W3.2 Etude de faisabilité sur l`efficacité énergétique
Transcription
W3.2 Etude de faisabilité sur l`efficacité énergétique
W3.2 Etude de faisabilité sur l'efficacité énergétique La coordination de ce rapport: Responsable du projet : Ahmed RACHID Participants : Khaled CHAFFAR Mustapha AIT RAMI Saïda FLILA Organismes collaborateurs: L’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) Rapport préparé comme un livrable pour le projet INTERREG IV France (Manche) – Angleterre, Ecotec21. Plus des informations sur le projet INTERREG IV France (Manche) – Angleterre Manche, Ecotec21: http://www.chbg.unicaen.fr/ecotec21/?lang=en Plus des informations sur le programme Interreg IV France (Manche) – Angleterre: http://www.interreg4a-manche.eu/index.php?lang=en 2 Table des matières I. Introduction ............................................................................................................................... 5 II. Efficacité énergétique des bâtiments ..................................................................................... 5 III. Modèles d'étude de faisabilité ............................................................................................... 6 IV. Analyse et synthèse de faisabilité réalisées en France et au Royaume-Uni .......................... 8 V. Conclusion .............................................................................................................................. 12 3 Liste des annexes Annexe 1: Méthode de calcul ‘Cogénération à gaz' Annexe 2 : Application de la méthode de calcul ‘Cogénération à gaz' Annexe 3 : Etudes de faisabilité: Hampshire Amiens Métropole Medway Habitat du Littoral Université of Greenwich Annexe 4 : Description du site à remplir par le maître d'ouvrage 4 I. Introduction Ce rapport s'inscrit dans le cadre du projet ECOTEC21 ; il est relatif à l'action 2 du work-package WP3 intitulé aspects techniques de la mise en œuvre des moteurs de cogénération (production combinée de chaleur et d'électricité) dans Les bâtiments existants. Rappelons les différents items de l'action 2 qui a pour objet d'effectuer une étude de faisabilité sur l'efficacité énergétique pour différents type de bâtiments : Bâtiments patrimoniaux (bâtiments classés, monuments historiques, etc.). Logements sociaux. D'autres bâtiments publics, tels que les centres de loisirs, les hôpitaux et les universités. Pôles ou centres commerciaux (Gillingham Business Park ou Hempstead Valley shopping centre). Les partenaires concevront et installeront des compteurs de chauffage dans des bâtiments sélectionnés, reliés aux compteurs existants. Aussi ils analyseront les relevés des compteurs de chauffage et d'électricité. Par exemple, l'Université de Greenwich, Medway Campus fera partie des bâtiments testés. L'étude proposée permettra de disposer d'informations précises concernant les coûts, la performance de l'installation de la cogénération en termes d'efficacité énergétique, d'impact environnemental, et de rapport qualité/prix. Ceci servira aux autorités locales pour prendre des décisions et procéder à des amendements ou changements si nécessaire. Ce rapport, préparé et rédigé par l'équipe de l'UPJV qui est chef de file de cette action, constitue une synthèse des travaux des partenaires du projet ECOTEC21. Cette synthèse est accompagnée d'une étude plus large réalisée sur les outils existants. On y trouvera essentiellement deux aspects : Présentation et analyse des études de faisabilité sur l'efficacité énergétique réalisées au Royaume-Uni et en France par les partenaires du projet Ecotec21. Elaboration de phases dans le cadre d'une prise de décision pour évaluer l'impact économique, social et environnemental des solutions préconisées. Le rapport est organisé de la façon suivante : II. La première partie présente des généralités sur l'efficacité énergétique. La deuxième partie est dédiée aux modèles des études de faisabilité. La troisième partie est dédiée à l'analyse des études de faisabilité réalisées par les partenaires français et anglais. Efficacité énergétique des bâtiments La directive 2012/27/UE sur l'efficacité énergétique établit un cadre commun de mesures pour la promotion de l'efficacité énergétique dans l'Union Européenne, remplaçant et complétant la directive "cogénération" de 2004(2004/8/EC) et la directive "services énergétiques" de 2006 (ESD2006/32/EC). Cette nouvelle directive traite de tous les maillons de la chaîne énergétique : production, transport, distribution, utilisation, information des consommateurs. Les principales mesures de cette directive se résument comme suit (voir aussi work-package WP4.1): Limitation de la consommation énergétique à 1474 Mtep d'énergie primaire et/ou à 1078 Mtep d'énergie finale d'ici à 2020». 5 Choix des critères pour les objectifs nationaux qui dépendent de l'efficacité énergétique, par exemple sur la base des économies, de la consommation d'énergie primaire ou finale. Réalisation de certaines économies d'énergie durant la période d'obligation (du 1er janvier 2014 au 31 Décembre 2020). Les grandes entreprises devront effectuer un audit énergétique au moins tous les quatre ans. Le premier audit doit être réalisé au plus tard le 5 décembre 2015. Le secteur public devra montrer l'exemple à partir du 1er janvier 2014. En effet, les administrations centrales devront rénover 3 % des bâtiments qu'elles possèdent et occupent. Elles devront tenir compte de l'efficacité énergétique dans leurs procédures de marchés publics, dans la mesure où certaines conditions sont réunies (rapport cout/efficacité et faisabilité économique,..) D'ici au 31 décembre 2015, des systèmes de surveillance du taux d'efficacité des nouvelles installations de production devront être mis en place. Ainsi, des études nationales sur le potentiel de la cogénération et des réseaux de chaleur devront être réalisées. En plus, des mesures favorisant la promotion de ces techniques devront être adoptées. Pour améliorer la performance énergétique des bâtiments dans l'Union Européenne, une directive 2002/91/CE sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) a été signée en 2003. Elle préconise de prendre en considération tant les conditions climatiques externes et internes du bâtiment que les particularités locales en matière de rapport coût/efficacité. En effect, l'objectif est de réduire la consommation d'énergie dans les bâtiments en Europe, sans provoquer d'énormes dépenses supplémentaires, tout en améliorant sensiblement le confort. L'instrument législatif adopté impose aux états membres de fixer des seuils de consommation énergétique maximale pour un bâtiment neuf comme pour un existant, et ceci avec des exigences progressives. Pour cela un processus de certification nommé « Diagnostic de Performance Énergétique (DPE)» a été utilisé pour établir l'étiquette énergie et l'étiquette climat des bâtiments dans le but de rendre la consommation énergétique beaucoup plus visible pour les propriétaires, les locataires et les utilisateurs. En France, dans le cadre de la mise en application des lois liées au Grenelle de l'environnement, la réglementation thermique RT2012 vise un niveau de performance se référant au label BBCEffinergie (bâtiment basse consommation). Soit une consommation moyenne en énergie primaire inférieure à 50 kWhEP/m2/an. Cette valeur est définie en fonction des zones climatiques et de l'altitude du terrain de la construction. Par contre, dans les bâtiments qui ont d'autres usages que l'habitation, la consommation conventionnelle d'énergie est inférieure ou égale à 50 % à la consommation de référence définie par RT 2005. Concernant le label BEPOS-Effinergie 2013, la modification vise à ouvrir le label à l'ensemble des bâtiments tertiaires. Il sera donc possible dès le 1er octobre 2014 d'obtenir le label BEPOSEffinergie 2013 pour tout type de bâtiments concernés par RT 2012. On note qu'une mesure de perméabilité à l'air est obligatoire pour tout logement BBC-Effinergie. Mais cette mesure n'est pas obligatoire pour un bâtiment à d'autres usages que l'habitation. Ainsi, la valeur de la perméabilité doit être inférieure à 0,6 m3/h.m² pour une maison individuelle et 1 m3/h.m² pour des logements collectifs. Cette valeur quantifie le débit de fuite traversant l'enveloppe du bâtiment. III. Modèles d'étude de faisabilité La rentabilité économique d'un projet de cogénération est très sensible aux prix des carburants et de l'électricité. En France, les prix de l'électricité sont les plus faibles en Europe alors que les prix des combustibles ne cessent d'augmenter. Cette situation a eu un effet défavorable au développement du marché de la cogénération. 6 On note que le calcul de la rentabilité d'un projet de cogénération est généralement basé sur la recherche de la taille optimale de l'installation qui procurera le maximum d'avantages. Ainsi plusieurs tailles de cogénération doivent être évaluées selon un bilan énergétique. La partie suivante présente un processus d'étude de faisabilité qui s'articule autour des axes suivants : - Objectif. Méthodologie d'étude de faisabilité. Modèle d'étude de faisabilité. 1. Objectif La réalisation d'une étude de faisabilité de cogénération dans le secteur résidentiel et tertiaire est une étape très importante dans le processus de prise de décision. L'analyse économique se base sur un calcul de retour sur l'investissement qui tient compte de certains issues tels que : Les quantités d'électricité et de chaleur produites par le système de cogénération qui peuvent être utilisées sur place. (l'excès d'électricité peut être revendu). La quantité de l'énergie achetée pour compenser le déficit par rapport aux besoins. La quantité et le coût du combustible associés à la gestion du système de cogénération. Le coût pour installer et entretenir le système de cogénération en tenant compte des avantages et des subventions. En cas de panne, estimer les coûts supplémentaires et déterminer les avantages associés à l'utilisation du système d'alimentation de secours. L'impact des futures augmentations ou diminution des tarifs. 2. Méthodologie d'étude de faisabilité L'objectif de l'étude de faisabilité est de trouver la meilleure solution technologique pour l'unité de cogénération à installer. Il s'agira de choisir celle qui maximalise la rentabilité du projet, c'est-àdire en tenant compte d'une combinaison entre un temps de retour minimum et un gain annuel net maximum. Ensuite, il s'agira de simuler le fonctionnement « réel » de cette unité de cogénération sur la base des profils thermiques et électriques. La simulation permet de connaitre précisément à quel moment le moteur doit tourner afin de calculer les différents gains (facture électrique, facture chaleur et certificats verts) et dépenses associés au système de cogénération. Le choix de la puissance du module à installer se fera en simulant plusieurs tailles pour l'unité de cogénération et en choisissant celle qui maximalise la rentabilité financière selon différents scénarios de fonctionnement. Finalement, l'impact environnemental est également pris en compte à travers la détermination de taux d'énergie renouvelable et le calcul de la quantité de CO2 rejetées par unité d'énergie produite. C'est une méthode d'aide à la décision qui permet d'évaluer la pertinence technico-économique d'une installation de production décentralisée de chaleur et d'électricité. Une bonne connaissance du bâtiment (ou un ensemble de bâtiments) faisant l'objet de l'étude est indispensable pour cerner le cadre de l'étude de faisabilité. Il s'agit de recenser : - Son affectation principale (activités, ...). Son adresse et le type de zone. Sa position et son orientation. L'année de construction. Une photographie aérienne. Ses surfaces. 7 - Ses rénovations ou ses extensions. Les périodes d'occupation et les horaires d'occupation pour chaque pièce ou chaque zone. Ses installations thermiques et électriques. Afin d'évaluer l'intégration technique de l'unité de cogénération, il est donc primordial de vérifier : Les places disponibles pour ajouter l'unité de cogénération, l'éventuel stockage de chaleur produite ainsi que du combustible (bois, fioul, …) nécessaire à sa production. La compatibilité de l'unité de cogénération avec l'armoire électrique existante et la distance qui les séparent. La disponibilité ou l'absence du système d'extraction des gaz d'échappement. La connexion hydraulique au réseau de chauffage. Ces points représentent soit des opportunités soit des contraintes pour l'intégration technique de l'installation de cogénération et permettent d'évaluer les surcoûts liés aux adaptations nécessaires. Il est important de connaitre les consommations de l'établissement étudié pour effectuer un dimensionnement optimal de l'unité de cogénération. Il s'agit d'identifier les consommations de chauffage : eau chaude sanitaire, et la consommation électrique des auxiliaires de chauffage, ainsi que la ventilation et l'éclairage. D'un point de vue pratique, on peut se référer à l'Annexe 4 qui présente un questionnaire consulté par le maître d'ouvrage au cours de la visite in situ. 3. Modèle d'étude de faisabilité : cas d'étude réel L'étude de faisabilité est détaillée en Annexe 1 et annexe 2. Elle a pour objectif d'identifier une taille préliminaire du système de cogénération. Cette étude se base sur une estimation des charges thermiques, électriques et des horaires de demande sur le site. Afin de minimiser les coûts à un stade précoce du développement du projet, il faut faire l'estimation des charges qui est souvent basée sur l'analyse de données disponibles, par exemple, les factures de consommation. L'analyse économique est un calcul de retour sur investissement qui tient compte de : La quantité d'énergie et de la chaleur produite par le système de cogénération utilisée sur place ou revendue. Le coût et la quantité de l'énergie achetée et de la chaleur récupérée pour compenser le déficit. La quantité et le coût du combustible associé à la gestion du système de cogénération. Le coût de l'investissement pour installer le système de cogénération. La stratégie d'analyse des données est composée de trois parties : besoins électriques, besoins thermiques et les informations techniques sur l'unité de cogénération. Un exemple d'étude de faisabilité est présenté en Annexe 2, en se basant sur un module de cogénération qui fonctionne en hiver (1er novembre au 31 mars). Pour ce module, la production électrique est autoconsommée dans un cas et revendue dans l'autre. La production thermique est valorisée dans le chauffage du bâtiment client. Dans cette étude, les tarifs de gaz et d'électricité utilisés sont ceux de l'année 2012. La méthode de calcul et les résultats sont fournis en Annexe 1. IV. Analyse et synthèse de faisabilité réalisées en France et au Royaume-Uni Cette partie est dédiée à une synthèse sur les études de faisabilité réalisées en France et au Royaume-Uni par les partenaires du projet Ecotec21. Les détails de ces études sont présentés en 8 Annexe 3. 1. Synthèse des études de faisabilités Dans le cadre du work-package W3.2, les partenaires français et anglais ont participé à la réalisation de plusieurs études de faisabilités dans le but de : - Evaluer l'intégration technique d'une unité de cogénération dans une chaufferie et une installation électrique existantes. - Trouver la taille de l'unité de cogénération et la technologie qui permet de maximiser la rentabilité financière d'un tel projet. - Dresser l'impact d'une cogénération du point de vue énergétique, économique et environnemental. Dans ce cadre, on va présenter 11 études effectuées et finalisées par les partenaires : Hampshire County Council : trois études faites par des cabinets spécialisés dans divers lieux: Université de winchester, Hôpital Royal County Hampshire (RHCH) et prison de Winchester. Ces études tiennent compte des économies potentielles grâce à la réduction des prix de l'énergie, des coûts d'exploitation et aussi de la maintenance. Le tableau suivant donne plus d'information: Université winchester Hôpital Royal County Hampshire Prison Winchester CO2 : 327 tonnes CO2: 963 tonnes CO2: 278 tonnes Frais de connexion : 43 Frais de connexion : 154 Frais de connexion : 53 Caractéristiques : 1x1.56MWe CHP moteur, chaudières 3x5 de gaz à MWth, 232 cu.m. stockage thermique. Réduction de carbone : 1 564 tonnes (soit 35% de réduction). Coût estimé : 6,730,000 £ Amiens Métropole : La ville d'Amiens a transmis deux études : centre de loisir Blaise Pascal et groupe scolaire Condorcet. Dans le cadre de la création du réseau de chaleur Sud biomasse, la ville d'Amiens a raccordé de nouveaux équipements sur le réseau existant de la Zup Sud qui est alimenté par une sous-station située dans l'ancienne chaufferie rue Pierre Rollin. Le raccordement des deux nouveaux bâtiments permet d'améliorer les performances énergétiques de la cogénération tout au long de la période de production du 1er novembre au 31 mars. Le raccordement de nouveaux bâtiments génère une recette supplémentaire sur la vente d'électricité à EDF d'environ 10 000 € par an sur la prime d'efficacité énergétique. Le tableau suivant donne plus de renseignement : Groupe scolaire Condorcet Année de construction : 1975 Surface : 2126.2 m2 Montant de la rénovation thermique : 1 700 000 € TTC Type : Chaudière à biomasse Remarque : cette étude permet de baisser les rejets de GES de plus de 40% Centre de loisirs Blaise Pascal Année de construite : 1970 Surface : 797 m2 Montant de la rénovation thermique : 930 000 € TTC Type : Chaudière à biomasse Remarque : cette étude permet de baisser les rejets de GES de plus de 60% Caractéristiques : Puissance gaz 12286 KW, puissance électrique fournie 4300KW, puissance thermique récupérée 6143 KW et pertes 1843KW. Avec un rendement thermique de 85% Medway County Council: a effectué quatre études à différents endroits : Medway Park, Strood Leisure, Gun Wharf et Innovation Centre. Ces études montrent que les technologies 9 de cogénération biomasse sont couteuses et difficiles à acquérir. Par contre, le centre d'innovation est exclu puisque il n'utilise pas la chaleur générée par CHP. Medway Park Type de bâtiment: centre de loisirs et sportifs Taille approximative: 9,900 m2 Espace potentiel des plantes externe : 130 m2 Type : Chaudière à biomasse Strood Leisure Centre Type de bâtiment: centre de loisirs et sportifs Taille approximative: 4,400 m2 Espace potentiel des plantes externe : 65 m2 Type : Chaudière à biomasse Gun Wharf Type de bâtiment: bureaux du Conseil Taille approximative: 18, 900 m2 Espace potentiel des plantes externe : 105 m2 Type : Chaudière à biomasse Caractéristiques : entrée (bois de chauffage) 400 KW, sortie (thermique) 320 KW, sortie (électrique) 40KW. Avec un rendement global théorique de 90% Réduction de carbone : 65 tonnes en CO2 Habitat du Littoral : a fait une étude thermique et technique sur un bâtiment de logements sociaux (Béthanie) qui va être réhabilité pour tester la cogénération. Pour cela, le logiciel Perrenoud (Ubat, coefficient Cep) a été utilisé. Le tableau suivant donne plus de renseignement : Surface : 761m2 Type de bâtiment : logement collectif Année de construction : entre1975 et 1977 Habitat du Littoral Type : Bois granulé Caractéristiques : Puissance 70KW, avec un rendement de 92% Université of Greenwich : a développé un modèle d'étude de faisabilité pour l'installation de systèmes de cogénération dans des bâtiments existants au sein de l'université. 2. Analyse et discussion Au stade initial d'un projet de cogénération, les questions qui viennent généralement à l'esprit sont les suivantes : - Est-il possible d'installer une unité de cogénération dans mon établissement ? - Combien cela va-t-il me coûter ? Est–ce rentable? - Quelle est la part de ma consommation de chaleur qui peut être produite par la cogénération ? - Quelle puissance faut-il installer ? - Dois-je consommer ou vendre l'électricité produite ? - Quelle sera la réduction des émissions de CO2 ? - Est-ce que je vais recevoir des certificats verts ? Et combien? Les réponses à ces questions ne sont pas immédiates mais se fondent sur l'évaluation d'une série de critères techniques, économiques et environnementaux qui s'inscrivent dans une “démarche projet”. On note que l'installation de cogénération est dimensionnée par rapport au besoin de chaleur. L'étude thermique réalisée par Habitat du Littoral a montré que l'intégration d'une cogénération permet de baisser l'énergie primaire de 359 KWhep à 94 KWhep et pour les émissions de gaz à effet de serre de 102 CO2/m2.an à 2 CO2/m2.an. Par contre, le partenaire Medway County Council a conclu que l'installation est couteuse et difficile à mettre en place. On remarque qu'au niveau de la gestion de l'énergie électrique en France, l'électricité est réinjectée 10 dans le réseau public. Par contre, au Royaume-Uni, l'électricité est en général raccordée aux réseaux internes des clients et souvent autoconsommée. Ainsi, on note qu'EDF a une obligation de rachat en France depuis 1997 avec des contrats de 12 ans. Toutefois, depuis 2001, les critères sont devenus plus contraignants en termes de rendement électrique et thermique. En outre, en France , on gaspille plus d'électricité car le système de cogénération doit fonctionner 5 mois en période froide à puissance constante alors qu'au Royaume-Uni, la durée est libre et la puissance est modulable sur l'année. De ce fait, il en résulte une cogénération plus compétitive. 3. Démarche d'un projet de cogénération Parmi les étapes à suivre pour le montage d'un projet de cogénération, plusieurs phases doivent être considérées : - Phase 1: Envisager toutes les législations actuelles relatives à la réglementation de la cogénération et de la planification. Ensuite, il est nécessaire d'évaluer l'efficacité énergétique afin de réduire les besoins en énergie : examiner les systèmes de contrôle de gestion de l'énergie, examiner l'efficacité de l'éclairage et l'isolation, vérifier les détecteurs de présence, identifier les obstacles physiques qui peuvent entraver les travaux de construction…. - Phase 2: Faire un calcul sur la charge électrique et de la chaleur. Ces calculs devraient couvrir une période d'un an minimum et les périodes de demande de pointe (période froide) ainsi que les périodes de faible demande. Cette étape d'analyse doit être basée sur la consommation d'énergie en faisant appel aux factures. L'analyse permet de déterminer le rapport chaleur/électricité et de le comparer à la référence établie. - Phase 3: C'est la phase de mesures détaillées et de la collecte de données pour : la température, la consommation électrique et le carburant. Ainsi, il faut établir le profil de la consommation de base pour l'installation, y compris les besoins futurs. - Phase 4: Faire des évaluations technologiques: moteur à combustion interne, Moteur Stirling, Moteur à vapeur, Micro‐turbine à gaz, Turbine à vapeur, Turbine à cycle combiné, Pile à combustible. Il faut alors déterminer le rapport thermique / électrique pour chaque technologie et établir le type et la quantité nécessaire de carburant ainsi que la puissance thermique et électrique. - Phase 5: Cette étape concerne la conception de la centrale de cogénération qui dépend des profils de la demande et des modes d'occupation. Préalablement, toutes les options de conception doivent être considérées et analysées. - Phase 6: Cette étape est consacrée au dimensionnement de la centrale de cogénération par rapport aux besoins énergétiques actuels et futurs. - Phase 7: On doit sélectionner le moteur de cogénération suivant certains critères : la production nette, le taux de chaleur, le rapport de chaleur/puissance, le coût d'installation du moteur et les coûts opérationnel et d'entretien. Ceci suivant les exigences et les contraintes environnementales: niveaux d'émission, niveau de bruit et impact visuel et le type du carburant (disponibilité, systèmes d'alimentation, cohérence,..). - Phase 8: On doit faire une évaluation réaliste de la fiabilité du système. Il faut tenir compte de plusieurs éléments : la performance et les besoins d'entretien, la connexion aux réseaux d'approvisionnement de carburants et au réseau de distribution d'électricité, le traitement et le stockage de carburant... 11 - Phase 9: Il faut estimer le coût du système de cogénération, y compris tous les auxiliaires associés ainsi que les coûts relatifs à la gestion de projet, la planification, la conception, la mise en service, les coûts d'infrastructure, les matériaux et la construction. Il faut également tenir compte du coût de fonctionnement : personnel responsable, suivi de l'installation et de la maintenance. - Phase 10: La dernière étape est l'analyse les risques. Il s'agit de vérifier la fiabilité du moteur, les risques techniques, la disponibilité des pièces de rechange, les risques d'approvisionnement du carburant (voir aussi work-package WP.4.2). 4. Tableau récapitulatif des principaux critères Le tableau récapitulatif suivant considère les principaux critères de décision pour l'installation de la cogénération (voir aussi work-package WP4.2), ils sont les suivants : Choix technique Choix technologique Impact du projet Décision politique V. Les principaux critères - Caractéristiques du bâtiment - Installation existante - Intégration avec l'installation électrique existante - Dimensionnement (taille de cogénération) - Qualité - Point de vue énergétique : la consommation en électricité, la production et les gains en électricité, la consommation de la chaleur - Point de vue économique : coût d'investissement, gains, économie d'énergie primaire. - Point de vue environnemental : réduire les émissions polluantes, dont le CO2. - Point de vue financier : plus d'économie budgétaire. - Faciliter l'installation de centrales de cogénération - Contribuer au développement durable : à court terme : conforter les installations de cogénération existantes et promouvoir de nouvelles centrales à moyen et à long terme : créer le cadre nécessaire pour qu'une cogénération à haut rendement réduise les émissions de CO2 et d'autres substances nuisibles. Conclusion La faisabilité d'une cogénération est possible selon des critères et des choix bien précis. Dans le cadre du work-package W3.2, quelques généralités sur l'efficacité énergétique ont été présentées. Une méthodologie pour l'étude de faisabilité réalisée par l'équipe de l'Université de Picardie Jules Verne, avec une application à un cas pratique a été réalisée. L'analyse et la synthèse des études de faisabilité effectuées par les partenaires français et anglais ont été présentées en se basant sur des critères techniques, économiques et environnementaux sur la cogénération. Ainsi, on a vu que la taille de l'unité de cogénération optimale à installer permet d'assurer une partie des besoins thermiques et électriques, tout en réalisant une importante économie en énergie primaire, et surtout en émissions de CO2. 12