Residences seniors
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Residences seniors
2283186 Région DEF DIMANCHE 13 JUIN 2010 44 Troisième âge Des logements adaptés, pour être chez soi sans être tout seul Le concept de résidence pour seniors n’est pas neuf mais connaît une nouvelle jeunesse. C’est quoi exactement ? Réponse avec les résidents des Dahlias, à Kingersheim. Si vous voulez faire réagir Raymonde (80 ans), Irène (83 ans) ou Lilly (90 ans), parlez-leur de maison de retraite : « Ah non, ne dites pas ça ! s’exclame Raymonde, en train de coudre un tablier. On n’est pas des vieux ! » « Une amie m’a demandé si je pouvais sortir après 18 h ! » s’indigne Irène. Mais ici, je suis chez moi ! » « Ce qui me choque dans les maisons de retraite, c’est l’odeur, intervient Michèle, bénévole lors des séances de bricolage du mardi. Ici, c’est comme si c’était un collectif, sauf que tout le monde se connaît ». Et qu’une vingtaine de ses habitants se retrouvent régulièrement dans une pièce commune pour bricoler, jouer, manger, papoter… Aider sans assister Les Dahlias, à Kingersheim, ça n’est donc pas une maison de retraite («Précisez-le ! » insiste Raymonde), mais l’une des treize résidences seniors gérées par l’Association haut-rhinoise d’aide aux personnes âgées (Apa). Le slogan à l’entrée résume le concept : « Chez soi en toute sérénité ». On peut le décliner en : « Chez soi signifie que le résident s’est levé (un détecteur est placé dans la salle de bains). Si la diode n’est pas allumée, Christine appelle, sonne, voire entre dans l’appartement, sachant bien que « c’est chez eux, pas chez moi ! » Elle n’est ni l’infirmière des résidents, « ni leur fille, ni leur copine, ni leur grand chef », mais elle est là pour prévenir la famille ou les médecins traitants dès qu’elle constate le moindre souci. Les personnes les plus fragiles peuvent s’abonner en plus à un service d’alarme, par un bip porté sur soi. Et quand Christine n’est plus là, son numéro renvoie sur une personne d’astreinte. « Ni fille, ni copine, ni grand chef » Irène, Christine, Lilly et Raymonde (de gauche à droite), lors de la séance bricolage du mardi après-midi, dans un salon commun de la résidence senior Les Dahlias, à Kingersheim. Photos Jean-Paul Domb sans être tout seul ». La formule répond à un besoin démographique : on vit plus vieux, et entre la pleine forme et la pleine dépendance, il y a un âge où l’on a envie d’être encore autonome mais déjà accompagné. Les résidences de l’Apa, de l’Abrapa, de la Mutualité sociale agricole (les Marpa) ou imaginées par des organismes ou sociétés pri- vés (voir ci-dessous) s’efforcent d’atteindre cet équilibre, en regroupant des logements pour seniors autour de pièces communes et de services : animations, restauration et surtout présence rassurante d’une ou plusieurs personnes, qui veillent discrètement à ce que tout le monde aille bien. Aux Dahlias, c’est Christine Kuntzmann qui tient le rôle de « gérante animatrice ». Elle est là pour aider sans assister (« car on vieillit plus vite si on fait tout à votre place ») du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 17 h. Son premier regard, le matin, est pour un tableau électronique : il y a une diode pour chacun des 33 appartements (18 F1, 15 F2) ; si la lumière est rouge, tout va bien : ça « Je me sens plus en sécurité que dans mon ancien appartement, confirme Irène. Je n’y retournerai plus ! ». Même discours pour Lilly, la doyenne, qui vivait seule dans une maison de cinq pièces et fait visiter fièrement son deux pièces-kitchenette-terrasse. « Ça suffit pour une ancienne, non ? » Sur une photo, on reconnaît quelqu’un : Lilly est la maman de Jean Kaspar, ancien secrétaire général de la CFDT. « Si on la laissait faire, elle créerait un syndicat ici ! » lance Christine. La doyenne rigole. Avant de redevenir sérieuse : « Je vous laisse, il faut que je retourne voir mes copines… » Dossier réalisé par Hervé de Chalendar La résidence des Dahlias a été construite il y a trois ans avec Mulhouse Habitat. En projet L’APA a en projet la construction de résidences seniors à VieuxThann (ouverture espérée en juin 2012 ; ce bâtiment de 35 logements sera aux normes basse consommation) et à Lièpvre (avec un accueil de jour pour les personnes atteintes d’Alzheimer). La MSA (Mutualité sociale agricole) qui a lancé trois Marpa dans le Haut-Rhin, à Seppois-leBas, Bréchaumont et Sentheim (depuis juin 2009), prévoit d’en construire trois autres dans le Bas-Rhin, à Kintzheim, Monswiller et Obenheim. Parmi les projets privés, on peut citer ceux initiés par MEDeTIC : l’association espère le début des travaux, entre cet été et cet automne, de trois résidences à Baltzenheim, Truchtersheim et Brumath ; et celui de la société Odelia Résidences, en train de rénover l’ancien moulin de Geudertheim. Le marché des seniors attire les promoteurs privés et beaucoup de maires sont ou seront sans doute sollicités pour des projets divers : ça devrait bouger… Diverses formules à la loupe Apa et Abrapa. L’Abrapa (Association basrhinoise d’aide aux personnes âgées) gère six résidences seniors dans le Bas-Rhin, l’Apa en gère treize dans le Haut-Rhin. Comme les autres types de résidence listés ci-après, ce ne sont pas des lieux médicalisés (il faut garder un certain degré d’autonomie), mais des logements avec des services spécifiques pour les seniors. Ces lieux se veulent ouverts aux riverains du quartier. Il existe des résidences du même type gérées par des communes ou d’autres associations. PRATIQUE. À Vieux-Thann, le loyer mensuel d’un logement type F2 sera de l’ordre de 650 € (on peut bénéficier de l’aide personnalisée au logement). Tél. Apa : 03.89.54.45.77 ; Abrapa : 03.88.21.30.21. 2282060 Albert, devant son appartement de la Marpa de la Doller, à Sentheim. Photo Thierry Gachon Marpa. La Maison d’accueil rurale pour personnes âgées (Marpa) est un label de la Mutualité sociale agricole (MSA). Ces Marpa se distinguent des résidences de l’Apa et de l’Abrapa en privilégiant le milieu rural, en se limitant à une vingtaine de logements construits de plain pied et surtout, en pro- IRE06 posant un accompagnement plus important : « Il y a sur place du personnel jour et nuit, précise Pierrette Bonjean, référente Marpa pour l’Alsace. Chaque Marpa a un personnel de six équivalents temps plein ». Il y a une restauration permanente, que les résidents choisissent ou non d’utiliser. Ce service est payant (4,50 € le dîner et 7€ le déjeuner à Sentheim) contrairement aux animations, comprises dans le prix du loyer. La Marpa de Sentheim a eu des petits problèmes de remplissage : quatre logements sont encore libres. « Mais c’est passager ! » assure Pierrette Bonjean. PRATIQUE. À Sentheim, le loyer pour un studio pour une personne seule est, avec les charges, de l’ordre de 970 € (on peut bénéficier de l’APL). Tél. 03.89.20.78.71. MEDeTIC. Fondée par le Dr Claude Deroussent, généraliste à Muntzenheim, l’association MEDeTIC veut créer des résidences « Vill’âge », qui mettent notamment en avant un fort recours à la technologie. Un premier projet était annoncé pour 2006- 2007 à Baltzenheim. Selon Michel Buckel, responsable du développement des résidences MEDeTIC, les travaux devraient enfin commencer cet été, avec la maîtrise d’ouvrage de la société Office Patrimoine Conseil de Muespach. 24 logements sont prévus (18 F3, 6 F2). L’association gérera ses résidences par le biais de structures commerciales. Un intendant vivra sur place, une animatrice viendra en journée. Ces logements sont à vendre. PRATIQUE. À Baltzenheim, appartements vendus entre 140 000 et 170 000 €. Les frais de personnels sont payés par les charges. Tél. 03.89.24.47.31. La Girandière. À Volgelsheim, une résidence La Girandière (il y en a plusieurs en France) a ouvert ses portes en novembre. Elle propose près de 80 logements et un restaurant. Les appartements ont été vendus à des investisseurs privés avant d’être mis en location aux personnes âgées. Il y a encore des places libres. PRATIQUE. À Volgelsheim, la location d’un F1 est de l’ordre de 700 €. Tél. 03.89.21.06.26.