Craspedonia gibbosa (Brumeister, 1838)

Transcription

Craspedonia gibbosa (Brumeister, 1838)
(Brume~ter, 1838)
par Emmanuel Delfosse
Le jeune pbasme p résente des anneaux camctéristiques rouges sur ses pattes jaunes
(Clicbé M. Chauche)
Fiche d'identité
Groupe : Orthopteroidea
Ordre : Phas1110ptera
Famille : Pseudophas111atidae
Sous-famille: Pseudophas111atinae
Tribu : Craspedoniini
Genre : Craspedonia Westwood, 1841
Espèce : gibbosa (Burmeister, 1838)
Nom commun français
Le Phasme gibbeux
Le Phasme gibbeux, Craspedonia gibbosa (Burmeister, 1838), est plus connu
dans les élevages sous le nom de
Cranidium gibbosum (Burmeister,
1838). Il a aussi bien d'autres synonymies (voir encadré).
Il est originaire d'Amérique du Sud mais
sa répaltition est très mal connue. On le
trouve au Brésil et c'est surtout de
Les synonymies connues
Au niveau du nom de genre
Diapherodes Gray ; Cranidium Burmeister, 1838 ; Diapherodes Burmeister, 1838 ; Craspedonia
Westwood, 1841 ; Cranidium Westwood, 1843 ; Craspedonia Westwood, 1843 ; Cranidium
Westwood, 1845 ; Diapherodes Brunner, 1893 ...
Autres synonymies
Diapherodes gihbosa Burmeiste r, 1838 ; Craspedonia gihbosa Westwood , 1843 ; Cranidium gibbosa Westwood, 1843 ; Diap herodes serricollis Westwood, 1843 ; Diapherodes (Cranidium) sel-ricollis Westwood , 1845 ; Moncmdroptera Cl) gibbosa Westwood, 1859 ; Diapherodes gibbosa
Sa ussure, 1870 ; Diapherodes gibbosa Saussure, 1872 ; Cranidium gibbosa Redtenbacher, 1907 ;
Phasmilliger gihbosus Carrera , 1960 ..
Il était anciennement inclus dans la famill e des Phasmatidae et la sous-famille de C1adomo1phinae
ou dans la famille des Pseudophasmatidae et dans la sous-famille des Bacteriinae (et non
Bacterinae, comme il est parfois noté). Désormais, il semble qu' il convienne de le classer dans la
famille des Pseudphasmatidae et dans la sous-famille
des Pseudophasmatinae.
Guyane française que proviennent tous
les élevages effectués en France. Les
données contenues dans cette fiche ont
été établies à paltù· de l'observation de
plusieurs souches rappoltées de Guyane.
Un phasme forestier
C'est en juillet et août, au cœur
d'une forêt primaire guyanaise,
que furent prélevés les premiers
spécimens de Craspedonia gibbosa nécessaires à la mise en place
d'une souche d'élevage. Les indiviI NS
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dus, qui étaient aux premier et
troisième larvaires, furent récoltés
à hauteur d'homme pendant le
jour ou durant la nuit sur leur plante nourricière ViS111ia guianensis,
appelé pseudoficus, Americ an
Cambodge tree ou arbre à fièvre .
Il nous semble que l'espèce soit
plus visible juste après une pluie
ou lorsqu'il y a du brouillard. Nous
n'avons collecté que peu d'individus et il est probable que la canopée abrite d'importantes populations qu'il est difficile d'observer et
encore plus d'échantillonner. Les œufs,
ovoïdes, globuleux et mats ressemblent un peu à ceux d'Extatosoma tiaratum (Macleay, 1827), mais avec un
opercule moins important et une couleur variant du beige au marron clair
avec l'augmentation de l'humidité
ambiante. Ils sont gros et mesurent, en
moyenne, 3,8 mm de longueur, 3,5
mm de largeur et 3,3 mm d'épaisseur.
Au premier stade larvaire, le jeune
phasme mesure 19 à 23 mm (le plus
souvent 22 mm). Il est veIt jaunâtre
avec des marques de couleur rouille
sur ses longues pattes qui semblent
annelées.
Au cours de sa croissance, les marques
rouille s'atténuent. Il prend alors progressivement la couleur des adultes, le
dessus devenant vert clair et le dessous d'un vert un peu plus foncé.
Dès le second stade, la couleur est
typique de l'espèce et il devient plus
facile de déterminer le sexe.
Le troisième stade permet d'observer
que la femelle s'élargit au niveau de
l'abdomen, tandis que le mâle reste un
simple phasme bâton. Une fois
adultes, ils font penser à de grands
Raphiderus scabrosus (Percheron,
1829), bien que le mâle de cette dernière espèce soit de couleur marron.
Le mâle a une croissance nettement
plus rapide. Cinq (pour le mâle) ou six
mues (pour la femelle) suffiront à l'obtention des adultes en 3,5 à 5 mois,
parfois 6. Certains éleveurs obtiennent
les adultes en 3 mois.
Le mâle est un phasme-bâton ailé
(comme le mâle de Diapherodes gigas
(Drury, 1773), tandis que la femelle
ressemble à une feuille velte et porte
sur son thorax une gibbosité, sorte de
curieuse bosse lisse surmontée de
petites pointes à laquelle l'espèce doit
son nom. Le mâle atteint 80 à 95 mm
de long, avec une envergure de 85
mm. Il est capable de voler avec aisance et même de s'enfuir rapidement si
l'on n'y prend garde. La femelle est
plus grande (110 à 145 mm) et est
complètement aptère.
Les adultes ne vivent pas très longtemps, notamment le mâle dont la
longévité ne dépasse pas 3 mois. La
femelle, quant à elle, pourra atteindre
4 ou 5 mois d'existence pendant lesquels elle pondra 2 à 5 œufs par jour,
qu'elle enfouit sommairement dans
l'humus grâce à un oviscapte de faible
longueur.
Dans un premier élevage, en l'absence de mâles, la descendance fut composée uniquement de femelles.
Quelques collègues me cédèrent des
œufs issus d'accouplement, ce qui me
permit d'obtenir les deux sexes à
chaque génération.
Une manipulation
délicate
Les pattes des jeunes et des mâles
adultes sont fragiles. Il vaut mieux éviter de manipuler ces phasmes (l'autotomie est fréquente) ou alors les manipuler avec beaucoup de précautions.
Le Goyavier (psidium guajava Linné),
les Chênes, le Pyracantha, le
Framboisier, la Ronce, le Rosier et les
Millepertuis (Hypericum patulum
Thunberg, Hypericum calycinum
Linné, Hypericum olympicum Linné ... )
sont très bien acceptés en élevage.
D'autres plantes peuvent sans doute
convenir aussi.
Il est préférable d'élever cette espèce
entre 23 et 26°c avec une hygrométrie
relative de 70 à 80%.
Pour comparaison, en Guyane française, l'air est très humide (parfois
presque 100% d'humidité) et la température, en juillet, varie de 25 à 30,soC.
L'humidité est appréciée, ce phasme
semblant très sensible au manque
d'eau. Cependant il faut éviter les
excès (sauf si la température est élevée) car l'espèce est, plus que d'autres,
sensible aux mycoses et aux viroses,
rapidement fatales .
sensibles au manque d'eau. Cependant, il y a fréquemment des œufs qui
moisissent ou qui pourrissent ; c'est
pourquoi il est bon de les surveiller
afin d'éventuellement les nettoyer.
L'incubation dure 3 à 9 mois selon
l'humidité et la température. En général, elle avoisine 3 à 4 mois. Si on ne
dispense pas assez d'humidité dans
"l'incubateur", on peut allonger la
durée de l'incubation de façon
importante jusqu'à 6 à 9 mois,
voire peut-être davantage.
©
Caractéristiques de l'élevage de
Craspedonia gibbosa
Craspedonia gibbosa s'élève sans
trop de difficultés. On observe un
peu de mortalité durant les 2 premiers stades (notamment le tout
premier) . On peut disposer les
œufs dans un bac rempli de terreau
et mettre une plante en pot à disposition des jeunes jusqu'au stade
3. Cette disposition permet de limiter un peu les pertes. Cette espèce
reste cependant rare dans les élevages mais présente l'avantage de
très bien se comporter en vivarium
d'exposition.
Pour en savoir plus
Collectif, 1993 - Le Monde des
Phasmes, numéro spécial Guyane Hors série n 01, Ed. Groupe d'Étude
des Phasmes
Doucet G., 1996 - Bilan d'élevage
d'Extatosoma tiaratum et de
Craspedonia gibbosa - Le monde
des Phasmes n035
Langlois R. , 1996 - L'œuf de
Craspedonia gibbosa - Le Monde
des Phasmes n035
Langlois R., 1997 - Quelques
remarques et observations concernant l'élevage de Cranidium gibbosum - Bulletin de Cicindela n06
L'auteur
En élevage, les œufs peuvent être disposés sur du papier essuie-tout, de la
mousse synthétique ou du terreau bien
humide. L'humidité est indispensable
si l'on désire obtenir des naissances. Il
convient donc de bien humidifier
l'éclosoir, les embryons semblant très
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Responsable technique des élevages entretenus dans la Grande
galerie de l'évolution du Muséum
national d'histoire naturelle de
Paris, l'auteur est président de l'association "Phyllie" qui regroupe des
passionnés de l'étude des insectes.

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