evil : in the time of heroes

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EVIL : IN THE TIME OF HEROES
TO KAKO : STIN EPOHI TON IROON
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Titre original : TO KAKO : STIN EPOHI TON IROON
Autre titre : EVIL : IN THE TIME OF HEROES / EVIL 2
Année : 2009
Nationalité : Grèce
Acteurs : Argiris Thanasoulas, Andreas Kontopoulos, Apostolis Totsikas, Meletis Georgiadis, Pepi
Moschovakou, Ioanna Pappa, Billy Zane, Mary Tsoni, Dinos Avgoustidis, Orfeas Avgoustidis & Hristos Biros
Réalisateur : Yorgos Noussias
Scénario : Yorgos Noussias, Claudio Bolivar, Christos Houliaras & Petros Nousias
Musique : Grigoris Grigoropoulos & Thanos Karabatziakis
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TO KAKO, EVIL dans son titre de vente international), a
remporté un succès inattendu. Petit film d´horreur grec réalisé à
l´énergie avec un budget misérable, le film a réussi à séduire
une audience internationale pour se retrouver édité aux quatre
coins du monde.. Sauf en France, visiblement… Logiquement,
une séquelle a été envisagée. Budget démultiplié, effets
spéciaux mécaniques et numériques plus élaborés, action et
quota de gore surdéveloppés… et la surprise de trouver Billy
Zane au générique. Bon moyen de mieux vendre le produit à
l´international et d´assurer un revenu sûr à l´acteur.
TO KAKO STIN EPOHI TON IROON, TO KAKO 2 ou
encore en anglais EVIL : IN THE TIME OF HEROES
embraye directement après la fin du premier film. Athènes a
donc été dévastée. Les quatre survivants tentent de s´échapper
du stade où ils étaient cernés. Visés par des snipers, ils se
réfugient auprès d´un autre groupe où ils retrouvent, encore
vivant, Argyris (Argiris Thanasoulas). Ils découvrent que «Le
mal» («To Kako») a déjà frappé la Grèce quelques 2800 ans
auparavant et qu´une terrible bataille s´est déroulée aux portes
d´Athènes. Mais pendant que les morts-vivants attaquent,
l´OTAN décide de bombarder la Grèce afin de la rayer de la
carte du monde.
Avec des moyens encore relativement étroits mais pourtant
six fois supérieurs à ceux de l´original, TO KAKO 2 se permet
une vision assez incroyable de l´Athènes moderne : vide,
silencieuse via de splendides plans aériens d´une métropole
désertée. Il en va de même pour la ville antique ici
reconstituée. Le film développe alors des thématiques et une
échelle d´action plus ambitieuses et plus vastes que son
prédécesseur.
Pour commencer, les attaques de zombies sont multiples et
orchestrées de manière spectaculaire. Le but n´étant pas les
effets-trouilles, on sent rapidement que le gore et le fun
resteront les deux mamelles du métrage. Il faudra repasser pour
la crédibilité de l´ensemble. Mais le film dégage une telle force
et une telle jouissance dans l´équarrissage généralisé de mortsvivants qu´il est impossible de lui en vouloir. Pour en rajouter
une couche, le budget est inférieur à 800.000 euros. Aux vues
du résultat, il est urgent pour certains de s´en inspirer pour le
rendu mais aussi le plaisir provoqué auprès des spectateurs.
Démarre alors un déluge, que dis-je, un typhon, un Katrina
de gore décomplexé ! Décapitations par dizaines,
démembrements, explosions crâniennes, boyaux qui
dévissent… le Festival de Cannes de la chair pantelante. Un
croisement à la vas-y-comme-j-te-pousse du bon vieux latex
des familles et du numérique. Tout ne verse pas dans la réussite
totale, loin s´en faut. L´ombre de l´aspect bricolo qui faisait
aussi le charme du premier opus plane ici. Mais il y a une telle
joie dans rentrer dans le lard de la chair… Mais on se situe à de
franches coudées au-dessus des panouilles teutonnes à la
Schnaas ou encore à la Timo Rose. A vrai dire, le fait même de
citer ces deux réalisateurs fait ombrage à TO KAKO 2 qui est
un vrai métrage de cinéma, et pas un simple DTV cradingue…
Et on se prend à rêver que les récents films d´horreur français
aient pu prendre la même direction.
D´autre part, le fait de coller la montée graduelle du «Mal»
en parallèle avec les ravages effectués en Grèce antique réussit
à changer le braquet du concept original, d´apporter un souffle
nouveau et donc d´étaler une belle couche de gore antique.
Inévitablement, on pense à 300 (avec 100 millions de dollars
de budget en moins). Mais ce croisement illicite avec 28
JOURS PLUS TARD – en beaucoup plus violent - via ces
zombies qui ravagent Athènes se révèle un mélange détonnant
jusqu´à un final explosif et électrisant.
Point noir : le scénario qui patine au beau milieu du métrage.
Vaguement incohérent, bourré d´idées qu´il ne prend pas
toujours la peine de développer comme le voyage dans le
temps du Prophète ou Argyris mourant et revenant à la vie, et
prenant des directions à la fois comiques ou plus portées sur
l´action… Tant pis. Le réalisateur et scénariste s´accommodent
tant bien que mal des situations parfois louchant vers le sitcom.
Ce sont les baquets d´hémoglobine qui donnent le change. Si la
narration avance par à-coups et la logique se trouve écorchée, il
réserve des personnages hauts en couleurs. Et se permet
quelques coups de griffes bienvenus sur la société grecque
actuelle et son machisme ambiant. Le lieutenant Vakirtzis
(Andreas Kontopoulos) est expert en art militaire, apte au
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combat mais se retrouvant devant une femme soldat (Eftyhia
Yakoumi), de plus sa supérieure, il ne peut pas se comporter
autrement qu´en beauf primaire. Tout comme Argyris qui se
retrouve devant la jolie Vicki (Ioanna Papa), qui ne s´intéresse
en fait qu´au père septuagénaire du héros contrarié. Inversion
des codes sociaux, satire du machisme grec, le film sait aussi
marquer des points de ce côté-là… tout en réservant des sorts
tragiques à quelques uns de ses protagonistes principaux.
L´autre souci demeure l´usage et l´abus de shakycam. Si elle
peut se comprendre dans les scènes d´attaque afin de créer du
dynamisme et de l´urgence, la dernière partie devient un peu
too much pour le spectateur. Ceci dit, cela créé un lien avec TO
KAKO, privilégiant cet aspect stylistique afin de masquer la
pauvreté du budget… Toutefois, cette suite ne doit compter que
sur ce type d´énergie au diapason des plâtrées sanglantes qui
parsèment le film pour tenir les 88 minutes indiquées.
Le plupart des actrices et acteurs ne diront probablement rien
aux spectateurs internationaux ; Hormis Billy Zane qui semble
prendre du plaisir à jouer un prophète qui se ballade dans le
temps. A mi-chemin entre une parodie de Jedi et un prophète
antique, il assure un minimum de classe et de second degré. Et
il faut avouer que sa scène de bataille recèle un trait de génie
de la part du metteur en scène ! Pour le reste, les acteurs
survivants du premier film (Argiris Thanasoulas, Pepi
Moschovakou, Mary Tsoni, Meletis Giorgadis et Andreas
Kontopoulos) sont de retour, accompagnés par une cohorte de
zombies amateurs mais également de figures connues de la
télévision grecque. Par exemple, Apostolis Totsikas fait partie
du casting (avec Meletis Giorgadis) de TO KLEIDI TOU
PARADISOU, un sitcom policier assez populaire. En fait, les
milieux télévisuel et cinématographique grecs étant
relativement limités, la plupart des acteurs et actrices ont plus
ou moins travaillé ensemble à un moment de leur carrière,
s´agissant de film ou de télévision.
Idem pour la quatuor à l´origine de TO KAKO qui rempile
ici. Yorgos Noussias, Petros Nousias, Claudio Bolivar et
Christos Houliaras presque tout à plus ou moins grande échelle
: les effets spéciaux, le scénario, la photographie, la
réalisation… un vrai travail d´équipe d´amoureux du genre qui
souhaite donner un maximum au spectateur dégourdi qui ne
sera pas trop exigeant sur la qualité finale.
TO KAKO 2 oscille entre comédie non-sensique – un
excellent gag dans un stade au début du film - , slapstick,
drame et horreur tout en ménageant une part de plaisir
coupable. Et la réalisation évite de se prendre au sérieux. On
pourra lui reprocher le côté foutraque de l´ensemble et je-m´enfoutiste de la caméra. Cependant, la mise en scène se veut
dynamique et généreuse, à défaut d´être réglée au millimètre
près : c´est justement ce qui créé sa patte.
Terminons enfin en ajoutant que la vision du film laisse un
arrière-goût ironique étrangement prémonitoire. Le simple fait
d´imaginer que les autres nations ne trouvent d´autres solutions
que de détruire la Grèce du fait d´un mal étrange qui ne s´en
prend qu´à ce pays précis prend une dimension autre au regard
de la grave crise que la Grèce traverse aujourd´hui et des
atermoiements politiques des principaux acteurs économiques
mondiaux à l´égard du berceau de la démocratie.
Francis Barbier
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