wathever lola wants

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wathever lola wants
Fiche n° 849
Whatever Lola wants
23 - 28 juin 2010
http://cinemateur01.com
Whatever Lola wants
de Nabil Ayouch avec Laura Ramsey, Carmen Lebbos -1h55
"La seule image du Monde arabe véhiculée aujourd’hui
par les médias occidentaux évoque la guerre, le terrorisme et l’extrémisme religieux. Comme si le Monde
arabe s’était déshumanisé, incapable d’échanger et de
transmettre sa culture, comme si l’être humain, dans
toute sa complexité, n’y avait plus sa place. L’Orient et
l’Occident sont deux Mondes, certes, que beaucoup sépare, ou que l’on veut séparer. Ces deux Mondes ont
leurs différences, leur culture, leur histoire. A travers les
siècles, ces histoires se sont croisées, des échanges et
des transmissions de savoir et d’art ont eu lieu. J’ai voulu
faire un film où l’humain retrouve sa vraie place au cœur
de la problématique identitaire qui préoccupe ces deux
Mondes ; où la transmission soit à la base de toute forme
d’échange - apprendre à donner pour mieux recevoir -, où ce
qui nous unit et nous désunit, ce n’est plus le terrorisme
ou les bombes, mais ce que nous sommes avec nos dé-
fauts et nos qualités, et au-delà, notre capacité à les
transcender pour mieux nous connaître. La danse peut
permettre ce rapprochement. La danse orientale comme
danse millénaire, porteuse d’une culture riche, élément
primordial d’une civilisation ; la danse orientale, comme
danse du ventre, de la procréation, qui a donné naissance à
tant de beaux « mouvements ». Quand Ismahan transmet
à Lola sa passion pour la danse, quand elle lui parle du
« Tarab », cet état extatique si particulier, elle lui donne
un peu d’elle-même, de ses craintes, ses souffrances, et
de son histoire. Quand Lola transmet à Ismahan sa passion pour la vie, elle la ramène dans un présent fait d’espoirs et lui permet de redécouvrir ce qu’elle avait enfoui
de plus beau en elle. Lola et Ismahan nous racontent
une histoire simple, la rencontre de deux femmes de
cultures différentes dont les destins sont liés".
(Nabil Ayouch, dossier de presse)
Olivier Barlet - Africulture
Lola est jolie, 25 ans, postière à New
York et passionnée de danse. Son
meilleur ami, Youssef (Achmed Akkabi),
est égyptien et lui montre les cassettes
de son idole, la légendaire danseuse
Ismahane (Carmen Lebbos). Tombée
amoureuse d'un autre Egyptien, le
beau Zack (Assad Bouab), elle fait le
voyage du Caire pour le retrouver.
Mais ça ne marche pas mieux qu'à
New York, et la voilà à devoir gagner
sa vie, ce qu'elle fait dans les cabarets
en dansant avec le succès exotique de
ses cheveux blonds. Elle retrouve Ismahane qui vit recluse et arrive à la
convaincre de la prendre comme
élève… Musique, danse et scénario à
rebondissements : Nabil Ayouch fait
un film populaire, entraînant et flamboyant dans les scènes de danse dont
certaines (le mariage) évoquent Bollywood. Lola développe une telle énergie pour arriver à ses fins qu'elle finit
toujours pas l'obtenir, ce qui fait le titre
du film et du show qu'elle ramènera à
New York de son expérience égyptienne. Elle arrivera ainsi à convaincre
la ténébreuse Ismahane de sortir de
sa prison intérieure. Elle est par contre
moins heureuse en amour où le volontarisme est moins payant que dans la
maîtrise de la danse orientale. On notera d'ailleurs que Nabil Ayouch, qui a
choisi la jeune Laura Ramsey parmi
300 candidates, a finalement pris la
seule à ne pas être danseuse. Elle dut
travailler intensivement la danse du
ventre durant six mois à Casablanca
avant le tournage.
Le pari de Nabil Ayouch est bien
sûr d'amener ainsi une jeune Américaine à se passionner pour la culture
arabe, à l'encontre des peurs actuelles
mais sur la base du cliché occidental
de la sensualité. En enrichit-il le contenu ou même le critique-t-il ? La vision
de Lola reste bien caricaturale, sans
réel rapport avec les jeunes Égyptiens
et la vie sociale du pays, mais elle est
foncièrement positive et surtout ouverte à une rencontre déjà concrétisée
à New York avec Youssef. Lorsque le
Caire défile en sens inverse quand elle
va reprendre son avion, ce n'est plus
la même ville qu'elle regarde. C'est elle
qui aura ouvert Ismahane à la vie : en
reprenant ainsi le vieux schéma hollywoodien de l'Américain(e) qui aide
l'Africain à franchir un pas, Ayouch
triture en fait le spectateur occidental
là où le bât blesse car le personnage
de Lola reste foncièrement extérieur à
ce monde. Elle le manipule par la force
érotique de son altérité mais ne se
départit jamais de sa confondante naï-
veté. Elle comprendra en fait vite que
sa vie est ailleurs et qu'il faut laisser
les gens vivre à leur façon. Un vrai
programme politique.
A la première mondiale du film au
festival de Dubaï, des voix n'appréciaient guère cette donneuse de leçon
américaine et l'ouverture ainsi manifestée par le réalisateur marocain à qui
l'on conseillait de plutôt consacrer ses
films aux problèmes du monde arabe.
Réflexe grégaire qui ne percevait pas
le potentiel explosif d'un film de facture
grand public qui propose ainsi de comprendre l'Autre et d'y aller voir sur
place. Ce n'est pas révolutionnaire,
c'est simplement une voix du Sud qui
met les points sur les "i". Et en profite
pour rappeler qu'en tout pays des gens
opèrent les ponts entre les cultures,
que l' "ennemi Amérique" n'échappe
pas à la règle et que la caricature n'est
pas le meilleur moyen de répondre au
préjugé.
Dérangeant, Whatever Lola wants
l'est sans doute moins que Le Chaos
de Chahine mais s'il puise dans la
même facture épique, ludique et romance du cinéma égyptien, il a bien sa
manière à lui de bousculer les clichés
au Nord comme au Sud.
Secrets de tournage
Le titre "Whatever Lola Wants" fait référence à la célèbre chanson de Sarah Vaughan écrite dans les années 50. Elle est d'ailleurs
reprise pour les besoins du film par Natacha Atlas sur une nouvelle orchestration du groupe Trans-Global Underground.
Né à Paris d'une mère française, juive et d'un père marocain, musulman, ayant vécu autant au Maroc qu'en France, le réalisateur et
scénariste Nabil Ayouch confesse se sentir profondément oriental et occidental : "Quand on aime vraiment un être, un pays, un peuple,
il est difficile d'en parler sans le critiquer. Quand on en aime deux, c'est encore plus difficile car les forces de l'un sont souvent les
faiblesses de l'autre. Ce film est pour moi celui de la réconciliation."
L'idée de Whatever Lola Wants a germé dans l'esprit de Nabil Ayouch en 1999 quand sa co-scénariste Nathalie Saugeon lui raconta
l'histoire tragique d'une star de la danse orientale. En plein succès, la jeune femme connut plusieurs amants jusqu'au jour où elle fut
surprise par son mari avec l'un d'eux. Par crainte de sa colère, elle sauta la fenêtre, se fracturant les deux jambes et brisant ainsi sa
carrière. Elle devint ensuite vendeuse de cigarettes dans la rue.
La semaine prochaine : 2 films
Dans ses yeux
réalisé par Juan José Campanella
8 fois debout
réalisé par Xabi Molia
avec Denis Podalydès,
Julie Gayet, Constance Dollé