Ncq 1 – lE coNtrôlE qualité daNs l`audit 6e article de la série sur les
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Ncq 1 – lE coNtrôlE qualité daNs l`audit 6e article de la série sur les
c o ntr o le o r d i nai r e benjamin chapuis p at r i z i a p a b st NCQ 1 – Le contrôle qualité dans l’audit 6e article de la série sur les ISA clarifiées ISQC 1 décrit les règles et principes de contrôle qualité des entreprises de révision. Dans les NAS 2013, ISQC 1 prendra le nom de NCQ 1 et sera complété d’une spécificité relative aux règles en Suisse. ISQC 1 est incontournable du fait de son vaste champ d’application. La Chambre fiduciaire a préparé pour ses membres des outils pratiques pour faciliter la mise en œuvre de cette norme. Le présent article a pour objectif d’introduire NCQ 1 en présentant ses éléments essentiels et les outils pratiques préparés. 1. Introduction – ISQC 1: une norme incontournable Pour qu’une entreprise de révision soit agréée en qualité d’expert-réviseur ou de réviseur, elle doit s’assurer que sa «structure de direction garantisse une supervision suffisante de l’exécution des différents mandats» (art. 6 al. 1 lit. d LSR [1]); elle doit ainsi disposer «d’un système d’assurance-qualité interne» et s’assurer que «l’adéquation et l’efficacité des principes et des mesures d’assurance-qualité font l’objet d’une supervision» (art. 9 al. 1 OSRev [2]). Du point de vue normatif, la plupart des entreprises de révision appliquent actuellement la NAS 220 Contrôle qualité dans l’audit ou, en ce qui concerne le contrôle restreint, les Instructions sur l’assurance-qualité dans les petites et moyennes entreprises de révision [3]. Dans le cadre du projet «Clarity» (clarified ISA), l’IFAC (International Federation of Accountants) a concrétisé et rendu obligatoire la nouvelle norme internationale de contrôle qualité 1 (International Standard on Quality Control, ISQC 1) [4]. Celleci traite des responsabilités du cabinet concernant son système de contrôle qualité des missions d’audit et d’examens limités d’états financiers, ainsi que d’autres missions d’assurance et de services connexes. ISQC 1 doit être lue conjointement avec l’ISA 200 «Objectifs généraux de l’auditeur indépendant et réalisation d’un audit conforme aux Normes internationales d’audit» et l’ISA 220 «Contrôle qualité d’un audit d’états financiers» (cf. ch. 5). En Suisse, ISQC 1 est déjà appliquée par les entreprises de révision soumises à la surveillance de l’État lorsque celles-ci sont par exemple engagées dans des révisions de comptes individuels ou consolidés de sociétés cotées appliquant les IFRS [5] ou dans toute autre révision requérant l’utilisation des normes de révision de l’IAASB (cf. art. 3 al. 1 et art. 5 al. 2 OSur-ASR [6]). Avec l’introduction des NAS 2013 (sur la base des ISA clarifiés), ISQC 1 devenue entretemps NCQ 1 (Norme suisse de contrôle qualité 1) est désormais la norme de ré férence à appliquer jusqu’au 15 décembre 2013 dans toutes les entreprises de révision exécutant des contrôles ordinaires. 2. Objectif et champ d’application «L’objectif du cabinet est de mettre en place et d’assurer le suivi d’un système de contrôle qualité visant à fournir au cabinet l’assurance raisonnable: a) qu’il et son personnel spécialisé se conforment aux normes professionnelles et aux exigences légales et réglementaires applicables; et b) que les rapports émis par le cabinet ou ses associés responsables de missions sont appropriés en la circonstance [7].» En plus d’être obligatoire pour les contrôles ordinaires et les missions spéciales, NCQ 1 l’est également pour toutes les autres missions d’assurances et les services connexes, à l’exception des entreprises de révision ne pratiquant que des BENJAMIN CHAPUIS, PATRIZIA PABST, EXPERT-COMPTABLE EXPERT-COMPTABLE DIPLÔMÉ, MEMBRE DU DIPLÔMÉE, CENTRE DE COMPÉTENCE RESSORT PRATIQUE PME DE LA CHAMBRE PROFESSIONNELLE, FIDUCIAIRE, PROF. HAUTE CHAMBRE FIDUCIAIRE, ÉCOLE DE GESTION ARC, ZURICH NEUCHÂTEL 50 L’ e x p e r t - c o m p ta b l e s u i ss e 2013 | 1–2 c o ntr o le o r d i nai r e NCQ 1 – Le c o ntr ô le q ualité dan s l’au d it Tableau 1: Aperçu des éléments d’un système de contrôle qualité 1. Responsabilité de l’équipe dirigeante concernant la qualité au sein du cabinet 2. Règles d’éthique pertinentes 3. Acceptation et maintien de relations clients et de missions particulières Politiques et procédures 4. Ressources humaines 5. Réalisation de la mission 6. Surveillance Documentation et conservation contrôles restreints. Celles-ci ont jusqu’au 1er septembre 2016 pour adapter leur système de contrôle-qualité à NCQ 1. Cependant, une application anticipée est considérée comme une «Best practice» et peut contribuer à satisfaire au mieux les exigences des clients. 3. Guide, modèles, outils pratiques Le Centre de compétence PME Chambre fiduciaire a formé un groupe de travail ayant pour mission de faciliter la mise en place de NCQ 1 dans les petits et moyens cabinets. Le groupe de travail [8] a élaboré le guide suisse de contrôle qualité dans l’audit qui contient toute une série d’exemples, d’outils pratiques, de check-lists et de modèles adaptables à chaque situation. Le guide sera proposé exclusivement dans un format électronique permettant une mise en œuvre efficiente. Le guide traite chaque élément d’un système de contrôle qualité (cf. chiffre suivant). Pour chacun de ces éléments, le guide aborde les aspects suivants: texte original de la NCQ 1; explications; exemples pratiques; outils pratiques. Quelques d’outils pratiques intégrés dans le guide sont évoqués dans le chapitre suivant pour visualiser au mieux ce futur guide. 4. Éléments d’un système de contrôle qualité (NCQ 1.16) 4.1 Aperçu. D’une manière générale, NCQ 1 exige de chaque cabinet fournissant des prestations en termes de missions d’audit et d’examens limités d’états financiers, ainsi que d’autres missions d’assurance et de services connexes, qu’il élabore des politiques et procédures relatives au contrôle qualité. Ces politiques et procédures sont adaptées à la taille du cabinet et à ses caractéristiques de fonctionnement (NCQ 1.4). Elles sont dans tous les cas consignées par écrit et communiquées au sein du cabinet (NCQ 1.17). Elles couvrent les six éléments d’un système de contrôle qualité tels qu’édictés par NCQ 1.16 (cf. tableau 1 et ch. 4.1 à 4.7). À cela s’ajoute l’obligation de documenter son système de manière à pouvoir «fournir la preuve du fonctionnement de chaque élément de son système de contrôle qualité» (NCQ 1.57). 1–2 | 2013 L’ e x p e r t - c o m p ta b l e s u i ss e 4.2 Responsabilités de l’équipe dirigeante concernant la qualité au sein du cabinet (rôles/fonctions). La direction générale doit promouvoir une culture interne orientée vers la qualité et reposant sur des actions et messages clairs, cohérents et répétés. Elle se doit de donner l’exemple et d’ancrer dans la stratégie du cabinet l’exigence supérieure de la qualité dans toutes les missions réalisées. Cela se matérialise notamment par des politiques et procédures couvrant l’évaluation des performances, la promotion interne et la rémunération. Il est ainsi évident que la qualité des travaux prime sur les considérations d’ordre commercial. Il est attendu que la direction générale (ou son équivalent) assume la responsabilité du système de contrôle qualité du cabinet. Elle peut attribuer la responsabilité fonctionnelle à toute personne dotée de l’expérience, des capacités et de l’autorité nécessaires pour assumer cette responsabilité. Comme outil pratique et à titre exemplatif, le guide propose un exemple de prise en compte de la qualité dans l’énoncé de la stratégie. 4.3 Règles d’éthique pertinentes. L’éthique consiste à savoir quand dire «non» et quand mettre fin à la relation avec un client, un employé ou même un associé. Pour cela, le cabinet se base sur les règles déontologiques de la profession [9] pour lesquelles les principes fondamentaux de l’éthique professionnelle comprennent: l’intégrité, l’objectivité, la compétence et la diligence professionnelle, la confidentialité et le comportement professionnel. Afin de renforcer ces principes fondamentaux, le cabinet met en place une politique d’encadrement, de formation du personnel et de traitement des cas de non-respect (NAS 220.9-10). L’indépendance est une des thématiques-clés des règles d’éthique (NCQ 1.21–25). Le cabinet et ses membres doivent conserver leur indépendance d’esprit et d’apparence. Pour cela, le cabinet se procure les informations pertinentes pour identifier et évaluer globalement les menaces; il met également en place un système permettant de faire remonter sans délai les manquements aux règles d’indépendance. À titre d’exemple, la norme exige du cabinet qu’il obtienne une fois par an une confirmation écrite de ses collaborateurs qu’ils 51 c o ntr o le o r d i nai r e NCQ 1 – Le c o ntr ô le q ualité dan s l’au d it Tableau 2: ressources humaines Thématiques Mots-clés Recrutement et fidélisation Évaluation des besoins en matière de ressources humaines Processus de recrutement Conservation des professionnels compétents Perfectionnement professionnel continu Respect des exigences en matière de formation continue Affectation à l’équipe de mission Taille, compétences, temps Mise en application des politiques de contrôle qualité (discipline) Conséquences et procédures correctives en cas de non-respect, d’indifférence, d’absence de diligence, d’abus et de contournement Conformité récompensée Évaluation de la performance du personnel, incidences sur la rémunération, les primes, les promotions comprennent et respectent les règles d’indépendance, en particulier celles des «directives sur l’indépendance» de la Chambre fiduciaire. Ces dernières, obligatoires pour les membres de la Chambre, reprennent l’essentiel des principes du Code de l’IESBA [10]. À titre d’exemple, le groupe de travail a élaboré un tableau fournissant un aperçu des normes d’indépendance par type de prestations, une check-list pour déterminer l’éventuelle existence d’un «réseau», ou encore des déclarations types pour l’indépendance et la confidentialité. 4.4 Acceptation et maintien de relations clients et de missions particulières. Une décision irréfléchie quant à l’acceptation ou au maintien d’un client peut être problématique, voire dramatique. NCQ 1 demande aux cabinets d’établir des politiques et procédures limitant ce risque, notamment en réglant les conditions minimales relatives aux compétences et aux capacités des collaborateurs, mais aussi en rappelant le devoir de conformité aux règles de déontologie pertinentes et en considérant l’intégrité du client lors de décisions relatives à l’acceptation de nouveaux mandats. Ces politiques et procédures traitent également des éléments à considérer et du processus à suivre pour l’interruption d’une relation client. Le guide recèle différentes check-lists relatives à l’acceptation, au maintien ou au retrait d’une relation client ou d’une mission spécifique. Il propose également des documents utiles lors de doubles mandats. 4.5 Ressources humaines. Les politiques et procédures demandées par NCQ 1.29–31 couvrent normalement les aspects mentionnés au tableau 2 (NCQ 1.A24). Pour les plus petits cabinets, ISCQC 1.A29 permet d’instaurer moins de procédures ou des procédures moins formelles. «Par exemple, le processus d’évaluation de la performance peut consister en une simple note datée et signée par le responsable de l’évaluation et le membre concerné du cabinet.» [11] Les outils pratiques incluent des éléments facilitant l’évaluation globale des postulations, l’analyse individuelle lors de l’entretien et le suivi administratif des recrutements. Le groupe de travail a également préparé des outils d’évaluation 52 des collaborateurs et des aides, mini cas et questionnements relatifs à la gestion de la formation continue du personnel. 4.6 Réalisation de la mission. Les politiques et procédures établies par le cabinet exigent que les missions soient réalisées conformément aux normes professionnelles et aux exigences légales et réglementaires applicables. Elles intègrent ainsi des dispositions relatives à la consultation, à la revue de contrôle qualité de la mission, au traitement et à la résolution des divergences d’opinions (internes ou externes), et finalement les règles de documentation de la mission. Le guide met à disposition une check-list permettant, par sa découpe en quatre phases, de s’assurer de la bonne réalisation de la mission. 4.7 Surveillance «Le cabinet doit définir un processus de surveillance destiné à lui fournir l’assurance raisonnable que les politiques et les procédures relatives au système de contrôle qualité sont pertinentes, adéquates, et fonctionnent efficacement.» [12] Cela inclut un processus de surveillance du système de contrôle qualité du cabinet incluant un cycle d’inspection pour une sélection de missions achevées. Cela comprend également des règles d’évaluation, de communication, de correction des déficiences relevées et du traitement des plaintes et allégations. Les modifications de l’ordonnance sur la révision entrées en vigueur le 1er décembre 2012 disposent que «les entreprises de révision qui n’effectuent pas de contrôles ordinaires mais des contrôles restreints, dans lesquelles seulement une personne dispose de l’agrément nécessaire et qui ne disposent pas d’un système d’assurance qualité, doivent être affiliées, à partir du 1er septembre 2016, à un système d’évaluation régulière menée par des professionnels de même rang» (art. 49 al. 2 OSRev). Les petits cabinets peuvent ainsi s’assurer d’une surveillance adéquate grâce au système de peer review. Le guide intègre donc une check-list relatant les éléments à thématiser ainsi qu’un exemple de rapport à établir par la personne en charge de la surveillance, autant d’éléments pouvant se révéler bien utile lors de la réalisation d’une peer review. L’ e x p e r t - c o m p ta b l e s u i ss e 2013 | 1–2 c o ntr o le o r d i nai r e NCQ 1 – Le c o ntr ô le q ualité dan s l’au d it 5. NAS 200 et NAS 220 en 2 mots La NAS 200 porte sur les responsabilités générales de l’auditeur indépendant qui réalise un audit d’états financiers. Plus précisément, elle décrit la nature et l’étendue d’un audit. Elle décrit également le champ d’application, l’autorité et la structure des NAS et définit les responsabilités générales qui incombent à l’auditeur indépendant dans tous les audits. La NAS 200 demande notamment à l’auditeur de se conformer aux règles d’éthique pertinentes en renvoyant aux normes NCQ 1 et NAS 220 (ISA 200.14 et A17). La NAS 220 traite des responsabilités particulières de l’auditeur concernant les procédures de contrôle qualité applicables spécifiquement à un audit d’états financiers, alors que la NCQ 1 traite notamment du contrôle qualité au niveau du cabinet. La nouvelle NAS 220 (2013) est sensiblement différente de l’actuelle NAS 220 (2010); elle suit désormais la structure de la NCQ 1. Notes: 1) RS 221.302. 2) RS 221.302.3. 3) Chambre fiduciaire et Fiduciaire|Suisse, 2008. 4) International Standard on Quality Control. 5) International Financial Reporting Standards. 6) RS 221.302.33. 7) NCQ 1.11. 8) Membres du groupe de travail: Benjamin Chapuis, Thorsten Kleibold, Patrizia Kiefer, 1–2 | 2013 L’ e x p e r t - c o m p ta b l e s u i ss e 6. Conclusion Par l’angle du contrôle qualité, NCQ 1 cadre l’organisation d’un cabinet actif dans les missions d’assurance. Cette norme demande que la qualité soit au cœur des préoccupations du cabinet. Il en résulte des exigences de formalisation importantes. La Chambre fiduciaire fournit donc à ses membres un guide favorisant une mise en œuvre efficace et efficiente des exigences de cette nouvelle NCQ 1. L’Académie de la Chambre fiduciaire offre en outre un module de formation sur le contrôle qualité dans le cadre de son séminaire sur «les nouvelles normes d’audit suisses». Le Centre de compétence PME est aussi à la disposition des membres de la Chambre fiduciaire [13]. n Karl Renggli, Daniel Stoop. 9) Code d’éthique de l’IFAC (sections 290 et 291), repris pour la Suisse dans les Règles d’organisation et d’éthique professionnelle 2007 de la Chambre fiduciaire et les Directives sur l’indépendance 2007 de la Chambre fiduciaire. 10) International Ethics Standards Board for Accountants. 11) IFAC, Guide sur le contrôle qualité pour les cabinets de petite et moyenne taille, 3e éd. p. 27. 12) NCQ 1.48. 13) Idéalement par l’adresse email: [email protected]. 53