le bulletin de santé des chefs d`entreprise
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le bulletin de santé des chefs d`entreprise
LE BULLETIN DE SANTÉ DES CHEFS D'ENTREPRISE FOCUS SUR LE STRESS AU TRAVAIL DES CHEFS D’ENTREPRISE L’agence européenne pour la santé et la sécurité au travail considère qu’un état de stress survient lorsqu’il y a un « déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». On appelle communément stresseurs ces contraintes psychologiques de l’environnement, qui peuvent naître dans le cadre privé comme professionnel. La médecine du travail étudie les stresseurs que rencontrent les salariés, qu’ils soient communs à plusieurs organisations (ex : risques psycho-sociaux par secteur d’activité) ou propres à chacune (ex : style de management du personnel). Elle a ainsi mis en exergue de nombreux stresseurs liés à la situation de subordination du salarié vis-à-vis de son employeur. Mais ces études se révèlent caduques quand on s’intéresse au cas de l’employeur qui, par définition, est son propre patron. Quels sont alors les facteurs de stress propres à son rôle ? Les chercheurs de l’Observatoire Amarok, en partenariat avec Malakoff Médéric, ont souhaité répondre à cette question. Pour ce faire, ils ont posé mensuellement pendant un an la question suivante à 380 dirigeants de PME : « Ce mois-ci, quel a été l’événement le plus stressant dans votre vie professionnelle ? ». L’analyse et la consolidation des réponses ont permis de faire émerger une trentaine de catégories de « stresseurs entrepreneuriaux » dont nous vous présentons ci-après Extrait de notre base de 380 dirigeants de PME les plus fréquemment vécus par le dirigeant (le niveau d’intensité ressentie du stresseur a été également renseigné par les dirigeants par une note de 0 à 5). DONNÉES CLÉS 45,2 % des dirigeants déclarent que leurs journées de travail sont assez ou extrêmement stressantes. 74,3 % des dirigeants déclarent être toujours optimistes face à leur avenir. 70 % des dirigeants considèrent que leur travail les empêche de consacrer du temps à leur famille. 47,4 % des dirigeants déclarent pratiquer une activité sportive 1 à 2 fois par semaine, sachant que 48 % des français ont une activité sportive régulière (Source : INSV MGEN 2012). LES STRESSEURS RÉCURRENTS DE L’ACTIVITÉ ENTREPRENEURIALE Rang Catégorie de stresseur entrepreneurial Citations Intensité 1 Démission d'un salarié (Départ d'un collaborateur) 150 2,46 2 Baisse de l'activité commerciale (Baisse des commandes / du CA) 144 3,44 3 Problème de trésorerie (Découvert) 126 3,46 4 Licenciement d'un salarié (Rupture avec un collaborateur) 95 3,01 5 Conflit avec des salariés (Mauvaise attitude / comportement d'un collaborateur) 80 3,08 6 Perte d'un client (Annulation d'une commande ; Arrêt d'un contrat) 71 2,81 7 Absence de personnel (Congés ; Arrêt de travail ; Accident de travail ; Absentéisme) 53 2,68 8 Surcharge de travail du dirigeant (Surmenage ; Incapacité à faire face) 53 3,20 9 Mauvais résultat annuel (Mauvais bilan : Perte financière) 50 3,25 10 Conflit avec associé(s) / actionnaire(s) 47 3,23 11 Conflit avec un client (Accrochage ; Tension ; Litige avec la clientèle) 45 2,76 12 Conflit avec un fournisseur (Tension avec un prestataire) 38 2,57 Source : Travaux en cours d’O.TORRES & T.LECHAT © Observatoire Amarok, 2013 Ces résultats montrent que les principales sources de stress pour les chefs d’entreprises sont, en ordre décroissant de fréquence cumulée : les sujets relatifs à la gestion du personnel (démission, conflit, absence…), certains aspects du développement commercial (baisse des commandes, perte d’un client…), puis les questions financières (problème de trésorerie, mauvais résultat…). Le niveau d’intensité de stress ressenti pondère ce classement : si les dirigeants sont aussi nombreux à vivre la démission d’un salarié qu’une baisse de l’activité commerciale, ils estiment plus impactant ce dernier stresseur (1 point d’écart entre les 2 notes d’intensité). QUELQUES CONSEILS POUR UNE MEILLEURE GESTION DE SON STRESS…ET DE CELUI DE SES SALARIÉS Inhérent à la condition humaine, l’état de stress peut néanmoins être diminué, voire compensé, grâce à des ressources protectrices. Certaines sont issues des traits de personnalité (le sentiment de maîtriser son destin, l’endurance psychique…), d’autres peuvent être développées comme le souligne le Dr. Philippe RODET : Donner du sens à son engagement : le sentiment d’être utile à un projet, que ses efforts quotidiens ont un sens qui les dépassent, est un facteur protecteur de stress reconnu par les psychologues de la santé. Savoir encourager et gratifier : si l’absence d’encouragement fait augmenter le stress (de 30 à 40 % selon les études), l’encouragement développe au contraire le sentiment d’efficacité personnelle, ressource prouvée comme « salutogène » (bonne pour la santé). Dans un même registre, savoir exprimer de la gratitude à ses collaborateurs par exemple, est déstressant pour les bénéficiaires… comme pour l’expéditeur ! Stimuler l’autonomie : les psychologues du travail ont démontré que le manque de latitude décisionnelle génèrait de la souffrance psychique. A l’inverse, plus de liberté d’action développe un sentiment de confiance et de bienêtre, hautement utile pour combattre le stress. Cultiver justice et équité : au sein de son entreprise, le dirigeant a tout intérêt à ce que ses collaborateurs comprennent ses décisions stratégiques comme ses arbitrages salariaux. Un sentiment d’injustice est source de démotivation, voire de comportements nuisibles à la bonne santé de l’entreprise…et donc à celle de son dirigeant ! Être juste dans son organisation, c’est aussi donner autant d’importance à la célébration des succès qu'à l'analyse des revers. Eviter l’injustice, c’est diminuer le niveau de frustration générale…et donc le stress. Cultiver son optimisme : « L’optimisme, c’est ce qui permet de transformer les soucis en défis. Les soucis nous accablent alors que les défis ne demandent qu’à être relevés » disait l’académicienne Jacqueline de Romilly. Ainsi, l’optimisme entre en résonnance avec la capacité à agir, quand le pessimisme pousse à l’impuissance et à la résignation. Cultiver son optimisme (par exemple en se remémorant chaque soir les points positifs de la journée) est un des facteurs reconnus comme les plus favorables à la lutte contre le stress. L’optimisme est du reste un atout indispensable pour exercer le métier de chef d’entreprise ! NOTRE SÉLECTION DE RESSOURCES Site internet de l’agence européenne pour la santé et la sécurité au travail : https://osha.europa.eu/fr/ Ouvrage « Se protéger du stress et réussir : Sept leviers de motivation » du Dr. P.RODET (Ed. Eyrolles, 2011). Ouvrage « Psychologie positive et bien-être au travail » dirigé par J.COTTRAUX (Ed. Elsevier Masson, 2012). LA QUESTION DE FOND EXISTE-T-IL UN BON STRESS ? Une majorité de scientifiques comme de praticiens s’accorde à dire qu’il existerait deux sortes de stress : le stress négatif (distress) et le stress positif (eustress). Le stress positif stimulerait la performance du travailleur quand le stress négatif serait, quant à lui, contre-productif. De récentes études remettent en question l’idée du stress positif : les travaux du Pr. GOSSELIN montrent ainsi que, dans 90 % des cas, le stress n’augmente pas la performance. Un article publié en 2012 dans The Lancet ajoute que tout stress est néfaste pour l’organisme, en particulier concernant les problèmes cardiaques. Les personnes exposées au stress, quel que soit sa nature, auraient ainsi un risque plus élevé de 23 % de faire un infarctus que celles qui n’y sont pas exposées*. Si les chercheurs d’Amarok sont convaincus que tout stress est néfaste pour la santé, ils proposent une nouvelle distinction : il existerait un stress choisi (par exemple quand on s’efforce de tenir l’objectif ambitieux que l’on s’est donné) et un stress subi (par exemple, la défaillance surprise d’un fournisseur). Les anglo-saxons nomment le premier stress de challenge et le second stress d’hindrance (entrave). Si les stresseurs des deux catégories demeurent pathogènes, le stress choisi produit aussi de la satisfaction au travail, ce qui a un effet amortisseur. *http://www.inserm.fr/espace-journalistes/stress-au-travail-et-infarctus-un-lien-confirme LA VIDEO DU MOMENT LE CONSEIL « BIEN-ÊTRE » AU TRAVAIL DE LUC FERRY & OLIVIER TORRES Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Rennes a organisé le 4 février dernier une conférence sur la santé au travail, en partenariat avec Malakoff Médéric. Devant 1 500 personnes, le philosophe Luc Ferry et Olivier Torrès, Président d’Amarok, ont présenté avec humour une idée simple pour améliorer le bien être en entreprise. Visionnez cette vidéo (3 min 15) grâce au QR code ci-dessous, ou en suivant le lien : http://youtu.be/uSaiyeqWK6I Flashez ce QR code avec votre mobile Thème de la prochaine newsletter (N°3) : Les sources de satisfaction au travail du chef d’entreprise Comité de rédaction scientifique : Olivier TORRES ; Thomas LECHAT Pour toute question : [email protected] Conception : Small Planet Siège social - 21 rue Laffitte 75009 Paris - malakoffmederic.com Crédit photo : Fotolia - AIVU1304-7157 POUR ALLER PLUS LOIN