Président François Hollande, Palais de l`Elysée, 55, rue

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Président François Hollande, Palais de l`Elysée, 55, rue
Président François Hollande,
Palais de l'Elysée,
55, rue du faubourg Saint-Honoré,
75008 Paris
Monsieur le Président de la République,
En tant que groupe de personnes qui s’est efforcé de mettre au jour la corruption et de
lutter contre celle-ci, nous avons été directement témoins des effets préjudiciables du
pillage des avoirs de l'État par des politiciens et fonctionnaires peu scrupuleux. Cet
acte entrave le développement au sein de certains des pays les plus pauvres au monde
en privant le gouvernement de recettes dont il a désespérément besoin pour lutter
contre la pauvreté.
La grande corruption serait impossible sans l'aide du système financier mondial, et
notamment les banques qui acceptent les avoirs issus de la corruption, ainsi que les
règles de confidentialité qui permettent aux blanchisseurs d'argent de masquer leurs
activités.
Nous nous félicitons des déclarations vigoureuses émises par le Premier ministre, M.
Cameron, selon lesquelles lors du prochain sommet en Irlande du Nord, les dirigeants
du G8 aborderont la manière de s'attaquer à ce problème.
Nous estimons que deux choses sont indispensables.
Premièrement, les pays du G8 doivent s'engager à prendre des mesures pour éviter
que des entreprises anonymes ne soient utilisées pour dissimuler les activités
criminelles. Les politiciens corrompus, les fraudeurs du fisc et les bandes criminelles
organisées utilisent tous de complexes réseaux de sociétés écran pour camoufler et
blanchir l'argent volé. Nous estimons qu'une partie de la solution serait que les
gouvernements exigent que les registres des sociétés existantes recueillent des
renseignements sur les véritables propriétaires de toutes les entreprises. Et pour que
cette mesure ait le plus d'effet possible, il faudrait que ces renseignements soient dans
le domaine public. Cela aiderait non seulement les services de police à pourchasser les
blanchisseurs d'argent, cela permettrait aussi aux citoyens, aux journalistes et à la
société civile de tenir les entreprises pour responsables de leurs actes. Il est également
important d'étendre ces mesures pour couvrir les zones extraterritoriales des membres
du G8.
Deuxièmement, les gouvernements doivent indiquer de manière très claire à leurs
institutions financières qu’il est inacceptable de faire affaire avec des politiciens
corrompus. Les banques reconnues coupables d’avoir enfreint les règlements en
matière de lutte contre le blanchiment d’argent devraient être passibles de sanctions
vigoureuses et dissuasives. Il faudrait également appliquer ces différentes mesures
aux membres de la haute direction qui ferment les yeux sur l'argent sale qui transite
par leurs banques, ainsi qu'à ceux qui ont négligé leur responsabilité de veiller à ce
que leurs organisations disposent des systèmes nécessaires pour empêcher le
blanchiment d'argent.
S'attaquer au rôle que joue le système financier pour favoriser la corruption permettra
de veiller à ce que nos différents pays disposent des ressources nécessaires pour
assurer un développement durable et à long terme.
Bien cordialement,
Jack A. Blum, Esq.
Président, Tax Justice Network, États-Unis
Ancien président du groupe d'experts de
l'ONU sur le recouvrement d'avoirs
William John Downer
Membre, Corruption Hunter Network,
Afrique du Sud
Morten Eriksen
Membre, Corruption Hunter Network,
Norvège
Gretta Fenner Zinkernagel
Directrice générale, International Centre
for Asset Recovery, Institut de Bâle sur la
gouvernance, Suisse
Richard Findl
Procureur de la république, Munich,
Allemagne
Manuel Garrido
Ancien procureur pour la lutte contre la
corruption, Argentine
Baltasar Garzón
Juriste, Espagne
John Githongo
Ancien chef de l'organisme kényan de
lutte contre la corruption, et directeur
actuel de l’Inuka Kenya Trust
Le juge Richard Goldstone
Juge (à la retraite) de la cour
constitutionnelle d'Afrique du Sud
Ancien procureur général des tribunaux
pénaux des Nations unies pour l'exYougoslavie et le Rwanda
Gavin Hayman
Directeur de campagnes, Global Witness,
Royaume-Uni
Samuel De Jaegere
Spécialiste de la lutte contre la corruption,
Dakar, Sénégal
Eva Joly
Députée au Parlement européen pour la
France
Drago Kos
Ancien président du Groupe d'États contre
la corruption du Conseil de l'Europe
(GRECO), Slovénie
Huguette Labelle
Présidente, Transparency International
Ancienne présidente de l'Agence
canadienne de développement
international
Silvio Antonio Marques
Procureur de la république à São Paulo,
Brésil
Richard Messick
Ancien conseiller pour la lutte contre la
corruption auprès de la Banque mondiale,
États-Unis
Juan Carlos Cubillo Miranda
Membre, Corruption Hunter Network,
Costa Rica
Alexius Ernest Nampota
Partenaire fondateur, Nampota &
Company, Malawi
Ancien chef du bureau de lutte contre la
corruption, Malawi
Mark Pieth
Président du groupe de travail de l'OCDE
sur la corruption, Suisse