Les retraits de permis sont à la hausse CIRCULATION •Les usagers

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Les retraits de permis sont à la hausse CIRCULATION •Les usagers
LA LIBERTÉ
CANTON
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JEUDI 9 AVRIL 2009
Les retraits de permis sont à la hausse
CIRCULATION • Les usagers de la route fribourgeois sont toujours plus nombreux à se faire retirer leur
permis de conduire. Un effet du nouveau droit routier suisse, l’un des plus sévères du continent européen.
Marc Rossier. DR
MARC ROSSIER
DIRIGERA L’OCN
L’OCN a aussi investi dans la prévention, faisant notamment l’acquisition d’un simulateur de conduite destiné aux cours pour auteurs d’infractions
routières. JULIEN CHAVAILLAZ-A
MARC-ROLAND ZOELLIG
En 2008, 3978 conducteurs fribourgeois se sont fait retirer leur permis.
C’est 10% de plus qu’un an plus tôt,
et cela confirme une tendance à la
hausse. Cette statistique, dévoilée
hier lors de la conférence de presse
annuelle de l’Office de la circulation
et de la navigation (OCN), ne signifie
pas que les usagers des routes cantonales se la jouent toujours plus Mad
Max. Il s’agit principalement d’une
conséquence du nouveau droit routier entré en vigueur le 1er janvier
2005, l’un des plus sévères d’Europe
selon Roland Klaus, directeur de
l’OCN. «Comme au foot, le second
carton jaune équivaut à un carton
rouge», a-t-il illustré. En clair: malheur à ceux qui récidivent après
avoir commis une faute de circulation sérieuse.
Dans près de la moitié des cas
(43%), c’est une vitesse excessive qui
conduit au retrait de permis. Quant à
l’ivresse au volant, elle est en cause
dans 17% des cas. En 2008, 270
conducteurs ont été astreints à suivre
un cours d’éducation routière dans
les locaux de l’OCN.
La plupart des retraits de permis
(72%) sont limités à une durée comprise entre 1 et 3 mois. Mais les retraits de longue durée sont en forte
augmentation, là encore en raison du
durcissement de la loi. Dans 8% des
cas, les retraits prononcés en 2008
l’ont même été pour une durée indéterminée. Et là, un examen psychologique peut être prescrit au conducteur fautif avant d’envisager une
éventuelle restitution de son sésame
routier.
7000 permis à l’essai
Les détenteurs du nouveau permis à l’essai sont logés à la même enseigne. Introduit le 1er décembre
2005, il a déjà été distribué à 7000
conducteurs débutants, qui doivent
se tenir à carreau pendant trois ans et
participer à deux modules de formation avant d’obtenir un permis de durée illimitée. A ce jour, 280 jeunes
conducteurs ont été sanctionnés et
ont vu leur temps d’essai prolongé
d’un an. Et 42 ont fait l’objet d’un retrait de permis pur et simple, après
une seconde infraction. Dans leur
cas, il faudra reprendre tout le cursus
à zéro, examen théorique compris. A
Fribourg, le taux de réussite à cet examen s’est d’ailleurs élevé à 71,2% en
2008. C’est bien mieux qu’en 2007,
où seuls 59,2% des candidats avaient
passé la rampe. Cette année-là,
l’OCN avait accueilli près de 2000
candidats extracantonaux d’origine
étrangère, venus passer l’épreuve
dans leur langue maternelle – Fribourg était alors l’un des derniers
cantons à proposer encore des examens en 9 langues, une offre qui a,
depuis, été uniformisée et cantonnée
aux trois langues nationales. Mal préparés car pressés, beaucoup de ces
candidats avaient échoué.
Le taux de réussite à l’examen
pratique s’inscrit, quant à lui, dans la
moyenne suisse avec 65,5%.
Plus de 200000 véhicules
Roland Klaus s’est plu à rappeler
que, malgré l’augmentation constante du parc de véhicules fribourgeois –
206 780 unités en 2008, ce qui correspond à une hausse de 1,9% par rapport à 2007 – le nombre de victimes de
la route s’inscrivait en baisse régulière.
Crise oblige, les immatriculations de
nouveaux véhicules, après avoir
connu une nouvelle hausse en 2008
(13 950, + 2,7%), ont fortement diminué durant les deux premiers mois de
2009: – 22,5% (la baisse est de 19,8%
pour l’ensemble de la Suisse).
Alors qu’il s’apprête à quitter la
direction de l’OCN pour céder la place à son vice-directeur Marc Rossier
(lire ci-contre), Roland Klaus, artisan
de l’autonomisation du service des
automobiles fribourgeois par rapport à l’Etat de Fribourg, laisse une
institution en grande forme financière. Parti avec 10 mio de dettes en
1997 – il avait fallu financer l’achat
du bâtiment de la route de Tavel, qui
va d’ailleurs bientôt être agrandi –
l’OCN dispose aujourd’hui de 10 mio
de fonds propres, auxquels il faut
ajouter 5 mio de réserves immobilières et 5 mio de provisions pour
investissement.
L’enquête de satisfaction menée
auprès des clients est elle aussi éloquente: plus de 88% d’avis positifs. Il
faut dire que le montant des émoluments (notamment pour l’établissement des permis pour jeunes
conducteurs) a été revu à la baisse. I
Une amende record pour un excès de vitesse record
ANTOINE RÜF
Le plus gros excès de vitesse enregistré
dans le canton, celui d’un Français flashé à
250 km/h par le radar fixe de l’autoroute
A12, entre Guin et Flamatt au début août
dernier, a été sanctionné par une amende
record de 70 000 francs, correspondant à
50 jours-amendes ferme, a indiqué hier le
juge d’instruction Michel Favre dans un
communiqué de presse.
Le juge Michel Favre a reconnu le conducteur coupable de violation grave des règles
de la circulation routière. Il l’a condamné à
une peine de 150 jours-amendes, dont
50 jours ferme et le reste, soit 100 joursamendes, avec le sursis maximal de 5 ans.
Compte tenu de la marge de tolérance de
7 km/h, le juge a retenu un dépassement de
vitesse de 123 km/h. Ce qui est quand
même beaucoup pour un tronçon limité à
120...
La situation financière, qualifiée de
«très confortable», du conducteur a amené
le juge à fixer le montant du jour-amende à
1390 francs. Ce qui représente à peu près
un mois de SMIC (salaire minimum français) par jour...
L’homme, qui a reconnu les faits et a
«très bien collaboré» avec la justice fribourgeoise, devra donc payer 69 500 fr. dans un
délai de trois mois, faute de quoi il pourrait
s’exposer à voir sa peine ferme transformée en 50 jours de prison.
Par ailleurs, un autre excès de vitesse en
Suisse entraînerait probablement la révocation du sursis, et donc le paiement de
139 000 fr. supplémentaires.
Pour fixer la peine, le juge d’instruction
a pris en considération le fait que le
conducteur avait déjà des antécédents
d’excès de vitesse, la lourde culpabilité que
dénote la faute commise, officiellement inégalée dans le canton, et la grave mise en
danger de la sécurité que représente un tel
excès de vitesse, même si les conditions de
circulation sont bonnes.
Preuve en est que le conducteur respectant les 120 km/h autorisés s’arrête sur
107 mètres. A 243 km/h, au bout de
107 mètres de freinage, il roule encore à
plus de 230 km/h, et il lui faut 250 mètres
de plus pour immobiliser son véhicule. La
distance de freinage est triplée.
Sous l’angle administratif, Elmar Baeriswyl, chef du secteur des mesures administratives à l’Office de la circulation, indique que la Commission des mesures
administratives (CMA) se penchera sur ce
cas une fois le jugement définitif. Elle ne
peut décider qu’une interdiction de
conduire en Suisse. Le retrait est au minimum de trois mois pour des dépassements
de 35 à 50 km/h. Au delà, il faut voir au
coup par coup, en fonction des circonstances. Mais il serait étonnant que le
conducteur s’en tire avec une interdiction
minimale.
Le dossier sera ensuite envoyé aux autorités françaises, qui risquent bien d’en «remettre une couche» selon les barèmes
français. C’est en tout cas ce qui se passe
dans le cas inverse, d’un automobiliste
suisse commettant un délit routier grave à
l’étranger, conclut Elmar Baeriswyl. I
Le nom du nouveau directeur de l’OCN est
connu: il s’agit de Marc Rossier, qui a
occupé le poste de directeur suppléant
durant près de huit ans. Cet économiste
d’entreprise HES, âgé de 45 ans, marié et
père de deux enfants, a été sélectionné
parmi 34 candidats, a expliqué hier le
conseiller d’Etat Erwin Jutzet, par ailleurs
président du conseil d’administration de
l’OCN. Dans un communiqué adressé aux
médias, il rappelle que Marc Rossier a
démontré «de larges compétences dans le
domaine de la gestion/direction d’entreprise. Sa personnalité affirmée et sa vivacité d’esprit, de même que ses excellentes
connaissances du fonctionnement des instances cantonales et communales (il a
siégé au Conseil communal de Farvagny
jusqu’en 2006, et préside actuellement sa
commission, ndlr) ont également convaincu
le Conseil d’Etat.»
Entré à l’OCN en 1996, le nouveau directeur avait auparavant occupé diverses fonctions au sein de l’économie privée et du
secteur public, dans les domaines de la
comptabilité et de la révision. Titulaire d’un
diplôme fédéral d’expert en finance et
controlling, il a aussi été chef de la comptabilité générale de l’Etat de Fribourg entre
2000 et 2001. Directeur suppléant de l’OCN
depuis août 2001, il a notamment conduit le
programme de décentralisation des prestations ayant abouti à la mise en service des
succursales de Domdidier et Bulle en 2002
et 2005. Marc Rossier prendra ses fonctions le 1er août. MRZ
LATOLÉRANCE ZÉRO
La police cantonale entend
appliquer la tolérance zéro
pour les chauffards de la route.
Elle va ainsi effectuer de
grands contrôles de circulation
sur tout le territoire cantonal.
rentes infractions à la loi sur la
circulation routière. Le radar,
installé sur la route de Fribourg
à Marly, où la vitesse est limitée à 50 km/h, a flashé deux
voitures à 106 et 134 km/h.
Un de ces contrôles avec plusieurs agents, en collaboration
avec le groupe radar, s’est
déroulé dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 avril, entre
20 h 30 et 2 heures, en ville de
Fribourg. Bilan: 106 conducteurs contrôlés, dont 24 qui
ont dû se soumettre à un test à
l’éthylomètre. En outre, deux
conducteurs ont eu leur
permis retiré pour conduite en
état d’ivresse. Un automobiliste sera dénoncé pour
conduite sous l’influence de
stupéfiants, deux autres pour
conduite sous l’influence de
l’alcool entre 0,5 et 0,8‰, et
13 autres encore pour diffé-
Les motards devront aussi se
tenir à carreau. La police rappelle que l’an dernier, cinq
d’entre eux ont perdu la vie
dans le canton. Le dimanche
22 mars, dans les crottes de
Cheyres à Châbles, le radar a
contrôlé 69 motos, dont 21 en
infraction. Un motard a été
flashé à 134 km/h sur ce tronçon limité à 80 km/h. Et mardi,
en fin de journée, sur la route
cantonale Le Bry-Bulle, où la
vitesse est limitée à 80 km/h,
le radar a enregistré le passage
de deux motards, respectivement à 133 et 157 km/h. Le
second s’est fait saisir son
permis sur-le-champ. KP