15 décembre 1946 : la naissance de l`UEF

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15 décembre 1946 : la naissance de l'UEF
C’est à Paris, dans le quartier de l’Opéra, très exactement au 9 de la rue Auber, siège du principal mouvement
fédéraliste alors existant en France « La Fédération » que fut créée, le 15 Décembre 1946, l’Union Europé
Fédéralistes (U.E.F.). Aujourd’hui devenue, avec le même sigle, l’Union des Fédéralistes Européens...
Par Jean-Pierre GOUZY
C’est à Paris, dans le quartier de l’Opéra, très exactement au 9 de la rue Auber, siège du principal mouvement
fédéraliste alors existant en France « La Fédération » que fut créée, le 15 Décembre 1946, l’Union Europé
Fédéralistes (U.E.F.). Aujourd’hui devenue, avec le même sigle, l’Union des Fédéralistes Européens.
L’heureux évènement n’était évidemment pas le fait du hasard… Il ne se serait probablement jamais produit san
retentissement du manifeste de Ventotene de 1941, sans la Résistance européenne d’hommes comme Henri Brugman
Henri Frenay, Altiero Spinelli, futurs leaders, entre autres, de l’U.E.F. ; sans les rencontres de la Résistance européenne
à Genève qui, entre Avril et Juillet 1944, réclamèrent le réalisation d’une « Union fédérale entre les peuples eu
» ; sans des rencontres similaires, comme celle des « Socialistes européens » à Montrouge en Juin 1946 ; celle aussi,
toujours à Genève, d’intellectuels comme Jaspers, Spendler, de Rougemont, Lukacs en Septembre 1946 ; celle, surtout
de Hertenstein, sur les bords du Lac des Quatre cantons, entre fédéralistes venus de quatorze pays, du 15 au 22
Septembre 1946, alors que Churchill prononçait son célèbre discours, le 19 Septembre de la même année à Zurich : «
Debout l’Europe ! Nous devons créer une sorte d’Etats-Unis d’Europe ».
Déjà à Hertenstein, la gestation de l’U.E.F. s’était précisée, mais il a fallu encore, sous l’impulsion des di
britannique de Federal Union, un autre rendez-vous, moins d’un mois plus tard, pour décider à Luxembourg, qu’un
secrétariat fédéraliste européen serait établi à Paris et un autre à New-York, pour les fédéralistes mondiaux. A Pa
Décembre 1946, après une ultime conférence préparatoire tenue en Novembre à Bâle et bien qu’il s’agissait, c
officiellement de constituer une Union européenne des Fédéralistes, plusieurs participants restaient encore surtout
motivés par le Fédéralisme mondial. D’où la première devise de l’U.E.F. : « l’Europe une dans un monde u
Par ailleurs, certains groupements ne s’intéressaient qu’à la fédération de l’Europe, politiquement parlant, dâ€
pensaient surtout à l’instauration d’une nouvelle société, d’autres à l’organisation de la paix, d’autre en
global. Les uns se référaient volontiers à la conception anglo-saxonne du fédéralisme ; d’autres, parmi les francopho
se revendiquaient de Proudhon et des libertaires du précédent siècle ou de la pensée personnaliste qui émergea dans
les débats d’idées au cours des années 1930, tandis que Hamilton représentait pour d’autres encore la réfé
essentielle.
Un tel bouillonnement d’idées avait de quoi surprendre. Il fût canalisé. Cependant, il ne pouvait pas, ne pas porter en
germes les divergences d’approches qui feront la richesse de l’U.E.F., mais qui, aussi, dans certaines circonstances, vo
compliquer la vie du mouvement au cours des années 1950 et même encore 1960.
Pouvait-il, cependant en aller autrement, au départ de notre grande aventure, dans cette Europe des années Zero où
tout devait être repensé et reconstruit ?
En Grande-Bretagne, par exemple, Miss Josephy, ancienne vice-présidente du parti Libéral, l’une des responsables les
plus actives du mouvement fédéraliste, incarnait ce mélange de perspectives mondialistes, atlantistes et européennes,
qui représentait alors l’une des expressions les plus symptomatiques de la tradition fédéraliste d’Outre-Manche.
La réunion constitutive de l’U.E.F. fût placée, ce 15 Décembre 1946, sous la présidence d’un homme qui incarn
les débats de la IIIe République française. Ancien député de l’Ardèche, Gaston Riou était le président d’un
appelé « Union économique et douanière européenne ». Doyen d’âge de l’assemblée, il avait publié en 1
ouvrage prémonitoire « Europe, ma patrie », avec une Déclaration d’Aristide Briand dont, je vous rappelle qu’au n
gouvernement français de l’époque et avec l’appui de Gustave Streseman, il avait appelé les peuples d’Europe
de la tribune de la Société des Nations – à nouer entre eux « une sorte de lien fédéral ».
Les « conjurés » de la rue Auber, malgré leurs diversités, décidèrent unanimement de convoquer un premier CongrÃ
qui se tiendra effectivement à Montreux du 27 au 31 Août 1947. Ils décidèrent aussi que la jeune UEF qui n’avait pas
encore de statut légal, en aurait un, conforme à la législation helvétique. Ce fût fait, en localisant son siège au Palais
Wilson, à Genève. Puis, ils demandèrent à Alexandre Marc, journaliste et écrivain d’avant-garde des années 1930, d
devenir le premier Secrétaire général de la nouvelle organisation et à Henri Brugmans, futur recteur du Collège de
Bruges, son premier Président. La tâche prioritaire fut de maîtriser l’éphémère explosion fédéraliste de l’a
une cinquantaine de clubs, cercles, mouvements d’inégale importance d’une dizaine de pays. A titre d’exemples,Â
comptait pas moins d’une quinzaine pour la seule France et d’une douzaine en Belgique.
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J’étais moi-même engagé, alors très jeune homme, depuis quelques mois dans le mouvement fédéraliste. Six annÃ
plus tard, j’en suis devenu le Secrétaire général pour la France. J’ai donc connu personnellement les témoins et
acteurs directs des évènements que je viens de relater. Ce qui autorise mon témoignage d’aujourd’hui.
Lorsque les délégués de cette mémorable rencontre se séparèrent, dans un Paris qui grelottait de froid ce soir là ,
immensément noir et triste, privé encore de tout, du fait des restrictions qui perduraient et ne disparaîtront
définitivement qu’en 1949, la première espérance européenne de l’après-guerre venait, enfin de se matérialise
était née.  Jean-Pierre GOUZY,
Journaliste, Membre Honoraire de l’U.E.F.
  Cette intervention a été lue lors du dernier Comité fédéral UEF qui s'est tenu les 25 et 26 novembre 2006
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