Regard géant sur 14-18

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Regard géant sur 14-18
Regard géant sur 14-18
Jean-FrançoisGaléa,
quiavaitfaitdond’un
bronzeàl’Ossuaire,
souhaiteluidonner
untriptyque
surlaGrandeGuerre.
E
n 2013, l’artiste
Jean-François Galéa donnait définitivement à l’Ossuaire
de Douaumont une
sculpture exceptionnelle
qu’il avait apportée un an
plus tôt.
L’œuvre en bronze du sculpteur Charles de PouvreauBaldy représentait le buste
d’un aumônier militaire sortant de la terre des combats
de 14-18. Casque Adrian sur
la tête réduite à l’état d’os et
portant sur la poitrine une
série de décorations.
En bref
E « On acceptera probablement le don. Nous allons en
discuter plus amplement avec
Mgr l’évêque », confie Francis
Lefort, vice-président de l’Ossuaire de Douaumont. « Nous
sommes toujours en réflexion
pour savoir où et comment
l’exposer. »
K Jean-François Galéa et son triptyque exposé à la Grande-Motte.
Longueur: 7,45m
Laissée d’abord en dépôt
dans ce lieu de mémoire,
cette sculpture fait désormais partie des collections
de l’Ossuaire. Elle est expo-
sée, sur un socle de pierre,
dans le nouveau musée de la
tour. Depuis, de la peinture a
coulé sur la palette de JeanFrançois Galéa. « L’idée
Symboles
E Jean-François Galéa a quelques idées pour trouver une
place d’exposition dans l’Ossuaire : « Soit à droite, soit à gauche de la chapelle, ou suspendu au plafond », explique-t-il. Ou
encore : « Il y a la possibilité de garder le petit triptyque et de
montrer le grand au Centre mondial de la Paix ».
Toujours est-il que dans ces trois tableaux, qui peuvent s’apparenter au style pictural de la « Vanité », se cachent quelques symboles particuliers. D’abord une éclaircie dans ce ciel
rouge de déchaînement de fer et de feu qui montre les étoiles
du drapeau européen. Le buste de bronze est représenté
aussi, ainsi que des soldats français issus des anciennes colonies. Enfin, coiffant un crâne décharné, un des Poilus porte le
casque de la guerre de 1870… Prélude à celle de 14-18.
m’est venue de peindre une
toile sur les Poilus puis une
sur les Alliés et une sur les
Allemands », confie-t-il. Il
avait même porté une esquisse en aquarelle lorsque
le bronze a été inauguré en
juillet 2013.
En tout deux triptyques
sont sortis de son pinceau
créateur : un représentant
les combats et les morts en
hiver de 3,20 m de long et un
autre sans neige de 7,45 m
de long et 1,85 m de haut.
C’est ce dernier qui est destiné à l’Ossuaire.
Une œuvre monumentale
représentant le sacrifice de
tous les combattants de 1418. Au premier plan : des ossements. Au second, des
Photo DR
morts qui viennent de tomber sous les balles. Et au
loin, le bruit et la fureur de la
bataille. Une bataille qui ne
laisse transparaître que des
ombres de combattants qui
seront bientôt broyés par la
mitraille.
« Ce triptyque, je l’ai
fait avec mes tripes »
L’impressionnant triptyque a été exposé à la Grande-Motte (34) non loin
d’Aimargues (30), lieu de résidence de Jean-François
Galéa où il a aussi été montré au public il y a peu. La
Grande-Motte, une ville qui
n’existait pas en 1914 et qui
n’a donc aucun enfant mort
pour la France !
Cette exposition a fait réagir la jeunesse venue la voir.
« Ils disaient : on est avec
eux, on est parmi eux », raconte Jean-François Galéa.
Une œuvre résolument figurative et réaliste. « Je ne
peux pas sacrifier le réalisme de la guerre à un style
quelconque. Je suis resté
dans ce style naturaliste. Je
voulais le faire en étant près
d’eux. La peinture figurative
a ses lettres de noblesse. » Et
de citer les peintures rupestres : « On ne peut pas renier
tout ce qui s’est passé
avant ».
Une chose est sûre : « Ce
triptyque, je l’ai fait avec
mes tripes. »
Frédéric PLANCARD