre à une principale question : savoir si nous pouvions améliorer les soins dispensés aux patients en améliorant la santé des médecins.» «Si l’on veut tirer une grande donnée concluante de notre travail, c’est qu’il y a une corrélation entre la fréquence avec laquelle les médecins conseillent les patients et leurs propres habitudes de santé. Les médecins prêchent par l’exemple.» Lorsqu’on a évalué un éventail de comportements reliés à la nutrition et à la santé, l’étude a révélé que, pour les 14 comportements mesurés à l’égard de la santé personnelle, les médecins qui les pratiquaient étaient plus susceptibles de conseiller à leurs patients des habitudes de vie saines. Le Dr Frank a déclaré que les résultats de l’étude ont des répercussions sur la formation des futures médecins. «Nous avons cet auditoire captif de médecins en formation qui apprennent encore pendant quatre ou sept ans ce que signifie être médecin. Si nous pouvons leur apprendre que le fait d’être médecin signifie en partie parler de prévention à leurs patients, et que la probabilité d’avoir un impact est reliée à ce qu’ils et elles font pour leur propre santé, c’est un moyen remarquable d’amener des milliers de personnes par année à changer l’état de santé de l’ensemble de la population.» Le Dr Frank a déclaré : «Lorsque nous avons lancé la recherche il y a une décennie, on nous a dit que les médecins avaient une foule de problèmes et n’avaient pas d’habitudes personnelles saines.» On n’avait toutefois réalisé aucune étude valable pour le confirmer et l’étude sur la santé des femmes médecins demeure la seule «enquête intégrée sur la santé menée auprès d’un important échantillon représentatif de médecins des deux sexes aux États-Unis. C’est un des rares domaines où nous en savons plus sur les femmes que sur les hommes», a-t-elle ajouté. Non seulement l’étude a fourni des renseignements précieux sur le lien entre les comportements sanitaires personnels et le soin des patients, elle a aussi dissipé plusieurs mythes sur les femmes médecins. «Nous avons réfuté des anecdotes persistantes et négatives», a-t-elle dit, comme l’opinion erronée selon laquelle les femmes médecins sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de santé mentale. Il s’agit d’un «message toxique» qui ne résiste pas à l’enquête, a-t-elle dit. Les femmes médecins qui ont participé à l’étude avaient tendance dans l’ensemble à être en excellente santé comparativement aux autres femmes. — PR Sondage national auprès des résidents dans le cadre de l’étude sur les «médecins heureux» Jordan Cohen, MD Les résultats préliminaires d’un sondage national réalisé auprès des médecins résidents du Canada sont très révélateurs sur les enjeux de leur santé et de leur mieux-être. LANCÉE À L’ÉCHELLE PROVINCIALE sous forme de projet pilote par l’Association professionnelle des résidents de l’Alberta (APRA) en 2003-2004, l’étude sur les «médecins heureux» a été distribuée l’an dernier à toutes les organisations d’internes et de résidents du Canada, hormis le Québec, grâce à la coordination nationale assurée par l’Association canadienne des médecins résidents (ACMR). L’étude sur les médecins heureux visait non à diagnostiquer la maladie mentale chez les médecins résidents, mais plutôt à analyser tous les aspects de leur mieux-être, y compris les facteurs de stress internes et externes à la formation en résidence, la santé mentale et physique, les moyens que les résidents prennent pour faire face au stress et les ressources sur le 8 mieux-être que les résidents ont jugées utiles pour contrer le stress. On croit qu’il s’agit de l’étude canadienne la plus détaillée et la plus vaste sur la question. Le taux de réponse a atteint 35 % au total (presque 2000 résidents). Il importe de signaler que l’étude a montré que la majorité des résidents se débrouillent bien pendant toute leur formation et que beaucoup font face au stress de la bonne façon. On mettra plutôt en évidence les résultats relatifs à un groupe plus restreint mais quand même important de résidents qui ont signalé avoir connu, durant leur résidence, des difficultés susceptibles de réduire le mieux-être du médecin. Plus du tiers (34 %) des résidents ont déclaré que leur vie quotidienne était de «très» à «extrêmement» stressante. Pour Créer une culture de la médecine plus saine faire face au stress, les résidents recouraient à différents moyens, notamment en consommant «souvent ou parfois» (17 %) de l’alcool, «souvent ou parfois» (5 %) des drogues ou des médicaments, ou se blâmaient eux-mêmes «souvent ou parfois» pour leurs problèmes (51 %). Parmi les répondants, 16 % des résidents ont déclaré qu’ils changeraient de programme s’ils le pouvaient, et 24 % des résidents ont déclaré qu’ils choisiraient une autre carrière (c.-à-d. pas la médecine) s’ils en avaient la possibilité, ce qui est encore plus alarmant. L’étude a porté aussi sur les problèmes importants que constituent l’intimidation et le harcèlement (I et H) : plus de la moitié (53 %) des résidents ont déclaré avoir été victimes d’intimidation et de harcèlement plus d’une fois au cours de leur formation. Le plus souvent (18 %), les actes d’intimidation et de harcèlement mettaient en cause le sexe de l’intéressé. Beaucoup de résidents (18 %) ont jugé leur état de santé mentale moyen ou médiocre. Le tiers (36 %) des résidents ont déclaré ne pas avoir de médecin de famille et 48 % seulement 10 de ceux qui en avaient un l’avaient consulté au cours des 12 mois précédents. Un peu moins du tiers des résidents ont déclaré avoir déjà eu des problèmes de santé affective ou mentale. La statistique qui frappe peut-être le plus dans toute l’étude, c’est que 23 % des résidents ont admis avoir eu un problème de santé affective ou mentale au cours de leur résidence, soit plus du double du taux de difficultés signalé dans la «population générale» et révélé par l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Ces résultats préliminaires clairement démontrent qu’il y a, au cours de la résidence, des préoccupations au sujet desquelles il faut pousser la recherche. On espère que des études comme celle-ci inciteront ceux et celles qui s’occupent de formation médicale postdoctorale à concentrer davantage les efforts sur cet aspect de la formation. Ces préoccupations liées au mieux-être se font sentir chez beaucoup de résidents et il faut étudier plus à fond les moyens d’améliorer leur formation. stratégies pour conserver son humanité pendant la résidence Allan Peterkin, MD 1 Visez à garder un «point de contrôle interne». Cherchez à contrôler ce que vous pouvez contrôler au lieu d’accepter passivement tout ce qui vous arrive. 2 Dessinez une «tarte de l’estime de soi». Tracez un cercle et découpez-le en pointes : travail, amour, jeu, spiritualité. Quelle est la grosseur de chaque pointe dans votre vie actuelle? Dans quelle mesure vos objectifs sont-ils équilibrés? Servez-vous du dessin pour vous rappeler où vous en êtes maintenant et où vous souhaiteriez être pour vous sentir «complet». 3 Demandez de l’aide. Établir et maintenir des liens, c’est la meilleure protection parmi toutes les stratégies de survie à la résidence. Si vous vous sentez débordé, l’association de résidents de votre province peut vous mettre en contact avec des services confidentiels et des conseillers professionnels. 4 Ne négligez pas votre corps. Suivez les conseils que vous donneriez à vos propres patients au sujet de la gestion de votre santé. 5 Connaissez vos droits. Lisez votre contrat ou votre convention collective pour clarifier vos obligations et vos avantages, y compris les congés d’études, de maladie et de maternité. 6 Lisez au sujet de vos cas. Le temps d’étude est habituellement limité au contexte du travail au chevet des patients. Étudier un sujet immédiatement pertinent au soin des patients est un bon facteur de motivation, mais cela contextualise aussi les principes cliniques d’une façon dont vous vous souviendrez. Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins 7 Tenez un journal pour y consigner vos réflexions, sentiments, dilemmes éthiques et «premières fois» — par ex., premier accouchement, premier décès d’un patient, première erreur clinique. 8 Soyez un formateur généreux et patient auprès des résidents débutants et des étudiants en médecine. Notre façon de nous traiter les uns les autres contribue à perpétuer l’abus au travail ou à nous humaniser et à humaniser aussi la profession. 9 N’ayez pas peur de dire NON si une demande est indue ou n’est pas raisonnable. 10 Vivez au jour le jour mais réfléchissez à vos options. Beaucoup de résidents pensent que le seul moyen de «sortir» de la formation consiste à vivre dans l’avenir et à négliger leur vie au présent. Par ailleurs, il est réconfortant de savoir que la formation en médecine offre de nombreuses options que la plupart des professionnels n’ont pas — vous pouvez enseigner, écrire, faire de la recherche, de la consultation ou de la radiodiffusion, vous respécialiser, voyager, faire du bénévolat ou de la représentation. Chaque fois que vous vous sentez dans une ornière, faites preuve de créativité dans la planification ou la réévaluation de vos objectifs. Allan Peterkin est professeur adjoint de psychiatrie et de médecine familiale à l’Université de Toronto et auteur du succès de librairie Staying Human During Residency Training (University of Toronto Press), dont la troisième édition vient tout juste de paraître et est disponible sur amc.ca. 9 La culture de la médecine face au défi du changement Si l’on recherche une expression imagée pour décrire les défis auxquels font face les médecins actifs d’aujourd’hui et les efforts nécessaires pour transformer la culture actuelle de la médecine, il suffit de consulter deux exposés sur l’humanisation de la médecine présentés au cours de la récente Conférence internationale sur la santé des médecins. GRAEME CUNNINGHAM, directeur médical de la section des toxicomanies du Centre de santé Homewood de Guelph (Ontario), et le Dr Lee Lipsenthal, fondateur de Finding a Better Balance in Medical Life, de la Californie, ont décrit de façon succincte pourquoi les médecins d’aujourDr Graeme Cunningham d’hui ont tellement de défis à relever pour mener une vie saine. En dépit toutefois des meilleurs efforts des Drs Cunningham et Lipsenthal, et d’autres encore, qui ont essayé d’expliquer au cours de la conférence exactement comment les médecins pourraient équilibrer davantage leur vie, les solutions peuvent sembler échapper à nombre de médecins en raison de leur caractère flou, peu pratique ou désespérément vaste. Il s’imposera donc de transformer fondamentalement la façon dont la société dans son ensemble voit la profession médicale : un bon médecin serait disponible pour ses patients 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par année. Le Dr Lipsenthal a signalé que pour les médecins d’aujourd’hui, la charge de travail s’alourdit souvent tandis que le revenu s’allège. Les liens des médecins avec d’autres intervenants du système de santé se dégradent, a-t-il affirmé, et la satisfaction au travail est en chute libre. «Le système est pourri et il ne suffit pas d’enseigner simplement aux médecins à méditer.» Il a déclaré que beaucoup de médecins ont une personnalité de type A. «Les personnes de type A se lancent en médecine. Les personnes de type A survivent à la formation médicale.» Ces médecins ont tendance à être des perfectionnistes, des bourreaux de travail dont l’identité est reliée étroitement à leurs activités professionnelles. Les médecins en milieu de carrière s’aperçoivent souvent que la profession qu’ils ont choisie a changé considérablement et que la flexibi- 10 lité professionnelle dont ils ont besoin pour apporter les changements souhaités est limitée. «Nous avons travaillé tellement fort pour en arriver là, et la médecine change ensuite. Nous nous sentons piégés, frustrés et fâchés.» Le Dr Cunningham a fait valoir le même argument. «Je vois maintenant une foule de médecins qui ne veulent pas être médecins», a déclaré le Dr Cunningham. Il a affirmé que beaucoup de médecins disent maintenant qu’ils n’aiment pas leur spécialité et ne peuvent en sortir. Les facteurs de stress liés à la vie familiale viennent s’ajouter aux pressions liées à la pratique, telles que la perte d’autonomie, la hausse des frais généraux et les montagnes croissantes de paperasse, a-t-il dit. Malgré tout cela, le Dr Cunningham affirme croire que «le Canada est un environnement agréable» où il fait bon exercer la profession privilégiée qu’est la médecine. Même s’il dit que nous en savons maintenant beaucoup plus sur la façon de traiter avec succès les médecins malades, le Dr Lipsenthal affirme que ce n’est plus seulement aux médecins problèmes qu’il faut porter attention : c’est plutôt à tous les médecins. Comme le système s’effondre, a-t-il dit, les médecins ont tendance à réagir anormalement. «Nous nous comportons de façon anormale à cause d’un environDr Lee Lipsenthal nement anormal. Sinon, nous n’aurions pas besoin de cet atelier», a-t-il déclaré. Il a affirmé que les médecins en milieu de carrière doivent faire un choix fondamental pour demeurer eux-mêmes en santé. Ils doivent réduire leurs heures de travail, sinon ils vont «dépérir». Le Dr Cunningham signale que des jeunes médecins font déjà le choix et sont donc davantage capables de fixer des limites et de reconnaître qu’il doit y avoir un peu d’équilibre dans leur vie. — PR Créer une culture de la médecine plus saine L’essentiel d’abord : perspective qui n’est pas réservée aux femmes médecins Alexandra Tcheremenska, MD Prenez-vous soin de vous? (Questionnaire préparé par le D r Carolyn Bennett, la ministre d’État (Santé publique)) 1. Vous avez eu hâte toute la semaine de recevoir des amis à souper samedi soir. Vous finissez par passer l’après-midi à l’urgence avec votre mère. Vous n’avez plus le temps de préparer le souper. Il faut : a. annuler. b. recevoir quand même vos amis et commander des mets chinois. 4. Vous avez retenu les services d’une gardienne pour pouvoir assister à la réunion parents-enseignants... L’enseignante vous appelle pour annuler, car elle est malade. Il faut : a. annuler les services de la gardienne. b. la faire venir quand même et aller voir un film avec votre partenaire. 2. Nous sommes vendredi soir. Vous avez hâte d’arriver chez vous pour vous écraser devant la télé. Votre famille attend l’habituelle pizza à la bonne franquette. Comme vous sortez du bureau, le téléphone sonne... c’est le foyer d’accueil. Votre tante ne se sent pas très bien... On vous demande si vous pourriez venir lui rendre visite ce soir. Il faut : a. tout laisser tomber et vous précipiter la voir. b. lui faire le message que vous allez aller chercher les photos de votre dernier voyage et que vous viendrez les lui montrer demain. 5. Un couple qui aime recevoir mais présente toujours un repas médiocre, dégage énormément d’énergie négative et a des invités ennuyants vous a invité(e) à souper dans six semaines pour être certain que vous êtes disponible. Il faut : a. accepter... c’est dans six semaines, de toute façon. b. refuser simplement... parce que votre vie est trop imprévisible pour le moment. 3. Une connaissance passe son temps à appeler chez vous pour vous parler de ses problèmes et les membres de votre famille passent leur temps à lui répondre... Cela devient stressant pour eux, mais aussi pour vous, qui ne pouvez vraiment tolerer cette personne qu’une seule fois par jour. Il faut : a. dire aux membres de votre famille qu’ils doivent aider à continuer à soutenir cette personne. b. vous procurer le service d’affichage d’appel ou un répondeur pour savoir qui appelle. Si vous lisez attentivement le questionnaire, on n’y trouve rien de réservé particulièrement aux médecins ou aux femmes, sauf qu’une femme médecin très occupée l’a produit et s’en est servi pour aider d’autres personnes à réfléchir aux priorités divergentes dans leur vie. Il est intéressant de constater comment les questionnaires peuvent créer un conflit interne dans notre esprit — nous savons que notre réalité est «a)», mais nous répondons souvent «b)» en nous sentant coupables de faire passer nos intérêts en premier. Or, dans l’avion, nous acceptons tous qu’il faut commencer par enfiler son masque à oxygène avant d’essayer d’aider quelqu’un d’autre, sinon nous allons périr avec ceux que nous essayons d’aider! Si vous avez répondu «a)» plus de trois fois, répondez donc de nouveau au questionnaire en tenant compte de ce concept pour voir si vos réponses changent. En passant, si vous avez répondu «a)» à la plupart des questions, vous êtes alors typique des médecins, et en particulier des femmes qui ont tendance à être des personnalités perfectionnistes du type «E» (everything for everybody = «tout Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins 6. Une organisation de bénévoles tient toujours ses réunions au seul moment où les quatre amies avec qui vous faites de la marche intensive peuvent se réunir chaque fin de semaine. Il faut : a. laisser tomber la marche intensive et assister aux réunions. b. répondre que vous avez une rencontre régulière à ce moment-là et demander si l’on peut changer d’horaire ou au moins tenir la réunion par rotation afin de vous permettre d’y participer. pour tous»), ce qui entraîne des taux d’épuisement d’environ 46 % révélés par la dernière édition du Questionnaire sur les effectifs médicaux de 2003, sans égard au sexe ou au type ou contexte de pratique. Il faut apprendre à s’occuper de soimême afin de pouvoir demeurer capables d’aider autrui. Qu’est-ce qui peut aider? Voici quelques ouvrages qui offrent des solutions efficaces : • La simplicité volontaire, plus que jamais, par Dr Serge Mongeau • Priorité aux priorités, par Stephen Covey • 21 jours pour apprendre à gérer votre le stress, par Lucien Auger Le plus important, c’est toutefois l’appui que nous nous donnons les uns aux autres comme médecins. C’est en partie ce que font l’AMC et les associations médicales provinciales, mais la majorité du support vient de vous et de vos collègues. L’objectif de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle pourra un jour être à la portée de tous, si on s’y met ensemble! 11 Trouver un médecin peut constituer le défi le plus difficile — même pour un médecin Il est bien connu qu’avoir un médecin personnel constitue l’une des mesures les plus importantes qu’un médecin puisse prendre pour demeurer en bonne santé. Alors que les Canadiens ne peuvent trouver de médecin de famille, le problème est aussi courant pour les médecins eux-mêmes. LE CONFÉRENCIER D’OUVERTURE, le Dr John Nelson, président de l’American Medical Association, a souligné les nombreux avantages pratiques pour un médecin d’avoir un médecin de famille et de pouvoir consulter un spécialiste au besoin. Il a exhorté les médecins à aider leurs collègues dans le besoin. On a abordé les mêmes enjeux au cours d’une séance de travail portant sur les approches canadiennes de la santé et du mieux-être des médecins. Professeur de psychiatrie à l’Université de la ColombieBritannique et médecin traitant uniquement des médecins et des membres de leur famille, le Dr Michael Myers a signalé que de nombreux médecins qu’il reçoit se réfèrent eux-mêmes. Beaucoup de médecins préfèrent agir ainsi, a-t-il dit, parce que cela évite le stigmate et «réduit la trace de l’information écrite». Dans certains cas, il reçoit des patients médecins qui pourraient facilement être traités par un médecin de première ligne — si le patient médecin en cause en avait un. Dans d’autres cas, beaucoup de médecins qui ont des problèmes appellent un autre psychiatre ou lui-même seulement lorsqu’ils sont très malades. Même si beaucoup des médecins qu’il traite disent avoir un médecin de famille, le Dr Myers a été étonné de voir que beaucoup n’en ont pas ou n’ont peut-être pas été examinés par la personne qu’ils mentionnent. Comme de nombreux médecins n’ont pas de contact régulier avec un médecin de famille, il peut être difficile, voire impossible, de repérer les médecins à risque avant qu’une crise éclate. Or, attendre qu’une crise se produise et obliger alors le médecin malade à avoir recours au système, ça ne marche pas, affirme le Dr Myers. Les efforts comme ceux qui sont en cours en ColombieBritannique pour créer une liste de psychiatres qui traiteront d’autres médecins sont compliqués par le fait que ces spécialistes souhaitent eux-mêmes demeurer en bonne santé en évitant la surcharge de travail de même que les défis particuliers que pose le traitement de médecins malades, a déclaré le Dr Myers. En dépit du concept de la courtoisie professionnelle en vertu duquel un médecin traitera un collègue avant d’autres patients, beaucoup de spécialistes sont très occupés ou ont une pratique fermée et ne permettent pas à un médecin de couper la file d’attente. Psychiatre d’Ottawa et présidente du groupe consultatif d’experts de l’AMC en santé des médecins, le Dr Mamta 12 Dr Michael Myers Gautam a déclaré que beaucoup de médecins de famille pensent ne pas avoir les compétences nécessaires ni se sentir assez à l’aise pour traiter leurs collègues. Le Dr Myers a signalé que l’anxiété est un important facteur dissuasif pour les médecins. Le Dr Myers a décrit en détail des initiatives en cours au Canada pour aider à donner aux médecins l’expertise et la confiance dont ils ont besoin pour traiter leurs collègues. En dépit de ces défis, les participants ont convenu qu’il faut encourager les médecins et les aider à trouver leur propre médecin de famille, et qu’il faut affecter plus de ressources à la formation de médecins de famille et de spécialistes aptes à traiter comme il se doit leurs collègues. Comme l’a signalé le Dr Derek Puddester, psychiatre d’Ottawa : «Retirer le sarrau blanc, c’est un défi» et le médecin traitant doit respecter et faciliter la transition de l’état de médecin à celui de patient. Un projet pilote réalisé dans la région d’Ottawa et intitulé «Code 99» a tenté de s’attaquer à ce problème — et y est parvenu — en repérant des médecins disposés à traiter leurs collègues; ce projet pourrait facilement être adopté dans d’autres régions partout au pays, ajoute le Dr Puddester. — PR Créer une culture de la médecine plus saine L’autoprescription, une «pente glissante» Une tendance retrouvée en filigrane dans toutes les séances de travail de la récente Conférence internationale sur la santé des médecins, c’est l’incidence élevée des médecins qui se prescrivent des médicaments ou en prescrivent à des membres de leur famille, et les dangers qui peuvent en découler. «UN IMPORTANT POURCENTAGE de médecins pratiquent l’autoprescription, pour toutes sortes de raisons», a déclaré le Dr Dudley Stewart, médecin de la Nouvelle-Orléans et membre du conseil des questions éthiques et judiciaires de l’American Medical Association. Il a déclaré que même si l’enjeu a «des connotations affectives très importantes», pour beaucoup de médecins, la question de savoir si c’est un problème ou non dépend de la catégorie de médicament prescrit. Le Dr Stewart a déclaré que l’autoprescription d’opiacés «lève certainement le drapeau rouge» d’un problème possible, mais qu’il ne s’inquiéterait pas trop si une femme médecin se prescrivait la pilule. D’autres intervenants ont contesté cette opinion. Le Dr Martin Doot, directeur médical du programme de promotion de la santé des professionnels de l’Illinois, a déclaré que le taux de prescription de substances non réglementées peut constituer une «pente glissante» vers des problèmes de santé. Tous les médecins devraient avoir un médecin personnel dont l’objectivité ne soit pas compromise. Un autre médecin a signalé que même l’autoprescription de pilules contraceptives peut causer des problèmes si le médecin ne reçoit pas les soins préventifs appropriés et ne se soumet pas au dépistage associé à la santé de la reproduction. Le Dr Stewart a répondu que même s’il est préférable Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins pour les médecins de ne pas pratiquer l’autoprescription, les problèmes d’accès et le temps nécessaire pour obtenir des soins résultent en une incidence «fréquente» d’autoprescription. Le Dr Derek Puddester, directeur du programme de mieux-être du corps enseignant de l’Université d’Ottawa, a participé récemment à un petit sondage pilote sur les habitudes de santé des médecins de la région d’Ottawa. Les chercheurs, dit-il, ont été étonnés de constater que 50 % de ces médecins communautaires affirment pratiquer l’autoprescription et que 58 % disent prescrire des médicaments à des membres de leur famille. Le Dr Puddester a signalé que le faible taux de réponse au sondage dicte la prudence à l’égard de ses constatations, mais il a ajouté que tout médecin qui n’a pas son propre médecin de famille et pratique l’autoprescription lorsqu’il a un problème de santé «risque de se retrouver sur une pente glissante». Un sondage en Australie a montré que l’autoprescription y est aussi courante : le Dr Richard Hetzel, médecin australien, a signalé qu’un État de l’Australie a adopté une loi interdisant aux médecins de prescrire des médicaments aux membres de leur propre famille. Le Dr Michael Myers, professeur de psychiatrie à l’Université de la Colombie-Britannique, souligne que comme profession, il nous faut éduquer les médecins et les aider à devenir capables de tolérer de devenir eux-mêmes et ellesmêmes des patients. — PR 13 Un programme ontarien met en vedette les réussites fondées sur la collaboration Le Programme de promotion de la santé des médecins (PPSM) administré par l’Association médicale de l’Ontario (AMO) avec la contribution du Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario constitue un exemple exceptionnel de collaboration en santé des médecins. AU COURS DE LA CONFÉRENCE internationale 2004 sur la santé des médecins, des représentants des deux groupes ont présenté aux délégués une rétrospective de 10 ans sur le PPSM. Le Collège a apporté une contribution importante au développement de ce programme lancé par l’AMO au milieu des années 1990. Cette contribution a joué un rôle crucial dans l’instauration de la confiance qui règne actuellement entre les deux organismes. Lorsqu’on a lancé le programme de promotion de la santé des médecins, a signalé Angela Baxter, gestionnaire du service d’enquête et de règlement du Collège, il régnait une «méfiance» importante à l’égard de toute contribution de l’organisme de réglementation. Elle a admis qu’avant le lancement du programme en cours, l’attitude du Collège face aux médecins inaptes était quelque peu plus «punitive» sur les plans à la fois de sa philosophie et de son orientation. Par le passé, a-t-elle dit, les enquêteurs du Collège étaient surtout d’anciens policiers qui abordaient l’activité des médecins dans une optique quasi criminelle, tandis que maintenant, ce sont surtout des travailleurs sociaux qui suivent une approche thérapeutique. Comme organisme chargé de traiter les plaintes des patients au sujet des médecins, le Collège a un processus officiel d’enquête sur les plaintes en question. Mme Baxter signale toutefois que contrairement à ce qui se passait auparavant, on suspend les procédures contre un médecin s’il reconnaît avoir un problème et s’engage véritablement à le corriger. Si les problèmes sont liés à la santé mentale ou à une toxicomanie, le Collège oriente les médecins vers le PPSM. Mme Baxter affirme que l’orientation actuelle du PPSM vers le rétablissement traduit «une attitude un peu plus douce de la part du Collège» et que celui-ci est de plus en plus disposé à aborder les problèmes de santé dans le contexte d’un modèle de maladie, dans tout l’éventail de ses programmes. Mme Baxter a déclaré qu’un des facteurs cruciaux de la réussite du programme, c’est qu’il n’y a jamais eu de «ballon politique» entre son organisme qui réglemente les médecins et l’AMO, qui défend les intérêts des médecins de l’Ontario. Prenant la parole au nom de l’AMO, Sarah Hutchison, directrice associée du PPSM, a convenu que les membres de l’AMO ont toujours craint que l’Association soit «trop près» du Collège. Elle a toutefois déclaré que comme les médecins sont de plus en plus disposés à demander de l’aide, la réponse au programme a pris de l’ampleur. En outre, affirme 14 Mme Hutchison, d’autres organismes provinciaux de réglementation de professionnels, comme les vétérinaires et les pharmaciens, cherchent à adopter le modèle parce qu’il s’est révélé tellement fructueux. Mme Hutchison signale que l’envergure du programme a aussi changé : au lieu de concentrer les efforts sur les problèmes de toxicomanie, le programme a accueilli en 2003 de nouveaux cas répartis à peu près également entre les toxicomanies, les problèmes psychiatriques, le stress et les problèmes affectifs, sans oublier les problèmes familiaux ou de relations sociales. Les organismes continuent de collaborer. L’AMO et le Collège ont lancé un projet de collaboration multilatérale pour produire une réponse systématique au comportement perturbateur chez les médecins. — PR AMC Centre pour la santé et le mieux-être des médecins Créer une culture de la médecine plus saine Personnel de rédaction Rédacteur en chef — Derek Puddester, MD Rédacteur administratif — Pat Rich Experts-conseils en rédaction — Susan Yungblut, Todd Watkins, MD, Briane Scharfstein, MD Production Gestionnaire, Services de publication — Deborah A. Rupert Conception et mise en pages — Sylvie Pelletier Traduction — Les Traductions Tessier Révision — Marie Saumure En ligne — Paul Bocchini ISBN 1-894391-13-6 ©2005 Association médicale canadienne Publié par l’Association médicale canadienne, 1867 prom. Alta Vista, Ottawa (Ont.) K1G 3Y6; 888 855-2555; [email protected] Le contenu des articles traduit l’opinion des auteurs, qui n’est pas nécessairement celle de l’Association médicale canadienne (AMC). L’AMC n’assume aucune obligation ou responsabilité pour dommages pouvant découler de quelque erreur ou omission que ce soit ou de l’utilisation des renseignements ou conseils contenus dans le présent document. Créer une culture de la médecine plus saine Des médecins pour les médecins : défis pratiques et thérapeutiques du traitement des médecins en détresse Tatyana Barankin, MD; Michael Paré, MD; Kathy Bugeja LE PROJET SUR LA SANTÉ DES MÉDECINS DE TORONTO est une collaboration entre le chapitre de Toronto de l’Association médicale de l’Ontario (District 11) et le Programme de santé des médecins (PSM) de l’AMO. Au départ, le projet visait à hausser le nombre de médecins traitants disposés à accueillir comme patients des médecins que référait le PSM. Dès le début de l’exercice cependant, l’équipe du projet a rencontré de la résistance chez les recrues éventuelles qui craignaient ne pas avoir les compétences et la confiance nécessaires pour traiter leurs collègues. Face à cette lacune des connaissances, l’équipe de Toronto a conçu le programme «Des médecins pour les médecins : défis pratiques et thérapeutiques du traitement des médecins». Ce cours de formation pilote visait un double objectif : • hausser le nombre réel de médecins traitants à Toronto; • améliorer leurs connaissances, leurs compétences thérapeutiques et leur confiance. Avant d’élaborer le cours, on a distribué une évaluation des besoins à une centaine de médecins traitants afin de déterminer de façon empirique leurs besoins perçus en éducation sur la santé des médecins. Ceux qui ont répondu (20 %) se sont dits intéressés par des sujets généraux comme le traitement de la dépression et de l’anxiété, etc., et par des sujets spéciaux comme les caractéristiques de la personnalité des médecins et le traitement des réactions de transfert actif des médecins lorsqu’ils travaillent avec un collègue. Ces résultats sont à l’origine de la création de Des médecins pour les médecins : défis pratiques et thérapeutiques du traitement des médecins, séance d’information accréditée d’une journée qui a eu lieu à la fin du printemps 2004 et a mis en vedette trois conférences structurées (Traiter le patient médecin, Obstacles au traitement des médecins et Le point sur la santé des médecins) et trois ateliers interactifs portant sur tout un éventail de sujets comme l’enjeu des limites, le transfert actif, les tendances suicidaires, les problèmes de déclaration, la confidentialité, les médecins résilients, les déclarations de tiers et autres obstacles qui empêchent de demander de l’aide. Les participants ont tiré une expérience très positive du cours. Sur une échelle à sept points (où 1 représente médiocre et 7, exceptionnel), 33 participants (sur un total possible de 40) ont attribué au contenu du cours, au format et au style des conférenciers une note moyenne de 5,5. Les trois messages les plus populaires que les participants ont retenu étaient les suivants : • l’importance des caractéristiques uniques des médecins et l’incidence qu’elles peuvent avoir sur le traitement; • les enjeux de limites spécifiques aux médecins; similitudes et différences entre les patients médecins et non-médecins; • le besoin de rendre les médecins résilients. Les participants ont apprécié particulièrement la possibilité de partager leurs expériences et leurs problèmes en matière de santé des médecins avec des collègues ayant les mêmes idées et se sont dits intéressés à «poursuivre le dialogue» en créant des groupes de pairs ou d’étude, ou en organisant des séances de mentorat. En terminant, la demande de médecins traitants et leur besoin d’appui formel et informel sont clairs. La conjugaison de l’apprentissage didactique et interactif semble parvenir efficacement à traduire les connaissances en pratique et à créer des collectifs de soins. Les efforts à venir de l’équipe sont doubles : • continuer d’offrir Des médecins pour les médecins aux nouvelles recrues du réseau de Toronto du PSM de l’AMO et à d’autres intéressés; • offrir aux effectifs existants des ateliers avancés bâtissant sur leur base de connaissances et renforçant le collectif de soins créé par l’équipe de Toronto. On trouvera plus de renseignements sur le projet dans un article de Barankin T, Paré M, Bugeja K., Doctors for Doctors —Therapeutic and Practical Challenges in Treating Physicians. Ontario Medical Review, juillet-août 2004;71:4649. On peut aussi communiquer avec la coordonnatrice du projet, Kathy Bugeja (905 886-8777; [email protected]). Études internationales Pour consulter le sommaire intégral des trois communications suivantes présentées à la Conférence internationale sur la santé des médecins, consulter le site web de l’AMC à l’adresse amc.ca/mieux-etre Doctors’ health down under: A review of the first Australian PHP after its first three years of operation (2001–2004) : Jack Warhaft, MD Without protection: violence and physician health in Germany : Bernhard Maeulen, MD Survey shows pressures on Russian MDs : Tatiana Fedorova, MD, PhD Centre de l’AMC pour la santé et le mieux-être des médecins 15 Ressources Programmes provinciaux de santé des médecins Physician Health Program of British Columbia 800 663-6729 de partout au Canada 604 742-0747 [email protected] www.physicianhealth.com Alberta Physician and Family Support Program Sans frais : 877 767-4637 À toute heure et de partout en Amérique du Nord Téléphone (programme et administration) : 403 228-2880 Sans frais (programme et administration) : 877 262-7377 [email protected] www.albertadoctors.org, voir l’onglet Benefits and Services Saskatchewan Physician Support Program 800 667-3781 (en province seulement) ou 306 244-2196 Le nom des membres du comité du SPSP figure dans la section réservée aux membres du site web. [email protected] www.sma.sk.ca Manitoba Physician at Risk Program Programme de santé des médecins du Nouveau-Brunswick Bureau de la Société médicale du Nouveau-Brunswick : 506 458-8860 506 635-8410 (messagerie vocale 24 heures) Les messages sont relevés durant les heures normales de bureau, soit de 8 h 30 à 16 h 30, du lundi au vendredi. [email protected] www.nbms.nb.ca Prince Edward Island Physician Support Program 888 368-7303 sans frais à partir du code régional 902 [email protected] www.mspei.pe.ca Newfoundland Professionals’ Assistance Program 800 563-9133; 709 754-3007 [email protected] Autres Centre de l’AMC pour la santé et le mieuxêtre des médecins 204 237-8320 87 SANTE-AMC amc.ca Programme de santé des médecins de l’Association médicale de l’Ontario Programme de mieux-être de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa En province : 800 851-6606 De partout au Canada : 800 268-7215 x2972 [email protected], [email protected] www.phpoma.org 613 562-5800 x8507 [email protected] www.medicine.uottawa.ca/wellness Programme d’aide aux médecins du Québec Association canadienne des médecins résidents 514 397-0888 ou 800 387-4166 [email protected] www.qphp.org 613 234-6448 [email protected] www.cair.ca Nova Scotia Professional Support Program Fédération des étudiants en médecine du Canada 902 468-8215 [email protected] ou jan.goodwin@ doctorsns.com 613 565-7740 [email protected] www.cfms.org Fédération des médecins résidents du Québec 800 465-0215 [email protected] www.fmrq.qc.ca 16 Créer une culture de la médecine plus saine