Matière organique et structure du sol

Matière organique et structure du sol
On entend souvent dans les discussions que « la matière organique
structure le sol ». C’est n’est pas
aussi simple. S’il est vrai qu’un déficit de matière organique peut gêner
la structuration de certains sols, un
excès de matière organique peut
également être préjudiciable et surtout la manière de gérer les apports
de matière organique va être déterminante pour la structuration des
sols.
Comment un sol se structure-til ?
La structure d’un sol c’est la manière dont les particules fines qui le
compose sont agrégées. Cette agrégation permet de libérer l’espace
nécessaire à la circulation de l’eau,
de l’air et surtout à l’exploration du
sol par les racines.
Les agrégats se tiennent grâce à
une « colle » qui les enrobe ou qui
les lient entre eux. Cette « colle »
peut être :
•Purement minérale : carbonate de
calcium (dans certains sols calcaires), allophane, hydroxyde de fer…
•Purement organique : les mucus
produits par les micro-organismes
du sol enrobent et lient entre eux
les particules fines
•Organo-minérale : les molécules de
matière organique sont liées aux
particules minérales par un atome
de fer (pont ferrique), cette liaison
est stabilisée par un atome de calcium. C’est le fameux complexe argilo-humique ou le complexe limono
-humique.
Les trois types d’agrégation des particules fines dans les sols
Le complexe organo-minéral (argilohumique ou limono-humique)
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L’enseignement agricole en France
a pris l’habitude de toujours représenter la structuration sous la forme d’un complexe argilo-humique.
Mais ce modèle ne représente que
10% des sols de la planète. Il n’est
possible que dans des sols pourvus
en argile vraie (argile minéralogique en feuillet à ne surtout pas
confondre avec les argiles granulométrique de vos analyses de texture), en fer de liaison et en calcium.
C‘est pourquoi il n’est pas si fréquent.
Le complexe limono-humique (lien
entre des particules très fines de
silice et des molécules organiques)
est peut être plus fréquent dans
nos sols du massif armoricain mais
encore faut-il que ceux-ci comportent du fer de liaison et du calcium
(pas forcément du calcaire).
Par contre les mucus microbiens
(colle organique) sont présents dés
que les micro-organismes du sol
(bactéries, levures, champignons,
protozaires…) sont nombreux et
bien actifs. C'est-à-dire lorsqu’il y a
une activité biologique intense
dans les sols.
Favoriser
intense
l’activité
biologique
organismes aérobies ont besoin d’une température favorable, de nutriments (matière organique, azote,
eau,…) et d’oxygène. Ils sont très
peu actif en hiver sous notre climat
et en été s’il fait très sec. Au printemps, les micro-organismes se
« réveillent », mais ils se réveilleront d’autant plus rapidement qu’ils
disposeront de matière organique
rapidement utilisable, d’azote utilisable et d’oxygènes. Les apports de
matière organique du printemps
doivent donc fournir cet azote et
ces matières organiques facilement
utilisables. Par contre cet apport ne
doit pas être fait trop tard pour éviter les faims d’azote lors de la croissance des cultures.
Le lisier est riche en azote mais les
matières organiques qu’il contient
ne sont pas facilement utilisables
(ce sont notamment des résidus
organiques qui n’ont pas été digérés
par les animaux et qui sont donc
difficiles à dégrader). Le lisier n’aura pas d’effet structurant.
Le fumier est équilibré en azote,
matière organique facilement utilisable et matière organique plus stable. Lors d’un apport de fumier au
printemps, les matières organiques
facilement utilisables vont être utilisées par les microorganismes pour
attaquer les matières organiques
plus stables etc.… Cette activité biologique intense va avoir l’effet
structurant recherché.
Raisonner le compostage
Si on veut atteindre une bonne
structure de sol il faut favoriser
cette activité biologique intense.
Surtout si le sol est incapable de
former
un
complexe
organominéral.
On peut souhaiter apporter un fumier assaini : diminution des risques sanitaires, destruction de graines d’adventices, …. Cet assainissement se fait par compostage. Mais
là aussi il faut être prudent et savoir précisément de quoi on parle.
Pour
travailler,
les
microorganismes aérobies ont besoin
d’une température favorable, de
nutriments (matière organique,
azote, eau,…) et d’oxygène. Ils
sont très peu actif en hiver sous
notre climat et en été s’il fait très
sec. Au printemps, les micro-vers
Le compostage est un processus
par lequel les micro-organismes
aérobie (qui respirent de l’oxygène
comme nous) dégradent la matière
organique et la réorganisent progressivement sous des formes plus
stables. Plus le compostage est long
et plus la matière organique évolue
Matière organique et structure du sol
une forme stable. Apporter un compost « mûr » n’aura pas d’effet
structurant car les microorganismes
du sol auront du mal à se
« nourrir » de cette matière organique stable. De plus l’azote minéral
très facilement disponible du fumier
de départ aura été réorganisé avec
la matière organique et ne sera plus
accessible. Il faut donc apporter un
compost le plus jeune possible mais
bien assaini.
Il faut d’abord stocker le fumier à
l’abri de la pluie (fumière couverte
ou bâche) et bien tassé (s’il est aéré il commence à composter). Lorsqu’on veut l’épandre, il faut l’assainir par compostage. Il faut mettre
le fumier en andain (l’aération lors
de la mise en andain fourni l’oxygène
nécessaire
aux
microorganismes qui vont commencer à
dégrader la matière organique et à
se multiplier). Le compost subit
alors une importante montée en
température qui détruit les pathogènes et les graines d’adventices.
Après 4 à 7 jours de compostage il
faut permettre aux zones de la périphérie du tas de subir la même
montée en température que le cœur
pour obtenir un assainissement
complet. Pour cela on effectue un
retournement du tas en phase
chaude. 3 jours après ce retournement, le compost jeune ou « fumier
assaini » est prêt à être épandu, il
est riche en azote et matières organiques facilement utilisables, il
pourra éveiller l’activité biologique
intense recherchée.
Melaine TRAVERT
Animateur au CIVAM Bio Mayenne
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