Quelle école pour nos enfants TDAh? Quelle école pour nos enfants

Petit guide à l'usage des parents et des éducateurs
Quelle
Quelle école
école pour
pour nos
nos enfants
enfants TDAH?
TDAh?
Valérie Michiels
Auteur du blog « Mon enfant hyperactif.com »
Tout d'abord, dites-vous bien qu'une école peut avoir une très bonne réputation, être une école où bon
nombre d'enfants de votre entourage s'y sentent bien, ce n'est pas pour autant qu'elle conviendra à
votre enfant!
Pour déterminer si l'école où il se trouve lui convient, voici quelques questions à vous poser:
1. L'école où se trouve votre enfant répond-elle à ces 3 besoins fondamentaux?
Pour qu'un enfant puisse apprendre correctement, il faut que son environnement puisse répondre à ces 3
besoins fondamentaux qui sont:
1. le besoin d'être aimé et reconnu
2. le besoin de sécurité
3. le besoin d'appartenance à un groupe
Autrement dit:
– Son enseignant connait-il la problématique des enfants déficitaires d'attention avec ou sans
hyperactivité?
– Adapte-t-il ses cours en fonction?
– Le rassure -t-il dans ses apprentissages en le suivant individuellement (lui ou une assistante)?
– A-t-il des copains qui ont les mêmes difficultés d'apprentissage que lui?
ou
– L'enseignant considère votre enfant comme un retardé mental ou un sale gamin mal éduqué?
– En maternelle, il vous demandait si votre enfant parle ou comprend le français?
– Il laisse votre enfant au fond de la classe ou dans une classe de niveau inférieur pour devoir le
supporter le moins possible?
– Il lui colle des étiquettes comme capricieux, fainéant, arrogant?
– Votre enfant est mal dans sa peau et a difficile à se faire des amis?
Toutes ces questions partent de mon vécu et de la constatation qu'une grande majorité des enseignants
ignorent encore à ce jour la véritable essence du TDAh et donc fatalement ont des attitudes qui ne peuvent
que blesser l'enfant et ses parents.
Or, si l'un de ces besoins n'est pas comblé, l'enfant va se sentir mal et aura fatalement difficile à s'investir
au niveau de ses apprentissages. Rien que le manque de reconnaissance peut déjà entrainer de l'insécurité
qui elle-même va générer des comportements dérangeants qui l'excluront du groupe, tout est lié.
La confiance que l'enfant aura en lui dépend du regard de l'adulte
Rien ne sert de courir chez les logopèdes, les psychologues, les psychiatres, les psy en tous genres, etc...
si l'école ne répond pas à ces 3 besoins fondamentaux! Ce n'est pas de cela qu'il a besoin dans l'immédiat,
c'est d'une autre école ou tout au moins d'un autre regard de la part de l'enseignant.
Quand mon fils était à «l'école-catastrophe» pour ne pas la citer, son institutrice «m'engueulait»
littéralement en disant que la thérapie qu'on lui faisait faire ne servait juste à rien et qu'il fallait changer de
psy.
La psy, de son côté, disait que son travail ne servait effectivement pas à grand-chose si c'était pour à chaque
fois replonger l'enfant dans ce milieu sans ouverture d'esprit et violent, une école chacal
comme dit Marshall B. Rosenberg, le père de la communication non-violente.
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Voici un extrait de son livre «Enseigner avec bienveillance»
« ...Permettez-moi de vous donner une idée de ce à quoi ressemble le langage chacal d'un enseignant.
Imaginons que vous êtes mes élèves et moi votre enseignant. J'observe l'un d'entre vous en train de
faire quelque chose qui n'est pas en accord avec mes valeurs. Je vous vois assis sur votre chaise et , au
lieu de travailler comme je l'ai demandé à la classe, vous êtes en train de me dessiner , avec un couteau
planté dans le dos et du sang gicler partout.
Comment vais-je vous évaluer si je suis un enseignant parlant le langage chacal? C'est évident, vous
êtes perturbé sur le plan émotionnel. C'est ainsi qu'une personne chacal est entrainée à penser.
Lorsqu'elle vit un conflit, son esprit cherche à déterminer ce qui ne va pas chez celui dont le
comportement est en antagonisme avec ses valeurs.
Ou encore, imaginons que vous ne comprenez pas ce que je viens de dire. «Vous êtes lent à
apprendre». Et si vous dites quelque chose que je ne comprends pas? «Vous êtes grossier et asocial».
Vous n'arrivez pas à me suivre quand je parle. «Vous avez un problème d'ouïe».
Voici une analogie pour illustrer ce qui se passe dans une école chacal: vous êtes un vendeur de
voitures et vous ne vendez pas de voitures? Et bien, vous virez les clients... »
Marshall B. Rosenberg
Deuxième question à vous poser:
2. L'école dans laquelle se trouve votre enfant est-elle suffisamment flexible?
Pour reprendre l'expression de Xavier Van Oost, coach TDAh :
« Dans un système, le TDAh est l'élément le plus flexible mais qui gère le système »
Autrement dit, si la structure dans laquelle votre enfant se trouve est trop rigide, ça ne va pas le faire
avec un TDAh. il va ruer dans les brancards ou se replier sur lui-même.
Un système où l'enseignant impose sa façon de travailler ou de voir les choses comme étant l'unique façon
valable de le faire, risque de faire de nos TDAh des récalcitrants de premier ordre.
Ou alors, il ne leur impose rien mais les «casse» quand ils font autrement que les autres, ça revient au
même. On est toujours dans une trop grande rigidité et intolérance.
Par contre, leur laisser la liberté de faire le travail demandé avec une souplesse horaire,
une souplesse dans les moyens d'y arriver (s'ils se trompent, ça fait partie des apprentissages), le droit au
tâtonnement, à la recherche, ça passera tout autrement.
On constate généralement que les TDAh ont soif d'apprendre, là n'est pas le problème , mais ils sont bien
plus efficaces en autodidactes.
Apprendre à leur rythme, au moment où ils se sentent prêts, sans la pression au-dessus d'eux ou la peur
des évaluations.
Le moment où ils sont prêts correspond généralement à un moment où ils ont besoin de ces connaissances
dans leur vie courante. Par exemple, mon fils refusait de suivre des cours d'anglais mais à partir du
moment où il en a eu besoin pour «chatter» dans ses jeux vidéo en ligne, il s'y est mis. Il aimerait même
suivre des cours de japonais (pour les mêmes motivations).
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Troisième question à vous poser:
3. Quels sont les objectifs de l'école pour vous?
Est-ce essentiellement l'acquisition de connaissances ?
Nos écoles traditionnelles privilégient surtout les intelligences logico-mathématiques et linguistiques.
Sous la prétention d'en faire des êtres intelligents, on les éduque surtout à obéir sans trop réfléchir, on leur
impose ce qu'ils sont censés connaitre selon leur âge.
C'est donc surtout un système qui nourrit la compétition, la carotte et le bâton , à l'image du modèle
de société actuelle.
Mais est-ce vraiment de cela que nous voulons pour nos enfants?
Beaucoup d'entre nous aimerions aussi que l'école leur apprennent à vivre ensemble, à s'ouvrir à d'autres
intérêts que ceux de la famille, à devenir autonome, à développer leurs facultés de réflexion,
d'imagination et de créativité ainsi qu'à s'épanouir dans la communauté...
Alors, est-ce que l'école où se trouve votre enfant répond à cela?
En sachant qu'un TDAh
• a difficile à supporter une autorité au-dessus d'eux et préfère gérer son temps comme bon lui
semble
• déteste la routine
• a difficile à garder son attention sur des matières qui ne le motive pas
• déteste les systèmes de compétition
Par contre...
• est plus efficace lorsqu'il doit relever des défis, des challenges
• aime ce qui demande une forte réactivité
• est plein d'énergie lorsqu'un projet le passionne...jusqu'à ce qu'il s'en lasse
• aime faire plusieurs choses en même temps (par ex, étudier en sautant comme un cabri...)
• a besoin de beaucoup d'espace et de temps libre
Ce qui n'est pas évident pour les éducateurs d'aujourd'hui puisque ils ont eux-mêmes été éduqués et
conditionnés à l'école de l'obéissance où le maitre sait tout et l'élève ne sait rien. Fatalement, ils auront
tendance à reproduire le même schéma.
C'est tout un modèle de société qui est en train de changer. Nous sommes dans une phase où beaucoup
d'entre nous se remettent en question et se libèrent de ces programmes autoritaires inculqués dans
l'enfance.
Nous souhaitons reprendre notre propre pouvoir. Nous ne validons plus un modèle de société où ce sont
les institutions telles que la médecine, l'enseignement, la politique... qui décident à notre place de ce qui
est bon pour nous. Et ce, dans le but de nous laisser dans l'ignorance et faire de nous des citoyens dociles
tels des moutons de Panurge.
Donc, si l'on veut s'ajuster aux nouveaux enfants, le premier travail pour les éducateurs sera de faire un
travail sur eux-mêmes; de nettoyer les anciennes blessures, peurs et croyances de manière à vivre en
harmonie. Sinon, à coup sûr, les enfants mettront le doigt sur ce qui fait mal chez l'adulte.
Ensuite, tenter de comprendre ce qui marche le mieux avec eux au niveau des apprentissages; le jeu est
une des clés fondamentales...
Comme le dit André Stern, la fonction crée l'organe à condition que cela se passe dans le plaisir et
l'enthousiasme.
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Quatrième question à vous poser:
4. Est-ce à l'enfant à s'adapter à l'école ou à l'école à s'adapter aux enfants ?
Environ 1/3 des enfants ont des problèmes d'adaptation à l'école «traditionnelle» (tradition pas très
lointaine puisqu'elle correspond à l'avènement de l'époque industrielle) .
On parle ici des TDAh, mais il y a aussi les dyslexiques, dyspraxiques, les dysphasiques, dyscalculiques
etc. et les HP (à haut potentiel, appelés aussi précoces ou surdoués).
Parait-il qu'ils augmentent d'année en année. Les scientifiques parlent de cerveaux atypiques, certains
avancent même qu'ils ont des différences au niveau de leur ADN. Ils ont 2, voire 4 codons activés
supplémentaires...
Et si l'on s'avouait enfin que le système éducatif actuel est obsolète? Tout évolue, alors pourquoi pas
l'école?
Visiblement, cela fait partie de l'évolution de l'espèce humaine, il y a toujours eu les avants-gardistes
considérés d'utopistes ou illuminés, jusqu' à ce que leurs idées fassent leur chemin dans la pensée humaine et
deviennent une évidence quelques années voire quelques siècles plus tard; et les conservateurs.
On retrouve ce même schéma de fonctionnement parmi les enseignants:
– Ceux qui résistent au changement: ils galèrent dans leur classe, ne savent plus comment s'y
prendre, tombent en dépression ou quittent l'enseignement.
– Ceux qui se risquent à créer des écoles nouvelles ou à introduire de nouvelles façons d'apprendre
au sein de leur classe (si on leur laisse la liberté de le faire).
Les écoles alternatives et les écoles qui ont repensé leur pédagogie en s'inspirant des grands pédagogues
tels que Decroly, Freinet, Montessori, Steiner... connaissent nettement moins d'échecs scolaires et plus
d'enfants heureux d'aller à l'école.
Quels sont les aspects principaux de ces grands pédagogues?
Même si leurs pédagogies diffèrent, elles s'inspirent toutes de la vie réelle et favorisent autant les autres
intelligences qu'uniquement les intelligences logico-mathématiques et linguistiques habituelles.
Elles favorisent également
– l'intelligence kinesthésique, celle du corps, des sportifs
– l'intelligence visuo-spatiale, celle des artistes, architectes
– l'intelligence naturaliste, ceux qui aiment la nature, les animaux
– l'intelligence relationnelle, de communication , de soi à soi et de soi à l'autre
Bref, tout ce que nous utilisons dans notre vie d'adulte!
Et là, nous voyons que nos chers TDAh sont nettement plus motivés et leur estime d'eux-mêmes est toute
autre!
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L'exception qui confirme la règle
Il y a quand même (heureusement) des professeurs en école traditionnelle avec qui cela se passe bien avec
les TDAh. J'ai constaté qu'ils avaient tous un point commun: ce sont des passionnés.
Ils adorent ce qu'ils font et naturellement, vont au-delà des programmes du Ministère et s'investissent
différemment de la majorité.
Pour vous donner mon exemple, j'ai le souvenir d'un professeur de primaire qui à chaque fois que je lui
posais une question, préparait un cours sur la question, même si ce n'était pas prévu dans son programme.
Elle s'est démenée pour préparer un voyage de classe (ça ne se faisait quasiment pas il y a 35 ans) et elle
prenait mon étourderie avec humour. Les 2 années que j'ai passées dans sa classe ont été les plus agréables
pour moi.
Par contre, j'ai eu une professeur détestable qui nous appelait tous «petit»- sauf la fille d'une collègue
qu'elle appelait par son prénom et pensait plus à se maquiller et se coiffer durant les cours qu'à s'occuper
de nous (par des punitions), et bien j'ai passé l'année en consultations au centre PMS parce que je «faisais
grève» en classe.
Comment voulez-vous motiver un enfant lorsque son professeur n'aspire qu'aux vacances ou à la retraite
et garde son poste uniquement comme gagne-pain?
Des exemples très inspirants d'écoles nouvelles
Voici maintenant des modèles d'écoles nouvelles qui répondent nettement plus aux besoins de nos enfants
TDAh tout en répondant également aux besoins de la terre.
Des écoles bâties dans des éco-lieux uniquement avec des matériaux biodégradables trouvés à proximité,
des toilettes sèches, des potagers et cultures bio, des animaux...
Des écoles où les apprentissages sont intimement liés à la vie écologique du lieu, où l'on apprend
concrètement les lois de cause à effet pour répondre au mieux à ce que dit Isabelle Peloux:
«Quels enfants laisserons-nous à la planète et quelle planète laisserons-nous à nos enfants?».
Là, pour moi, c'est véritablement l'avenir. On n'est plus dans les théories alarmantes, on est dans l'action,
l'exemple à donner au monde entier.
L'école de Tekos en Russie
Une école gérée par les enfants (voici le lien en faisant un clic droit).
Dans cette école, ce sont les enfants qui préparent les cours puis les enseignent lorsqu'ils se sentent prêts
pendant que d'autres enfants construisent les bâtiments, s'occupent de l'entretien des bâtiments existants,
du jardin et de la cuisine.
Tous pratiquent les arts martiaux, les danses traditionnelles et la musique.
Les enseignants sont là pour accompagner les enfants dans leur cheminement. Ce sont eux qui décident
avec les enseignants des matières qu'ils étudieront. Ils ont tout le temps nécessaire pour penser, réfléchir,
comprendre et parvenir aux conclusions.
Ensuite, en 3 mois, les enfants enseignent la matière aux élèves de la première à la dernière année. Rien
de tel qu'un enfant pour expliquer une matière à un autre enfant, aussi complexe soit-elle.
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La green school de Bali
Une autre école qui fait rêver aussi est la green school de Bali (voici le lien, en faisant un clic droit).
Une école entièrement construite en bambou par les enfants avec la participation de professionnels.
Des gens du monde entier déménagent pour que leurs enfants puissent bénéficier de leur enseignement. Et
ce qui est magnifique, c'est qu'une communauté de parents s'est construite aux alentours , développant
tous des métiers en rapport avec le bio ou le respect du vivant, tel un village, c'est très inspirant!
Green school de Bali
L'école du colibri aux Amanins
Une école dans la Drôme en France: l'école du Colibri aux Amanins , dirigée par Isabelle Peloux. L'idée
de base a été de créer une école dans un éco-lieu, ce qui est déjà en soi magnifique mais elle a, en plus,
développé une pédagogie particulière qui s'appelle la pédagogie coopérative. Apprendre à vivre ensemble,
l'éducation à la paix. Bref, tout un programme qu'elle réussit brillamment.
(voici le lien en faisant un clic droit)
http://www.dailymotion.com/video/xcukt6_l-ecole-du-colibri-et-la-pedagogie_creation
Conclusion
En conclusion, j'aimerais vous partager cette vidéo d'André Stern qui n'a jamais été à l'école et résume
très bien le principal besoin de nos enfants actuels: l'enthousiasme d'apprendre
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=lwF5hNcazFY#t=3
credit photo: photo de couverture: Dmytro Sukharevskyy-Fotolia.com
photo green school: Paul Prescott- Fotolia.com
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