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LE POIVRIER
Historique
Le poivre ou « la reine des épices », est le fruit du poivrier (Piper nigrum L.) Il
appartient à la classe des Dicotylédones, à l’ordre des Pipérales et à la famille des Pipéracées.
Il est l’une des épices les plus économiquement importante du monde (Bhat et al., 1995).
Produit extrêmement difficile à se procurer jusqu'au XVIIIème siècle, il croissait, à l'origine,
de manière spontanée dans les forêts d'Inde. Il fut introduit dans les colonies françaises, dont
la Côte d’Ivoire, pendant la colonisation par le botaniste français Pierre POIVRE. Testé au
Centre d’essai de Bingerville (Aujourd’hui Jardin Botanique de Bingerville), il fut déclaré
apte à pouvoir être produit dans notre pays. Cependant, il ne bénéficia pas de programme de
développement et de promotions comme ce fut le cas pour certaines cultures comme le café,
le cacao, le palmier à huile, etc. Cela limita sa production à une poignée d’agriculteurs depuis
les années 1990.
Botanique
Le genre Piper appartient à la classe des Dicotylédones, à l’ordre des Pipérales et à la famille
des Pipéracées. Ce genre comprend plus de 600 espèces dont une dizaine donne des produits
plus ou moins utilisés, soit comme épices, soit comme drogue médicamenteuses.
L’espèce Piper nigrum est une liane composé de 2 grandes variétés : le type « Lampong » ou
« Kawur » à grandes feuilles, à épis long et à petites baies et le type « Muntok » ou « Bangka
» à petite feuille, à épis court et à grosses baies. Ces 2 variétés sont présentes dans le verger
ivoirien.
Le poivrier comprend trois sortes de bois : des stolons qui courent sur le sol à la base de la
plante, des tiges orthotropes et des rameaux plagiotropes.
Sur les tiges orthotropes, se trouve à chaque nœud un bouquet de racines-crampons ; qui
contribuent à fixer la tige au support ; un rameau plagiotrope et une feuille.
Les rameaux plagiotropes sont alternes sur le bois orthotropes. Moins épais, ils sont aussi plus
couts. Ils portent eux-mêmes des feuilles alternes à l’aisselle desquelles naissent des bougeons
qui évoluent le moment venu en branches fructifère. Les nœuds de ces rameaux plagiotropes
ne portent pas de racines adventives.
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Il y a un dimorphisme foliaire entre les feuilles des tiges orthotropes, qui sont de forme
régulière et de couleur foncée, et celles des rameaux plagiotropes, qui sont asymétriques par
rapport à leur nervure principale et de teinte plus claire (Figure 1).
Les inflorescences oppositifoliées naissent exclusivement sur le rameau plagiotrope.
Les stolons sont périodiquement éliminés.
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Légende :
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1- Rameau avec ses feuilles et ses
épis fructifères
2- Baie verte
3- Coupe transversale d’une baie
verte
4- Fragment d’un épi vert, montrant
3 fleurs bisexuées
5- Fragment d’un épi mûr
6- Baie mûre
7- Coupe transversale d’une baie
mûre
Figure 1 : Schéma d’un poivrier
Habitat
L’habitat sauvage du poivrier est la forêt à feuilles persistantes. Il s’agit donc d’une plante
d’ombre et de climat tropical humide (équatorial et tropical). Par ailleurs, il est bon de savoir
que la saison sèche et l’ensoleillement représentent des facteurs de bonne production car ils
favorisent la floraison, la maturation des fruits et le groupement de la récolte.
Le poivrier craignant énormément l’asphyxie de son système racinaire, la qualité essentielle
du sol est de bien drainer. Ainsi, le poivrier préfère les sols profonds, argilo-siliceux ou silicoargileux, limono-argileux, meubles et frais, situés généralement sur les pentes et dont la
teneur en humus est important et assurant une bonne circulation de l’air et de l’eau.
En Côte d’Ivoire, la culture du poivre se pratique dans les régions à forte pluviométrie
(supérieure à 1 500mm de pluies/an), notamment les zones de nos principaux produits de
rente que sont le cacaoyer, le caféier, le palmier à huile et l’hévéa pour ne citer que ceux-là.,
Ce sont les régions allant du Sud au Centre et de l’Est à l’Ouest.
Mise en place d’une poivrière
Parmi les modes de multiplication, seul le bouturage est conseillé comme mode de
propagation par excellence du poivrier. Les boutures doivent toujours provenir des tiges
orthotropes (les plus robustes et les plus saines) qui ont poussé le long du tuteur, âgées d’au
moins un an et dont les crampons sont bien développés. Il ne faudrait jamais utiliser les tiges
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filiformes pendant au sommet de la liane ou les rejets de la base, ou les tiges latérales (GILOT
et VAN DIGEN, 1983).
Ces boutures sont plantées en pépinière avec 1 ou 2 yeux en terre et 1 à l’extérieur
(Figure 2). Pour 1 ha de culture de 3 400 plants (2,4m /2,4 m), prévoir en moyenne 4 000
boutures au semis.
Utiliser une terre fertile (terre de forêt de préférence) mélangée à une fumure organique pour
remplir les sachets. La durée de la pépinière est de 4 à 6 mois.
Pendant cette période assurer un entretien régulier de la pépinière (fumure, traitements
phyto,…)
Figure 2 : Plant en pépinière
Plantation
Les poivriers doivent être préférentiellement établis sur une surface présentant une
légère pente ; ceci pour permettre un excellent drainage. Le terrain choisi doit être défriché au
début de la saison sèche. La forêt qui le couvre est abattue et les souches enlevées. Les bois
inutilisables doivent être brulés sur place et les cendres épandues sur le sol. Le site est ensuite
cerné d’une allée de service, d’un fossé de drainage et d’une clôture de plantes associées à une
lutte intégrée contre les pathologies du poivrier.
On procède alors au piquetage du terrain en matérialisant l’emplacement de chaque
future liane par un tuteur d’environ 2 m de hauteur, enfoncé en terre d’une cinquantaine de
centimètres. Ces tuteurs sont placés à la distance de 2,4 m les uns des autres, on arrive ainsi
à la densité de 1 700 tuteurs à l’ha (nouvelle recommandation sur tuteur vivant).
Puis viens la trouaison. Elle est faite en creusant 2 trous de 40 cm3 de 10 à 20 cm environ
de part et d’autre de chaque tuteur. La plantation des boutures est faite en général au début
de la saison des pluies et l’on achève de combler le trou avec un mélange de terre fertile et
d’engrais organique. On se retrouve ainsi à 3 400 plants/ha sur tuteur vivant.
La conduite des tuteurs vivants est une question assez délicate : la première année, on
se contente en général de supprimer un certain nombre de branches latérales, de façon à
favoriser la croissance en hauteur du tuteur. Cette croissance est arrêtée par étêtage lorsque la
hauteur atteint 2 m à 2,5 m (voir plus); si l’on a soin d’effectuer cette opération au départ de
la végétation, en début de saison des pluies, il se formera au sommet du tuteur un panache
suffisant pour assurer l’ombrage de la culture. Ensuite, cet ombrage sera réglé chaque année
en utilisant la scie, et/ou la machette.
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La culture peut aussi s’effectuer sur tuteur mort (plantations industrielles dans les pays
grands producteurs). Les tuteurs morts sont des bois durs de longue durée (jamais de bois à
écorce lisse et cireuse), des colonnes de briques ou de béton. Cette technique offre une densité
de 2 500 tuteurs/ha soit 5 000 plants.
En Côte d’Ivoire seule la culture sur tuteur vivant est pratiquée.
Conduite de la liane, étêtage, effleurages, effeuillage
Nous avons vu que par tuteur, 2 plants sont mis en terre. La plantation est faite en
sort qu’il ait 4 lianes à conduire par tuteur. La jeune tige est très fragile ; aussi on ne peut
l’attacher immédiatement au tuteur ; attendre que ces tiges soient bien constituées avant de les
attacher provisoirement ou définitivement. Cette fixation se fait à chaque nœud à l’aide de
liens qui ne puissent ni blesser la liane ni gêner son développement ultérieur en épaisseur.
Pour obtenir une liane bien pourvue en branches fructifères à chaque nœud orthotrope, il est
nécessaire de placer ces nœuds.
On s’efforce de disposer harmonieusement les 4 tiges pour utiliser tout le support sans
jamais aucun chevauchement entre elles.
Si l’on laissait les lianes de poivre monter indéfiniment sur les tuteurs, leur élongation
rapide provoquerait l’affaiblissement des tiges et la dénudation de leur base. Aussi est-il utile
de procéder à un certain nombre de tailles, ou plus exactement d’étêtages successifs, dans
le but de renforcer la base de la plante. A la suite de ces étêtages, la plante donne un grand
nombre de tiges dont on ne garde que les plus robustes que l’on conduit en les attachant. Les
années suivantes, on se contente de rabattre le sommet de la liane, de façon à ce qu’elle
atteigne le sommet du tuteur. On coupe ensuite régulièrement tout ce qui dépasse l’extrémité
du tuteur. Il faut aussi procéder à l’enlèvement des stolons sans utilités (gourmands) qui
courent sur le sol.
On procède également, jusqu’à un certain point, à des tailles de fructification ce que
l’on nomme les «effleurages», c’est-à-dire la suppression de tout ou d’une partie des
inflorescences d’une liane (les 3 premières années). On peut classer ces effleurages en deux
catégories : ceux de la période de formation de la liane et ceux qui sont ultérieurement
destinés à éviter le trop grand échelonnement de la récolte.
NB : Une production trop précoce épuise la plante encore mal enracinée et diminue
considérablement sa longévité.
Une troisième forme de taille est constituée par les effeuillages sélectifs. Les feuilles
axillaires, caractérisées par des pétioles longs et épais, à l’aisselle desquelles se développent
les branches, sont conservées ainsi que les feuilles terminales des tiges orthotropes ou
plagiotropes ; seules les feuilles âgées sont enlevées. Sur les lianes de la troisième année de
culture, considérées comme adultes, l’effeuillage est plus sévère. Enfin, sur les lianes de cinq
à six ans, considérées comme déjà âgées, on ne procède qu’à des effeuillages légers.
Les lianes taillées et/ou effeuillées, comme celles qui ont été rabattues, doivent recevoir une
fumure copieuse et un traitement phyto.
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Soins culturaux
Il faut nécessairement procéder à l’élimination systématique des adventices dans une
poivrière. Mais pour éviter les graves inconvénients de la culture sur terrain nu (cleanweeding), on cherche maintenant généralement à maintenir le sol couvert, soit à l’aide d’un
paillage mort, soit par couverture vivante. La culture sur tuteurs vivants apporte déjà une
certaine couverture du sol par l’ombrage donné par les tuteurs, par la chute des feuilles et par
les émondes, mais on complète souvent cette couverture par des cultures d’engrais verts
divers (plantes de couverture).
Nous pensons aussi qu’une association avec certaines plantes que nous avons
identifiées serait aussi avantageuse dans le cas de la lutte intégré contre les principales
pathologies et agresseurs.
Fumures
Le poivrier étant une plante d’habitat forestier, il demande des sols riches en humus.
La meilleure fumure à lui apporter doit être constituée de matière organique dont il est avide.
Le fumier est incorporé au sol au début de la saison des pluies à la dose de 10 à 20 kg au pied
de chaque liane, soit 16 à 30 t /ha. Les fumures organiques favorisent non seulement la
fructification, mais elles renforcent la résistance aux maladies et prolongent la longévité des
plantations.
La fertilisation organique est tout de même insuffisantes et doivent alors être
complétées par des apports d’engrais minéraux. Les essais effectués dans les plantations
expérimentales ont révélés que :
- les applications d’engrais doivent sont fonction de la croissance de la plante :
Type d’engrais
Quantité (g/plante)
1ère année
2ème année
3ème année
Urée
60
120
160
Superphosphate tricalcique
45
90
120
Chlorure de potassium
45
90
120
Kieserite
15
15
60
-
il est préférable de mettre les engrais à 10 à 20 cm du pied de la liane ;
il faut apporter l’urée (azote) par dose répétées et par petites quantités à la fois 2 ou 3
dans l’année ;
MARINET s’appuyant sur le fait que le poivrier réagit très vite à la fumure, préconise de
fumer de bonne heure, dès le début de la floraison, de façon à provoquer une floraison
abondante, précoce. Il est recommandé d’apporter la fumure organique dès le début des
pluies.
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Protection de la culture
Ravageurs et Maladies
Termites
Symptômes et Période à risques
Prévention et Méthodes de lutte.
Attaquent le tuteur et blessent le plant
Préventif : désherbage de la plantation et
Affaiblissement des jeunes plants
ses abords.
Affaiblissement et chute des tuteurs
Elimination des bois morts et des souches
Abondance pendant les périodes sèches
Curatifs : 3 traitements/an
(alterner les produits chimiques)
Criquets et Chenilles défoliatrices
Perforations des feuilles,
Préventif : éliminer les mauvaises herbes,
Défoliation des plants
éviter certaines cultures à proximités.
Présence souvent abondante de février à Lutte
préventive
et
curative
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juin et de septembre à novembre
traitements/an (Mai et Octobre)
Nématodes :
Attaques et affaiblissement des racines
Plantes de protection en lutte intégrée
Meloidogyne incognita
(présences de boursouflures)
Traitement nématicide : 2 traitements
Radopholus similis
Favorisent la pénétration des champignons
nématicide/an
telluriques (Phytophtora sp. ; Fusarium
sp. ; Colletotrichum sp. …)
Chute des fleurs et des fruits non matures
Toute l’année
Champignons :
Jaunissement des parties épigées de la
Elimination et destruction des plants
Phytophtora capsici. ; Fusarium sp. ;
plantes ; Mort des plants
atteints ;
Colletotrichum sp
Destruction et chute des feuilles
Plantes de protection en lutte intégrée
Baisse de la production
2 traitements fongicides annuels
Saisons de pluies
Bonne fumure organique
Algues :
Couche brune ou jaune sur les fruits
Elimination des organes atteints
cephaleuros virescens
Pendant la maturation des fruits
1 traitement chimique avant récolte
Maladies abiotiques
Stress hydrique : mort des plants et chute
Meilleur choix des zones de culture
prématurée des grappes
Techniques d’irrigation et de drainage
Déficiences minérales : signes sur les
Apports
feuilles
organiques
d’engrais
minéraux
Toute l’année
Récolte et rendement
Le poivre se présente sous la forme d'une grappe pendante formée de 20 à 30 petits
grains globuleux serrés contre l'axe. Ces grains passent du vert au rouge au fur et à mesure de
leur mûrissement.
Selon les pays, il s’écoule de six à neuf mois entre la floraison et la récolte. Dans les régions à
forte pluviosité répartie tout au long de l’année, on trouve souvent deux périodes de floraison
et deux périodes de récolte dans l’année. Cependant lorsque la saison sèche est bien marquée,
la floraison et la récolte ne se fait qu’une fois dans l’année.
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et
La récolte consiste à cueillir pendant la période de récolte, les fruits matures et/ou
murs, puis à les porter en sac, à les peser et à les ranger ; ainsi que les fruits détachés sur l’aire
de la collecte ; il faudra pour cela, procéder au nettoyage régulier des ronds des billons.
La difficulté de la récolte augmente avec l’âge et la taille des lianes. Dans le jeune âge des
lianes, la récolte peut être effectuée directement. Cependant, il faudra prévoir par la suite, des
échelles de plus en plus grandes ; puisque la liane doit atteindre pour une meilleure récolte
jusqu’à 3m.
On peut diviser l'évolution du rendement des poivriers en quatre grandes périodes :
de 0 à 3 ans
:
L'arbre ne donne pas de fruits
de 3 à 8 ans
:
Le rendement augmente petit à petit
de 8 à 25 ans
:
L'arbre produit à plein rendement
+ de 25 ans
:
Le rendement du poivrier commence à décliner.
Les quatre poivres (vert, noir, rouge et blanc) sont produits à partir de baies cueillies à
différents stades de maturité, puis traitées de façon adéquate pour leur utilisation finale.
Par ailleurs, on extrait du poivre certains dérivés tels que les huiles essentielles, de
l’oléorésine et la pipérine qui possèdent une valeur marchande plus élevée.
Les procédés d’obtention des différents types de poivres et dérivés sont très simples,
cependant, plusieurs facteurs peuvent affecter la qualité finale du produit.
Utilités
Les produits de piper nigrum ont aujourd’hui plusieurs utilisations :
- condiments d’assaisonnement ;
- industries chimiques.
- industries cométiques ;
- Industries de défense
- Industries pharmaceutiques ;
- industries agroalimentaires ;
ANNEXES
Technique de développement des boutures en pépinière
Développement des plants en pépinière
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