La résurrection, ça commence aujourd`hui ».

Transcription

La résurrection, ça commence aujourd`hui ».
Dimanche 6 mai 2007
Laurent SCHLUMBERGER, pasteur à la Mission populaire évangélique de
France au Foyer de Grenelle (Paris 15ème ). Lectures : Elvire CAZALIS.
« La résurrection, ça commence aujourd’hui ».
Luc 7, 11-17.
Ouverture :
LS : La mort, ce n’est pas seulement la fin de la vie. La mort est déjà là, aujourd’hui. Non
seulement autour de nous, mais dans notre propre existence, elle est déjà à l’œuvre. Elle
prend des visages multiples, parfois insoupçonnés. Elle se faufile, entre les vivants, dans le
cœur des vivants. La mort nous ronge.
Alors, la résurrection ?… Eh bien, si la résurrection c’est seulement pour plus tard, si la
résurrection c’est pour « l’au-delà » comme on dit et pas avant, c’est une bien pauvre
résurrection, c’est une bien pâle promesse.
La seule résurrection qui vaille, c’est celle qui commence aujourd’hui.
Musique : Louis SCLAVIS - Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de
Bertrand Tavernier. Plage 1. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music
Publishing, 1999. COL 494231 2.
Accueil :
Je vous souhaite la bienvenue à l’écoute du Service protestant de ce matin. Que vous soyez
protestant ou non, croyant ou incroyant, vous êtes bienvenus.
Il ne faut pas se tromper de résurrection. Vous avez peut-être entendu parler de ce
documentaire récent dans lequel il est question de la tombe de la famille de Jésus. On aurait
retrouvé, nous dit le cinéaste James Cameron, la tombe de Jésus et de sa famille. Comme
c’est curieux : cette soi-disant découverte fait l’objet d’un film grand-public, accompagné
d’une promo importante, et pas d’un article dans une revue archéologique par exemple –il
faut dire qu’un film, ça peut rapporter beaucoup d’argent, alors qu’une publication
scientifique, pas vraiment-. Du reste, ce n’est pas le premier scoop en la matière : il y a cinq
ans, on avait déjà découvert un ossuaire de la famille de Jésus. Soi-disant authentifié. Et
c’était un faux…
Le plus agaçant dans tout cela, ce n’est pas tant le tapage médiatique, déplaisant bien sûr ;
ce n’est pas le faux débat historique, sans véritable enjeu ; c’est que, une fois de plus, cela
fait de la résurrection ou non de Jésus une simple histoire de décès et de réanimation.
Or, je le disais, il ne faut pas se tromper de résurrection. L’affirmation « Christ est
ressuscité » a une portée tout autre qu’une simple histoire de pompes funèbres, si je puis
dire. Sa portée, c’est d’annoncer qu’aujourd’hui, déjà, le Christ vient renverser le cours de
la mort qui ronge notre vie. Oui, aujourd’hui, pour le monde et pour toi, le Christ vivant
vient et il renverse le cours de la mort. La résurrection, ça commence aujourd’hui.
C’est ce qui sera au cœur de notre méditation ce matin, une méditation enracinée dans la
lecture de l’évangile selon Luc, au chapitre 7. Une méditation accompagnée par la musique
de Louis Sclavis, une musique composée pour le film de Bertrand Tavernier, justement
intitulé : « Ça commence aujourd’hui ».
Musique : Louis SCLAVIS - Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de
Bertrand Tavernier. Plage 1. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music
Publishing, 1999. COL 494231 2.
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La mort est déjà dans notre vie :
Nous sommes ainsi faits que nous sommes toujours entre-deux. Aujourd’hui est entre hier et demain. Bien
sûr, ça paraît presque idiot de le dire comme ça. Evidemment qu’aujourd’hui est entre hier et demain !
D’ailleurs, on pouvait dire la même chose hier et on pourra dire la même chose demain !
Eh bien, justement : cela veut donc dire qu’aujourd’hui ne se résume pas à aujourd’hui. Dans notre
aujourd’hui, il y a aussi tous les hier et ce que notre mémoire en a fait ; et il y a aussi tous les demain, et ce
que notre imagination en anticipe.
Pensez à un sablier : le présent, c’est ce petit resserrement, intermédiaire entre l’immense volume de ce qui a
précédé et l’immense volume de ce qui va suivre. Or, nous le savons. Nous en avons conscience et c’est là
qu’est l’important. Que les jours se succèdent, que le temps avance, c’est une chose qui s’impose à toute la
réalité, minérale, végétale, animale. Mais que nous en ayons conscience est proprement humain.
Quand je dis que nous sommes toujours entre - deux, je ne pense donc pas seulement à ce sentiment que nous
éprouvons souvent. Par exemple : nous sommes entre le réveil et le déjeuner, ou nous sommes entre la
semaine qui s’achève et celle qui va commencer. Quand je dis que nous sommes toujours entre - deux, je
pense surtout à cette conscience qui marque notre condition humaine : nous savons que nous sommes entredeux et, finalement, que nous sommes entre notre naissance et notre mort. Notre naissance est déjà passée,
notre mort n’est pas encore là puisque nous sommes vivants ; mais cette mort est déjà là parce que nous avons
conscience qu’elle vient. La mort nous « travaille » déjà. La mort est déjà dans notre vie.
La mort, c’est donc bien plus que le terme de la vie. La mort, il me semble qu’on peut la décliner sous trois
aspects, ou qu’on peut en discerner un triple visage.
Musique : Louis SCLAVIS - Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand
Tavernier. Plage 8. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
La mort prend un triple visage :
La mort, il me semble qu’on peut en discerner un triple visage. On peut l’envisager d’un triple point de vue.
La mort, c’est d’abord le décès, bien sûr. La mort, et c’est le plus évident, c’est la fin de la vie. Mais pas
seulement.
La mort, c’est aussi la solitude. Parce que la solitude, c’est la conséquence dans notre vie de la mort des
autres. Lorsque quelqu’un avec qui nous étions en relation décède, ce qui arrive à cette personne c’est le
décès ; et ce qui nous arrive, à nous, c’est une solitude un peu plus grande. La solitude, c’est le prix que nous
payons à la mort, dès maintenant. Et nous savons combien ce prix peut être élevé, lorsque la personne décédée
nous était chère.
La solitude nous atteint par cette rupture des relations qu’est le décès de ceux qui nous sont proches. Elle nous
atteint aussi par ces ruptures des relations que sont le rejet et l’oubli.
Le rejet des autres –et vous entendez que cette expression, « le rejet des autres », peut se comprendre de deux
manières : les autres me rejettent, mais aussi je rejette les autres. Quand il y a rejet des autres, dans le double
sens de cette expression donc, c’est en général le fruit de la peur ou du mépris. Et cela crée de la solitude.
Et la solitude vient aussi par l’oubli des autres –là encore une expression qui peut être comprise dans les deux
sens : les autres m’oublient ou j’oublie les autres. L’oubli des autres est en général le fruit d’un sentiment
d’inutilité : si j’oublie facilement autrui, c’est qu’il ne m’est d’aucune utilité ; et untel ne m’oublierait pas si je
lui servais à quelque chose.
Le visage le plus évident de la mort, c’est donc, premièrement, le décès. Mais la mort prend aussi,
deuxièmement, le visage de la rupture des relations, le visage de la solitude, qui détruit.
La mort prend encore un troisième visage, auquel on fait moins attention, mais qui est bien plus sournois et
quotidien : la mort, c’est le jamais-plus. Jamais plus je ne connaîtrai l’enfance. Jamais plus je ne connaîtrai le
temps de la rencontre de mon conjoint. Jamais plus je ne connaîtrai ce petit matin, quand le soleil s’était levé
sur cette campagne embrumée. Jamais plus je ne tiendrai mon enfant nouveau-né dans les bras. Jamais plus je
n’éprouverai cette émotion de la découverte de cette personne, de ce tableau, de cette musique, de ce film.
Jamais plus. Tout cela est irrémédiablement perdu. Et la liste de ce qui ne reviendra pas, la liste de ces jamaisplus s’allonge chaque jour.
Or, il y a un double risque, un double effet possible de ce jamais-plus : c’est de nous paralyser et de nous
ensevelir. Le jamais-plus risque toujours de nous paralyser devant l’avenir : à quoi bon faire tel projet, à quoi
bon entrer dans telle relation, puisqu’un jour ou l’autre j’en viendrai à me dire une fois encore : jamais-plus ?
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Et le jamais-plus risque toujours aussi de nous ensevelir dans le passé, dans le souvenir, dans la nostalgie.
La mort, voyez-vous, prend ce triple visage : le décès, la solitude, le jamais-plus. Le décès qui abat, la solitude
qui détruit, le jamais-plus qui enferme. Dans l’entre-deux où notre conscience nous place, c’est ainsi que la
mort fait déjà son œuvre. C’est ainsi que la mort nous ronge déjà, nous, les vivants.
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 20. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
Lecture biblique : Luc 7, 11-17 :
EC : « Jésus se rend dans une ville appelée Naïn. Ses disciples font route avec lui, avec une foule
nombreuse. Alors qu’il s’approche de la porte de la ville, on était en train d’emporter un défunt, fils unique de
sa mère, qui était veuve. Une foule conséquente de la ville était avec elle. En la voyant, le Seigneur est ému
aux entrailles pour elle et lui dit : - Ne pleure pas ! Il s'approche et touche le cercueil. Les porteurs s'arrêtent.
Il dit :- Jeune homme, je te le dis, éveille-toi ! Le mort s'assied et se met à parler. Il le donne à sa mère.
Une crainte les saisit tous, ils glorifient Dieu en disant : - Un grand prophète s'est éveillé parmi nous et Dieu a
visité son peuple. Cette parole à son sujet se répand dans la Judée tout entière et dans tous les environs. ».
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 20. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
Jésus renverse le cours de la mort :
LS : C’est le Service protestant, sur France-Culture : bienvenue, si vous nous rejoignez maintenant.
Parce que nous sommes humains, nous avons conscience du temps ; nous avons conscience que nous sommes
entre-deux, entre notre naissance et notre mort ; nous avons conscience que la mort vient. Et c’est pourquoi la
mort a un triple visage : le visage du décès, celui de la solitude et celui du jamais-plus. La mort nous ronge,
déjà.
Cet entre-deux il est partout, dans ce passage de l’évangile selon Luc que nous venons d’entendre. Par petites
touches, l’air de rien, l’évangéliste le signifie, tout au long de son récit. Par exemple, on est entre la Galilée et
la Judée, entre la campagne et la ville, entre deux cortèges, entre décès et enterrement au début, entre crainte
et glorification à la fin, entre les larmes et la joie, entre la vie et la mort, entre la mort et la vie.
Et dans cet entre-deux, les trois visages de la mort sont présents :
- Le décès est présent, sous la figure du fils décédé bien sûr.
EC : « Alors que Jésus s’approche de la porte de la ville, on était en train d’emporter un défunt. ».
- La solitude est présente, également. C’est tout le sens de la figure de la veuve.
EC : « On était en train d’emporter un défunt, fils unique de sa mère, qui était veuve. ».
La tragédie de cette femme, ce n’est pas seulement le drame affectif de la perte de son fils unique. C’est aussi
un drame social : avec le seul homme de la famille qui lui restait, elle perd tout moyen de subsistance, toute
place sociale active. Sous la plume de l’évangéliste Luc, une veuve est toujours un personnage important, qui
incarne la fragilité exposée, la faiblesse solitaire, l’exploitation économique et sociale. Ce jour-là, le jour de
l’enterrement, la veuve est encore accompagnée dans son deuil, mais demain ? Demain, il ne lui restera qu’à
survivre, et la porte de la ville, réelle ou symbolique, sera le lieu où elle mendiera. La veuve s’enfonce dans la
solitude.
- Le jamais-plus, enfin, est le troisième visage de la mort qu’on retrouve dans ce récit. Il y a le jamais-plus de
la mère qui a perdu son fils. Et puis il y a ce jamais-plus que l’on perçoit, en creux :
EC : « Tous glorifient Dieu en disant : « Un grand prophète s'est éveillé parmi nous et Dieu a visité son
peuple. ».
Jusqu’alors, le sentiment s’était installé que Dieu ne visitait plus son peuple, qu’il l’avait visité et accompagné
autrefois, mais que c’était fini.
La mort est donc entrée dans la vie de tous ces vivants et les ronge déjà, par le décès qui a abattu le fils, par la
solitude qui est en train de détruire la mère, par le jamais-plus qui enferme la mère et le peuple.
Mais Jésus, lui, fait entrer la vie dans la mort, jusqu’à renverser le cours de la mort qui semblait vouloir tout
emporter. Jésus renverse le cours de la mort.
Car que fait-il, ce jour-là ? Là où le décès abat, Jésus relève :
EC : « Jeune homme, je te le dis, éveille-toi ! » Le mort s’assied et se met à parler. ».
Ce jour-là, Jésus ressuscite un jeune homme qui était mort. Bien sûr, la mort ne disparaît pas pour autant. Très
finement, Luc écrit d’ailleurs que le mort s’assied. Il garde donc le mot « mort » pour désigner ce jeune
homme ; et il indique qu’il s’assied, non pas qu’il se lève, ce qui serait le verbe adéquat pour parler de
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résurrection. Ce jeune homme mourra donc, plus tard. Mais ce jour-là, Jésus le ressuscite. Et désormais, c’est
la mort qui est en sursis.
Que fait encore Jésus ce jour-là, pour renverser le cours de la mort ? Là où la solitude détruit, Jésus relie.
EC : « Il s’approche et touche le cercueil ».
Jésus touche ce qui touche le mort. Il relie ce que les règles de pureté contraignaient à maintenir strictement
séparé. Puis, après avoir relevé le jeune homme,
EC : « Il le donne à sa mère ».
Il relie donc la veuve à son fils. Ce faisant, il relie la veuve à la vie sociale. Enfin, il relie aussi les deux
cortèges, qui se sont rencontrés puis mêlés, puisque Luc souligne :
EC : « Une crainte les saisit, tous ».
Bien sûr toute cette foule se dispersera, le moment venu. Mais ce jour-là, les deux cortèges, l’un qui
accompagnait le Vivant et l’autre qui accompagnait le mort, ces deux cortèges n’en font plus qu’un.
Et que fait enfin Jésus ce jour-là, pour renverser le cours de la mort ? Là où le jamais-plus enferme, Jésus
ouvre.
EC : « Un grand prophète s’est éveillé parmi nous et Dieu a visité son peuple. ».
Non seulement le jamais-plus que vivait la veuve, à cause de la perte de son fils, ce jamais-plus est effacé.
Mais beaucoup plus largement, le jamais-plus de l’absence de Dieu, éprouvé si fortement par le peuple, ce
jamais-plus là est balayé : Dieu visite son peuple.
Là où le décès abat, Jésus relève. Là où la solitude détruit, Jésus relie. Là où le jamais-plus enferme, Jésus
ouvre. Et il le fait souverainement. Car ce jour-là, il agit de sa propre initiative. Il n’y a pas de demande qui
lui soit adressée : ni appel, ni cri, ni prière. Il y a le Seigneur, ému aux entrailles pour la veuve, qui renverse le
cours de cette mort qui ronge les vivants. Jésus-Christ vient renverser le cours de la mort.
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 4. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
Réunis dans un unique cortège :
Le petit texte que nous avons lu est bref. Mais il se rattache à d’autres textes, majeurs, de l’évangile selon
Luc. Par exemple, comme dans la parabole du bon samaritain ou celle du fils prodigue, nous avons retrouvé
ici l’évocation d’un Dieu de tendresse, d’un Dieu qui s’approche, d’un Dieu qui se laisse émouvoir en
profondeur. Ou bien encore, comme dans le récit des pèlerins d’Emmaüs, nous avons retrouvé les traits des
disciples qui s’interrogent, qui ne comprennent pas tout, mais qui malgré tout glorifient Dieu et vont partager
ce qu’ils ont découvert en ayant fait route avec Jésus.
Tassé dans notre petit passage d’évangile, il y a donc comme un concentré de l’Evangile majuscule.
D’abord, et c’est ce que nous avons essayé de faire au début de ce service, Luc nous invite à la lucidité ; il
nous invite, nous lecteurs, à regarder la mort en face, la mort et ses visages, la mort qui déjà nous ronge. Puis,
et c’est ce que nous avons vu ensuite, Luc montre le Seigneur vivant qui, sans attendre Pâques, renverse déjà
le cours de la mort. Enfin, Luc esquisse un programme, qui nous invite à nous associer, à notre manière, à ce
que réalise Jésus-Christ, et je termine avec ce dernier point.
Vous l’avez peut-être remarqué : tout ce petit passage est très visuel. Il pourrait facilement être mis en scène
au cinéma. Au début, la caméra suit le cortège qui accompagne Jésus. En contre-champ, la caméra suit le
cortège qui sort de la ville. Et l’on passe de l’un à l’autre, dans un montage qui s’accélère, jusqu’à ce que les
deux cortèges se rejoignent.
Là, la caméra s’arrête. Gros plan. Jésus parle à la veuve, pose la main sur le cercueil, interpelle le jeune
homme, le mort se dresse et parle à son tour. Et dès lors, les deux cortèges sont mêlés en un seul :
EC : « Une crainte les saisit tous, ils glorifient Dieu (…) et cette parole à son sujet se répand dans la Judée
tout entière et dans tous les environs ».
Là, la caméra arrêtée ne voit plus qu’un seul cortège qui glorifie Dieu d’une seule voix. Puis elle fait un zoom
arrière, à la dimension de toute la Judée, dans lequel la bonne nouvelle se répand.
Dans quel cortège étais-tu, ce matin ? Etais-tu dans le cortège qui accompagne Jésus, avec les disciples et la
foule ? Ou étais-tu plutôt dans le cortège qui accompagne la veuve, et à travers elle les humains abattus par le
décès, détruits par la solitude, enfermés dans le jamais-plus ? Dans quel cortège étais-tu au début de ce
service : dans celui, souriant et paisible, qui admire Jésus ? Dans celui qui se débat avec les malheurs des
hommes ? En tous cas, te voilà maintenant dans l’unique cortège, l’unique cortège des humains placés sous le
regard de tendresse de Dieu. Si tu étais avec Jésus, te voilà aussi conduit à accompagner maintenant les
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humains qui plient sous la mort, quel que soit le visage de cette mort. Si tu étais avec la veuve, te voilà aussi
conduit à te redresser et à rejoindre maintenant les accompagnateurs de Jésus.
C’est cela, le programme que l’Evangile trace et rend possible, selon Luc. Accompagnateurs de Jésus et
accompagnateurs des détresses humaines ne sont pas deux cortèges, destinés à s’ignorer, marchant en
parallèle jusqu’à l’horizon. Aujourd’hui, les uns et les autres sont appelés à devenir compagnons d’une même
marche, ensemble. Et ensemble, ils sont appelés à célébrer Dieu. Ensemble, ils sont appelés à répandre cette
bonne nouvelle.
Tout cela est possible, au cœur du monde. Tout cela est possible, au cœur de notre vie. Maintenant. Car JésusChrist vient renverser le cours de la mort qui nous ronge. Il est, lui, pour le monde comme pour toi, le Vivant.
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 15. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
Prière :
Seigneur,
Quand je me réfugierai en toi pour oublier les cris et les douleurs du monde,
Donne-moi un frère, une sœur, comme cette veuve, à accompagner.
Et quand je serai accablé par les malheurs et la détresse des hommes,
Donne-moi la joie de ta présence vivante.
Avec ceux qui sourient et ceux qui peinent,
Avec ceux qui croient et ceux qui désespèrent,
Rassemblés dans le cortège unique, immense et innombrable de ceux que tu aimes,
Me voici, parce que tu m’as relevé et que tu as ouvert mes mains.
Et c’est du cœur de ce cortège que je me joins aux voix qui te disent :
Notre Père :
Notre-Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal,
Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen.
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 15. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
Conclusion :
La mort a un triple visage : le décès, la solitude, le jamais-plus. Dans notre vie déjà, elle fait son œuvre.
Mais Jésus, lui, il est le vivant : là où le décès abat, il relève ; là où la solitude détruit, il relie ; là où le jamaisplus enferme, il ouvre. Jésus vient renverser le cours de la mort qui nous ronge.
Et il nous fait confiance pour rendre manifeste cette bonne nouvelle. Il fait de nous ses compagnons, dans
l’unique cortège des humains placés sous le regard de tendresse de Dieu.
Il fait de toi son compagnon. Alors, si tu pleurais, réjouis-toi. Et si tu baissais les bras devant les fatalités du
monde et de la mort même, relève-toi.
Avec Jésus-Christ, la résurrection, ça commence aujourd’hui.
Musique : Louis SCLAVIS-Bande originale de « Ça commence aujourd’hui », un film de Bertrand Tavernier.
Plage 25. Les Films Alain Sarde / Little Bear / Sony / ATV Music Publishing, 1999. COL 494231 2.
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