RECIT DETAILLE Pays Etat Date Récit Singapour Malaisie

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RECIT DETAILLE Pays Etat Date Récit Singapour Malaisie
RECIT DETAILLE
Pays
Etat
Singapour
Singapour
Malaisie
Johor
Date
03/08/2012
Récit
C’est le grand jour. Nous avons rendez-vous à 13h30 dans les bureaux de l’Association Automobile de Singapour. Nous profitons de notre chambre jusqu’à la fin
de la matinée. Dernières douches, dernière connexion internet. Puis, nous bouclons nos sacs. Midi. Nous partons en taxi à travers les rues de la ville. Nous
sommes en avance mais il fallait libérer la chambre. Nous nous installons au frais devant les guichets de l’ASS dans River Valley road. Dehors, il fait de plus en
plus lourd et une grosse averse se met à tomber. Heureusement, le soleil est revenu lorsqu’arrive la dépanneuse. Le chauffeur jette nos deux gros sacs sur le
plateau arrière. Direction le port de Jurong, une île artificielle au sud de la Singapour. Première étape, faire faire nos « pass » pour accéder au port. Nous
repartons avec la dépanneuse jusqu’aux hangars de Perkins. Le camping-car est là, en « chair et en os ». Nous effectuons une inspection. Tout semble en ordre.
Etape suivant, l’administration portuaire pour obtenir le « delivery order ». Contrairement à l’habitude, il n’est pas délivré ici par la compagnie maritime mais par le
port sur présentation d’un document établi par Perkins. Malheureusement, Angie à « oublié » de nous envoyer ce document qui comporte un numéro d’ordre,
indispensable. Notre chauffeur, vraiment dévoué, repart avec la dépanneuse jusqu’aux hangars de Perkins et réussit à obtenir une copie. Nous voilà enfin munis
de notre « délivery order ». Il ne reste plus qu’à sortir le véhicule du port et à le tracter jusqu’à la frontière Malaise. Passage par la douane à l’entrée du port pour
viser notre carnet de passage en douane et nous voilà partis. Il est déjà 16h30.
Direction Johor Bahru, le poste de frontière malais. La circulation est intense. Le chauffeur nous explique qu’il existe à Singapour des plaques d’immatriculation
noires pour les véhicules autorisés à rouler tous les jours et des plaques d’immatriculation rouges pour les voitures ne pouvant circuler que les week-end et jours
fériés ; le second permis étant moins cher que le premier. Nous voici sur le théâtre des opérations : sortir de Singapour et entrer en Malaisie. Tout d’abord,
passage au bureau de l’immigration pour enregistrer notre sortie sur les passeports. Puis passage aux services de police pour enregistrer la sortie du véhicule.
Nous sommes dans un hangar sombre avec des quais de déchargement qui servent à contrôler le contenu des camions. C’est une véritable affaire d’état. Le
préposé doit tamponner notre carnet de passage en douane pour enregistrer la sortie du véhicule. Mais seul le chef est autorisé à effectuer ce travail délicat. Le
douanier s’en va donc derrière le décor, on ne sait où. Je reste dans la dépanneuse. Les quais de déchargement, c’est bon pour les hommes. Nous attendons
près d’une demi-heure avant de voir revenir notre homme. Le chef a bien voulu tamponner notre carnet. Nous ne sommes plus à Singapour mais pas encore en
Malaisie. Notre chauffeur tracte le véhicule jusqu’au milieu du pont qui relie les deux pays puis nous largue au milieu de la circulation. Suivez les « loris », les
camions.
Pays
Etat
Date
Récit
Même opération en sens inverse : enregistrer notre entrée sur le territoire malais au bureau de l’immigration. Le véhicule maintenant. Nous arrivons devant une
barrière de passage à niveau. Il faut payer 2,90 rm avec notre carte. Quelle carte ? Nous n’avons pas de carte. Nous bloquons toute la circulation et déclenchons
un concert de klaxonnes. Les chauffeurs de camion ne supportent pas d’être retardés dans leur course. Une tête apparaît à une fenêtre. Il faut payer avec notre
carte. Quelle carte ? La tête disparaît puis réapparaît. Donnez-moi 20rm. Nous ne comprenons pas trop pourquoi mais nous tendons les billets, heureux d’avoir
prévu de la monnaie malaise avant de passer la frontière. Nous sommes maintenant en possession d’une carte prépayées qui serte à payer les autoroutes. Nous
pouvons donc payer le péage. Nous faisons 10 m et nous trouvons face à une nouvelle barrière de passage à niveau. Il faut présenter la carte devant le lecteur.
La carte ? Quelle carte ? Vous n’avez pas la carte ? Laquelle ? Celle que nous venons d’acheter ? Non l’autre. Non, nous n’avons pas la carte. Concert de
klaxonnes. Les chauffeurs s’impatientent de plus en plus. La préposée à la deuxième barrière remplit un document et nous demande de le présenter à l’officier de
police, là-bas, allée n°2. Ouf ! La barrière s’ouvre. Allée n°2, file de droite. Georges se présente dans les bureaux avec le carnet de passage en douane. Son
anglais et plus que laborieux et lorsqu’on lui demande combien il y a de chevaux dans la voiture, il annonce le nombre de chevaux fiscaux. Branle bas de combat.
Le grand chef, "dix barrettes" sur la chemise, arrive près du camping-car et demande à voir les chevaux. Les vrais chevaux, en chair et en os. Personne n’y
comprend plus rien. Il n’y a évidemment pas plus de chevaux que de beurre en broche. Le quiproquo se dénoue et je juge plus prudent de rejoindre Georges dans
les bureaux. L’aimable douanière qui nous reçoit, tout sourire, nous dit qu’elle a l’habitude des carnets de passage en douane. Le seul problème c’est qu’ils sont
tous différents. En fait, tout le monde se refile le bébé sans savoir ce qu’il faut faire. Chacun a peur de commettre une erreur. Le jour décline et il fait presque noir.
L’heure de la pause repas va bientôt sonner. Finalement, tout en essayant de ménager les susceptibilités, nous expliquons à notre douanière comment il faut faire
pour remplir le document en lui montrant comment avait procédé la douane singapourienne. Nous voilà libre de circuler pendant 90 jours en Malaisie. Sauf qu’il fait
presque nuit ; Il est 18h30. Une pluie battante s’est mise à tomber. Heureusement, les aimables douanières nous ont indiqué un endroit où nous pourrions passer
la nuit, au bord du chenal qui sépare la Malaisie de Singapour.
Il pleut tellement que les essuie-glaces peinent à évacuer les trombes d’eau qui tombent du ciel. Nous avons un mal fou à nous repérer. Nous arrivons finalement
à la Marina. Sauf que le patron des lieux refuse de nous laisser passer la nuit sur son parking. C'est un endroit privé. Georges se rend tout de même au bar de la
Marina pour chercher un homme fort. Il m’épate. Je le vois revenir avec un grand gaillard. Nous avons besoin de quelqu’un pour nous aider à remonter la roue de
secours sur le toit du camping-car. Nous l’avons entreposé sur le lit pour la traversée et il faut bien la dégager si nous voulons nous coucher. Le ciel, dans sa
clémence, accepte un moment d’arroser la ville. Nous avons tout juste le temps de fixer la roue et de repartir plus loin. La pluie se remet à tomber. Nous
atterrissons finalement sur un parking près du débarcadère des bateaux de croisière. Il y a là une sorte de Luna Park et des bateaux-restaurants amarrés au quai.
Des néons multicolores clignotent dans tous les coins. L’endroit sert de rendez-vous aux couples d’amoureux qui s’abritent dans leurs voitures. Nous fourrons
rapidement nos bagages dans le camping-car, dégageons la table et le lit pour manger un morceau et nous coucher. La journée a été rude. A chaque jour suffit sa
peine. Nous y verrons plus clair demain.
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Pays
Etat
Malaisie
Johor
Date
04/08/2012
Récit
La nuit a été plus calme que nous le craignons. Hier, nous avons débarrassé tant bien que mal la table et le lit pour pouvoir manger et dormir. Mais ce matin, il faut
mettre le camping-car en ordre de marche. Il fait déjà une chaleur pesante. Nous transpirons à grosses gouttes, même sans bouger. Et là, nous devons nous
démener pour remettre chaque chose à sa place. Comme d’habitude, pendant que je mets de l’ordre à l’intérieur, Georges réinstalle nos affaires à l’arrière de la
voiture et dans les coffres latéraux. Tout est à peu près fonctionnel au bout de deux heures. Nous nous rafraîchissons un peu avant de reprendre la route. Au
dernier moment, nous décidons de prendre la direction de la côte ouest. Nous n’avons qu’une carte routière très approximative et nous ne comprenons rien à la
signalétique entièrement écrite en malais. Nous repérons la direction de Kuala Lumpur. L’essentiel est de sortir de Johor Bahru par le nord. Nous aviserons
ensuite. Nous faisons halte dans une station « Shell ». Le mot diesel est écrit en clair. C’est toujours ça de gagné. Le pompiste parle trois mots d’anglais. Juste
assez pour nous indiquer la direction d’un supermarché ; un peu plus loin, après la station Esso. Nous repérons la grosse enseigne « Kip Mart ». Les places de
parking sont à la taille des véhicules : minuscules. Nous débordons largement sur l’allée. « Selamat Datang », bienvenus, nous annonce l’écriteau au fronton du
magasin.
Le supermarché en question est en fait une sorte de grande halle, abritée sous un hangar métallique. Chaque commerçant tient un étale indépendant. Nous
examinons les étalages de fruits et légumes. Beaucoup nous sont inconnus. Nous reconnaissons les gros durians verts hérissés de pointes. Ils sont trop gros pour
nous mais il faudra que nous y goutions un jour. Nous optons pour deux fruits du dragonnier, des tomates, des concombres et des poivrons pour faire des salades.
Puis nous abordons le coin des bouchers, des marchands d’œufs et des poissonniers. Comme nous espérons manger au restaurant, nous passons notre chemin.
Mais, impossible de trouver des produits laitiers. Nous achetons du pain de mie emballé dans du papier cristal comme des pâtisseries de grand luxe et un carton
de bouteilles d’eau. Nous voilà parés pour commencer notre tour de Malaisie. Avant de quitter la halle, nous nous attablons devant une assiette de poulet-riz. Nous
voilà nourris. Nous faisons un dernier tour dans le secteur forain. Les boutiques vendent des voiles pour les femmes. Nous sommes en pays musulman et, hormis
les chinoises et les tamoules, aucune femme ne sort tête nue. Cependant, si les tenues sont très enveloppantes, elles sont colorées et gaies. « Terima kasih »,
merci nous dit l’écriteau au dessus de la porte de sortie. Nous connaissons déjà deux mots de malais. Ce n’est pas si mal pour notre premier jour dans le pays.
Nous repartons, laissant la route décider de notre itinéraire.
Pays
Etat
Date
Récit
Nous avons repéré la direction de « Gelang Patah », à l’ouest de Johor Bahru. Nous sortirons au moins du bon côté. Arrivés à Gelang Patah, nous devons
demander la direction de Pontian Kecil (le petit Pontian), au bord de l’océan. Nous repérons enfin la bonne direction. Il n’y a plus qu’à suivre les panneaux
indicateurs. Nous ne comprenons toujours rien à la signalétique. La pluie recommence à tomber à seaux et la circulation s’immobilise soudain. Nous avançons à la
vitesse d’un escargot jusqu’à ce que nous arrivions sur les lieux d’un accident : un camion de chantier dans le décor, une voiture en travers de la chaussée et une
autre entièrement brûlée. Les malais ne nous ont pas paru trop mal conduire. Néanmoins, nous roulons sans assurance et nous prions à chaque instant pour qu’il
ne nous arrive rien. Nous arrivons finalement à Pontian. Direction Kukup, au sud. Il est temps de chercher un endroit pour bivouaquer. Un panneau indiquant «
Kompleks recreasi » attire notre regard. Pour la première fois, nous comprenons un écriteau malais. Nous empruntons une petite route à droite qui longe un canal
en direction de l’océan. Quelques bâtiments crépis en jaune, des jeux pour enfants et surtout un parking au bord de l’eau. Nous nous garons et partons explorer
les lieux. Deux ouvriers rafraîchissent et rénovent les installations en prévision de l’Hari Raya, la fin du ramadan. Muzium Bugis mentionne une plaque apposée
sur une maison. Une déformation du mot anglai « museum ». Nous avons compris. Mais un musée de quoi. Le gardien nous convie à enlever nos chaussures pour
entrer. Bugis ? C’est quoi Bugis ? Tout est écrit en malais, excepté quelques articles de journaux rédigés en anglais. Une partie du mystère est levé. Les Bugis
sont une tribu de malais de laquelle ont longtemps été issus les sultans du Johor. Un descendant des Bugis a décidé d’ouvrir au public sa collection d’objets ayant
appartenus à sa famille. Les assiettes en céramique ressemblent à celles qu’on peut encore trouver chez nos grands mère ou arrières grand mères. Rien de bien
extraordinaire. Nous comprenons maintenant pourquoi il y a une station de métro « Bugis village » à Singapour. Il est temps de remettre nos chaussures pour une
petite balade au bord de l’océan. Nous sommes face au détroit de Malacca. A marée basse, des pêcheurs à pied, armés de seaux en plastique blanc, fouillent le
sable mouillé. Nous ne savons pas ce qu’ils récoltent.
Nous rentrons au camping-car pour nous reposer. La journée a été encore bien chargée. En soirée, le parking sert de lieu de rendez-vous pour des jeunes types à
mobylette ou en voiture. Puis c’est le tour des familles de venir prendre le frais. Finalement, le silence tombe.
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Malaisie
Johor
05/08/2012
Nous avons laissé toutes les fenêtres ouvertes pendant la nuit. Mais nous avons mal dormi à cause de la chaleur. En revanche, pas de moustique malgré la
proximité des eaux stagnantes. Nous sommes debout dès 6h30 pour tenter de profiter d’une fraîcheur toute relative. Il fait déjà 26°C. Nous avons décidé de nous
rendre à la « tanjung » de Piai, la pointe de Piai, le point le plus au sud de l’Asie continentale. Il est situé au cœur d’un petit parc national, au bord du détroit de
Malacca. Nous traversons la campagne malaise avec ses plantations de palmiers dattiers, de cocotiers et de bananiers. Les maisons ressemblent à des cases
créoles en bois avec un toit de tôle parfois très pointu. Tout le monde pavoise. Nous voyons partout des drapeaux malais. Copiés sur celui des USA, ils arborent
des raies horizontales rouges et blanches. Dans un angle, un rectangle bleu met en valeur un croissant de lune et une étoile à douze branches jaunes. On prépare
la fête de l’Hari Raya ou Aït il Fitri, la fin du ramadan. C’est l’occasion de faire un grand ménage et d’embellir les maisons. Cette année, le jeûne devrait être rompu
le 19 ou le 20 août. Pour l’heure, à l’exception des commerces chinois, tout est au ralenti, voir fermé. Nous apercevons de nombreuses mosquées en bois ou en
béton aux couleurs vives et aux dômes dorés. Nous arrivons finalement sur le parking du parc national.
Il y a déjà quelques visiteurs. Le parc applique un tarif fort pour les étrangers. Mais nous bénéficions néanmoins d’une réduction « senior » car nous avons plus de
50 ans. Le quinquagénaire est ici considéré comme âgé. Nous traversons le centre d’accueil pour accéder au réseau de pontons et passerelles qui permettent de
visiter la mangrove. Nous sommes surtout effarés par la saleté des lieux. La mangrove est envahie de déchets provenant sans doute de tous les cargos qui
sillonnent le détroit de Malacca. On trouve de tout et en particulier un nombre impressionnant de bouteilles et bidons en plastique. Une longue « jeti » conduit
jusqu’à une plateforme avec vue imprenable sur le détroit. Les cargos et tankers se comptent par dizaines. Certains sont très près, d’autres plus loin sur l’horizon.
Une véritable autoroute. Impressionnant !
Pays
Etat
Date
Récit
Depuis la jetée, nous voyons des poissons de mangrove qui fuient devant la marée montante pour se réfugier plus haut, sur les pierres et les racines. Ces
poissons amphibies sont vraiment beaucoup plus gros que ceux observés sur la côte est de l’Australie. Ici, ils mesurent au moins 20 cm de long. Nous les voyons
sauter sur le sable à l’aide de leurs pattes-nageoires. Nous surprenons une famille de petits singes aux yeux cerclés de blanc en train de déguster des feuilles
dans un bouquet d’arbres. Un peu plus loin, c’est une famille de macaques qui bondissent de branches en branches. Nous poursuivons notre balade sur les
pontons et découvrons encore plusieurs variétés de petits crabes de vase. Certains sont noirs avec une seule grosse pince rouge disproportionnée par rapport à la
taille de l’animal. D’autres ressemblent à de vrais bijoux, le dos d’un vert brillant et le ventre violet ou rouge. Nous croisons aussi quelques lézards noirs. Soudain,
Georges fait un bond en arrière. Un petit serpent vert et rouge se glisse entre les planches du ponton. Nous ne voyons plus que sa queue, verte, ponctuée de
jolies « fleurs » rouges. Curieuse, la bestiole ressort la tête pour nous observer. Nous voyons d’un côté sa queue et de l’autre côté sa tête. Le corps doit pendre en
dessous. Nous n’osons plus avancer, ne sachant pas si c’est un serpent venimeux, même si sa tête nous paraît sympathique. Finalement, je décide de sauter sur
les planches pour le faire fuir. Réussite totale. Sauf que le reptile se sauve dans notre direction et file à quelques centimètres de nos pieds. Dorénavant, nous
regardons le ponton avec suspicion. Nous finissons notre visite par le point le plus au sud de l’Asie continental, matérialisé par un gros globe terrestre en fer forgé.
Nous prenons quelques photos pour immortaliser l’endroit.
De retour au camping-car, nous décidons d’aller manger au village de pêcheurs de Kukup. Le kampung est un village lacustre, essentiellement habité par des
chinois. Au bout de la terre ferme, un ferry emporte le visiteur jusqu’à la pulau (l’île) de Kukup, classée parc national. Mais nous en avons assez des parcs
nationaux pour aujourd’hui. L’endroit est surtout fréquenté par des touristes Singapouriens. Nous trouvons un restaurant chinois qui sert des fruits de mer. Nous
nous installons sur une terrasse au milieu des maisons desservies par des chenaux. Sur la terrasse voisine, des ouvriers étalent petits poissons et crevettes sur le
sol pour les faire sécher au soleil. Prudent, Georges commande des côtes de porcs. Quand à moi, je prends la spécialité du chef, sans trop savoir de quoi il s’agit.
Peu après, je découvre mon assiette : de minuscules poulpes grillés avec une sauce aux oignons et à l’ananas. Baguettes de rigueur. La qualité gustative est
assez discutable. Après cette plongée dans la gastronomie locale, nous entreprenons une balade dans la petite cité lacustre.
Le début du quartier chinois est matérialisé par un petit porche à l’entrée d’un ponton principal. Depuis ce ponton, des passerelles desservent les maisons sur
pilotis. Certaines sont encore en bois mais de plus en plus de constructions sont en béton. Entre les maisons, les chenaux où se faufilent les barques à moteur.
L’eau est infâme. Les eaux usées se déversent sans doute directement sous les habitations. Des déchets flottent de partout à la surface de l’eau. Pourtant
plusieurs petits hôtels sont ouverts à l’attention des touristes. Près d’une maison, nous apercevons un serpent gris qui sinue au fond de l’eau, entre les pilotis.
Berck ! Il est temps de quitter Kukup pour partir à la recherche d’un bivouac.
Nous décidons de retourner au parc national de la Tajung Piai dans l’espoir de passer la nuit sur le parking. Mais le type de l’entrée est intraitable. Nous devons
nous rendre au « resort » installée un peu plus loin. Il n’en est évidemment pas question. Après quelques vaines tentatives sur des petites routes de campagne,
nous choisissons de retourner nous installer sur le parking du muzium Bugis sur lequel nous avons passé la nuit précédente. Un gars qui parle un peu anglais
harponne Georges dès notre arrivée. Je le laisse avec son nouveau « copain » ayant d’autres chats à fouetter. Le type invite chacune des trois filles qui
l’accompagnent à se faire tirer le portrait avec Georges. Je ne sais pas trop de quoi il retourne et dès que je sors du camping-car, le malais et ses copines décide
de prendre le large. Alors que le soir tombe, il y a toujours beaucoup de passage et de curieux autour du camping-car. Espérons que cela se calmera avec
l’arrivée de la nuit.
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Pays
Etat
Malaisie
Johor
Date
06/08/2012
Récit
Nous avons passé une mauvaise nuit. Le parking au bord de l’océan sert de lieu de rendez-vous sans doute plus ou moins avouables. Voitures et mobylettes ont
tourné pendant longtemps aux abords du camping-car. Comme nous dormons toutes fenêtres ouvertes, le pinceau des phares balayait sans cesse l’intérieur, nous
aveuglant. Ce n’est donc pas la grande forme lorsque nous nous levons. Nous avons décidé de remonter le long de la côte ouest en direction de Malacca. Notre
carte routière nous indique une mosquée historique au borde de l’estuaire de la sungai (rivière) Benut, au niveau du village du même nom. Mais lorsque nous
arrivons à Benut, impossible de nous faire comprendre. Nous voyons des mosquées de partout mais nous ne savons pas comment les malais appellent se genre
de bâtiment. Après avoir erré en vain à la recherche d’une route qui puisse nous y conduire, nous décidons d’abandonner et de poursuivre notre chemin jusqu’à
Pekan Tampok, quelques kilomètres plus loin.
Nous repérons alors la direction d’un « Kompleks recreasi » et empruntons la petite route qui semble y mener. Nous longeons une rivière canalisée dans laquelle
se reflètent bananiers et palmiers. De petites passerelles de bois permettent de rejoindre les maisons plantées sur l’autre rive. Nous parvenons au bout de la
route. Une grande écluse en métal bleu barre la rivière et sert de pont pour entrer dans le complexe : des jeux pour enfants, un terrain de sport, une série de
bâtiments plus ou moins abandonnés et complètement déserts. Des ouvriers taillent les bordures des pelouses et réparent un ponton. Nous avisons un gamin
venu à notre rencontre à vélo, poussé par la curiosité. « parking tidur » (parking nuit) prononçons nous avec difficulté. Le gamin nous fait signe d’attendre et s’en
va pour revenir quelques instants plus tard avec une fillette chinoise parlant très bien l’anglais. Elle nous confirme que nous sommes dans un lieu public et que
nous pouvons passer la nuit ici. Des toilettes et de l’eau à disposition. Que pouvons-nous espérer de mieux ? Nous nous garons et partons faire le tour des
installations.
Le complexe est entouré de cases créoles noyées dans les bananiers mais nous ne voyons personne. Au-delà de l’écluse, nous découvrons des barques de
pêche amarrées à des maisons sur pilotis. La rivière se perd dans les profondeurs de la végétation. Nous empruntons un chemin de terre qui longe la sungai
jusqu’à perte de vue. A plusieurs reprises, des macaques se sauvent à notre approche. En Malaisie, pas besoin de visiter un parc national pour voir des singes. Ils
vivent aux abords des maisons et cohabitent avec l’Homme. Le ciel se faisant de plus en plus menaçant, nous rentrons au camping-car. Nous nous garons au
bord de l’eau avant de prendre notre repas de mi-journée et faire une petite lessive de linge. C’est alors qu’éclate le plus bel orage que nous n’ayons jamais vu.
Nous sommes surtout impressionnés par la quantité d’eau qui tombe du ciel pendant des heures. Le niveau de la rivière toute proche monte rapidement et nous
voyons passer un gros varan dans le courant. L’eau charrie de gros amas de végétaux arrachés aux berges. Pendant que la pluie s’abat avec violence nous
apprécions notre petit cocon bien sec. Georges étudie notre itinéraire en Asie et je poursuis la rédaction de notre récit détaillé.
Vers 17h00, le ciel s’éclaircit enfin et nous sortons prendre l’air. Cette fois, les occupants des maisons sont revenus de leur travail et nous pouvons discuter un
instant avec un malais qui parle un peu anglais. Il prend un air étonné lorsque nous lui disons que nous apprécions et trouvons jolie la campagne qui nous entoure.
Quant à lui, il n’y voit aucun intérêt particulier. Singes, varans, bananiers et palmiers font partie de son quotidien. La balade terminée, nous nous couchons de
bonne heure après un repas pris sur le pouce.
XXXXXX
Pays
Etat
Malaisie
Johor
Date
07/08/2012
Récit
Le varan aperçu hier nous observe depuis un amas de végétaux coincé contre une pile de la passerelle. Nous devons être sur son territoire. Notre visite au zoo de
Singapour nous a apprit que ce reptile est un cousin du varan de Komodo mais deux fois plus petit. Avant de quitter le kompleks recreasi de Tampok, nous
profitons des « tandas » (toilettes), pour vider le réservoir des eaux noires et faire le plein d’eau claire. Dans la soirée d’hier, nous avons décidé de rallier la côte
est de la péninsule malaise, encore propice à la visite jusqu’à la fin du mois de septembre. Nous repartons en direction du sud jusqu’à Benut d’où part une voie
transversale en direction de l’Est. Nous sommes surpris par les bâtiments construits en bordure des routes. Partout, de longs immeubles d’un ou deux étages. Au
rez-de-chaussée, un alignement de locaux commerciaux surmontés par les locaux d’habitation. Toutes les agglomérations sont ainsi construites de la même
façon. La plupart des immeubles sont occupés de plus ou moins longue date. Les plus anciens sont passablement défraîchis. Il semblerait qu’une fois construits,
les bâtiments ne soient jamais entretenus. Nous rencontrons en rase campagne des bâtiments complètements neufs et vides. Ils ont sans doute été érigés dans
l’espoir de faire venir de la population et de créer ainsi un nouveau village. C’est au pied d’un de ces alignements d’immeubles que nous trouvons de nouveaux
bouchons pour les valves de nos pneus. Ils nous avaient été volés pendant la traversée.
Essayant d’éviter les routes à grande circulation, nous nous retrouvons vers midi dans le kampong (village) de Layang-Layang. Ramadan oblige, toutes les
gargotes de bord de route sont fermées. Nous nous garons et partons à la recherche d’un restaurant chinois. Nous apercevons une denrée précieuse à l’entrée
d’une boutique : du pain de mie ; indispensable si nous ne voulons pas en être réduits à avaler un plat de « mee « (nouilles), au petit déjeuner. Le chinois vend
aussi de l’eau en bouteilles. Nous en achetons un carton complet. Toute la famille nous entoure depuis le grand père jusqu’aux petits enfants. Le patriarche nous
déclare fièrement qu’il a visité Paris l’année dernière. Comme quoi, malgré l’apparente simplicité des lieux, le commerce doit rapporter suffisamment d’argent pour
s’offrir quelques extras. Un des fils propose de nous piloter jusqu’au restaurant chinois le plus proche. Nous entrons dans une salle presque vide.
Nous sommes reçus par le patron qui fait mine de ne pas parler anglais. Nous prenons l’affaire gaiement et je sors de mon sac la note du restaurant de Kukup sur
laquelle figure les plats écrits en chinois et en anglais. Je montre ce que nous souhaitons au patron qui, comme par magie, trouve soudain les mots pour se faire
comprendre. Ce sera nouilles et poulet au citron (qui se révèlera être du poulet à l’orange). Par la devanture, nous voyons les passants qui s’arrêtent et tournent
autour du camping-car. Les clients commencent à affluer. Se sont les ouvriers des plantations de palmier à huile des environs. Leurs gilets portent l’écusson : «
Sime Darby », nom de la plus grande exploitation d’huile de palme du coin. Ces plantations s’étendent à l’infini dans le paysage et la petite route que nous
empruntons l’après midi nous conduit jusqu’à une voie privée qui traverse une palmeraie. C’est le seul chemin pour rejoindre la ville de Kulai sans faire un énorme
détour. Après nous être acquittés d’un péage de 1rm, nous empruntons une piste de terre sur des dizaines de kilomètres : palmiers à droite, palmiers à gauche.
Nous atteignons finalement la très commerçante ville de Kulai que nous traversons d’un trait. De voies rapides en routes, nous passons devant le « Nirvana
Memorial Park », un immense cimetière chinois sur une colline plantée de pierres tombales et de temples
Pays
Etat
Date
Récit
Kota Tinggi, la « Nouvelle Haute ». La ville au pied des collines au cœur desquelles se niche la cascade de Air Terjung. C’est ici que nous avons prévu de passer
la nuit. Nous nous perdons un instant dans les rues et des commerçants, depuis le pas de leur porte en profitent pour faire des photos de notre équipage à l’aide
de leur téléphone portable. Nous retrouvons enfin le chemin des collines, noyées dans la brume. L’Air (eau), Terjung est une sorte de parc aquatique installé dans
le lit d’une rivière. Nous demandons l’autorisation de passer la nuit à l’intérieur du complexe. Nous recevons un accord à l’entrée mais nous devons vite déchanter.
La réception du « resort » nous réclame 100 rm pour rester sur les lieux. C’est le prix d’une chambre d’hôtel. Nous refusons et demandons le remboursement de
notre ticket d’entrée. Finalement, le gardien du parking nous prend à part et nous explique qu’il nous autorise à rester pour zéro ringgit supplémentaire. Nous ne
sommes pas certains d’avoir compris mais nous décidons de rester. Après coup, nous nous demandons si c’est une très bonne idée. Pour tout dire, l’endroit est
laid. Laid et bruyant. Le site, minuscule est complètement entouré d’une immense exploitation minière. Depuis le parking, on aperçoit les engins de terrassement
qui vont et qui vienne. De la cascade, il ne reste qu’un îlot rocheux qui cache la mine. Bientôt, il faudra déplacer la cascade pour permettre à la mine de poursuivre
son extension. Nous regrettons notre initiative mais nous n’avons pas le courage de chercher un autre bivouac à cette heure avancée du jour. Pour remercier le
gardien du parking, Georges l’invite à venir boire un coca-cola. Malgré l’énorme barrière de la langue, le type parvient à lui expliquer qu’il est népalais et que nous
devrions absolument aller visiter son beau pays.
Dans la soirée, alors que la nuit est tombée, le balais des engins de terrassement s’intensifie de l’autre côté de la rivière. Il va falloir dormir avec des bouchons
d’oreilles.
XXXXXX
Malaisie
Johor
08/08/2012
Direction la mer de Chine, sur la côte Est. Nous quittons sans regret le site d’Air Terjung où le chant des pelles mécaniques à remplacé depuis longtemps celui des
oiseaux. Nous en avons profité toute la nuit. Nous retournons à Kota Tinggi, à la recherche d’un supermarché. Nous avons repéré une pancarte indiquant «
Econsave », à 5 mn de route. Nous avons déjà vu cette enseigne et il nous a semblé qu’il s’agissait d’un magasin d’alimentation. S’en est bien un. Un vrai, avec
ses allées, ses caisses enregistreuses et ses chariots. Tout est décoré en prévision de l’Hari Raya. De grands voiles blancs, verts et jaunes sont tendus de
partout, mettant en vedette les produits indispensables pour fêter dignement la fin du ramadan. L’Hari Raya, c’est un peu notre Noël à nous. On vend les mêmes
guirlandes électriques qui servent à décorer la maison. Nous parcourons avec plaisir les rayons et trouvons à prix d’or des briques de lait UHT, indispensables
pour nos petits déjeuners et pour faire nos yaourts. Si la nourriture est relativement bon marché, les produits laitiers sont 50% plus chers qu’en France. Un petit
espace confidentiel concentre les produits « non hallal » comme les boissons alcoolisées et les conserves de porc. C’est le moment de refaire le plein des
placards. Nous voici autonomes pour quelques jours.
Nous sortons de Kota Tinggi par le sud-est, direction Desaru, sur la côte est. Nous avons repéré sur notre carte une petite route qui rejoint le site historique de
Johor Lama en longeant l’estuaire de la sungai Johor. Mais impossible de trouver cette route sur le terrain. La première tentative nous conduit dans un village en
cul-de-sac. La seconde tentative, en direction du kampong (village) de Panchor, nous promène pendant ¼ d’heure dans la palmeraie. Nous sommes soudain
immobilisés par un camion qui collecte les régimes de noix orange et noires déposées sur les bas côtés. Pas moyen de doubler. Patiente, patiente. Nous avons
tout le loisir d’observer les deux ouvriers qui chargent les régimes dans la benne du camion à l’aide de grandes fourches. Nous arrivons finalement au bout de la
route où nous attend…une barre de hauteur : maximum 2,10m. Demi-tour. Nous retraversons la palmeraie en sens inverse et nous nous résignons à rester sur la
voirie principale. Nous trouvons enfin la route d’accès pour Johor Lama. L’endroit connait une petite affluence touristique grâce à son musée qui rappelle
l’existence d’un ancien fort. La construction, aujourd’hui totalement disparue, faisait partie d’une ligne de fortifications qui gardait le cours de la sungai Johor.
Pays
Etat
Date
Récit
Le Muzium est abrité dans une vaste maison de bois sombre entourée d’une végétation tropicale. Nous sommes accueillis par un gardien en grand uniforme :
pantalon et toque noire, vareuse blanche galonnée. Il faut se déchausser. L’exposition est consacrée à l’histoire du fort bâti en 1535 par le Sultan Alauddin Riaya
Shah II. En France, nous étions alors en pleine Renaissance. Johor Lama prit rapidement de l’ampleur et son port commençait à faire de l’ombre à celui de
Malacca. Ce qui déplût fort au sultan de Aceh, Alauddin Riayat Chat Al Quahhar qui attaqua le fort en 1564. L’endroit fut alors abandonné pour retrouver un
second souffle en 1573. Pour peu de temps. Les portugais arrivèrent en 1587, assiégèrent le fort pendant un mois avant de le piller et de le brûler. Le Sultan
d’alors, Ali Jalla Abdul Jalit Shat II se retira à Batu Sawar et les lieux furent abandonnés. Quelques peintures illustres ces évènements de la plus haute importance.
Dans les vitrines, quelques boulets de canon retrouvés lors de fouilles, des céramiques chinoises bleues et blanches exhumées du fond de la rivière.
Après cette instructive visite, nous partons faire le tour du village sous un soleil implacable. C’est ainsi que nous repérons un parking goudronné derrière une
butte. Nous devrions pouvoir y passer la nuit. Nous retournons à la voiture et faisons une petite incursion au cœur du petit kampong posé au bord de l’eau. Au
milieu du courant, nous apercevons un grand nombre de ferme d’élevage de poissons. Nous prenons un instant le frais sous une pergola. Nous ne sommes qu’à
30 km à vol d’oiseau de l’aéroport de Changi, à Singapour. Et nous apercevons au loin les avions arriver et décoller. Nous arrachant au spectacle de la rivière,
nous allons nous installer pour le reste de la journée à l’ombre unique offerte par un petit bouquet d’arbres et de bambous. Une petite brise venue de la rivière
nous fait le plus grand bien. On s’agite dans les feuillages. Une famille de singe habite ici. Mais impossible de les voir.
XXXXXX
Malaisie
Johor
09/08/2012
La nuit a été très calme sur le parking du musée de Johor Lama. Au matin, nous avons à peine entendu l’appel à la prière émanant des hauts parleurs de la «
masjid », la mosquée. On s’agite toujours dans le bouquet d’arbres plantés derrière le camping-car. Nous apercevons enfin la famille de singes qui loge ici : des
petits primates aux yeux cerclés de blanc comme nous en avons déjà aperçu à la tajung Piaï, sur la côte ouest. Dans un fossé, une petite poule d’eau grise et
blanche. Un martin-pêcheur au plumage bleu vif s’envole d’une ligne électrique. La sungaï Johor s’estompe dans la brume. Il fait beau. Nous quittons les lieux,
direction la mer de Chine. Enfin, pas tout de suite car nous nous perdons dans le maillage de petites routes qui dessert les kampongs installés au bord de la
rivière. Nous errons au milieu des cases créoles noyées dans la végétation tropicale. Une famille de macaques traverse la route devant nous. Ici, humains et
primates cohabitent étroitement, comme des voisins. Nous arrivons finalement dans un cul de sac et rebroussons chemin avant de retrouver la nationale n°92 qui
conduit à Desaru, la station balnéaire huppée de la région.
Nous laissons sur notre droite le grand pont à haubans qui traverse la sungaï Johor en direction de Johor Bahru. Nous bifurquons à gauche pour emprunter la
route qui conduit à la tanjung Balau, la pointe de Balau, au bord de la mer. Le site comporte un « resort », un musée de la pêche et une plage publique avec un
parking. Le complexe hôtelier est désert à cause du ramadan. Nous nous garons et sommes aussitôt assaillis par une bande de Singapouriens en goguette. Se
sont des chinois venus passer ici leur jour de liberté : Singapour fête son « National Day » et c’est jour férié. Le camping-car est pris en photos sous toutes les
coutures. Puis notre bande de paparazzi s’envole pour d’autres cieux. Nous partons nous promener le long de la plage rocailleuse. La marée basse découvre des
rochers acérés, gagnés par la mangrove. Nous poussons jusqu’à la « jeti » du resort qui avance ses pilotis loin dans la mer. De là, nous pouvons contempler
paisiblement les remous de la mer de Chine, tout surpris d'avoir réussi à arriver jusqu'ici, kilomètres après kilomètres, cargos après cargos, surmontant difficultés
administratives, problèmes de santé et coups de blues. Nous nous arrachons à nos contemplations pour retraverser le village et faire un détour par le musée de la
pêche. Quelques jolies barques décorées de motifs colorés sont exposées à l'extérieur mais les salles d'expostion sont fermées. Nous retournons au camping-car
et le déplaçons pour nous installer à l’ombre.
Nous décidons de rester ici pour le reste de la journée et profitons tout l’après midi de la fraîcheur toute relative de notre petit cocon.
Pays
Etat
Date
Récit
XXXXXX
Malaisie
Johor
10/08/2012
Le parking a été très bruyant jusqu’à minuit. Nous avons entendu d’énormes pétards exploser pendant des heures, illuminant l’intérieur du camping-car. Ce matin,
tout est calme et paisible. Nous nous apprêtons à repartir lorsque Georges s’aperçoit qu’un des coffres latéraux est plein d’eau. Il a du se remplir lorsque nous
avons subi de plein fouet un énorme orage à Tampok, sur la côte ouest. Nous devons prendre le temps de tout sortir, essorer, sécher avant d’écoper et remettre
tout en place. Nous reprenons enfin la route en direction du nord pour quelques kilomètres. Nous avons repéré sur internet un bivouac possible sur la plage de
Sedili Kecil, le petit Sedili. L’endroit est tel que décrit : beau et très sale. Nous nous garons près des petits kiosques à pique-nique et partons nous balader sur la
plage à l marée montante. Si l’aire de pique-nique est dégoûtante, la grève est propre. La mer de Chine baigne des rochers acérés qui ont l’aspect de vieilles tôles
rouillées, tordues, plantées à la verticale dans le sable. Nous n’avons encore jamais rencontré ce type de formation géologique. Dommage qu’ils soient souillés par
de grosses boulettes de goudron. Parfois, les pierres se teintent de tons vieux rose assez curieux. Peu de coquillages : quelques longues spirales fines comme
des aiguilles, des escargots ronds, blancs et noirs ou orange et noirs. Nous longeons la plage en direction du nord jusqu’à une pointe hérissée de rochers avant de
faire demi-tour. Nous rentrons par un petit chemin qui borde la plage et trouvons ainsi un emplacement sous les feuillages d’un gros arbre au bord de l’eau.
L’endroit sera propice à un bivouac. Nous retournons chercher le camping-car et nous nous installons.
Les lieux sont jonchés d’ordures mais, au moins, nous sommes à l’ombre et bénéficions d’une belle vue sur la mer. Nous passons le reste de la journée presqu’au
frais. Il fait 30°C mais, toutes fenêtres ouvertes, la brise de mer ventile le camping-car. Un varan se faufile rapidement entre sable et rochers puis disparait à notre
vue. Georges entreprend le tri de nos papiers pendant que je boucle nos récit détaillé, carnet de route et fiche de synthèses sur Singapour. Il ne reste plus qu’à
trouver une connexion internet pour les envoyer en France. Ce qui ne semble pas très facile dans ce pays où nous n’avons rencontré aucune connexion depuis
une semaine.
XXXXXX
Pays
Etat
Malaisie
Johor
Date
11/08/2012
Récit
Seul le ressac de la mer a troublé notre nuit. L’air du large nous a permis de bien dormir. Nous poursuivons notre progression vers le nord. Un cadavre de singe
sur le bord de la route. Ici, les macaques sont à la Malaisie ce que sont les kangourous à l’Australie : des victimes de la circulation automobile. Nous espérons
trouver de l’essence à Tajung Sedili. Mais lorsque nous arrivons sur place, nous découvrons que l’unique station service ne possède que des pompes pour les
deux roues. Le kampong est un village animé par son port de pêche sur le kuala de la sungaï Sedili Besar, l’estuaire de la rivière Sedili la Grande. Mais nous ne
nous attardons pas. Le réservoir de carburant réclame sa pitance. Il faut retourner à Kota Tinggi, 40km à l’intérieur des terres pour faire le plein. Nous retraversons
donc toute la campagne avant de trouver une station Esso à l’entrée de la ville. Nous en profitons pour remplir un bidon de réserve afin de ne pas nous faire piéger
une seconde fois. Puis nous repartons en direction de la côte et de Tajung Sedili, la pointe de Sedili.
Notre carte routière ne mentionne aucune route le long de la côte au nord de la rivière Sedili Besar. Pourtant, des panneaux mentionnent avec insistance la
direction de la Tanjung Leman, plus au nord. Revenus sur la côte, nous découvrons qu’il existe bien un pont sur la sungaï et que la chaussée se poursuit au-delà
parmi les plantations de palmiers à huile. Une barricade faite de vieux bidons de pétrole sert de chicane devant un poste de police. Nous ralentissons. Depuis sa
chaise installée à l’ombre, le préposé nous fait signe de passer. Pas question de bouger par cette chaleur. La petite route, assez bien entretenue, dessert
palmeraies et raffineries d’huile. Nous sommes atterrés par les paysages que nous découvrons. Partout, le décor est ravagé par les engins qui déboisent toutes
les collines pour agrandir les plantations de palmiers. La forêt tropicale est réduite à peau de chagrin et il est probable que d’ici deux ans, il n’y aura plus un
centimètre carré de forêt en Malaisie. Nous roulons environ sur 50km avant d’atteindre la voie qui relie la nationale n°3 à Tanjung Leman. Nous rejoignons le
village et nous garons sur la plage à l’ombre des arbres.
Un sèche cheveux céleste souffle un air chaud qui décoiffe les palmiers du rivage. Toutes les gargotes du coin sont fermées pour cause de ramadan. Nous nous
réfugions dans le camping-car pour manger un morceau. Il est déjà 14h00. Heureusement nous avons quelques réserves. Nous sommes garés à l’ombre des
arbres et pourtant la chaleur nous accable. Par la fenêtre, nous apercevons les îles pour touristes de pulau Sibu Tengah et pulau Sibu. Nous ne voyons pas la
pulau Tinggi, l’île Haute, plus éloignée de la côte. Au bout de la plage, un quai permet d’accoster aux petits ferries qui font la liaison entre la terre et les îles. Nous
passons l’après midi tranquilles, bénéficiant d’un internet anémique qui nous permet tout de même de lire nos e-mails. En fin de journée, alors que le soleil
descend derrière les arbres, nous partons faire une promenade sur la plage quasi déserte.
Pays
Etat
Date
Récit
Au bout de quelques centaines de mètres, nous rencontrons un malais de Johor Barhu jouant du cerf-volant avec son jeune fils. Il est ici pour les vacances avec
toute sa famille, restée dans l’appartement de location. Il fait partie de la classe aisée du pays. Ses enfants sont inscrits dans une école privée bilingue. Il a
travaillé 3 ans en Nouvelle Zélande et sa femme a visité la France. Il nous explique que les écoles publiques sont de confession musulmane et n’enseignent que le
malais. Incompatible avec les pratiques des religions hindouistes et bouddhistes et insuffisant pour obtenir un poste à responsabilité dans ce pays. Après ce petit
échange nous poursuivons notre promenade jusqu’au coucher du soleil. La plage est fréquentée par un nombre impressionnant de bernard-l’hermite. Nous voyons
avec amusement de gros coquillages se déplacer « tout seuls » sur le sable. Sur le chemin du retour, nous retrouvons notre malais accompagné de son fils et de
sa femme. Alors que nous échangeons encore quelques mots, je suis soudain prises de démangeaisons dans les jambes : je suis dévorée par les midges qu’on
appelle ici des mouches de sable. Infernal ! Nous pressons le pas pour rentrer nous réfugier dans le camping-car. Mais la nature a décidé de nous faire un cadeau
pour se faire pardonner : une colonie de calaos noirs et blancs se pose dans les buissons juste sous nos yeux. Ces gros oiseaux de près d’un mètre d’envergure
ressemblent à de gros toucan. Mais ils sont surtout remarquables par leur double bec. Un bec long et épais, surmonté d’une énorme protubérance, une corne,
d’une égale grosseur, elle aussi en forme de bec. Nous avions eu l’occasion d’admirer une espèce à bec rouge au zoo de Singapour. Mais c’est bien la première
fois que nous voyons ce genre d’oiseau en liberté. Nous sommes émerveillés. Les anglais appellent ces animaux des hornbill et les malais des enggang. J’en
oublie un instant mes piqûres d’insecte. Pas pour longtemps.
Alors que la nuit est tombée, nous apercevons des points rougeoyant non loin du camping-car. Nous pensons tout d’abord qu’un groupe de personnes fume des
cigarettes dans le noir. Cependant, nous avons des doutes. Soit les noctambules sont extrêmement silencieux et consomment cigarettes sur cigarettes, soit cellesci sont d’une longueur considérable car elles semblent ne jamais s’éteindre. Finalement, à force de scruter la pénombre, nous comprenons le fin mot de l’histoire :
un tronc d’un arbre abattu, se consomme lentement à quelques mètres de nous. La « cigarette » est effectivement très longue. Après avoir percé le mystère, nous
nous couchons rassurés mais dégoulinant de transpiration.
XXXXXX
Pays
Etat
Malaisie
Johor
Date
12/08/2012
Récit
Nous avons mal dormi à cause de la chaleur et j’ai souffert d’horribles démangeaisons dues aux piqûres des mouches de sable. Ce qui m’a donné l’occasion de
scruter la nuit. Des dizaines d’étoiles semblaient s’être détachées de la voûte du ciel pour flotter sur la masse sombre de l’eau. Toutes ces petites lumières
provenaient des installations touristiques plantées sur les pulau. Au matin, nous avons encore entendu les calaos se chamailler dans les arbres. Comme chaque
jour, l’horizon est brouillé par les nuages et il est impossible d’assister à un lever de soleil. Nous quittons la pantai, la plage, de Tanjung Leman pour nous rendre à
la petite ville de Mersing, environ 50 km au nord. Le paysage est toujours ravagé par la déforestation. Nous voyons de partout, par monts et par vaux des
plantations de palmiers à huile plus ou moins jeunes qui s’étendent à l’infini. Quelque chose sur la route. Nous pensons tout d’abord qu’il s’agit d’un cadavre de
singe. Mais le « truc » se met à bouger à notre approche : nous avons failli écraser un gros varan.
Lorsque nous parvenons à Mersing, nous circulons dans les rues, ordinateur portable sur les genoux, à la recherche d’une connexion. En vain. La plupart sont
sécurisées et les autres sont trop faibles. Nous atterrissons dans un quartier chinois où nous décidons de faire halte pour manger dans un food-court. Avec les
chinois de Malaisie, pas besoin de se creuser la tête. La majorité d’entre eux parle anglais. Nous nous demandons même s’ils parlent bien le malais. Ils
s’expriment entre eux en chinois, regardent la télévision chinoise, lisent les journaux chinois. Leurs enfants vont probablement dans des écoles privées chinoises.
Nous avons aussi remarqué que les chinois ont leurs propres cimetières, plantés sur des collines ornées de temples. Vu les inscriptions sur les panneaux, ils
semblent aussi détenir une grande part de l’activité industrielle et commerciale du pays. Nous commandons deux assiettes de riz avec du porc pour moins de 9
ringgit malais. Notre porte monnaie ne souffrira pas trop aujourd’hui. Puis nous repartons à la recherche d’une connexion internet. Nous errons un long moment
avant de trouver enfin une zone wifi autour du KFC, le débit de restauration rapide, installé à l’entrée du pont qui enjambe la rivière. Je suis assise sur le trottoir
devant l’établissement en compagnie d’une jeune allemande, cherchant à me connecter, lorsque l’énorme calicot tendu au dessus de l’entrée s’abat soudain, me
frôlant au passage. J’ai failli me faire assommer. Pas si simple de se connecter à internet en Malaisie. Ce n’est pas merveilleux mais nous pouvons relever notre
boîte aux lettres et répondre à quelques messages.
Nous repartons pour rejoindre la pantai d'Air Papan à une dizaine de kilomètres au nord de Mersing. Nous découvrons une longue plage, belle, ombragée et
propre. Un vrai miracle. Nous nous installons dans l’herbe sous les cocotiers et restons à l’abri de la chaleur jusqu’à la fin de la journée. Arrivent trois types,
curieux qui veulent avoir des informations sur notre équipage. Nous sommes toujours surpris par la curiosité des malais. Alors que dans toute l’Amérique latine la
première question posée était : combien ça coûte ?, ici, invariablement, on nous demande si nous avons « l’air con ». Comme nous répondons que non, les
curieux sont très déçus. Comment est-ce possible ? Nous avons un véhicule extraordinaire mais nous ne sommes pas foutus d’avoir « l’air con »… l’air
conditionné bien sûr. Non, désolés, nous n’avons pas « l’air con ». Nous nous amusons beaucoup de ce jeu de mot complètement hermétique pour les malais.
Après avoir assouvi la curiosité de nos trois malais, nous voyons arriver le gardien des lieux qui vient prélever sa dîme. Comme il a un carnet à souche et des
reçus, nous ne faisons pas de problème pour payer les 5 rm demandés.
Ce soir, il fait plus frais qu’hier mais le ciel prend chaque jour un aspect de plus en plus menaçant.
XXXXXX
Pays
Etat
Malaisie
Johor
Pahang
Date
13/08/2012
Récit
Avant de quitter la pantaï d’Aïr Papan, nous décidons de faire une courte balade au bord de l’eau jusqu’aux rochers qui marquent l’extrémité de la petite « telok »,
la petite baie. Puis nous rentrons par l’allée desservant les quelques maisons bordant la plage. Dans un jardin, un malais arrose copieusement un gros macaque
enchaîné, assis sur une table en ciment. Le singe s’amuse et se rafraîchit avec le jet d’eau. Le spectacle est amusant mais il nous fait penser à la fable du chien et
du loup de Jean de la Fontaine. L’animal est propre, pansu mais arbore un gros collier de cuir noir clouté. Il loge sous une pergola au toit de tuile, à l’abri des
intempéries. Mais nous préférons voir ses frères au pelage moins reluisant divaguer librement dans les fourrés. Nous prenons la direction de Padang Endau, à
l’estuaire de la sungaï Endau. En chemin, une halte dans une station service nous permet également de faire le plein d’eau pour le camping-car. Nous voilà parés
pour une dizaine de jours.
Notre guide papier nous indique qu’il est possible de faire des excursions sur la rivière Endau. Lorsque nous arrivons dans la ville, nous cherchons tout d’abord un
restaurant…chinois, ramadan oblige. Nous dénichons une sorte de self-service où nous garnissons notre assiette à notre guise. Nous confectionnons un
assortiment qui nous permet de tester de nouvelles saveurs même si Georges reste très prudent quant à ses choix. Puis nous partons au terminal des ferries. La
gare maritime sert essentiellement de point de départ pour les bateaux qui desservent l’île de Tioman, paradis pour touristes occidentaux. Nous n’apprécions
guère ces enclaves où on se retrouve entre soi, coupés des habitants du pays. Malheureusement, la compagnie qui organisait les promenades sur la rivière
n’existe plus. Nous décidons de nous garer sur l’autre rive et de visiter le quartier des pêcheurs. De petits bateaux en bois sont amarrés le long des entrepôts qui
bordent la sungaï. De petits camions prennent en charge la pêche du jour. L’odeur fétide qui émane de la vase se mêle à la puanteur des sacs de poisson. Nous
pressons le pas. Plus loin, nous traversons le marché aux poissons, quasi désert à cette heure là.
Nous nous promenons le long des alignements de bâtiments, toujours identiques : les locaux commerciaux au rez-de-chaussée, surmontés d’un ou deux étages
d’habitation. Nous achetons une grosse boîte en plastique transparent, ronde, garnie de madeleines. Une vieille rabougrie au visage tanné me fait signe : je
comprends qu’elle me reproche de ne pas porter de « kain tudung », de voile sur la tête. Pourtant, toutes les femmes tamoules et chinoises se promènent la tête
découverte. Mais j’ai déjà décelé sur moi des regards malveillants de la part de certaines femmes. Il est vrai que mes cheveux blonds et mes yeux bleus font
retourner même les enfants. Heureusement que je suis à peu près « blindée » depuis notre passage en Amérique latine. C’est une expérience difficile mais
intéressante. Victime au mieux de la curiosité et au pire du « délit de sale gueule », j’ai toujours plus de compassion pour les personnes victimes de racisme à
travers le monde. Dans l’espoir de mieux communiquer, nous achetons un dictionnaire anglo-malais dans une librairie. Nous allons enfin pouvoir percer les
mystères de la langue malaise et décrypter les panneaux routiers. Puis, chez un marchand de primeur, nous achetons des fruits du dragonnier et une carambole.
Nous reprenons la route en direction du nord et de la plage de Kuala Rompin, à l’estuaire de la sungaï Rompin. Nous traversons la rivière Andau. Nous venons de
quitter le sultanat de Johor pour entrer dans le très islamique état de Pahang. Nous arrivons au bord d’une plage très sale et vraiment sans intérêt. De nombreux
bâtiments sont en construction. Mais nous n’avons pas le courage d’aller plus loin. Nous nous garons à l’ombre au milieu des détritus et passons le reste de
l’après midi à l’abri de la chaleur. Lorsque le soir arrive, vu la saleté environnante, nous n’avons aucune envie de mettre le nez dehors pour prendre le frais.
XXXXXX

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