Conditions structurelles pour une mise en oeuvre de

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Conditions structurelles pour une mise en oeuvre de
Conditions structurelles
pour une mise en œuvre de la bientraitance dans l’accompagnement
d’enfants à besoins particuliers
1. Au niveau d’une structure Petite Enfance, qu’est-ce qui est mis en place d’une
manière générale pour assurer la bientraitance dans l’accompagnement des
enfants ?
Projet éducatif
Buts pédagogiques
Partenariat
« Douces violences »
2. Qu’est-ce qui est mis en place, en plus, pour accompagner l’enfant à
besoins particuliers ?
Renforcement de l’encadrement
Adaptation d’ordre matériel, organisationnel ou pédagogique
3. Quelles ressources pour l’équipe afin de mettre en œuvre la bientraitance
dans cet accompagnement ?
Travail en Réseau nécessaire et bénéfique
Personnes ressources (SEI)
Apport des professionnels du Réseau
Apport du Pédiatre
Soutien par l’ECES
4. Importance du partenariat avec le parent
Créer un climat de confiance
Mettre en place
Saine communication
Apport du parent
5. Limites du processus
1. Projet éducatif
Dans toute crèche comme à la crèche-garderie du Colibri, un projet éducatif est réfléchi
et mis en place afin d’assurer le confort et le bien-être de tout enfant. Le projet éducatif
expose l’essentiel des préoccupations pédagogiques ainsi que le fonctionnement afin
de permettre une cohésion entre théorie et pratique.
Tout aspect théorique ou référence pédagogique doit servir à la mise en pratique
d’actions éducatives pour assurer le développement optimal de l’enfant. Les différents
éléments d’un projet éducatif sont des repères qui guident l’éducateur/ trice. C’est un
outil de travail qui est une base et qui peut évoluer d’année en année.
Dans le projet éducatif du Colibri, des buts pédagogiques cherchent à répondre aux
différents besoins de l’enfant et à assurer son bien-être :
Aux besoins physiologiques :
Exple : permettre à l’enfant de devenir graduellement autonome dans la
satisfaction de ses besoins physiques
• Aux besoins socio-éducatifs :
Exple : donner à l’enfant l’occasion de développer la confiance en lui-même
prendre conscience de ses capacités
développer son jugement moral
• Aux besoins intellectuels
Exple : progresser dans sa découverte du monde.
Développer le jeu, l’exploration, la manipulation, l’action.
•
Dans le projet éducatif d’une crèche, le partenariat est aussi abordé. Le parent et
l’éducateur sont partenaires de la prise en charge et de l’éducation de l’enfant.
Collaboration et confiance donnent à l’enfant le sentiment de vivre dans un univers
cohérent et sécurisant.
L’aménagement des salles, le choix du matériel et des jeux proposés sont également
abordés, afin qu’ils assurent sécurité, hygiène, et favorise le développement global de
l’enfant.
En plus du projet éducatif, l’équipe éducative et la direction se donnent les moyens de
travailler ensemble sur les « douces violences » (instants éphémères du quotidien
où le comportement des professionnels, gestes, paroles, regards, pensées, n’ont plus
pour objectif la relation à l’enfant et mettent ce dernier dans l’insécurité affective). Pour
éviter cela les équipes éducatives
• élaborent une charte
• analysent les pratiques professionnelles
• restent très attentives aux routines et habitudes
• réfléchissent aux limites de chacun
• considèrent chaque enfant accueilli comme unique et original
(évitent les jugements et les étiquetages).
2. Qu’est-ce qui est mis en place, en plus, pour accompagner l’enfant aux
besoins particuliers ?
ü Renforcement de l’encadrement du groupe enfants par
l’engagement d’une personne supplémentaire (en plus du quota
normal d’éducateurs)
Cela nécessite une demande de soutien éducatif auprès de la Commission
d’intégration précoce (SESAF, Office de l’enseignement spécialisé, BAP, Lausanne)
qui va promouvoir l’intégration de l’enfant par une aide financière pour le personnel
d’appui. Cette personne est attribuée au groupe dans lequel un enfant « à besoins
particuliers » est présent. Parfois, elle n’est là que pour l’enfant qui, par exemple, ne
peut pas se déplacer seul ou qui doit être continuellement stimulé ou accompagné. En
effet, le handicap moteur est parfois trop important pour que l’enfant puisse être
autonome au sein du groupe (par exemple, un enfant qui doit être tenu lorsqu’il est
assis à cause d’un corset ou un enfant qui a un appareillage, …).
Cette personne supplémentaire permet une meilleure flexibilité d’organisation au sein
du groupe, une meilleure répartition des tâches entre les professionnels, une meilleure
adaptation des activités proposées au groupe (permet de diviser les enfants en petits
groupes ce qui est bénéfique pour l’enfant aux besoins spéciaux).
L’accompagnement est parfois trop lourd pour une même personne sur une journée,
ou une demi-journée. Un relais doit se faire entre deux personnes d’appui qui se
partage les heures d’accompagnement, ceci à être performant et toujours dans la
bientraitance.
ü Adaptation d’ordre matériel, organisationnel ou pédagogique
Des horaires spéciaux, qui ne seront peut-être pas les mêmes pour les autres enfants
(à adapter en fonction de l’enfant – période plus courte pour le bien-être de l’enfant
accompagné)
L’équipement du matériel de la garderie (tables, chaises, etc.) qui n’est pas toujours
adéquat, et qui a pour conséquence qu ‘enfant n’est pas à l’aise, et peut mal supporter
le moment vécu : par exemple, une chaise trop haute, les pieds qui ne touchent pas le
sol, et une assise qui ne favorise pas la motricité fine de l’enfant qui est mal installé
dessus.
La mise en place du suivi de l’enfant. Elle se fait par l’équipe qui ajuste ses actions
et adapte l’environnement en fonction des besoins de l’enfant. L’équipe veille à
harmoniser et à renforcer les interactions entre pairs. Elle évalue les progrès de
l’enfant concerné et cherche des moyens pédagogiques qui permettent au groupe de
pairs de développer des interactions positives avec l’enfant concerné. Cela nécessite
une grande disponibilité de la part de l’équipe, des colloques plus nombreux que pour
un autre enfant, des objectifs à réajuster au quotidien.
Activités spécifiques pour l’enfant à besoins spéciaux. En fonction de ses besoins,
de ce qu’il peut faire, ce qu’il a plaisir à faire. Ne pas lui imposer une activité prévue
pour tout le groupe, sinon il va la subir.
Accueil plus spécifique auprès des pairs
Présentation au groupe de l’enfant à besoins particuliers, avec ses différences,
explications données lors d’un accueil, par l’éducatrice ou le parent lui-même. Parfois
le parent accepte d’écrire un petit mot qui présente l’enfant avec une photo, et est
affichée.
3. Quelles ressources nécessaires pour l’équipe afin d’être dans un
accompagnement de bientraitance ?
En crèche garderie les éducateurs sont des éducateurs de l’enfance, et n’ont pas
une formation spécifique en spécialisé. Ils ont besoin d’être accompagnés, et
soutenus afin de rester dans un accompagnement bientraitant.
•
Un travail en réseau est nécessaire et bénéfique. Les atouts du travail en
réseau sont considérables. Il permet de :
- Coordonner l’action
- D’informer
- De définir les rôles de chacun
- D’agir d’une manière commune, cohérente et concrète pour le bien de
l’enfant.
Dans chaque domaine, nous pouvons nous rendre compte des progrès de
l’enfant et de son évolution. Ensemble, nous portons ses progrès et fixons des
objectifs.
•
Les équipes du Colibri peuvent compter sur des personnes ressources des
services officiels tels que le SEI (service éducatif itinérant) qui regroupe des
personnes précieuses qui agissent au sein des familles, en individuel, qui
peuvent apporter des conseils, des manières de faire, des réponses à des
questionnements, aider l’équipe à la compréhension de situations.
•
Apport des professionnels tels qu’ergothérapeutes, physiothérapeutes,
logopédistes, assistants sociaux… qui viennent aussi parfois sur le terrain pour
observer l’enfant en collectivité. C’est l’occasion de recevoir des conseils par
exemple par rapport à une position des pieds, des mains ou une attitude à avoir.
Ces professionnels apportent leur regard de spécialistes à l’équipe éducative.
Elles viennent affiner et compléter les observations des professionnels de la
petite enfance.
•
Apport du pédiatre de l’enfant qui connait bien la famille, et l’enfant, et peut
aussi être un soutien pour l’équipe éducative dans la compréhension de
situation, dans les modalités de la prise en charge…
•
Soutien pour les équipes éducatives par l’ECES dont la mission consiste à
renforcer les ressources des équipes. Il propose aux professionnels de
l’enfance un accompagnement qui s’appuie sur leurs interrogations et
préoccupations. Il peut aider à identifier certaines particularités liées à un
trouble dans le développement de l’enfant et proposer des ressources
nécessaires à la meilleure compréhension.
4. Une collaboration étroite avec le parent est nécessaire
Tout accueil d’un enfant aux besoins spéciaux implique un partenariat
incontournable avec les parents. Il se crée en établissant progressivement une
confiance mutuelle. Le premier accueil à la garderie est primordial pour bien
réussir à créer cette confiance.
•
Dans un premier temps, les parents d’un enfant à besoins particuliers sont
reçus par la direction. Ils sont le plus souvent accompagnés par l’éducatrice
du SEI ou d’une assistante sociale (soutien à la famille qui a tout son sens).
La direction fait visiter la garderie, présente le projet, prend un large temps
pour écouter le parent parler de son enfant et de ses besoins spéciaux. La
direction écoute le parent, le sécurise et lui précise l’accompagnement qui
sera possible. Elle peut parler des difficultés qui apparaissent en fonction
des locaux (par exemple concernant le déplacement de l’enfant en chaise
roulante).
•
Entre cette rencontre et l’accueil de l’enfant, il y a un laps de temps qui
peut varier en fonction de chaque situation (de 3 à 5 semaines)
= temps de réflexion pour les parents
= temps de réflexion pour l’équipe éducative à qui le projet d’accueil est
présenté / temps pour réfléchir à la mise en place de l’accueil et adaptation
= temps pour que l’enfant puisse être accueilli 2 ou 3 fois avec son parent
au sein du petit groupe (prise de connaissance)
= temps pour faire la demande d’un soutien éducatif
•
Lorsque l’enfant aux besoins spéciaux fréquente la garderie, le partenariat
continue à se développer, encore plus que pour un autre enfant. La
perception, les savoir et savoir-faire des parents sont une richesse pour
l’équipe qui accompagne l’enfant. Les professionnels sont porteurs de
compétences pédagogiques, de théories de compréhension et de la
connaissance du lieu d’accueil. Mais les parents restent les meilleurs
experts de leur enfant. Ils connaissent son rythme, ses réactions face aux
situations nouvelles, sa manière d’aborder les interactions avec les pairs et
les adultes qu’il ne connaît pas, sa manière de s’alimenter, …
C’est sur cette complémentarité de perceptions que l’intervention éducative se
construit. Il est primordial que les parents se sentent reconnus comme
interlocuteurs privilégiés pour qu’ils puissent œuvrer en tant que partenaires.
Cela nécessite une communication quotidienne saine et de qualité, faite de
franchise, de respect et d’ouverture. Le parent qui se sent reconnu et en
confiance partagera plus facilement toute information utile à l’évolution globale
de l’enfant. La qualité de son accompagnement personnel et dans le groupe
s’en ressentira.
5. Limites
•
Des parents d’enfants aux besoins spéciaux font une demande en crèche
pour pouvoir avoir un peu de temps pour eux (accompagnement de l’enfant
trop lourd).
Mais il y a la réticence du système et des règlements de réseau. Si l’un des
parents ne travaille pas, l’enfant ne peut être placé que deux demi-journées
par semaine. Nous ne sommes plus dans la bientraitance.
•
Les heures octroyées par la Commission d’intégration précoce ne
correspondent pas toujours aux nombres d’heures de présence de l’enfant
en garderie. La personne d’appui n’est pas toujours présente et cela génère
un stress de la part de l’équipe éducative qui doit s’occuper de tout le groupe
y compris de l’enfant aux besoins spéciaux, sans personne supplémentaire.
•
Epuisement d’une personne d’accompagnement, qui n’est pas formée, et
s’épuise, qui peut aussi prendre peur parce que l’accompagnement est trop
lourd. La communication est alors importante, le relais peut être pris par une
autre personne. Une période d’adaptation est à nouveau nécessaire.
•
L’enfant à besoins spéciaux ne peut pas rejoindre la vie de groupe (trop de
contraintes, trop de cadre, qui vont à l’encontre de son bien-être).
Accompagnement individuel nécessaire, et parfois réajustement pour un
accueil dans un autre lieu.
Brigitte BESSET
Crèche garderie Le Colibri
34, chemin du Vernay – Gland (VD)
5 mai 2015