Comment se préparer à la médiation
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Comment se préparer à la médiation
Harcèlement psychologique au travail Comment se préparer à une médiation ? Comment se préparer à une médiation ? Quand vient le temps de se préparer pour une médiation, il faut retenir que l’objectif de la démarche est la conclusion d’une entente qui va satisfaire l’employeur et le salarié. Le travail du médiateur vise à faciliter la discussion et à favoriser la négociation d’une entente satisfaisante pour les deux parties. À la différence d’un jugement qui est imposé, le règlement par la voie d’une entente est discuté et négocié, et il doit répondre aux intérêts et aux besoins respectifs des personnes en présence. Une grande diversité de possibilités En médiation, comme à la cour, il n’y a pas de règle universelle quand vient le temps de déterminer les bases de négociation d’une entente. Chaque cas est unique et chaque entente de règlement doit être négociée à la pièce en fonction des éléments qui caractérisent cette situation particulière. Les cas d’allégation de harcèlement psychologique n’échappent pas à ce principe. L’éventail des possibilités d’entente est presque aussi grand que la diversité des situations qui peuvent se présenter. Les possibilités d’entente sur des mesures de réparation sont très variées. Par exemple, l’entente peut inclure : des modifications à apporter au dossier disciplinaire le retrait d’une lettre de congédiement du dossier du salarié une indemnité de perte d'emploi le remboursement des honoraires extrajudiciaires la récupération du salaire perdu le remboursement des honoraires d’avocat une obligation de donner du travail une obligation de faire cesser le comportement en cause la substitution de la fermeture du dossier par une suspension une obligation de faire disparaître toute trace de la démarche la rédaction d’une lettre au salarié reconnaissant l'erreur commise la réintégration en emploi. Les cas suivants sont des exemples inspirés de situations ayant été considérées par les tribunaux comme du harcèlement psychologique au travail. Les mesures de réparation qui ont été ordonnées sont données seulement à titre indicatif afin de donner un ordre de grandeur et des pistes de réflexion favorisant une négociation éclairée d’un litige dans le cadre d’un règlement hors cour en médiation. Reproches, isolement et modifications injustifiées au contrat de travail Comportements abusifs de l’employeur Tâches imprécises et changeantes Série d’événements désagréables Dénigrement et agressions 2 Reproches, isolement et modifications injustifiées au contrat de travail Sandra est une informaticienne dans une entreprise fournissant des services dans le domaine des technologies de l’information. Elle prend un premier congé de maternité un peu plus d’un an après son embauche. Son retour au travail 20 mois plus tard, au début de l’été, n’est pas des plus faciles : il est convenu qu’elle travaille quatre jours par semaine, du lundi au jeudi, mais son employeur et elle ne s’entendent pas sur son nouveau contrat de travail. Deux mois plus tard, en août, Sandra apprend que son employeur a changé son régime de vacances sans la consulter, en décidant que ses 20 jours de vacances annuelles seront réputés être les vendredis qu’elle ne travaille pas. Les relations se détériorent À l’automne de la même année, Sandra annonce une deuxième grossesse. À partir de ce moment, ses relations avec le président de l’entreprise se détériorent sérieusement. Le président réagit mal ; il lui reproche de façon répétée, verbalement et par écrit, de lui avoir caché sa grossesse. Il refuse de lui donner du travail à faire malgré ses demandes répétées. Elle trouve la situation dévalorisante à son endroit. Une semaine après l’annonce de sa grossesse, le président la force à revenir à un horaire de cinq jours par semaine. Ses heures de travail hebdomadaires passent de 32 à 40. Il l’avise par ailleurs qu’elle a 30 jours d’absence dans son dossier, qu’il ne justifie jamais. Puis, à la fin du mois, il l’envoie à la maison, en congé payé, malgré sa volonté de continuer à travailler jusqu’à la date fixée pour le début de son congé de maternité. Sandra se sent dévalorisée, humiliée et exclue de son milieu de travail. Les reproches, l’isolement et l’arrêt de travail Peu après, elle reçoit par courrier certifié une lettre d’avertissement lui faisant des reproches dans des termes hostiles. Auparavant, elle n’avait jamais reçu de reproches concernant ni son travail ni son comportement. On ne lui a jamais dit quels étaient les faits et les gestes spécifiques reprochés, ni avant ni après cette lettre. Sandra se dit dépassée et attristée par ces événements et consulte un avocat. Ce dernier fait parvenir une lettre à l’employeur demandant, notamment, que le harcèlement cesse. La semaine suivante, Sandra se rend au travail et découvre que son bureau a été déménagé sans avis ni explications. Elle se trouve isolée de son groupe de collègues. Puis, au cours des jours qui suivent, on l’avise que les trois jours de congé déjà accordés qui lui permettaient de prendre une semaine de repos au début de janvier (elle a une grossesse à risques) sont annulés pour un motif improvisé. Sandra se dit exténuée par ce qu’elle appelle une « bataille permanente ». Son médecin la met en arrêt de travail et elle n’a plus travaillé après cette date. 3 La décision de la Commission des relations du travail Dans ce cas de harcèlement psychologique, la Commission des relations du travail a jugé que l’employeur a humilié la salariée et a porté atteinte à sa dignité de façon répétée et continue. Celle-ci a subi un stress important, se sentant épiée et dévalorisée sur le plan professionnel. Non seulement le président de l’entreprise a failli à son obligation de fournir un climat de travail sain, mais il a lui-même harcelé son employée. Le fait que sa conduite ait suivi immédiatement l’annonce de la grossesse de cette dernière est un facteur aggravant. Les mesures de réparation fixées par la Commission des relations du travail comprennent : 15 000 $ pour préjudice moral 4 000 $ à titre de dommages punitifs une indemnité de perte d’emploi le paiement des honoraires d’avocat de la salariée. Comportements abusifs de l’employeur Caissière et préposée au service à la clientèle, Nathalie est à l’emploi depuis plus de 18 mois lorsque le commerce dans lequel elle travaille est vendu à un nouveau propriétaire. Au cours des premières semaines suivant l’arrivée du nouveau propriétaire, l’horaire de travail de cette caissière passe alors de 40 heures à 32 heures par semaine et les quatre employés en poste au moment de la vente quittent leur emploi à tour de rôle. Des accusations répétées C’est dans ce contexte qu’elle est accusée de vol par son employeur, celui-ci disant qu’il manquait une somme de 15 $ suite au balancement de la caisse. Nathalie subit des accusations répétées de son employeur qui a, de plus, récupéré toutes les clés du commerce que les employés avaient l’habitude d’ouvrir le matin et de fermer le soir. Cette habitude qu’a l’employeur de soupçonner ses employés devient une obsession telle qu’il lui arrive de verrouiller la porte du magasin de l’intérieur, les empêchant ainsi de quitter les lieux. Il va jusqu’à ouvrir et fouiller dans le sac à main de Nathalie à plusieurs reprises. Des gestes agressifs Un jour, Nathalie voit son employeur qui, devant elle, prend 300 $ dans la caisse. Quelques heures plus tard, soit à la fermeture du commerce, il verrouille la porte et lui demande où est passé l’argent manquant, l’accusant de vol, tout en tenant des propos humiliants et insultants. Finalement, après une quinzaine de minutes, il se rappelle avoir pris l’argent et lui ouvre la porte. La même chose se reproduit le lendemain. Le jour suivant, un client qui avait loué un DVD double en rapporte un seul. Nathalie informe son employeur qui se fâche, prend le DVD restant, le casse et le jette à la poubelle. Quelques minutes plus tard, le client, après avoir constaté son omission, rapporte le deuxième DVD. 4 L’arrêt de travail Quelque temps plus tard, ne se sentant pas bien, car elle souffre d’une maladie dégénérative, Nathalie sent le besoin de se rendre à l’hôpital et communique avec son employeur pour être remplacée, puisqu’elle est seule au magasin. Elle a alors déjà contacté une collègue prête à prendre la relève. Il faudra plusieurs heures à l’employeur pour réagir et faire remplacer Nathalie. Devant une telle série d’événements, Nathalie, devenue de plus en plus nerveuse et stressée, décide de consulter son médecin et obtient un certificat médical qui prévoit qu’elle sera en « congé de maladie pour une période indéterminée ». Pendant sa période d’invalidité, Nathalie, qui se décrit en général comme une personne très joyeuse, pleure souvent, ne dort pas et se sent anxieuse. Des médicaments lui sont d’ailleurs prescrits pour l’aider. Après son congé pour invalidité, Nathalie reprend finalement le travail, mais chez un autre employeur. La décision de la Commission des relations du travail Dans ce cas de harcèlement psychologique, la Commission a établi que l’employeur a adopté des comportements, a prononcé des paroles et a posé des gestes qui étaient hostiles à l’endroit de son employée. Il l’a soupçonnée et accusée de vol et de malversation sans procéder à quelque investigation que ce soit. Il a fouillé son sac à main et il a verrouillé les portes du commerce afin de l’empêcher de partir. Cette conduite est abusive et vexatoire ; elle ne relève pas de l’exercice normal des droits de la direction. Par ailleurs, même si la caissière souffrait déjà de certains maux physiques, ce milieu de travail néfaste a aggravé son état, y ajoutant une dimension psychologique. Les mesures de réparation fixées par la Commission des relations du travail comprennent : 2 000$ à titre de dommages moraux 500 $ à titre de dommages exemplaires un montant pour salaire perdu. Tâches imprécises et changeantes Luc est un jeune homme et accepte le poste de chargé de projet au sein d’une entreprise de mise en marché et de conception graphique. Il a pour tâches de répondre aux besoins de la clientèle et de développer le volet des relations avec le public et les médias. Des surnoms et des commentaires désobligeants Le premier mois se passe sans incident. Puis, le propriétaire de l’entreprise lui reproche d’avoir les cheveux trop courts, lui disant qu’il a l’air d’un néo-nazi. Ensuite, le mois suivant, dans un contexte informel, son patron le traite de « tête de turc », et il se fait traiter de « deux de pique » lorsqu’il demande des précisions sur les tâches qu’il doit exécuter. Au fil du temps, les commentaires cinglants se multiplient. Ainsi, un jour alors que Luc manifeste son désaccord sur un sujet, le propriétaire lui lance : « Des collaborateurs comme toi, j’en ai pas besoin. » 5 La tâche s’alourdit Durant les vacances d’été de l’adjointe du patron, Luc assume certaines de ses tâches. Celle-ci ne revient pas à la fin des vacances. Son patron le rassure en lui disant qu’il s’agit d’une restructuration administrative. Les tâches du nouvel employé s’alourdissent. À l’automne, le patron lui annonce qu’il songe à déménager son entreprise au sous-sol de sa maison. Au cours des mois suivants, le jeune employé doit faire du ménage en vue du déménagement en plus de ses tâches. Un soir, invité à souper à la résidence de son patron, Luc travaille au sous-sol pour vider l’atelier de menuiserie. Chargé de projet et… homme à tout faire Peu à peu, l’ambiance au travail se détériore : on trouve plus de qualités au jeune homme en tant que déménageur que comme chargé de projet. De plus, après le déménagement, le chargé de projet se voit contraint par son patron d’offrir du covoiturage à l’infographiste. Ses horaires deviennent liés à ceux de l’infographiste ce qui lui crée des problèmes. Une fois installé au sous-sol, Luc reçoit de nouvelles tâches : sortir les vidanges, remiser le quai, déneiger l’entrée, déménager du bois, ranger les pneus d’hiver dans le cabanon. Il réalise qu’il a de moins en moins de tâches de chargé de projet et de plus en plus de tâches d’homme à tout faire. À la fête de Noël, le propriétaire de l’entreprise annonce à son chargé de projet que les finances ne vont pas bien et qu’il envisage de réduire son salaire. Le jeune homme propose alors une baisse de salaire assortie d’une réduction de ses heures de travail, de façon à pouvoir se trouver un emploi à temps partiel. Son patron accepte de maintenir son salaire, mais refuse de le payer pour le congé des fêtes. Luc se plaint de la situation à son employeur et lui explique clairement la situation par écrit dans le cadre d’un échange de courriels. Après plusieurs échanges, l’employeur lui mentionne que s’il ne croit pas avoir sa place dans l’équipe, il n’a d’autre choix que de le congédier et met fin à son emploi. La décision de la Commission des relations du travail Dans ce cas de harcèlement psychologique, la Commission des relations du travail a établi que les surnoms que l’employeur donnait à son employé constituaient une conduite vexatoire et une atteinte à la dignité, et ce, même si l’employeur considérait qu’il s’agissait de taquineries. Par ailleurs, les tâches confiées au chargé de projet constituaient une conduite vexatoire en ce qu’elles ne relevaient pas de son domaine d’expertise. Aucune personne normale ne pourrait s’attendre à ce qu’on lui demande dans un court laps de temps et de manière répétitive de sortir les déchets domestiques, de ranger les pneus d’hiver, de sortir le quai de l’eau et de faire du covoiturage avec un collègue. La situation dans laquelle se trouvait le jeune homme l’empêchait de refuser, car il était le dernier embauché. Tous ces événements ont compromis son équilibre psychologique et émotif. Or, un milieu de travail qui ne permet pas la réalisation des objectifs liés au contrat de travail est néfaste. Finalement, comme le congédiement a eu lieu lorsque le plaignant s’est de nouveau plaint de la situation, il constitue l’aboutissement d’une situation de harcèlement psychologique. Les mesures de réparation fixées par la Commission des relations du travail comprennent : 2 000$ à titre de dommages moraux 1 000$ à titre de dommages punitifs un montant pour salaire perdu. 6 Série d’événements désagréables Cathy, une aide-comptable, voit le climat de travail se détériorer après que de nouveaux actionnaires se soient joints à l’entreprise qui l’a engagée un an auparavant, dont la conjointe de son supérieur immédiat. Un conflit avec une gestionnaire Celle-ci lui interdit de parler à une des autres administratrices prétextant que cette dernière a une mauvaise influence sur elle. Elle reproche plusieurs fois par semaine à l’aide-comptable de parler à cette personne, malgré le fait qu’elle devait le faire dans le cadre de l’exécution de ses tâches. Cette situation devient si stressante pour Cathy qu’elle pleure à quelques occasions. Elle décide d’en parler à un autre membre de la direction qui s’engage à l’aider, mais rien ne change. Au contraire, cette personne se met à l’ignorer et à avoir une attitude arrogante envers elle. Des relations difficiles Quelque temps plus tard, Cathy s’absente du travail à la suite du décès de son père. À son retour, même si elle est fatiguée, son supérieur et sa conjointe insistent pour qu’elle rentre au travail afin d’émettre les chèques de paye. Ils lui font valoir que si elle ne vient pas travailler, les employés n’auront pas de paye et qu’elle en sera responsable. Puis, le mois suivant, Cathy demande à son supérieur de prendre un jour de congé parce qu’elle a travaillé de longues heures au cours des semaines précédentes. Celui-ci refuse prétextant qu’elle avait été payée lorsqu’elle s’était absentée pour se rendre aux funérailles de son père. Au cours des semaines suivantes, son supérieur lui demande de préparer les états financiers mensuels. Elle lui répond qu’elle n’a pas la formation requise pour le faire. Malgré ses demandes, on ne lui fournit pas la formation demandée. La situation avec la conjointe de son patron s’envenime. Alors que Cathy avait convenu avec son supérieur de reporter la réalisation d’une tâche, sa conjointe insiste pour que le travail soit fait tout de suite. Elle reproche à l’aide-comptable, en criant, de ne jamais faire ce qu’elle a à faire et lui demande de la rencontrer à son bureau. La liste s’allonge D’autres événements s’ajoutent au fil des mois. Ainsi, un matin, son patron insiste pour qu’elle rentre au travail même si elle avait travaillé jusqu’à 3 h 30 la nuit précédente. Il téléphone à son domicile et lui dit qu’elle a assez dormi et qu’elle doit venir travailler. La conjointe du patron quitte l’entreprise, mais après son départ, la relation de l’aide-comptable avec son supérieur se détériore. Il crie fréquemment, il est parfois agressif, lui lance les documents sur son bureau ou il l’ignore. Il va même jusqu’à « l’offrir » à un client. 7 Par ailleurs, Cathy surprend une conversation entre son supérieur et une administratrice de l’entreprise qui incite l’employeur à mettre l’aide-comptable dans une situation où elle risque de commettre des erreurs : cela donnerait un prétexte pour la congédier. Ce contexte difficile affecte Cathy. Elle pleure souvent et elle a dû consulter un psychologue. Elle a de la difficulté à fonctionner à la maison et est si épuisée le soir et les fins de semaine que son conjoint doit faire les repas et s’occuper seul des enfants. Elle a perdu confiance en elle et finit par démissionner. La décision de la Commission des relations du travail Dans ce cas, la Commission des relations du travail a statué que plusieurs événements pris isolément relèvent à première vue de rapports difficiles avec un supérieur et une collègue, d’un comportement discourtois, d’un manque de respect et d’un mode de gestion peu respectueux des employés que d’une conduite vexatoire. La pression exercée afin que la salariée revienne au travail après les funérailles de son père ou le refus de lui accorder un congé ne constituent pas non plus en eux-mêmes une conduite vexatoire. Cependant, lorsque tous ces éléments sont rassemblés, on ne peut que conclure à une telle conduite. En effet, celle-ci s’est répétée de manière non désirée et elle a porté atteinte à la dignité de la salariée, entraînant pour elle un milieu de travail néfaste. Comme la conduite vexatoire est principalement le fait du directeur général, qui était son supérieur immédiat, on ne peut reprocher à l’employée de ne pas avoir dénoncé le harcèlement dont elle était victime à la direction de l’entreprise. L’employeur a omis de respecter ses obligations à l’égard de la loi. Enfin, la démission de l’employée n’était pas libre et volontaire. Les mesures de réparation fixées par la Commission des relations du travail comprennent : 2 000 $ à titre de dommages moraux un montant pour salaire perdu. Dénigrement et agressions Carole, une préposée à l’accueil engagée depuis deux semaines dans une entreprise de maisons préfabriquées, travaille dans une des maisons modèles. Son superviseur est un des vendeurs qui est aussi responsable de l’établissement. Carole subit le rejet de ses collègues depuis qu’elle a refusé de s’associer au comportement de trois des vendeurs qui dénigraient le quatrième. Constamment, on l’insulte et on essaie de lui faire peur par des attitudes et des gestes brusques, en l’humiliant et en lui faisant des reproches injustifiés sur la qualité de son travail. Par exemple, il est arrivé qu’un des vendeurs vienne se placer derrière elle pour lire à l’écran des documents qu’elle est à écrire en lui mentionnant « Chr… que t’écris mal » et qu’un autre vendeur lui mentionne « ça serait mieux que ce soit un gars qui travaille à ta place. Mais si c’était un gars, ce serait plate pour nous autres parce qu’il nous volerait notre job ! ». Ses collègues se moquent d’elle sans que personne ne prenne sa défense, même pas son superviseur. Pourtant, Carole demande plusieurs fois à ce dernier s’il est satisfait de son travail. Il répond toujours que c’est le cas. Elle subit ensuite une première agression physique de son superviseur. Alors qu’elle est seule avec lui dans une pièce, il la prend à la gorge fortement et la secoue. Après les événements, assise à son bureau 8 en pleurant, elle se dit qu’elle doit partir, mais sans savoir pourquoi, elle ne le fait pas, n’arrivant pas à croire ce qui était arrivé. Quelque temps plus tard, avant le départ pour le congé des fêtes, un party de bureau est organisé pour le personnel de l’établissement. Carole y assiste. Alain, un des vendeurs, lui dit « qu’elle est trop habillée », exprimant qu’elle aurait dû « être plus sexy ». La remarque l’indispose alors qu’elle estime être correctement vêtue pour la saison. Pour cette occasion, il a été convenu que tout le monde apporterait un cadeau pour le mettre au pied de l’arbre. Sans savoir à qui est destiné celui que la préposée a apporté, Alain donne un coup de pied sur le colis. Tout le monde rit et s’amuse du geste. Quand la personne à laquelle le cadeau est destiné le déballe, tout le monde rit. Au retour du congé des fêtes, Carole subit à nouveau une agression de la part de son superviseur. Celui-ci s’approche d’elle et lui dit plusieurs fois, d’une voix langoureuse : « Viens ici, viens ici ! ». Comme elle ne s’exécute pas, il avance sur elle, lui saisit le collet des deux mains et le lui remonte au menton, la serrant fort, la secouant et lui faisant mal. Après quelques secondes, les autres vendeurs sortent de leurs bureaux. La préposée leur explique ce qui vient de se passer. Quelqu’un note à voix haute qu’elle a des marques. Le superviseur déclare en riant : « Elle marque facilement ! » Puis, tout le monde se met à rire. D’autres incidents se produisent. Ainsi, un jour, la préposée est aux toilettes, porte barrée. Son superviseur, qui sait qu’elle est à l’intérieur, s’empare d’un pic à messages et, sans frapper ni dire un mot, débarre la porte et entre dans la pièce. La préposée a très peur, ne sachant pas ce qui risquait de lui arriver. Le lendemain, elle tente à nouveau de faire part de son malaise à son superviseur, mais celui-ci se fâche et l’insulte. N’en pouvant plus, la préposée remet sa lettre de démission à la fin de la journée. La décision de la Commission des relations du travail Dans ce cas de harcèlement psychologique, la Commission des relations du travail a statué que les actes, gestes, paroles, comportements et attitudes à l’endroit de la préposée à l’accueil étaient répétés, hostiles et non désirés. Ils ont porté atteinte à sa dignité, à son intégrité psychologique ainsi qu’à son intégrité physique, entraînant pour elle un milieu de travail néfaste. Plusieurs de ces gestes, pris isolément, constituaient une manifestation de harcèlement psychologique. À de nombreuses reprises, la préposée a demandé à son superviseur que ces comportements cessent. Or, de toute évidence, celui-ci n’a pas assumé son obligation de prendre les moyens raisonnables afin de prévenir le harcèlement et d’y mettre un terme. Les mesures de réparation fixées par la Commission des relations du travail comprennent : 5 000 $ à titre de dommages moraux 7 500 $ à titre de dommages punitifs un montant pour salaire perdu une indemnité de perte d’emploi. 9